Printemps arabe

Les soulèvements populaires qui ont touché les pays arabes vers la fin de l’année 2010 ne sont qu’un prolongement des révolutions colorées.

Un an après le début du « Printemps arabe », et bien que l’heure des bilans ne soit pas encore arrivée, l’Université du Québec à Montréal (UQAM) accueillera le 20 janvier prochain une conférence ayant pour titre générique :  Le « printemps arabe », un an après: révolte, ingérence et islamisme.

Les organisateurs ont réussi à réunir trois conférenciers pour la soirée qui débutera vers 18 :30 et qui sera modérée par Frédéric Castel, chercheur à la Chaire en immigration, ethnicité et citoyenneté  à l'UQAM.

Fodil Boumala, chercheur en sociologie, écrivain-journaliste et fondateur de Res Publica II sur les réseaux sociaux Facebook et Youtube, traitera du cas de l’Algérie à l’épreuve des révolutions arabes.

Ahmed Bensaada, docteur en physique et auteur de « Arabesque Américaine : Le rôle des États-Unis dans les révoltes de la rue arabe » paru en mai 2011 aux Éditions Michel Brûlé (michelbrule.com), fera le parallèle entre les révolutions colorées qui ont eu lieu en Europe de l’Est et le printemps arabe. Il abordera notamment le volet de la formation des cyberdissidents dans le monde arabe.

Le Tunisien Mezri Haddad,  philosophe, penseur politique et ancien ambassadeur de Tunisie à l’Unesco, poste duquel il avait démissionné quelques heures avant le départ de Benali, tentera d’expliquer pourquoi « le printemps arabe a accouché d’un hiver islamiste ».

A noter que cette conférence est organisée par le groupe Médias Maghreb (mediasmaghreb.ca) en collaboration avec le mensuel Maghreb Observateur (maghreb-observateur.com).

Samir Ben  (El-Watan)

 



 

"Je recommande la lecture du livre "Arabesque américaine". Ça verse au dossier un élément très intéressant pour la compréhension des choses"

Jean-François Lisée

 

Dans le cadre de son émission "Planète Terre" du Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CÉRIUM), Jean-François Lisée m'a invité pour discuter de mon livre « Arabesque Américaine ».


 

Jean-François Lisée

Jean-François Lisée

Directeur exécutif du CÉRIUM

Jean-François Lisée fut pendant cinq ans conseiller, notamment aux affaires internationales, des premiers ministres québécois Jacques Parizeau et Lucien Bouchard. Il a écrit plusieurs livres, dont Dans l’OEil de l’aigle, sur la politique américaine face au mouvement indépendantiste, qui lui valut le prix du Gouverneur Général. Pendant près de 20 ans il fut journaliste, correspondant à Paris et à Washington pour des médias québécois et français. Également membre du Centre d’études sur les politiques et le développement social (CPDS), il a mis sur pied avec son équipe un site internet les politiques sociales et la mondialisation : PolitiquesSociales.net. Il tient un blogue de politique québécoise et internationale sur le site de L’actualité.

 

English version

 



Tradotto da franchi da OSSIN

Version française de l'article

Analisi, dicembre 2011 - Certamente non sono stati gli Stati Uniti a provocare la “primavera araba”. Le rivolte che hanno percorso la piazza araba sono conseguenza dell’assenza di democrazia, di giustizia sociale e di fiducia tra popolo e governanti. Tuttavia il coinvolgimento USA  in questo processo è evidente. Le somme investite, le formazioni offerte, l’impegno militare e le manovre diplomatiche di alto livello lo confermano. E siccome la politica estera USA non è mai stata un modello di filantropia, occorre attendersi che il governo USA potrà dire la sua nella gestione degli affari politici ed economici dei paesi arabi “liberati”? (nella foto, il logo di OTPOR/CANVAS)


Gli Stati Uniti e la “primavera araba”



Il 7 ottobre scorso, il presidente Obama ha ricevuto per la prima volta nella Sala ovale un capo di governo post - “primavera araba”. Si trattava del Primo Ministro tunisino Beji Caid Essebsi, che ha avuto diritto a tutti gli onori ed a dichiarazioni ditirambiche sulla “sollevazione popolare contro il regime di Ben Ali”.

Chi avrebbe mai creduto, solo qualche mese fa, che un politico di 85 anni, ex ministro con Bourghiba e, peraltro, ex-presidente della Camera dei deputati con Ben Ali potesse diventare il degno rappresentante della gioventù tunisina appassionata di nuove tecnologie che ha fatto vacillare 23 anni di potere autocratico?
In effetti questo ricevimento è forse l’epilogo di un lungo lavoro sotterraneo, svolto con mano da maestro dall’amministrazione USA, non solo in Tunisia, ma in tutti i paesi arabi.

"L'analyse de Bensaada force la remise en question de l'interprétation romantique du «printemps arabe»"
L. Cornellier

Auteur du succès de librairie Une histoire populaire des États-Unis de 1492 à nos jours (Lux, 2006), le célèbre historien et intellectuel de gauche américain Howard Zinn était bombardier pendant la Seconde Guerre mondiale. À la mi-avril 1945, il déversait du napalm sur la ville française de Royan, près de Bordeaux, afin d'anéantir une garnison allemande. De retour dans son pays quelques mois plus tard, il se réjouit quand il apprend qu'une bombe atomique a été larguée sur Hiroshima, le 6 août 1945. Pour lui, cet événement annonçait la fin de la guerre et sa démobilisation.

 

Analisi, dicembre 2011

Come ogni primavera che si rispetti, quella che si definisce “araba” ha evidentemente consentito la perpetuazione di idee di pura discendenza, ma ha anche – fenomeno sorprendente – facilitato e catalizzato la formazione di schemi di pensiero che si erano, fino a pochissimo fa, considerati non conciliabili.

Ecco così due illustri personaggi che tutto avrebbe dovuto dividere: Youssef Al-Qardaoui e Bernard Henry Levy (BHL). Uno è un puro prodotto dell’Oriente, mentre l’altro è un occidentale inveterato. L’uno si avvolge nell’austero costume tradizionale stretto al collo dei sapienti di Al-Azhar (lunga gallabeyya, caftano e turbante) mentre l’altro è un vero dandy che sfoggia un’eterna camicia immacolata di chez Charvet, fatta su misura e che porta ampiamente sbottonata.

 

Comme tout printemps qui se respecte, celui qui est qualifié d’ « arabe » a évidemment permis la perpétuation d’idées de lignées pures mais, phénomène surprenant, a également facilité et catalysé l’hybridation de schèmes de pensée qu’on a, jusqu’à très récemment, jugés non hybridables.

Ainsi, voici deux illustres personnages que tout aurait dû séparer : Youssef Al-Qardaoui et Bernard-Henry Lévy (BHL). L’un est un pur produit de l’Orient alors que l’autre est un Occidental invétéré. L’un se drape dans l’austère costume traditionnel serré au cou des savants d’Al-Azhar (longue gallabeyya, caftan et turban) alors que l’autre est un vrai dandy arborant une éternelle chemise blanche immaculée de chez Charvet, spécialement conçue pour lui et qu’il porte largement déboutonnée.

 

"Monde Arabe : l'onde de choc"

Documentaire de Sofia Amara (2011)

 

Les équipes de Spécial Investigation ont suivi la révolution égyptienne et ses répercussions en Algérie, au Yémen et en Syrie. Dans tous ces pays, la jeunesse réclame plus de justice et plus de démocratie. Ses armes : la non violence et les réseaux sociaux d’Internet. Mais tout n’est pas aussi « spontané » qu’il n’y paraît. Cette enquête révèle que certains activistes arabes ont été formés à la meilleure école : celle des révolutions démocratiques des pays de l’Est, en Europe, dans les années 2000…

 

  • Partie 1

 

Extrait du documentaire: "En juin 2009, Adel Mohamed est parti en Europe avec 14 autres militants égyptiens et algériens: direction la Serbie"

 

  • Partie 2

 

 

  • Partie 3

 

 

  • Partie 4


 

Le 7 octobre dernier, le président Obama recevait pour la première fois dans le Bureau ovale un chef de gouvernement post-« printemps arabe ». Il s’agissait du Premier ministre tunisien Béji Caïd Essebsi qui a eu droit à tous les honneurs et à des déclarations dithyrambiques sur « le soulèvement populaire contre le régime Ben Ali ».

Qui aurait cru, il y a juste quelques mois, qu’un politicien de 85 ans, ancien ministre bourguibien et, de surcroît, ancien président de la chambre des députés sous Ben Ali puisse être le digne représentant de la jeunesse tunisienne férue de nouvelles technologies qui a ébranlé 23 ans de pouvoir autocratique?

En fait, cette réception n’est probablement que l’épilogue d’un long travail de fond mené de main de maître par l’administration américaine, non seulement en Tunisie, mais aussi dans tous les pays arabes.

Chapitre 5: Les autres pays arabes


  • Le martyr: Mohamed Bouazizi

 

 

  • Fadia Hamdi: accusée d'avoir maltraité Mohamed Bouazizi et d'être la cause de son immolation par le feu.

 

Après avoir été emprisonnée, l'enquête a montré que la supposée gifle que Fadia Hamdi avait administré à Mohamed Bouazizi n'était qu'un médiamensonge.

 

  • "La ligue arabe de la dissidence"

 


Interview de Slim Amamou dans laquelle il parle du rôle de la CIA (à travers des organismes de financement et de formation) et de la "ligue arabe de la dissidence" (28 juin 2011).

 

 

 

Nasser Weddady (Mauritanie)

Fils d'ambassadeur, Weddady a grandi à travers le Moyen-Orient et a été témoin direct de la répression des droits civils. Une fois adulte, il est devenu militant des droits humains et a dû fuir aux États-Unis en tant que réfugié en 2000. Quelques jours après le 11 Septembre, il a été détenu à tort par le FBI. Aujourd'hui, il organise des ateliers pour les militants du Moyen-Orient et des campagnes pour la libération des cyberdissidents.
Tawakul Karman (Yémen)
Tawakul Karman est née en 1979 à Taez (Yémen). Elle y a étudié la gestion à l’université et, après une brève carrière de journaliste, elle devient membre d’Islah, le principal parti d’opposition. Elle dirige l'ONG "Women Journalists Without Chains". Cette ONG est financée par la NED.
Oraib Al-Rantawi (Jordanie)
Activiste jordanien, Oraib Al-Rantawi dirige l'ONG "Al Quds Center for Political Studies", un organisme financé par le NDI. Il a déclaré s'être rendu au Yémen à deux reprises pour aider les dissidents yéménites.
  • L'utilisation du logo d'OTPOR

Algérie
Bahreïn
Libye
Maroc
Syrie

Tunisie

  • Financement de la NED: Rapport 2009
  • Mais qui fait courir McCain?

Le sénateur McCain à Tunis (Tunisie) le 21 février 2011

 

Le sénateur McCain au Caire (Égypte) le 27 février 2011

 

Le sénateur McCain à Benghazi (Libye) le 22 avril 2011

 

Rappelons tout de même que le sénateur McCain est président du conseil d'administration de l'IRI (International Republican Institute), un des organismes américains qui finance l'"exportation" de la démocratie.

 

Tradotto da franchi da OSSIN

 

L’appartamento che avevo preso in affitto per il mio soggiorno a Istanbul era al quarto piano di un vecchio ma nobile palazzo costruito sulla cima della collina di Galata. La posizione era strategica: a pochi minuti dalla celebre piazza Taksim e dalla effervescente e insonne avenue Istiklal. Ma lo spettacolo più sorprendente si offriva quando si apriva la finestra di una delle camere. Con un solo sguardo era possibile abbracciare tutti i gioielli architettonici del quartiere Sultan Ahmet e poi la curva del famoso Corno d’oro. Alla fine del giorno una particolare illuminazione trasformava il paesaggio in un quadro d’autore ornato da innumerevoli minareti aguzzi e slanciati verso il cielo. E’ vero che Istanbul, polmone economico del paese, respira la prosperità e il successo. A cavallo tra Asia ed Europa, questa città è la vetrina di una Turchia in piena crescita.

Tuttavia la mia reale fascinazione per questa città e questo paese ha rapidamente ceduto il passo ad uno scetticismo scaturito da due episodi rivelatori.

Chapitre 4: Le cas de l'Égypte


  • Quelques cyberactivistes égyptiens

Ahmed Maher Adel Mohamed

Israa Abdel Fattah Wael Ghoneim
Bassem Samir Rami Raoof


  • Activistes égyptiens "au travail" à partir de la place Tahrir

 

 

  • Le 2 février 2011: la journée des "baltaguiyas"

 

  • Omar Afifi Suleiman: l'homme qui dirige les activistes égyptiens à partir de Washington
  • Wael Nawara, secrétaire général du parti d'opposition égyptien "El Ghad" reconnaissant avoir reçu du financement de la NED, de l'IRI, de la NDI et d'autres organismes américains

 

  • Câbles WikiLeaks
10CAIRO99
08CAIRO2371
08CAIRO2572
10CAIRO215

  • Wael Ghoneim à Dream TV après sa libération
  • Retour d'El Baradei au Caire le 19 février 2010: Accueil organisé par les activistes égyptiens
  • Adel Mohamed, porte parole du "mouvement du 6 avril", reconnaissant avoir été formé en Serbie par CANVAS

 

  • Le symbole du poing fermé d'OTPOR a été repris par les activistes égyptiens

 

 

 

 

  • Scènes de fraternisation avec les forces de l'ordre

 

  • Documents utilisés par les activistes égyptiens inspirés de la méthodologie de la non-violence enseignée par CANVAS

 

 

 

  • La vidéo de l'annonce du départ du président égyptien

 

 

Traducido del francés para Rebelión por Beatriz Morales Bastos


El piso que había alquilado para mi estancia en Estambul estaba encaramado en el cuarto piso de un viejo aunque noble inmueble construido en lo alto de la colina de Galata. Era un emplazamiento estratégico: a unos minutos de la célebre plaza Taksim y de la burbujeante e insomne avenida Istiklal. Pero el espectáculo más sobrecogedor se ofrecía en cuanto se abría la ventana de alguna de las habitaciones. De una sola mirada era posible abarcar todas las joyas arquitectónicas del barrio Sultan Ahmet y seguir al curva del ilustre Cuerno de Oro. Al final del día una luz particular transformaba el paisaje en el cuadro de un maestro adornado de innumerables minaretes puntiagudos lanzados contra el cielo. Es cierto que Estambul, pulmón económico del país, respira prosperidad y éxito. A caballo entre Asia y Europa, está ciudad es el escaparate de una Turquía en pleno crecimiento.

Sin embargo, mi auténtico hechizo por este ciudad y este país dio paso rápidamente a un escepticismo motivado por dos acontecimientos reveladores.

 

 

Couverture médiatique

 

Interviews

Émission animée par J. F. Lisée

Cliquez pour visionner

(15 premières minutes)

 

  • 10 mai 2011: Radio Canada International (Émission: Pomme et mandarine)

 

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Écouter sur le site de Radio Canada International

  • 4 mai 2011: Radio Québec 800

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  • 30 avril 2011: Taxi-Maghreb, Radio Centre-Ville (bientôt en ligne)

 

 

Articles


 

 

  • « Arabesque Américaine : Le rôle des États-Unis dans les révoltes de la rue arabe »: Samir Ben, El Watan (20 avril 2011)

 

Commentaires et critiques

 


 

 

 

L’appartement que j’avais loué pour mon séjour à Istanbul était juché au quatrième étage d’un vieux mais noble immeuble construit en haut de la colline de Galata. L’emplacement était stratégique : à quelques minutes de la célèbre place Taksim et de la bouillonnante et insomniaque avenue Istiklal. Mais le spectacle le plus saisissant s’offrait dès qu’on ouvrait la fenêtre d’une des chambres. D’un seul regard, il était possible d’embrasser tous les joyaux architecturaux du quartier Sultan Ahmet et de suivre la courbe de l’illustre Corne d’Or. En fin de journée, un éclairage particulier transformait le paysage en un tableau de maître orné d’innombrables minarets pointus et élancés vers le ciel. Il est vrai qu’Istanbul, poumon économique du pays, respire la prospérité et la réussite. À cheval entre l’Asie et l’Europe, cette ville est la vitrine d’une Turquie en pleine croissance.

Cependant, mon réel envoûtement par cette ville et ce pays a rapidement cédé la place à un scepticisme motivé par deux évènements révélateurs.

 

 

Coucher de soleil sur Istanbul

 

Le premier a eu lieu à ma première navigation sur Internet. Ayant reçu un courriel m’invitant à visionner une vidéo sur Youtube, quelle ne fût ma surprise de constater que l’accès à ce site était interdit par décision de justice depuis 2007. Le motif invoqué était : « diffusion de clips irrévérencieux à l'égard du fondateur de la République turque, Mustafa Kemal Ataturk » [1]. Il est vrai que cette interdiction a été levée en octobre 2010 [2] mais, en mars 2011, la plate-forme « Blogger » a été, elle aussi, bannie de la toile [3].

Le second évènement dont j’ai été témoin se déroula sur l’avenue Istiklal, une soirée de fin de semaine. Alors que l’artère vitale grouillait de monde, un homme légèrement éméché s’approcha de deux jeunes demoiselles, leur faisant des avances avec insistance, mais sans les toucher. La scène n’a pas échappé à deux hommes en civil (probablement des policiers) qui déambulaient parmi les badauds. Apostrophé manu militari, le malheureux essaya de se débattre tant bien que mal. Quelques dizaines de secondes plus tard, une fourgonnette de police arriva et l’individu fut tabassé en public et jeté comme une vulgaire marchandise à l’intérieur du véhicule. Après un moment de curiosité, les passants continuèrent leur promenade dans le brouhaha ambiant, comme si la scène à laquelle ils venaient d’assister était banale.

Serait-ce possible que cette indiscutable réussite économique n’ait pas été accompagnée par des progrès dans les domaines de la liberté d’expressions et les droits de la personne?

Est-il pensable que l’arrivée au pouvoir des islamistes de l’AKP (Adalet ve Kalk?nma Partisi ou Parti de la justice et du développement) puisse donner un remarquable élan à l’économie (11% de croissance au premier trimestre 2011 [4]) et être en retard sur les libertés fondamentales du citoyen?

 

Erdogan, le Padishah

Recep Tayyip Erdogan, l’actuel premier ministre de la Turquie et président de l’AKP a été maire d’Istanbul de 1994 à 1998. À ce poste, il gagne le respect des Stambouliotes en améliorant considérablement les services (distribution d’eau et d’électricité) et en luttant contre la corruption, de sorte qu’il est surnommé le « Padishah » (sultan) de la ville [5,6]. « Pour sa bonne gouvernance, notamment pour les travaux de rénovation urbaine qu’il a entrepris durant son mandat de maire d’Istanbul », il reçut une récompense du Programme des Nations unies pour les établissements humains [7].

Lors d’un meeting en 1998, Erdogan récita un poème jugé subversif et contraire à l’esprit laïque du kémalisme, l’idéologie fondatrice de la Turquie moderne de Mustafa Kemal Ataturk. En voici un extrait : « Les minarets seront nos baïonnettes, les coupoles nos casques, les mosquées seront nos casernes et les croyants nos soldats ». Cela lui a valu d’être destitué de sa fonction de maire et condamné à dix mois de prison (mais n’en accomplira que quatre) [8]. Il faut dire, qu’à ses débuts, Erdogan avait été le chef des jeunes du Milli Gorus, un mouvement islamiste turc antioccidental, nationaliste et théoriquement djihadiste [6].

Erdogan fonde l’AKP en 2001, parti qui remporte les élections législatives de 2002 auxquelles il ne peut participer à cause de sa condamnation. Cependant, la loi ayant changé, il réussit à se faire élire dans une élection complémentaire en 2003. Dès son arrivée au parlement, il est nommé Premier ministre et le restera pour trois mandats successifs.

À la tête de l’AKP et du gouvernement turc, le « Padishah » est crédité de nombreuses et importantes réformes, parmi lesquelles : l’autorisation de la langue kurde dans les médias, l’abaissement de l’âge d’éligibilité (de 30 à 25 ans), l’abolition de la peine de mort, etc. [5].

Cependant, depuis un certain temps, des voix discordantes se font entendre au sujet d’Erdogan et de son style de gouvernance. On n’hésite pas à mettre de l’avant son autoritarisme, ses attaques contre les journalistes [9] et la « poutinisation » du régime [6]. En fait, ce qui est remarquable chez ce chef charismatique est son excellente maîtrise du double jeu : l’art de prôner, selon les circonstances, une chose et son inverse.

 

Erdogan et les libertés fondamentales

Se faisant publiquement le chantre de la laïcité, de la démocratie et des libertés en Turquie, le bilan d’Erdogan laisse perplexe, c’est le moins qu’on puisse dire.

Deux articles parus il y a moins d’un mois donnent le la : « la démocratie turque en danger » [10] et « le tournant liberticide turc » [11]. On y apprend que de nombreux journalistes et universitaires ont été poursuivis et emprisonnés pour avoir donné des conférences sur des sujets controversés de l’histoire ou de la politique turque. On peut y lire : « L'acharnement du pouvoir contre les médias indépendants osant aborder la situation kurde ou la domination de l'AKP est devenu grave, comme l'a souligné Reporters sans frontières dans un communiqué du 26 octobre » et aussi : « Depuis 2009, près de 8 000 personnes ont été arrêtées pour des faits d'exercice de la liberté d'expression. En cela, la Turquie d'Erdogan révèle son vrai visage, celui d'un pouvoir qui a de moins en moins à envier au régime des généraux des années 1980. Rien à voir en tout cas avec la démocratie islamique tant vantée ces dernières semaines ».

L’ouverture d’un procès, le 22 novembre 2011, contre les deux célèbres journalistes Nedim Sener (lauréat 2010 de l'Institut international de la presse) et Ahmet Sik  a vu la mobilisation d’environ 200 journalistes et défenseurs des droits de l’homme, réclamant leur libération. Les deux journalistes sont accusés d’avoir œuvré dans la branche média du réseau « Ergenekon », organisation soupçonnée de préparer un coup d’état militaire contre le gouvernement d’Erdogan. Il est à noter que N. Sener a publié un livre sur le meurtre d’un journaliste dans lequel il critiquait l’enquête de la police. Ahmet Sik, quant à lui, a vu ses brouillons être saisis sur ordre du tribunal : il travaillait sur un essai portant sur l’infiltration de la police par les milieux islamistes. Alain Franchon, journaliste et directeur éditorial du Monde, commente ainsi l’affaire : « Avec d’autres, Sik et Sener ont mené des enquêtes qui embarrassent le gouvernement : corruption, affaires, pénétration de la police par des militants islamistes. Ils gênent. Comme des dizaines d’autres journalistes eux aussi emprisonnés, à l’heure où le pouvoir mène une campagne d’intimidation contre tous ceux qui osent le critiquer » [12].

À ce sujet, Johann Bihr de Reporter sans frontières (RSF) a déclaré que « quelque 70 journalistes sont actuellement emprisonnés en Turquie, dont au moins 15 ou 20 pour leur activité journalistique » [13].

D’ailleurs, le classement mondial RSF 2010 place la Turquie à une position peu enviable en matière de liberté d’expression: 138e sur 178. Elle se classe loin derrière des pays qui ne connaissent pas le boom économique turc tels que la Tanzanie (41e), le Burkina Faso (49e) ou le Sénégal (93e). Considéré comme un « pays sous surveillance » dans la catégorie « Ennemis d’Internet », RSF  explique le mauvais rang de la Turquie « par la multiplication frénétique des poursuites, incarcérations, condamnations de journalistes. Parmi eux, nombre de médias et de professionnels, soit kurdes, soit abordant la question kurde » [14].

 

Manifestation contre la censure d'Internet à Istanbul, le 15 mai 2011

 

Finalement, la consultation des rapports annuels de l’Human Rights Association montre que le nombre de cas de torture et de mauvais traitements en Turquie est passé de 876 en 2002 (date de l’accession au pouvoir de l’AKP) à 1835 en 2009 (soit plus du double) [15].

 

Erdogan et Israël

Lorsqu’en 2009 Erdogan quitta en colère un débat public avec le président israélien à Davos, il est instantanément devenu le héros des arabes et des musulmans. Je lui ai même personnellement consacré un article élogieux, vantant la témérité et la bravoure de son coup d’éclat en faveur du peuple palestinien qui venait de vivre le massacre de Gaza par l’armée israélienne [16]. Par la suite, l’épisode de la flottille de la liberté qui a coûté la vie à neuf citoyens turcs en mai 2010 a envenimé les relations entre les deux pays et un état de quasi rupture des relations diplomatiques est actuellement en vigueur.

Mais qu’en est-il vraiment des relations entre Erdogan et l’état sioniste?

En fait, la position d’Erdogan à l’égard d’Israël était claire dès son accession au pouvoir. Contrairement à son prédécesseur islamiste Necmettin Erbakan, il ne contestait pas  l’alliance de son pays avec Israël [17]. Rappelons qu’en 1996, Erbakan avait refusé de ratifier un accord de coopération avec Jérusalem et tenta de suspendre des manœuvres navales turco-israélienne, contre l’avis de ses militaires.

 

Sharon et Erdogan

 

La reconnaissance d’Israël par la Turquie ne date pas d’hier. C’est même le premier pays musulman à l’avoir fait  dès 1949, ce qui fait dire à Noémie Grynberg : « …depuis près de 60 ans, les deux pays entretiennent des relations diplomatiques et coopèrent dans de nombreux domaines. Israël et la Turquie partagent beaucoup d’intérêts communs : économique, énergétique, stratégique, militaire, politique » [18].

Quant à Erdogan, il a largement favorisé et dynamisé les relations entre les deux pays. Entre 2002 et 2009, la plupart des groupes israéliens renforcent leur présence en Turquie et les contrats bilatéraux atteignent 2,5 milliards de dollars. En parallèle, l’armée israélienne a activement contribué à la modernisation des forces armées turques, en particulier l’aviation [19].

D’autres « incongruités » sont à signaler dans la politique turque actuelle vis à vis d’Israël. La première, médiatisée, concerne l’acceptation en octobre 2011 de l’aide israélienne lors du récent séisme qui a touché la région turque de Van. La seconde, passée sous silence, est en relation avec l’incendie du Carmel, en Israël. La Turquie avait envoyé deux avions pour lutter contre l’incendie en décembre 2010, alors que les relations « officielles » étaient au plus bas [20].

Mais le geste qui réjouit probablement le plus Israël est l’acceptation par la Turquie d’accueillir l’installation antimissile américaine que l’OTAN va déployer dans le territoire turc pour contrecarrer les éventuelles attaques iraniennes [12]. En plus, selon le journal turc Hurriyet, les données recueillies par les radars seront directement transmises aux Israéliens, décision qui a enchanté Ehoud Barak, ministre israélien de la défense : « La Turquie n’est pas en train de devenir un ennemi d’Israël » a-t-il déclaré. Sur ce même sujet, un haut responsable américain a reconnu que  « le déploiement du bouclier antimissile est la plus grande coopération entre la Turquie et les États-Unis au cours des vingt dernières années » [21]. Le récent déploiement de drones américains Predator en Turquie et la vente imminente d’hélicoptères d’attaque pour lutter contre les séparatistes kurdes du PKK (Partiya Karkerên Kurdistan ou Parti des travailleurs du Kurdistan) [22] est certainement une forme de remerciement pour la collaboration turque dans le dossier du bouclier antimissile.

 

Erdogan et Ahmadinejad (Istanbul, le 22 décembre 2010)

 

Cette décision a fait bondir aussi bien l’Iran que la Russie. Le premier a prévenu qu’elle attaquerait les installations turques en cas de menace [23]. La seconde a déclaré qu’elle songeait à déployer ses missiles vers le site antimissile turc [24].

La politique turque du « zéro problème avec nos voisins » vient d’en prendre un sacré coup. Et ce n’est pas le seul.

 

Erdogan et le néo-ottomanisme

En créant la Turquie moderne, Mustafa Kemal Ataturk a non seulement enterré l’empire Ottoman, mais a aussi tourné le dos au Moyen-Orient. «  Messieurs et citoyens !... Sachez bien que la République turque ne peut pas être le pays des cheikhs, des derviches, des disciples, des adeptes. Le chemin le plus droit est celui de la civilisation » disait-il. Cette situation a prévalu avec tous ses successeurs et s’est poursuivie jusqu’à la prise du pouvoir par l’AKP qui va opter pour un repositionnement géostratégique, mais sans jamais renoncer au rêve de voir un jour la Turquie faire partie de l’Union Européenne. L’esclandre d’Erdogan à Davos en est certainement un acte hautement symbolique mais probablement aussi un geste médiatique à saveur populiste. Ce revirement turc vers les pays de l’ancien empire Ottoman s’explique par le fiasco du panarabisme, « la faiblesse du bloc arabe qui se dispute le leadership (Égypte, Arabie saoudite et Syrie), l’échec du projet US du grand Moyen-Orient remodelé, la quasi inexistence de l’Europe dans la région et les difficultés actuelles du régime iranien » [25].

Le changement de cap de la politique étrangère de la Turquie a été initié par Erdogan, mais s’est accéléré avec la venue d’Ahmet Davutoglu, un universitaire très respecté, nommé ministre des Affaires étrangères en mai 2009. Surnommé « M. Zero Problems » par la presse anglophone, il prône la doctrine de « zéro problème » avec son voisinage proche. Cette politique d’ouverture vers le monde arabo-musulman nommée « néo-ottomanisme » marque un changement considérable par rapport à l’idéologie kémaliste.

La récente participation de la Turquie à un forum arabo-turc organisé au Maroc, en marge d’une réunion de la Ligue arabe consacrée à la Syrie, en est une illustration.

Pourtant, en plus d’avoir des relations privilégiées avec les États-Unis, la Turquie est membre de l’OTAN, du Conseil de l’Europe et frappe toujours à la porte de l’Union Européenne. D’ailleurs, n’avait-il  pas cité Ataturk, en 2002, le soir même de la première victoire de l’AKP [17]?

 

Erdogan avec, en arrière-plan, les posters d'Ataturk et de lui-même

 

Erdogan et le « printemps arabe »

C’est probablement une application éclairée de la politique « zéro problème » avec les voisins qui a motivée la relative indifférence d’Erdogan au commencement des révoltes de la rue arabe. En effet, ce n’est que le premier février 2011, entre le départ de Ben Ali et celui de Moubarak, qu’il a apporté son soutien aux manifestants arabes. Quelques jours plus tard, il atténua cette timide déclaration en « affirmant qu’il n’avait pas non plus l’intention de s’immiscer dans les affaires intérieures des pays arabes » [26].

Même son implication dans la guerre civile libyenne fut précédée d’une longue hésitation, mais il finit pas « suivre » la France et la Grande-Bretagne [12].

Cette hésitation est compréhensible car les échanges avec ce pays étaient si importants que 26 000 turcs y étaient présents. Mais une autre raison, plus « sentimentale » celle-là, peut être avancée : le 1er décembre 2010, il a reçu, à Tripoli, le prix Kadhafi des droits de l'homme décerné par le colonel Kadhafi, soit quelques mois à peine avant l’engagement de la Turquie en faveur des rebelles du Conseil national de transition libyen (CNT) qui ont fini par assassiner sauvagement le « guide » libyen [27].

 

 

Erdogan recevant le Prix Kadhafi des droits de l'Homme

Extrait du discours d'Erdogan:

"Vous pouvez être sûrs que ce prix encouragera notre lutte pour les droits de l’homme au sens régional et mondial. La seule chose que nous voulons dans notre région et dans le monde, c’est la paix et la justice. Si la région est prospère, tous les États en bénéficieront. Tous les Etats de la région bénéficieront également de la paix, de l’harmonie et de la stabilité. Tout le monde doit être sûr d’une chose : ce que nous voulons pour nous-mêmes, nous le voulons aussi pour les autres."


 

 

Erdogan et Kadhafi

 

Le 3 juillet 2011, le chef de la diplomatie turque, M. Ahmet Davutoglu, reconnaissait le CNT, lui offrit un prêt de 100 millions de dollars et prit le contrôle de la banque turco-libyenne A&T Bank dont la Libyan Foreign Bank possède environ les 2/3 des parts. « M. Zero Problems » venait d’enterrer une seconde fois sa politique de « bon voisinage ».

 

 

Erdogan visite la Libye (Tripoli, le 16 septembre 2011)

Cliquez sur l'image pour visionner la vidéo

 

Pragmatique et soucieux de maintenir un taux de croissance dans les deux chiffres, Erdogan effectua, entre le 12 et 16 septembre, un voyage dans les pays du « printemps arabe » : l’Égypte, la Tunisie et la Libye. Il était accompagné d’une imposante délégation composée de 280 hommes d’affaires, sept ministres et de nombreux conseillers. Sans états d’âme, le néo-ottomanisme passe nécessairement par le « business » [28].

L’implication de la Turquie dans les évènements syriens est autrement plus épineuse car, dans ce cas, il s’agit d’un réel « voisin » avec lequel il partage une frontière, une histoire et un contentieux territorial.

Le rapprochement entre la Syrie et la Turquie s’est matérialisé en 2004 lors d’une visite officielle de Bachar El-Assad qu’Erdogan considérait, jusqu’à naguère, comme un ami personnel. Cette visite fut suivie par la signature, en septembre 2009, d’un accord de coopération bilatérale et l’institution d’un Conseil de coopération stratégique [25]. Le conflit territorial concernant la province du Hatay, actuellement sous domination turque mais revendiqué par la Syrie, a constitué la pomme de discorde entre les deux pays. Ironie du sort, c’est dans cette province que quelques milliers de réfugiés syriens sont actuellement cantonnés, sous protection turque.

Comme dans le cas libyen, la décision de rompre le dialogue et de soutenir les insurgés contre le régime en place n’est pas venue naturellement.  Elle a été prise le 21 septembre 2011, aux États-Unis, à l’issue d’un entretien avec le président Obama et en « coordination » avec l’administration américaine.

 

Erdogan et Obama (New York, le 20 septembre 2011)

 

Moins d’un mois après, Davutoglu rencontra officiellement à Istanbul le Conseil national syrien (CNS), organisme représentant les différentes sensibilités de l’opposition syrienne qui compte dans ses rangs des Kurdes syriens [29]. Étrange partition que joue « M. Zero Problems », hébergeant des Kurdes syriens « révoltés » contre le gouvernement syrien et bombardant, pendant une bonne partie de l’été dernier, les Kurdes du PKK « révoltés » contre le gouvernement turc!

Le rôle actif de la Turquie dans la déstabilisation du régime syrien et dans son aide inconditionnelle aux dissidents syriens se concrétise de jour en jour. Comme une intervention de l’OTAN sous l’égide de l’ONU n’est pas envisageable à cause des vetos russe et chinois, une autre solution est en préparation. En effet, des officiers français de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) et britanniques du MI6 (Service de renseignements extérieurs) sont actuellement en Turquie, dans la région frontalière avec la Syrie, pour former les premiers contingents de l’Armée syrienne libre à la guérilla urbaine. D’autre part, les trafics d'armes aux frontières de la Syrie sont tolérés, voire favorisés par les Français et les Turcs [30].

 

Bachar El-Assad accueille Erdogan à Damas le 17 Janvier 2011

 

Il est clair qu’Erdogan a mené son pays sur la voie de la prospérité économique et lui a donné une indéniable importance géostratégique. Cependant, force est d’admettre que cela n’a pu se faire qu’en pratiquant une politique de « double jeu ». Prôner la liberté d’expression et persécuter les journalistes; se lancer dans des diatribes contre Israël et continuer, en catimini, à commercer avec ce pays; prêcher une politique de « bon voisinage » et œuvrer dans la déstabilisation des voisins; se proclamer néo-ottomaniste et continuer à être kémaliste; se tourner vers l’Orient tout en gardant des relations privilégiées avec l’Occident (en particulier les États-Unis, la France et la Grande Bretagne); considérer les autocrates arabes comme des amis et accepter leurs prix tout en n’hésitant pas à les laisser tomber lorsque le moment de choisir son camp se fait sentir.

Est-ce de la clairvoyance, du réalisme politique ou de l’opportunisme? Je vous laisse le soin d’en tirer les conclusions.

Au fait, j’ai omis de vous dire que mon voyage sur les rives du Bosphore s’est très bien déroulé. La Turquie est réellement un beau pays et, en ce temps, même les boules de cristal les plus omniscientes ne pouvaient prédire ce fameux « printemps arabe ».

 

Références

1- Tom Zeller Jr, « YouTube Banned in Turkey After Insults to Ataturk », The New York Times, 7 mars 2007, http://thelede.blogs.nytimes.com/2007/03/07/youtube-banned-in-turkey-after-insults-to-ataturk/

2- AFP, « YouTube bientôt accessible en Turquie », Le Figaro.fr, 30 octobre 2010, http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/10/30/97001-20101030FILWWW00435-youtube-bientot-accessible-en-turquie.php

3- Le Monde.fr, « La plate-forme Blogger bloquée en Turquie », 4 mars 2011, http://www.lemonde.fr/technologies/article/2011/03/04/la-plate-forme-blogger-bloquee-en-turquie_1488224_651865.html

4- AFP, «Turquie : croissance de 11% au T1 », Le Figaro.fr, 30 juin 2011, http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2011/06/30/97002-20110630FILWWW00407-turquie-croissance-de-11-au-t1.php

5- Élections en Europe, «Recep Tayyip Erdogan - Biographie », 29 mai 2011, http://www.electionseneurope.net/2011/05/recep-tayyip-erdogan-biographie.html

6- Sophie Shihab, «Erdogan, l'homme du nouvel ordre turc », Le Monde.fr, 11 novembre 2011, http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/11/11/erdogan-l-homme-du-nouvel-ordre-turc_1599162_3232.html

7- ONU-Habitat, Conseil d’administration  du Programme des Nations Unies pour les établissements humain, Rapport du Directeur exécutif, « Activités du Programme des Nations Unies pour les établissements humains », 21 janvier 2011, http://www.unhabitat.org/downloads/docs/9483_4_593374.pdf

8- Etienne Copeaux, « Erdogan destitué et incarcéré », Esquisses sur la Turquie des années 90, 10 octobre 2011, http://www.susam-sokak.fr/article-esquisse-n-19-erdogan-destitue-et-incarcere-1998-1999-86268686.html

9- Le Monde.fr, « Forces et faiblesses de l'AKP de Recep Tayyip Erdogan », 12 juin 2011, http://www.lemonde.fr/international/article/2011/06/12/forces-et-faiblesses-de-l-akp-de-recep-tayyip-erdogan_1534702_3210.html

10- Ali Bayramoglu, « La démocratie turque en danger », Le Monde.fr, 11 novembre 2011, http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/11/11/la-democratie-turque-en-danger-par-ali-bayramoglu_1602314_3232.html

11- Hamit Bozarslan, Vincent Duclert et Ferhat Taylan, « Le tournant liberticide turc », Le Monde.fr, 11 novembre 2011, http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/11/11/le-tournant-liberticide-turc_1602422_3232.html

12- Alain Franchon, «Les tribulations d'un Turc dans le monde arabe », Le Monde.fr, 23 septembre 2011, http://acturca.wordpress.com/2011/09/23/les-tribulations-dun-turc-dans-le-monde-arabe/

13- AFP, « Turquie: début du procès de deux journalistes jugés pour complot », L’Express.fr, 22 novembre 2011, http://www.lexpress.fr/actualites/1/economie/turquie-debut-du-proces-de-deux-journalistes-juges-pour-complot_1053864.html?actu=1,%201

14- Reporters sans frontières, « Classement mondial 2010 », http://fr.rsf.org/press-freedom-index-2010,1034.html

15- Human Rights Association, « 1999-2009 comparative summary table », Human Right Violation in Turkey, http://www.ihd.org.tr/images/pdf/1999_2009_COMPARATIVE_SUMMARY_TABLE.pdf

16- Ahmed Bensaada, « La valse à quatre temps de Amr Moussa ou l'évanescence de l'arabité politique », Le Quotidien d’Oran, 12 février 2009, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=53:la-valse-a-quatre-temps-de-amr-moussa-ou-levanescence-de-larabite-politique-&catid=37:societe&Itemid=75

17- L’Express.fr, «L'étrange M. Erdogan », 7 novembre 2002, http://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/l-etrange-m-erdogan_497634.html

18- Noémie Grynberg, «Tayyip Erdogan : la Turquie laïque deviendrait-elle islamiste?», Noémie Grynberg.com,  http://www.noemiegrynberg.com/pages/politique/tayyip-erdogan-la-turquie-laique-deviendrait-elle-islamiste.html

19- Michel Gurfinkiel, « Turquie-Israël/ De l'alliance à la confrontation », Michel Gurfinkiel.com, 6 juin 2010, http://michelgurfinkiel.com/articles/298-Turquie-Isral-De-lalliance-a-la-confrontation.html

20- Gérard Fredj, «Turquie - Israël : l'aide humanitaire aux cotés de ses ennemis », Israël Infos, 27 octobre 2011, http://www.israel-infos.net/Turquie--Israel--l-aide-humanitaire-aux-cotes-de-ses-ennemis-7145.html

21- Infos d’Almanar, «Presse turque : la data du bouclier anti-missile sera transmise à…Israël », 8 octobre 2011, http://www.almanar.com.lb/french/adetails.php?eid=33626&frid=18&seccatid=35&cid=18&fromval=1

22- Institut Kurde de Paris, « Des drones américains basés en Irak repositionnés en Turquie », 14 novembre 2011, http://www.institutkurde.org/info/depeches/des-drones-americains-bases-en-irak-repositionnes-en-turquie-3475.html?utm_source=twitterfeed&utm_medium=twitter

23- AFP, «L'Iran, si menacé, prendra pour cible la Turquie », Lalibre.be, 26 novembre 2011, http://www.lalibre.be/actu/international/article/702770/l-iran-si-menace-prendra-pour-cible-la-turquie.html

24- Le Nouvel Observateur, «Medvedev: la Russie pourrait déployer ses missiles en réaction à la stratégie américaine en Europe », 23 novembre 2011, http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20111123.FAP8262/medvedev-la-russie-pourrait-deployer-ses-missiles-en-reaction-a-la-strategie-americaine-en-europe.html

25- Jean-Baptiste Beauchard, « La Turquie ou le retour de l’Empire ottoman au Proche-Orient », Alliance Géostratégique, 15 mars 2010, http://alliancegeostrategique.org/2010/03/15/la-turquie-ou-le-retour-de-lempire-ottoman-au-proche-orient/

26- Jean Marcoux, « L’expérience turque de transition politique, un modèle pour l’Égypte post-Moubarak ? », LeJMed.fr, 12 février 2011, http://www.lejmed.fr/spip.php?page=imprimir_articulo&id_article=895

27- Daniel Pipes, « Erdogan accepte "le prix international Al-Kadhafi pour les droits de l'homme" », Daniel Pipes.com, 28 février 2011, http://fr.danielpipes.org/blog/2011/02/erdogan-prix-kadhafi

28- Joséphine Dedet, « Printemps arabe : Erdogan superstar », Jeune Afrique, 21 septembre 2011, http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2645p010-011.xml0/

29- AFP, «La Turquie a rencontré officiellement le Conseil national syrien », L’Express.fr, 18 octobre 2011, http://www.lexpress.fr/actualites/1/monde/la-turquie-a-rencontre-officiellement-le-conseil-national-syrien_1041732.html

30- Claude Angeli, « Une intervention limitée préparée par l’OTAN en Syrie », Le Canard Enchainé, 23 novembre 2011.



Cet article a été publié le 15 décembre 2011 par "Le Quotidien d'Oran":

Il a aussi été publié (en français) par:

En espagnol sur:

Et en italien sur:


Arabesque Américaine : Le rôle des États-Unis dans les révoltes de la rue arabe

Documents complémentaires

Cette page a été spécialement conçue pour les lecteurs du livre "Arabesque Américaine : Le rôle des États-Unis dans les révoltes de la rue arabe". Elle leur permettra d'approfondir certaines notions abordées dans l'ouvrage en visionnant des vidéos sur le sujet, en lisant des documents explicites ou en découvrant des photos importantes.

 

Chapitre 1:

Les révolutions colorées

Chapitre 2:

Ces organismes américains qui "exportent" la démocratie

Chapitre 3:

Les nouvelles technologies

Chapitre 4:

Le cas de l'Égypte

Chapitre 5:

Les autres pays arabes

 


Viernes 28 de octubre de 2011 por CEPRID

Ahmed Bensaada

CEPRID

Traducido por Julio Fucik

Tawakkol Karman, de 32 años, es la primera mujer árabe en recibir un Premio Nobel, la primera de Yemen, la mujer “novelizada” más joven (empatada con la irlandesa Mairead Corrigan -1976-), la segunda (hombre o mujer) musulmana (después de la iraní Shirin Ebadi -2003-), la primera militante de un partido islamista, la primera mujer en llevar el hijab y una de 43 mujeres en el mundo que han logrado esta distinción. En la categoría del Premio Nobel de la Paz, forma parte del selecto club formado por 15 mujeres que, hasta la fecha, han sido elegidas por la Academia Nobel.

Chapitre 3: Les nouvelles technologies


  • TOR: Comment contourner la censure étatique

 

Jacob Appelbaum, la face publique de TOR

 

Jacob Appelbaum et WikiLeaks

 

Jacob Appelbaum: Conférence sur le fonctionnement de TOR (Jordanie, 2009)

Partie 1

 

Jacob Appelbaum: Conférence sur le fonctionnement de TOR (Jordanie, 2009)

Partie 2

 

Jacob Appelbaum: Conférence sur le fonctionnement de TOR (Jordanie, 2009)

Partie 3

 

Jacob Appelbaum: Conférence sur le fonctionnement de TOR (Jordanie, 2009)

Partie 4

  • Alliance of Youth Movements (AYM)

    We Identify digital activists and developments in digital activism through our website, blog, social media presence, and outreach trips;

    We Connect digital activists to each other, to technology experts, and to more traditional members of civil society.

    We Support activists by ensuring that the matches we make deliver necessary resources, training and mentorship; by facilitating face-to-face meetings among members of our network and by providing a platform for these connections to ignite and evolve over time.

    (Extrait du site)

    • Jared Cohen, cofondateur de AYM

Sommet 2009 de l"Alliance of Youth Movement": Interview de Jared Cohen (Département d'État américain)

 

  • Arrestation du militant politique américain Ray McGovern lors du discours de H. Clinton (16 février 2011)
  • Vidéo de l'évènement:

Notez le calme de Mme Clinton: même pas une petite hésitation dans sa voix lors de l'arrestation musclée.


La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a fait son discours à l'Université George Washington. Elle a condamné les gouvernements des pays qui bafouent la liberté d'expression des manifestants et les emprisonnent (sic). Le militant de "Veteran for Peace" de 71 ans, Ray McGovern, a été arrêté en public par la police et un fonctionnaire civil non identifié , brutalisés et laissé en sang en prison. Mme Clinton n'a jamais s'arrêta de parler. Lorsqu'elle avait commencé son discours, M. McGovern resta debout en silence dans le public et lui tourna le dos. M. McGovern, un ancien officier de l'armée qui a également travaillé comme analyste de la CIA pendant 27 ans, portait un t-shirt "Veteran for Peace".

  • Interview de Ray McGovern après sa libération:

 

Ray McGovern donnant des explications sur son arrestation et le "traitement" de la police


  • Julian Assange: Facebook est une machine d'espionnage de la CIA

Pour le fondateur de Wikileaks Julian Assange, Facebook est une machine d'espionnage de la CIA. Google, Yahoo et Facebook  sont des "forces auxiliaires de la CIA". "Facebook est la machine à espionner la plus épouvantable jamais créée." - Interface directe installée pour les services secrets, un accès direct à des renseignements personnels et au comportement de recherche sur internet.


 

Consultez l'article

 

 

 

Ça y est! Le monde arabe vient d’obtenir son premier prix Nobel féminin. Et quel prix!

Toutes catégories confondues, Tawakkol Karman est, à 32 ans, la première femme arabe récipiendaire d’un prix Nobel, la première Yéménite, la plus jeune femme nobélisée (ex-aequo avec l’Irlandaise Mairead Corrigan -1976-), la deuxième musulmane (après l’iranienne Shirin Ebadi -2003-), la première militante d’un parti islamiste, la première femme portant le hidjab et l’une des 43 femmes dans le monde à avoir obtenu cette distinction. Dans la catégorie du Nobel de la Paix, elle fait partie du club select formé par les 15 femmes qui, à ce jour, ont été choisies par l’Académie Nobel.

Washington tente de taire son implication active

Quel rôle ont joué les États-Unis dans les révolutions arabes ?

Youcef Bendada (La Tribune)


Cette embellie, qui n’a pas dit son dernier mot, donne déjà lieu à d’innombrables analyses de la part d’experts, de politologues et autres spécialistes de la géopolitique. Parmi les plus récentes approches pour la compréhension de cette révolte de la rue arabe, l’une des plus originales nous est proposée à Montréal par notre compatriote Ahmed Bensaada, physicien et pédagogue ayant brillé dans son domaine en décrochant toutes les distinctions qu’un enseignant de son gabarit rêve d’avoir au cours de sa carrière ! Il nous propose une lecture originale des événements qui ont secoué les pays arabes et qui n’en finissent pas de durer dans certains autres.

 

Philosophe et politologue américain, Gene Sharp est l’auteur de l’ouvrage « De la dictature à la démocratie », livre de chevet depuis près de deux décennies de tous les activistes du monde non-occidental rêvant de renverser des régimes jugés autocratiques. Ancien professeur émérite à l’université du Massachussetts et chercheur à Harvard, il rédigea la première mouture de son « manuel du parfait dissident » en 1993, version destinée aux opposants birmans de Thaïlande. Actuellement, ce livre est disponible en 25 langues différentes (dont l’arabe) et ce, gratuitement téléchargeable sur Internet [1].

 

Chapitre 2: Ces organismes américains qui "exportent" la démocratie

 

 

  • Sites web de certains organismes américains

(Cliquez pour accéder au site)

 

  • George Soros: Milliardaire, spéculateur financier et fondateur de l'OSI (Open Society Institute)

 


  • La carte de la "démocratie", selon Freedom House


(Cliquez sur l'image pour accéder à une carte interactive)


  • Relation entre la NED et d'autres organismes américains

 

(Source: Réseau Voltaire)

 


  • La "nébuleuse" NED

(Source: Réseau Voltaire)

 

  • Documentaire: "Taxpayer billions promote democracy hoax abroad"

Au cours des deux dernières décennies, l'USAID (Agence américaine pour le développement international) a dépensé plus de 9 milliards de dollars pour la promotion de la démocratie selon la formule de Washington. Les programmes sont en pratique dans plus de 100 pays. affiliés de l'USAID, le NED (National Endowment for Democracy), l'IRI (International Republican Institute) et le NDI (National Democratic Institute) sont également engagés dans la promotion de la démocratie. La plupart de l'argent qui est dirigé cet effort vient directement du Congrès et est distribué par le Département d'État américain.

 

 

 

 

 



« La propagande est à la démocratie ce que la violence est à la dictature »

N. Chomsky


Il est vrai que nous vivons à l’ère de la « société de l’information ». Jamais notre quotidien n’a autant été influencé par les flots de nouvelles drainées par ce que nous appelons, désormais, les technologies de l’information et de la communication (TIC). Journaux, télévisions, radios, téléphones mobiles, ordinateurs: tous charrient inlassablement un inextricable déluge d’informations. Internet, Tweeter, Facebook, Google, Youtube et autres créatures du cyberespace ont radicalement changé notre façon de communiquer et de nous informer. Tout est scruté, commenté, analysé et diffusé en temps réel.

Mais il reste cependant une constante qui n’a pas été affectée par cet essor technologique : le mensonge, la propagande et la manipulation médiatique sont toujours là, plus présents que jamais, tels ces virus informatiques de plus en plus sophistiqués, de sorte qu’ils sont constamment plus performants que les logiciels qui sont sensés nous en protéger. Les médiamensonges (terme si cher à Michel Collon) n’ont jamais autant proliféré, surtout en période de troubles comme celle que nous vivons actuellement.


Petit vade-mecum d’illustres médiamensonges

La propagande et la manipulation de l’opinion publique ne sont pas des techniques nouvelles. Elles s’articulent autour d’une médiacratie omnipotente qui ne laisse guère de place aux opinions différentes de la pensée unique véhiculée par les médias majeurs.  Pire encore, dès qu’un point de vue diffère légèrement de ceux imposés par les  « bien-pensants », il est systématiquement enfoui dans une boîte sur laquelle est mentionné : « Théories du complot ». L’histoire a montré que, dans de nombreux cas, c’est plutôt la pensée imposée qui est conspirationniste.

Un exemple typique de mensonge présenté comme réalité par les médias majeurs est celui connu sous le nom des « couveuses koweïtiennes », supercherie planétaire de haute voltige qui s’est déroulé en 1990, lors de la première guerre du Golfe. Je me rappelle avoir été ému et choqué par une jeune koweïtienne en pleurs, nommée Nayirah, témoignant devant une commission du Congrès des États-Unis. Elle affirmait, entre autres, avoir vu de ses propres yeux, dans un hôpital  koweïtien, des soldats irakiens retirer des bébés des couveuses et les laisser mourir sur le sol. Ce témoignage, retransmis dans le monde entier, a eu un impact considérable sur l’opinion publique et a contribué à créer un soutien indéfectible à cette guerre.

Il s’avéra par la suite que la demoiselle en question était en fait la propre fille de l’ambassadeur du Koweït à Washington et que toute cette comédie a été orchestrée par la compagnie  américaine de relations publiques Hill & Knowlton pour la rondelette somme de 10 millions de dollars [1]. La vérité sur cette affaire ne fut connue qu’après la fin de la guerre. J’avais pensé, à l’époque, que cette Nayirah serait promise à un brillant avenir de comédienne, tellement la théâtralité de son intervention était comparable à celle des meilleurs acteurs d’Hollywood ou de Broadway.

 

Vidéo:

Le faux témoignage de la fille de l'ambassadeur du Koweït à Washington (1990)


D'autres manipulations médiatiques de cette envergure peuvent être mentionnées. Citons,  par exemple, l'affaire dite des "charniers de Timisoara" qui s'est déroulée lors de la chute du régime Ceausescu, en décembre 1989, juste avant Noël pour accentuer l'horreur. Les médias occidentaux, en particulier français, ont montré, images à l'appui, les cadavres de victimes de la Securitate. On parla alors de 4630 morts dans une seule fosse commune à Timisoara. On exposa des cadavres devant les caméras dont celui d’un bébé posé sur le corps d’une femme sans vie. La monstruosité d’un régime sanglant qui trucidait ses propres enfants dévoilée au grand jour! Le monde entier fut horrifié.

Il s’avéra, par la suite, que les cadavres étaient ceux de morts déterrés du cimetière des pauvres, que le bébé avait été victime de la mort subite du nourrisson et que la femme sur laquelle il gisait n’était pas sa mère, mais une personne morte d’une cirrhose du foie quelques semaines auparavant. La nécrophilie télévisuelle dans toute sa splendeur comme l’a si bien nommée Ignacio Ramonet [2].

 

Le faux "charnier de Timisoara": la femme et le bébé

 

Vidéo

Le charnier de Timisoara, un fiasco médiatique

 

 

D’autres exemples peuvent être cités mais la liste risque d’être longue. Souvenons-nous de la saga des armes de destruction massive imaginaires de Saddam Hussein qui ont été à l’origine de l’invasion de l’Irak ou du génocide fictif des Kosovars albanais (500 000 morts!) qui a justifié l’intervention de l’OTAN dans la guerre du Kosovo [3].


Cas du « printemps arabe »

Les récentes révoltes qui ont ébranlé la rue arabe ne sont pas exemptes de propagandes, mensonges et autres manipulations médiatiques, loin s’en faut. En effet, comme dans tous les bouleversements politiques sérieux, les médias majeurs y ont mis leur grain de sel. En plus, dans ce cas précis, il faut aussi tenir compte des médias sociaux et de la blogosphère qui ont été de la partie.

À mon sens, le médiamensonge commun aux révoltes « printemps arabe » est celui de la spontanéité des soulèvements populaires. De nombreux documents montrent qu’il n’en est rien et que dans la plupart des pays arabes, les cyberactivistes ont été i) identifiés, ii) mis en réseau entre eux et avec des experts des nouvelles technologies et iii) formés  par des organismes occidentaux « d’exportation de la démocratie », en particulier américains [4]. Cette méconnaissance de la réalité relève autant d’un maljournalisme patent pour certains professionnels des médias que d’un mensonge par omission pour d’autres.

En Tunisie, le symbole de la « révolution du jasmin » a été rapidement déboulonné, quelques mois à peine après la fuite du président Ben Ali. Présenté comme  un universitaire sans emploi, travaillant comme vendeur ambulant, Mohammed Bouazizi s’est immolé par le feu devant le siège du gouverneur, geste qui a mis le feu aux poudres en Tunisie. Son spectaculaire suicide a été expliqué par le fait qu’une policière municipale, Fayda Hamdi, lui aurait non seulement confisqué sa balance, mais aussi administré une gifle, geste encore plus intolérable car venant d’une femme.

L’enquête a montré que Mohammed Bouazizi n’était pas un universitaire, qu’il avait insulté Fayda Hamdi après qu’elle lui ait confisqué sa balance et, surtout, que la gifle était une pure invention. Autre précision troublante : le propre frère de la policière, militant syndicaliste, a participé à créer la légende autour de l’icône de la « révolution » Mohammed Bouazizi, légende à laquelle il est difficile d’être insensible et qui a fait les choux gras d’une presse qui se repaît de ce genre d’histoires [5].

« A Gay Girl in Damascus » est le blog d’une jeune syrienne homosexuelle se nommant Amina Abdallah Arraf. Opposante « en ligne » du président Bachar Al-Assad, ses écrits ont été suivis pendant plusieurs mois par des milliers de personnes à travers le monde et ses témoignages ont régulièrement été relayés dans la presse mondiale. Des médias majeurs comme CNN ou The Guardian lui ont consacré des reportages sans jamais la rencontrer. En juin dernier, la nouvelle tombe. Amina n’existe pas : le blog est la création d’un certain Tom MacMaster, étudiant américain habitant en Écosse [6].

Le maljournalisme, la propagande et « la circulation circulaire de l'information » ont été d’usage en Libye. En mars dernier, tous les médias majeurs ont repris en boucle une information selon laquelle les forces loyalistes de Kadhafi auraient fait pas moins de 6000 morts dans les populations civiles. Ce nombre a été à l’origine de la justification de la résolution 1973 et, ensuite, de l’intervention de l’OTAN en Libye. Pourtant, un rapport d’Amnesty International montre que ce nombre ainsi que tous ceux avancés par le CNT sont largement exagérés : « S'il ne fait aucun doute, donc, que les forces loyalistes ont bien commis des crimes, le bilan de ces crimes semble avoir été surestimé, selon Amnesty. "Le nombre de morts a été grandement exagéré. On parlait de 2000 morts à Benghazi. Or la répression a fait dans cette ville de 100 à 110 morts et à Al-Baïda une soixantaine" » [7].

Concernant les accusations de viols et la présence de mercenaires, l’observatrice d’Amnesty International note : « Il y a eu beaucoup d'informations qui ont circulé mais dont on n'a aucune preuve aujourd'hui. On a parlé par exemple de viols systématiques par les loyalistes, mais on n'a jamais rencontré un seul témoignage direct, ni nous ni d'autres organisations. Et bien sûr il y a l'histoire des mercenaires", précise-t-elle. "On en a beaucoup parlé mais on n'a aucune preuve de cela. Quand j'ai quitté la Libye la semaine dernière, entre Benghazi et Misrata, il y avait 9 prisonniers étrangers sur environ 350 prisonniers et a priori il s'agissait de simples travailleurs immigrés » [8].

La couverture télévisuelle des situations libyenne et syrienne pose des problèmes flagrants d’éthique journalistique. En effet, en Libye, les images ne relatent que les faits d’armes des rebelles alors que les militaires pro-Kadhafi sont absents des écrans. D’autre part, les milliers de bombardement des forces de l’OTAN ne sont que rarement filmées donnant l’impression d’une guerre « chirurgicale » sans aucune bavure. En Syrie, les images véhiculées par les médias majeurs tendent à ne présenter que les méfaits des forces gouvernementales. Jamais les exactions des « révoltés » ne sont mises de l’avant alors que, sur ce sujet, des témoignages dignes de confiance ont été publiés dans les médias alternatifs et de nombreuses vidéos ont été mises en ligne.

À propos de l’OTAN, nous avons récemment appris qu’en plus de son engagement militaire dans le conflit libyen, voilà qu’elle s’est mise à réaliser et distribuer gratuitement des vidéos d’une Libye pacifiée, merveilleuse et où il fait bon vivre. De la pure propagande : « il suffit de demander les séquences vidéos auprès du service presse de l’OTAN ou de les télécharger directement sur des sites relais professionnels destinés aux journalistes et documentalistes. Des images a priori neutres, sans présence de militaire ou de porte-parole de l’OTAN []. Le système est pratique. Les rédactions accèdent à des contenus gratuits et parfaitement formatés pour la diffusion sans devoir dépêcher de reporters sur place et financer leurs déplacements. Et l’OTAN distille discrètement sa communication au détour d’images bien choisies » [9].

Dans cette large entreprise de mensonges et de manipulations des médias, l'Algérie a eu sa part. Dans le dossier libyen, par exemple, elle a été accusée par le CNT d’avoir envoyé des mercenaires se battre aux cotés des forces loyalistes de Kadhafi. Cette « croustillante »  nouvelle a fait le tour des médias du monde entier, non sans susciter réactions enflammées et discussions byzantines. Pourtant, cette accusation a été battue en brèche par Amnesty International, organisme qui n'a pas de sympathie particulière pour l'Algérie.

Bien qu’il soit récent, force est de constater que le « printemps arabe » se révèle déjà truffé de manipulations, de propagande et de mensonges. Et ce n’est probablement que la pointe de l’iceberg.

S’il est vrai que nous vivons à l’ère de la « société de l’information », il faut se rendre à l’évidence que nous vivons aussi dans celle, plus sournoise, de la désinformation.

 

Références

1- Phillip Knightley, « The disinformation campaign », The Guardian, 4 octobre 2001, http://www.guardian.co.uk/education/2001/oct/04/socialsciences.highereducation

2- Ignacio Ramonet, « Télévision nécrophile », Le Monde diplomatique, mars 1990, http://www.monde-diplomatique.fr/1990/03/RAMONET/18658

3- Serge Halimi et Dominique Vidal, « Chronique d'un génocide annoncé », Le Monde diplomatique, mars 2000, http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/kosovo/halimi

4- Ahmed Bensaada, « Arabesque américaine: le rôle des États-Unis dans les révoltes de la rue arabe », Éditions Michel Brûlé,  Montréal (2011).

5- Christophe Ayad, « La révolution de la gifle », Libération, 11 juin 2011, http://www.liberation.fr/monde/01012342664-la-revolution-de-la-gifle

6- The Telegraph, « “A Gay Girl in Damascus”: how the hoax unfolded », 13 juin 2011, http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/middleeast/syria/8572884/A-Gay-Girl-in-Damascus-how-the-hoax-unfolded.html

7- Céline Lussato,  « Libye : Amnesty conteste le nombre de victimes et accuse les rebelles », Le Nouvel Observateur, 17 juin 2011, http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110617.OBS5317/libye-amnesty-conteste-le-nombre-de-victimes-et-accuse-les-rebelles.html

8- Ibid.

9- Le Nouvel Observateur, « VIDEO. Le Tripoli merveilleux de l'Otan », 14 septembre 2011, http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110914.OBS0339/video-le-tripoli-merveilleux-de-l-otan.html

 


Cet article a été publié le 22 septembre 2011 dans les colonnes du journal "Le Quotidien d'Oran"

 


 

Cet article en anglais




 

 

Chapitre 1: Les révolutions colorées


  • Gene Sharp

 

  • Robert Helvey

 

  • Srdja Popovic

 

  • Le trio de la non-violence: Popovic, Sharp et Helvey

 

  • Documentaire de Manon Loizeau: États-Unis à la conquête de l'Est (2005)

Partie 1

 

 

Partie 2

 

 

Partie 3

 

 

Partie 4

 

 

Partie 5

 

 

Partie 6

 

 

 

  • G. Sussman et  S. Krader, « Template Revolutions: Marketing U.S. Regime Change in Eastern Europe » (2008)

Un article de 22 pages sur les révolutions colorées et le rôle des États-Unis. Ce document est téléchargeable à l'adresse suivante: http://www.westminster.ac.uk/__data/assets/pdf_file/0011/20009/WPCC-Vol5-No3-Gerald_Sussman_Sascha_Krader.pdf

 

  • "How to start a revolution": un film de Ruaridh Arrow sur Gene Sharp (Bande-annonce, 2011)

 

 

  • Les lendemains des révolutions colorées: "Les révolutions colorées: et après?" par  Laure Delcour, Directrice de recherche à l'IRIS (2008)

 

 

  • Logos de quelques révolutions colorées

Otpor (Serbie) Mouvement vert (Iran)
Kmara (Géorgie) JAVU (Venezuela)

 

  • Colin Todhunter (Morning Star, UK)

French-Canadian Ahmed Bensaada's new book Arabesque Americain documents the links, funding and main figures behind pro-democracy organisations in over a dozen Arab countries, including Egypt, Lybia, Tunisia and Syria, which were financed by the US.

Indeed he identifies the specific pro-democracy groups by name and the exact amount of US funding each received. Hardly a series of autonomous, grassroots uprisings as the media would have us believe.

Morning Star (UK)


  • L'action nationale: Cahier de lecture

Il s’agit d’un petit ouvrage, une centaine de pages, dont le titre: Arabesque américaine. Le rôle des États-Unis dans les récentes révoltes arabes, exprime très bien la problématique. Dans ce travail Bensaada essaie de comprendre les influences qu’ont pu avoir les États-Unis dans ce qu’on a qualifié de «printemps arabe». Les romantiques qui s’extasiaient devant ce qu’ils concevaient comme un mélange de spontanéité, de jeunesse, et de nouvelles technologies à l’origine de ces soulèvements vont déchanter. Pour l’auteur, il s’agit en effet d’une approche «naïve et primaire» (p. 18). La réalité est que: «Le mode opératoire de ces révoltes a toutes les caractéristiques des révolutions colorées qui ont secoué les pays de l’Est.[…] Comme il est de notoriété publique que ces révolutions ont été structurées, formées et financées par des organismes américains, il serait logique de conclure qu’il y a présence d’une main américaine derrière ces révoltes de la rue arabe.» (p. 18). C’est ce que l’auteur va tenter de démontrer, «objectivement» souligne-t-il, en se servant abondamment, pour ne pas dire exclusivement, de l’outil internet.

Le site


  • Richard Renshaw

"If you read French, I strongly recomment "Arabesque américaine: Le rôle des États-Unis dans les révoltes de la rue arabe" written by Ahmed Bensaada and published by Michel Brulé Press, Montréal, 2011. Without minimizing the courage and importance of the Middle-East Springtime, it is a very different view  that helps put a number of things in perspective."

Son blog


  • Louis Cornellier

"L'analyse de Bensaada force la remise en question de l'interprétation romantique du «printemps arabe»"

Journal "Le Devoir" (Montréal)


  • Jean-François Lisée

"Ce petit ouvrage offre une étonnante synthèse de l'action entreprise par les Américains pour former les jeunes arabes (comme avant les jeunes européens de l'est) aux pratiques non violentes de renversement des dictateurs".

GoodReads


  • Dr Stuart Jeanne Bramhall

"Bensaada's writing is unusually clear and concise. Thus I highly recommend the book, even where readers have only limited knowledge of French. More than half the reference links are to English sites. That alone, in my opinion, is more than worth $11.08 for a print copy " 

OpEDNews (Nouvelle- Zélande)


  • Jean-François Lisée

"Je recommande la lecture du livre "Arabesque américaine". Ça verse au dossier un élément très intéressant pour la compréhension des choses"

Cérium (Université de Montréal)


  • Yannick Rieu

"Pour une lecture éclairante sur les révolutions dans les pays arabes lire le petit livre de Ahmed Bensaada, Arabesque Américaine (le rôle des États-Unis dans les révoltes de la rue arabe) aux éditions Michel Brûlé "

Son blog


 

Arabesque Américaine :

Le rôle des États-Unis dans les révoltes de la rue arabe

 

Dates de sortie:

Canada: 30 avril 2011, Éditions "Michel Brûlé", Montréal

Algérie: 7 mars 2012, Éditions "Synergie", Alger

 


 

Arabesque américaine est disponible:

  • au Québec dans toutes les librairies
  • en Algérie: dans toutes les librairies
  • en France: Librairie du Québec à Paris

Librairie du Québec
Sébastien Johnson

30, rue Gay Lussac
75005 Paris

01 43 54 49 02

http://www.librairieduquebec.fr/This email address is being protected from spambots. You need JavaScript enabled to view it.

  • À travers le monde: en format électronique  (achat en ligne)

 


 

 

  • Vidéoclip "Arabesque américaine"

Cette page a été spécialement conçue pour les lecteurs du livre "Arabesque Américaine : Le rôle des États-Unis dans les révoltes de la rue arabe". Elle leur permettra d'approfondir certaines notions abordées dans l'ouvrage en visionnant des vidéos sur le sujet, en lisant des documents explicites ou en découvrant des photos importantes.

 

 

 

Les équipes de Spécial Investigation ont suivi la révolution égyptienne et ses répercussions en Algérie, au Yémen et en Syrie. Dans tous ces pays, la jeunesse réclame plus de justice et plus de démocratie. Ses armes : la non violence et les réseaux sociaux d’Internet. Mais tout n’est pas aussi « spontané » qu’il n’y paraît. Cette enquête révèle que certains activistes arabes ont été formés à la meilleure école : celle des révolutions démocratiques des pays de l’Est, en Europe, dans les années 2000…

 

Bensaada's writing is unusually clear and concise. Thus I highly recommend the book, even where readers have only limited knowledge of French. More than half the reference links are to English sites. That alone, in my opinion, is more than worth $11.08 for a print copy .

Dr Stuart Jeanne Bramhall


In tracking down sources for an upcoming presentation on the antiglobalization movement, I have come across a little gem called Arabesque Americaine by French Canadian author Ahmed Bensaada. The full title is Arabesque Americaine: Le role des Etats-Unis dans les revoltes de la rue arabe -- translated American Arabesque: the Role of the US in the Revolts in the Arab Streets.

Par Samir Ben
El Watan.com

A contre-courant des analyses qui occupent l’espace médiatique arabe et international, l’auteur montréalais d’origine algérienne  Ahmed Bensaada (www.ahmedbensaada.com) vient de signer un essai très documenté sur le rôle des Etats-Unis dans le vent de révolte qui balaie le monde arabe depuis décembre dernier.

 

Décidément, les réseaux sociaux et la politique forment un mélange explosif qui donne du fil à retordre à bons nombre de dirigeants, aussi bien orientaux qu’occidentaux. En Orient, ils ont indéniablement joué un rôle très important dans les révoltes arabes et ont permis la sensibilisation et la mobilisation des foules qui ont envahi les rues même si elles n’ont pas toutes abouti au renversement des pouvoirs en place. En Occident, les récents évènements londoniens nous ont aussi démontré l’efficacité de ces réseaux. Mais avec une différence notable : ce qui est bien pour les uns ne l’est pas forcément pour les autres.