Printemps arabe

Les soulèvements populaires qui ont touché les pays arabes vers la fin de l’année 2010 ne sont qu’un prolongement des révolutions colorées.

 

 

« Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre »

Platon



Depuis la publication de mon livre, M. Lahouari Addi s’est publiquement exprimé à trois reprises. Et à trois reprises, il s’est comporté en Docteur ès insultes, ce qui en dit long sur le sociologue qui veut instaurer la démocratie et les bonnes manières en Algérie. Car, qu’on se le dise, les diplômes et l’éducation sont deux choses complètement différentes.

Ainsi, après les « doubab » et « sinistre personnage », voilà qu’il récidive, dans un entretien publié par le journal Reporters [1], avec des expressions un peu plus élaborées, du genre : « il ne connaît pas le b.a.ba de la science politique », « Il n’est pas universitaire », « Bensaada n’a aucun argument », « il ne sait pas de quoi il parle », etc.

Ne ratons pas l’invitation : prenons la formule « il ne sait pas de quoi il parle » et essayons de voir à qui elle peut bien s’appliquer en reprenant quelques-unes des déclarations de l’illustrissime et grandissime professeur.


A- La NED


Lahouari Addi : « La NED est un think tank (club de réflexion) créé et financé par le parti républicain à Washington au lendemain de la chute du Mur de Berlin. »


Ah, les « b.a.ba de la science politique »! Autant d’erreurs dans une même phrase est un record inégalable. Ce n’est même pas digne d’un étudiant de première année, alors que dire d’un « professeur »!


1- La NED n’a pas été créée au lendemain de la chute du Mur de Berlin


La chute du mur de Berlin [2] a eu lieu dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989.

Encadrée par le « National Endowment for Democracy Act », la National Endowment for Democracy (NED) a été créée le 18 novembre 1983 [3].  La loi a été entérinée le 22 novembre 1983 [4].

Ainsi, contrairement à ce qu’avance notre professeur, la création de la NED précède de six ans la chute du mur de Berlin!


2- La NED n’est pas un think tank


Selon les informations mentionnées sur le site de la NED : « La National Endowment for Democracy (NED) est une fondation privée à but non lucratif dédiée à la croissance et au renforcement des institutions démocratiques dans le monde. Chaque année, la NED octroie plus de 1600 subventions pour soutenir les projets de groupes non gouvernementaux à l'étranger qui œuvrent pour des objectifs démocratiques dans plus de 90 pays. » [5]


3- La NED n’est pas financée par le parti républicain


Bien qu’elle possède le statut juridique d’une association privée, la NED figure en réalité au budget du Département d’État américain. Et, comme le précise le journaliste du Monde diplomatique Hernando Calvo Ospina, son financement est soumis à l’approbation du Congrès, ce qui permet au gouvernement de se dégager officiellement de toute responsabilité. « La fondation ne saurait être considérée comme une agence ou une émanation du gouvernement des États-Unis », stipule la loi créant la NED [6].


4- La NED n’est pas uniquement reliée au parti républicain


Selon le site de la NED : « Depuis ses débuts, la NED est restée résolument bipartisane. Créée conjointement par les Républicains et les Démocrates, la NED est dirigée par un conseil équilibré entre les deux partis et bénéficie du soutien du Congrès à travers le spectre politique » [7].

D’ailleurs, la NED travaille par l’intermédiaire de quatre organismes distincts et complémentaires qui lui sont affiliés : le Center for International Private Enterprise (CIPE — Chambre de commerce des États-Unis), l’American Center for International Labor Solidarity (ACILS — Centrale syndicale AFL-CIO), mieux connu comme le Solidarity Center, le National Republican Institute (IRI) et le National Democratic Institute (NDI) [8]. Les deux derniers organismes sont respectivement liés au parti républicain et au parti démocrate.


B- L’International Forum for Democratic Studies Research Council


Lahouari Addi : « La NED voulait un débat d’idées et a créé ce Forum et aussi une revue académique Journal of Democracy, dont les articles sont consultables en ligne. J’ai publié trois articles dans cette revue et ils sont consultables en ligne, ils n’ont rien à voir avec l’idéologie de la droite américaine. La NED a mis sur pied aussi un Forum qui réunissait des universitaires de différentes tendances. »

1- Comme expliqué auparavant, la NED est bipartisane et n’est pas exclusivement dédiée à l’idéologie de la droite américaine.

2- Les articles dont parle Lahouari Addi et qui ont été publiés dans la revue de la NED, « Journal of Democracy » sont : « Religion and Modernity in Algeria » (1992), « Algeria's tragic contradictions » (1996), « The failure of third world nationalism » (1997) [9]. Mais la publication d’études dans cette revue et l’appartenance au Forum de la NED sont deux choses différentes.

Il est important de signaler que de 1997 à 2008, soit pendant douze années, Lahouari Addi a été membre de l’International Forum for Democratic Studies Research Council, le think tank de la NED, comme indiqué dans le document en ligne.


Consulter en ligne la liste des membres de l’International Forum for Democratic Studies Research Council (1996 -2008)

 

Mais bien avant de faire partie du think tank de la NED, Lahouari Addi a participé à des réunions organisées par ce Forum. Cela est précisé dans le rapport de la NED relatif à l’année 1995 :

« En outre, le Forum parraine des discussions lors de déjeuners avec d'éminents penseurs et des militants démocrates. Au cours de l'année écoulée, le Forum a tenu une série de discussions axées sur le Moyen-Orient avec des universitaires Haleh Esfandiari (sur les femmes en Iran), Lahouari Addi (sur l'Algérie) et Kanan Makiya (sur l'Irak), ainsi qu'une discussion avec Robert S. Leiken (sur la démocratie dans l'hémisphère occidental). Leiken, Esfandiari et Makiya étaient des boursiers du Forum international à l'époque. Le Forum a également prévu des discussions avec Richard Rose (sur les élections russes), Bernard Lewis (sur l'islam et la démocratie) et Hyug Baeg Im (sur la mondialisation économique et la démocratie), qui ont eu lieu en octobre et novembre 1995; Le professeur Im était chercheur invité au Forum. »


Lire en ligne un extrait du rapport 1995 de la NED

 

On voit donc bien que le Forum favorise les rencontres entre les « penseurs » qu’il recrute et les « activistes » qui sont sur le terrain où la « démocratie » doit être installée.

Cette relation sera très bien illustrée dans les sections suivantes.

Notons au passage qu’en 1995, le Conseil d’administration de la NED comptait dans ses rangs d’illustres noms de la politique américaine. Citons en trois, à titre d’exemple :

- Zbigniew Brzezinski, théoricien stratégique belliciste, conseiller à la sécurité nationale du président Jimmy Carter

- Paula Dobriansky, qui a été sous-secrétaire d'État à la démocratie et aux affaires internationales (2001-2009) sous George W. Bush, membre du CA de Freedom House et membre fondatrice du think tank néoconservateur « Project for the New American Century » (PNAC) qui a eu une influence considérable sur l’administration Bush fils.

- Paul Wolfowitz, illustre faucon néoconservateur, secrétaire adjoint à la Défense entre 2001 et 2005 dans le gouvernement de George W. Bush, considéré comme un des cinq principaux artisans de l’invasion de l’Irak [10].


3- La NED n’a pas créé le Forum pour le débat d’idées uniquement. Le Forum a une mission bien définie au sein de la NED.


À ce sujet, voici ce qu’on peut lire dans le rapport 2001 de la NED :

« L’International Forum for Democratic Studies a été créé en tant que nouvelle division au sein de la Dotation en avril 1994. Le Forum est devenu un centre de premier plan pour l'analyse et la discussion de la théorie et de la pratique du développement démocratique et un centre d'échange d'informations sur les groupes et les institutions travaillant à maintenir la démocratie dans le monde. Par ses publications, ses conférences et ses réseaux universitaires, le Forum soutient et améliore également le programme de subventions de la NED et le Mouvement mondial pour la démocratie (World Movement for Democracy – WMD).[] Les programmes du Forum international bénéficient des conseils et de l’implication d'un Conseil de recherche composé d'universitaires et d'autres spécialistes de la démocratie du monde entier. »


Lire en ligne l’extrait du rapport NED 2001

 

Cette mission est encore plus détaillée dans le rapport 2017 de l’International Forum for Democratic Studies intitulé: « From ‘Soft Power’ to ‘Sharp Power’, Rising Authoritarian Influence in the Democratic World » :

« L’International Forum for Democratic Studies de la National Endowment for Democracy (NED) est un important centre d'analyse et de discussion sur la théorie et la pratique de la démocratie dans le monde. Le Forum complète la mission principale de la NED - aider les groupes de la société civile à l'étranger dans leurs efforts pour favoriser et renforcer la démocratie - en reliant la communauté universitaire avec des militants du monde entier. Par ses activités multiformes, le Forum répond aux défis auxquels sont confrontés les pays du monde entier en analysant les opportunités de transition démocratique, de réforme et de consolidation. Le Forum poursuit ses objectifs à travers plusieurs initiatives interdépendantes:

Publier le Journal of Democracy, la plus importante publication au monde sur la théorie et la pratique de la démocratie;

Organiser des programmes de bourses pour les militants internationaux de la démocratie, les journalistes et les universitaires;

Coordonner un réseau mondial de groupes de réflexion; et entreprendre une gamme variée d'initiatives analytiques pour explorer des thèmes critiques liés au développement démocratique »


Lire en ligne l’extrait du rapport IFDS 2017

 

Comme on peut aisément le constater, il ne s’agit pas uniquement de participer à un anodin débat d’idées, mais de collaborer activement dans la mission principale de la NED, c’est-à-dire l’« exportation » de la démocratie « Made in USA ».


C- La mission de l’International Forum for Democratic Studies


Lahouari Addi : « J’ai été sollicité en raison de mes travaux académiques en compagnie de noms prestigieux comme Lisa Anderson (professeure à Columbia University, connue pour ses travaux sur le monde arabe), Filaly Ansary, directeur de la Fondation Agha Khan de Londres, Abdullahi Ahmed En-Naim, professeur de droit international à Emory University et disciple du réformateur musulman Mahmoud Taha, Saad Eddine Ibrahim, directeur du Centre de Recherche Ibn Khaldoun au Caire, etc. »

À chaque fois qu’il en a l’occasion, notre sociologue national montre qu’il a de bonnes fréquentations, un carnet d’adresses étincelant.

Parmi les noms cités, figure celui de l’Égyptien Saad Eddin Ibrahim qui est le collègue de Lahouari Addi à l’International Forum for Democratic Studies Research Council. Et, tout comme lui, il est sociologue, ancien professeur à l’université américaine du Caire. Saad Eddin Ibrahim est le fondateur du « Ibn Khaldun Center for Development Studies », une ONG égyptienne financée par la NED, comme le montre les rapports de la NED.


Lire en ligne le rapport 2009 – Égypte –  de la NED (exemple)

 

Saad Eddin Ibrahim a été membre du conseil consultatif du « Project on Middle East Democracy » (POMED) [11], un organisme qui travaille de concert avec Freedom House [12] et qui est financièrement soutenu par la NED et l’Open Society de G. Soros [13].

C’est POMED qui avait décerné un prix, en octobre dernier, à Sofiane Djilali [14]. M. Saad Eddine a lui aussi été honoré, mais par Freedom House, en 2002 [15].


Saad Eddin Ibrahim


L’étude du cas Saad Eddine Ibrahim est très intéressante dans la mesure où elle illustre bien cette contribution à la mission principale de la NED, à savoir « aider les groupes de la société civile à l'étranger dans leurs efforts pour favoriser et renforcer la démocratie en reliant la communauté universitaire avec des militants du monde entier ».

Tout d’abord, signalons que Saad Eddin Ibrahim a été très impliqué dans le « printemps » égyptien [16]. Il a été en contact étroit avec les cyberactivistes ONGistes égyptiens, qui ont été formés par les différents organismes d’« exportation » de la démocratie et qui ont été le fer de lance de la contestation de la place Tahrir [17].

Voici quelques photographies illustrant ces connivences :


Saad Eddin Ibrahim et les jeunes activistes égyptiens

1- Bassem Samir; 2- Sherif Mansour; 3- Saad Eddin Ibrahim; 4- Dalia Ziada; 5- Israa Abdel Fattah


1- Bassem Samir, membre de l’« Egyptian Democratic Academy » (EDA) [18], une ONG largement subventionnée par la NED.

2- Sherif Mansour, responsable des programmes de Freedom House de la région MENA (Middle East and North Africa). Il a été en contact étroit avec Ahmed Maher et Mohamed Adel, deux leaders du « Mouvement du 6 avril » égyptien [19].

3- Saad Eddin Ibrahim, le « collègue » cité par Lahouari Addi.

4- Dalia Ziada, cyberactiviste, membre de l’« Ibn Khaldoun Center for Development Studies » dirigé par Saad Eddin Ibrahim

5- Israa Abdel Fattah, surnommée la « Facebook Girl », cofondatrice avec Ahmed Maher du Mouvement du 6 avril. Avec Bassem Samir, elle est membre de l’ « Egyptian Democratic Academy » (EDA)[20]. Tout comme Saad Eddin Ibrahim, elle a été honorée par Freedom House qui lui a octroyé, en juin 2010, le prix « New Generation » [21].



Israa Abdel Fattah posant avec son prix décerné par Freedom House



1- Sherif Mansour (Freedom House); 2- Mohamed Adel (Mouvement du 6 avril).

Mohamed Adel a reconnu avoir été formé par CANVAS (Serbie) en 2009 en compagnie d’un groupe d’Égyptiens et d’Algériens.



Sherif Mansour (Freedom House) en discussion avec Hillary Clinton



Dalia Ziada et Bill Clinton



Hillary Clinton et Bassem Samir


Les relations entre Saad Eddin Ibrahim, membre de l’International Forum for Democratic Studies Research Council, et les jeunes activistes ONGistes égyptiens donne une idée précise sur le modus operandi de la NED et de ses structures.

En y prêtant attention, on remarque une similitude avec la scène algérienne. Une participation à l’International Forum for Democratic Studies Research Council, des ONG algériennes financées par la NED et des activistes algériens formés par les organismes américains d’«exportation » de la démocratie.

« J’ai été sollicité en raison de mes travaux académiques en compagnie de noms prestigieux » a déclaré Lahouari Addi. J’y ajouterai une petite précision : « des noms prestigieux qui sont rémunérés pour contribuer à la politique américaine d’exportation de la démocratie dans leurs propres pays ».

Avez-vous compris de rôle de la NED, monsieur le professeur?


D- L’histoire du CV de Lahouari Addi


Lahouari Addi : « Ahmed Bensaada n’a jamais lu mon CV et il ne sait pas de quoi il parle. Il ne sait pas comment fonctionnent les institutions de recherche et l’université en Occident. »

Non, M. Addi. J’ai bien lu et étudié vos différents CV. Ceux qui sont publiés sur les sites des institutions où vous avez œuvré. En plus, je les ai téléchargés et archivés, comme j’ai coutume de faire pour tout ouvrage que j’écris au cas où les documents seraient modifiés entre-temps.

Voici un extrait de votre CV institutionnel publié sur le site du laboratoire Triangle (UMR 5206) de l’ENS de Lyon :



 

Lire en ligne le CV institutionnel complet de Lahouari Addi

 

Comme on peut le constater, tous les séjours académiques de Lahouari Addi aux États-Unis y sont mentionnés. Mais il n’y a aucune trace de son appartenance à l’International Forum for Democratic Studies Research Council, le think tank de la NED, où il a été membre de 1997 à 2008.

Alors, M. le grand professeur, vous qui savez parler et qui connaissez le fonctionnement des institutions de recherche et de l’université en Occident, pouvez-vous nous expliquer ce « petit oubli »?


E- À propos des « figures » du Hirak


Lahouari Addi : « Une grande partie des Algériens, pas tous évidemment, s’est reconnue dans l’offre politique de Karim Tabou, Mustapha Bouchachi, Assoul Zoubida, Mohcene Belabbès, Kaddour Chouicha, Fodil Boumala et d’autres encore. »

Que veut dire « Une grande partie des Algériens, pas tous évidemment »? Avez-vous réalisé des sondages pour connaître l’avis des Algériens? Comment se fait-il qu’un professeur aussi « brillant » que vous puisse proférer de telles énormités et décider à la place du peuple algérien?

En plus, je vois que la liste de vos élus s’est allongée par rapport à celle que vous avez décrétée en mars 2019. Et à voir certains nouveaux noms, vous confirmez admirablement bien tout ce que j’ai développé dans mon livre.

Vous prétendez que le Hirak n’a pas de leader, mais vous vous comportez en Grand Manitou de ce mouvement populaire. C’est vous qui décidez de la proportion de la population qui est d’accord avec vous, du type de voie à choisir et des personnes qui doivent conduire le peuple vers la « lumière ». Et tous ceux qui osent vous contredire sont des « doubabs », n’est-ce pas? Et vous prétendez que le Hirak n’a pas de ténors?

Et puis qui sont ces personnes que vous sortez de votre chapeau de magicien à chaque fois? Vous n’avez pas encore compris que ce n’est pas à vous de dire qui doit être quoi ou qui doit faire quoi? Le Hirak vous aurait-il désigné « guide suprême » et on n’est pas au courant?


F- À propos des pour et des anti Hirak


Lahouari Addi : « Ahmed Bensaada montre qu’il est hostile au Hirak et qu’il soutient le régime. »

Le grand Manitou s’est prononcé. C’est lui qui décide qui est pour et qui est contre le Hirak. Pas n’importe quel Hirak, son Hirak! L’inquisition, l’excommunication et le takfirisme tous réunis dans les propos de l’immense sociologue.

Mais qui vous a donné le droit de juger les gens? Êtes-vous le gardien d’un temple que vous avez édifié autour de vos ambitions et de vos lubies? C’est vous qui distribuez et tamponnez les cartes d’adhésion au Hirak?

« Soutenir le régime »! Quel argument M. le grand professeur! La reductio ad Hitlerum dans toute sa splendeur!

Mais dites-moi, si je travaille avec le « régime », avec quel régime travaillez-vous lorsque vous vous réunissez pendant douze ans dans les bureaux de la NED? Vous avez une petite idée ou faut-il qu’on vous aide à trouver la réponse?

Lorsque vos travaux [22] sont cités par la RAND corporation [23], avec quel régime travaillez-vous?

Lorsque vous publiez un article intitulé « Algeria's Army, Algeria's Agony » [24] (L’armée de l’Algérie, l’agonie de l’Algérie) dans « Foreign Affairs » [25], un des magazines américains les plus influents de la politique étrangère des États-Unis, pour quel régime travaillez-vous?



G- La liberté d’expression selon Lahouari Addi


Lahouari Addi : « Dès que les conditions politiques s’éclairciront dans notre pays, je déposerais plainte contre l’auteur et contre la maison d’édition. »

En plus de la sociologie, Lahouari Addi semble être un spécialiste de la météo politique en Algérie. Lui qui se targue de plaider pour la libération de tous les détenus d’opinion, il veut en mettre d’autres sous les barreaux dès que les éclaircies arriveront. Des tribunaux populaires seront alors organisés pour juger ceux qui n’auront pas la carte d’adhésion au Hirak spécialement tamponnée par le Grand Manitou en personne.

Sachez, M. le sociologue, que l’Algérie nouvelle n’a pas besoin de personnes hautaines, imbues d’elles-mêmes et qui usent de l’insulte au lieu de l’argument. Notre jeunesse s’est révoltée pour que les citoyens se respectent et respectent les idées d’autrui sans les disqualifier lorsqu’ils ne partagent pas leurs opinions. En vous comportant de la sorte, vous n’êtes pas différent de la 3issaba (bande mafieuse) qui a été emportée par le tsunami populaire. Le Hirak est une vraie bénédiction pour notre pays, mais il ne faut pas qu’il soit souillé par les « exportateurs » de la démocratie dont l’agenda n’œuvre ni pour l’intérêt de notre pays ni pour celui de notre peuple.

Alors, M. Addi, qui de nous deux ne sait pas de quoi il parle ?

 

 


[1] Salim Koudil, « Entretien Lahouari Addi « Je déposerais plainte contre l’auteur et la maison d’édition », Reporters, 22 juin 2020, https://www.reporters.dz/entretien-lahouari-addi-je-deposerais-plainte-contre-lauteur-et-la-maison-dedition/

[2] Georges de Brulon, « Le jour où le mur est tombé: 9 novembre 1989, la nuit de Berlin », Le Figaro, 8 novembre 2019, https://www.lefigaro.fr/culture/le-jour-ou-le-mur-est-tombe-9-novembre-1989-la-nuit-de-berlin-20191109

[3] Decision, « National Endowment for Democracy », 9 septembre 1992, https://www.gao.gov/assets/510/504435.pdf

[4] National Endowment for Democracy, 20th anniversary », 20 octobre 2003, https://www.govinfo.gov/content/pkg/STATUTE-117/pdf/STATUTE-117-Pg2957.pdf

[5] NED, « About the National Endowment for Democracy »,  https://www.ned.org/about/

[6] Hernando Calvo Ospina, « Quand une respectable fondation prend le relai de la CIA », Le Monde diplomatique, juillet 2007, http://www.elcorreo.eu.org/Quand-une-respectable-fondation-prend-le-relais-de-la-CIA

[7] Voir Réf. 5

[8] National Endowment for Democracy (NED), «Idea to Reality: NED at 30 », http://www.ned.org/about/history

[9] Les résumés des articles de 1996 et 1997 peuvent être lus à l’adresse URL suivante : http://www.readabstracts.com/Political-science/Algerias-tragic-contradictions-The-failure-of-third-world-nationalism.html

L’index du volume de l’année 1992 du « Journal of Democracy » peut être consulté à l’adresse URL suivante : https://muse.jhu.edu/article/225488/pdf

[10] OLJ/AFP, « Dix ans après, les artisans de la guerre en Irak discrédités », L’Orient le Jour, 20 mars 2013, https://www.lorientlejour.com/article/amp/806026/Dix_ans_apres%2C_les_artisans_de_la_guerre_en_Irak_discredites#

[11] The Arab American News, « Egypt sentences opposition activist Saad Eddin Ibrahim », 8 août 2008, https://www.arabamericannews.com/2008/08/08/Egypt-sentences-opposition-activist-Saad-Eddin-Ibrahim/

[12] Freedom House: un autre organisme américain d’« exportation » de la démocratie

[13] Ahmed Bensaada, « Algérie: Youpi! Sofiane Djilali a reçu un prix! », AhmedBensaada.com, 24 octobre 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=503:2019-10-25-00-09-50&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[14] Ibid.

[15] Freedom House, « Freedom House Annual Report 2002 », https://freedomhouse.org/sites/default/files/inline_images/2002.pdf

[16] Ahmed Bensaada, « Les activistes du ²printemps² arabe et le lobby pro-israélien », AhmedBensaada.com,  25 septembre 2013, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=238:les-activistes-du-l-printemps-r-arabe-et-le-lobby-pro-israelien&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[17] Pour plus de détails, lire Ahmed Bensaada, « Arabesque$ - Enquête sur le rôle des États-Unis dans les révoltes arabes », Ed. Investig’Action, Bruxelles (Belgique), 2015 – Ed. ANEP, Alger (Algérie), 2016, chap.4 « Le cas de l’Égypte »

[18] SourceWatch, « Egyptian Democratic Academy », http://www.sourcewatch.org/index.php/Egyptian_Democratic_Academy

[19] Voir réf. 16

[20] SourceWatch, « Egyptian Democratic Academy », http://www.sourcewatch.org/index.php/Egyptian_Democratic_Academy

[21] Journal of Middle Eastern Politics and Policy, « A Conversation with Esraa Abdelfattah and Bassel Adel », 15 avril 2015, https://jmepp.hkspublications.org/2013/04/15/a-conversation-with-esraa-abdelfattah-and-bassel-adel/

[22] Voir, à titre d’exemple : Dalia Dassa Kaye, Frederic Wehrey, Audra K. Grant, Dale Stahl, « More Freedom, Less Terror? Liberalization and Political Violence in the Arab World », RAND Corporation, 2008, https://www.rand.org/content/dam/rand/pubs/monographs/2008/RAND_MG772.pdf

[23] La RAND Corporation est considérée comme le think tank le plus influent des États-Unis. Financée en majorité par le gouvernement américain (essentiellement par le secteur militaire), elle produit des rapports d’analyse politique et de renseignement pour l’armée et les décideurs américains.

[24] https://www.foreignaffairs.com/articles/algeria/1998-07-01/algerias-army-algerias-agony

[25] « Foreign Affairs » est publié par le CFR (Council on Foreign Relations) un des think tanks les plus importants des États-Unis, spécialisé dans la politique étrangère et les affaires internationales. Fondé en 1921, le CFR a compté parmi ses membres des politiciens de premier plan comme Henry Kissinger, Madeleine Albright ou Colin Powell (en tout une douzaine de Ministres des Affaires étrangères), ainsi que des directeurs de la CIA, des banquiers, des juristes, des journalistes et des professeurs.

 


Cet article a aussi été publié par:

Afrique Asie

Mondialisation

Algérie 54

Tribune diplomatique internationale

Algérie patriotique


 

Il était une fois la révolution 2.0

Docteur alwest

 

Scènes extraites du film de Sergio Leone "Il était une fois la révolution"


Musique de Tracy Chapman :
"Don't tou know talking about revolution"


Sources : Documentaire de Manon Loizeau: "Etats-Unis à la conquète de l'Est" https://www.dailymotion.com/video/xocq6q


Tedx Krakow Srdja POPOVIC: https://www.youtube.com/watch?v=Z3Cd-...


France 3 - Ce soir ou Jamais - Raphaël Glucksmann / Slobodan Despot: https://www.dailymotion.com/video/x2j...


Journeyman TV: Interview d'Amin Ghali https://www.youtube.com/watch?v=lpXbA...


APS interview Ahmed Bensaada: https://www.youtube.com/watch?v=zoTfd...


Site d'Ahmed Bensaada: http://ahmedbensaada.com/


TV5 Monde: Maurice Lemoine sur le Venezuela: https://www.youtube.com/watch?v=-wAbE...


CNEWS interview de BHL: https://www.youtube.com/watch?v=VX4J7...


Itélé discours de BHL en Ukraine: https://www.youtube.com/watch?v=HfQeB...


Euronews: BHL "Jai pas vu de néonazi" https://www.youtube.com/watch?v=IcTP-...


Svoboda extreme droite en Ukraine https://www.les-crises.fr/ukraine-oao... https://fr.wikipedia.org/wiki/Oleh_Ty...


BHL avec l'opposition Ukrainienne à l'Elysée: https://www.lepoint.fr/monde/video-a-...


BHL trafiquant d'armes : https://www.youtube.com/watch?v=SGTyj...


France 2 - Complément d'enquete "BHL et le CNT Libyen à l'Elysée": https://www.francetvinfo.fr/politique...


France 2 - On n'est pas couché - BHL invité le 26 janvier 2019: https://www.youtube.com/watch?v=nZBh2...

Je dois être honnête. Lorsque j’ai écrit mon récent livre « Qui sont ces ténors autoproclamés du Hirak algérien ? », je me doutais qu’il allait être bassement critiqué et que son auteur n’allait pas être épargné. Mon expérience avec les activistes printanistes arabes et leur concept unidirectionnel des libertés individuelles, lors de la sortie de « Arabesque américaine » en 2011, m’a appris que le romantisme révolutionnaire était souvent plus fort que la raison. Mais en ces temps-là, cela pouvait se comprendre : pour la première fois dans l’histoire moderne de cette région, des jeunes prenaient d’assaut les rues, bravant les interdits tout en demandant avec véhémence le départ d’autocrates rouillés par le temps et l’usure d’un pouvoir spolié.

Mais près d’une décennie après l’immolation de Feu Mohamed Bouazizi et l’embrasement de la région par cette funeste saison que les Occidentaux nous ont vendu comme un « printemps », j’avais espéré que mon nouvel ouvrage allait être un peu mieux reçu.

Que nenni!

Je n’ai jamais été aussi attaqué que par certains de mes « chers » concitoyens. Et tout y est passé : complotisme, anti-Hirak, pseudo-physique, misère de la pensée, régime, système, médias publics, éthique, ANEP, APS, AUF, Canada, Vietnam, cirage, carrière, magot, coupe-feu, gauche « madkhalie » et j’en passe…

Jamais, Ô grand jamais, je n’aurais pensé que le niveau des critiques de mes contradicteurs soit aussi pitoyable!

En agissant de la sorte, ces gens-là ne comprennent-ils pas qu’ils sont juste en train de confirmer que ce sont eux qui noyautent le Hirak béni pour l’emmener sur les sentiers de la discorde, de la confrontation et du chaos, selon des directives élaborées ailleurs et susurrées dans leurs oreilles?

C’est à se poser de sérieuses questions sur les fondements de la démocratie prônée par ces défenseurs « autoproclamés » du Hirak. Veulent-ils vraiment ériger des potences dans toutes les villes du pays pour pendre haut et court toute voix jugée non conforme à leur pensée unique? Je ne suis pas loin de le croire.

Et elle sera belle, cette Algérie nouvelle!

À tout seigneur, tout honneur, commençons par le professeur Lahouari Addi que j’ai cité dans mon ouvrage. Moins de 24 h après la publication des « bonnes pages » de l’essai, M. Addi écrivit un long texte, sans avoir lu mon livre, car non disponible en dehors de l’Algérie. Il y expliqua ses relations avec un organisme américain d’ « exportation » de la démocratie. Très correcte la démarche si ce n’est un petit hic : il traita l’auteur de l’ouvrage, c’est-à-dire moi, de « doubab » (mouche en arabe).

 

Texte de Lahouari Addi


Allons, allons, cher professeur, un peu de retenue! Quel exemple donnez-vous à cette belle jeunesse qui a enfanté le Hirak? Respectez votre niveau académique, voyons! Évitez d’utiliser ce genre d’expressions qui peuvent entacher votre respectabilité et nuire à votre rang social.

Pensez-vous que MM. Huntington ou Fukuyama, avec qui vous prenez le thé dans les salons feutrés, auraient utilisé ce vil langage de la plèbe dans une telle situation?

Oh que non! Ils auraient d’abord lu le livre et donné, ensuite, un avis argumenté sur son contenu. Pour ou contre, certes, mais poli et respectueux.

D’autant plus que mon livre ne comporte aucune insulte ni injure à votre encontre ni à l’encontre des autres personnes mentionnées.

Le professeur Addi récidiva quelques jours plus tard en me traitant de « sinistre personnage » dans une émission de Radio Corona Internationale, radio dont il sera question plus tard.

Il ne s’agit donc pas d’une simple incartade, mais d’un comportement bien ancré : l’insulte et l’invective contre toute personne qui dérange le grand professeur dans sa béatitude féconde. Mon ouvrage l’aurait-il brusquement fait descendre de son firmament vers le plancher des vaches?

Une autre célébrité du microcosme « intellectuel » algérois a décidé de s’insurger contre l’auteur du livre : M. Lazhari Labter. Dans un post d’une longueur qui devrait figurer dans le livre Guinness des records, il déblatéra une foultitude de lieux communs…sans piper mot du contenu du livre. Mais qu’est-ce qui a poussé ce gentil monsieur à se fatiguer de la sorte? Des tonnes d’efforts et des litres de sueur pour faire rire toute la blogosphère.

 

Texte de Lazhari Labter


Regardons ça de près. Il m’accuse d’avoir publié mon livre « Arabesque$ » à l’ANEP, c’est-à-dire une maison d’édition étatique pour démontrer que je suis « payé » par le « pouvoir ». C’est vrai que cette accusation n’est pas originale. Chawki Amari [1] me l’avait servie en 2016 lorsque mon éditeur (privé) de l’époque, M. Amar Ingrachen (Éditions Franz Fanon), avait choisi la librairie de l’ANEP comme lieu du lancement de mon livre « Kamel Daoud, Cologne contre-enquête ».

Mais ce qui est grave dans le cas de M. Labter, c’est que ce monsieur a été embecqué et gavé par l’ANEP puisqu’il a été directeur de ses éditions de 2001 à 2005. Il n’a pas été juste « payé » par le « pouvoir » : il a fait partie du pouvoir lui-même.

Le comble du ridicule? M. Labter vient d’être officiellement nommé par le ministre de l’industrie cinématographique au sein de la commission de lecture du Fonds de développement de l'art, de la technique et de l'industrie cinématographique (Fdatic) [2].

Ce monsieur collabore activement avec le gouvernement actuel alors qu’il me reproche d’être « proche » de ce même gouvernement. Y comprenez-vous quelque chose?

J’utiliserai la même phrase que celle utilisée par Lazhari Labter dans une de ses lettres ouvertes :

« Mais pourquoi as-tu fait ça Lazhari, pourquoi ? » [3]

 

Lazhari Labter et ses "combats"


M. Labter, militant pour la démocratie, la liberté des droits humains et de la justice sociale? Pour quelle liberté milite-t-il? De celle des censeurs et des coupeurs de langues?

M. Labter, vous êtes un fossoyeur de la liberté d’expression!

Inondé par des commentaires négatifs ― car le peuple n’est pas dupe !― et traîné dans la boue par un youtubeur nommé Rafaa 156 [4], notre grand défenseur des droits humains a été finalement contraint de rendre privé son post concernant mon livre, le retirant de l’espace public.

Ah, la liberté d’expression entre amis! Elle assure un si doux cocooning!

En fait, ce que ne sait pas ce cher M. Labter et beaucoup de mes contradicteurs zélés, c’est que mon livre « Arabesque américaine » a été d’abord publié au Canada en 2011, puis en Algérie par les Éditons Synergie (éditeur privé) en 2012. Après la parution de « Arabesque$ » édité en Belgique en 2015 par Michel Collon (Editions Investig’Action), j’ai d’abord proposé l’édition algérienne à M. Amar Ingrachen (éditeur privé) avant de le soumettre à l’ANEP. M. Ingrachen avait refusé de l’éditer pour des raisons qui le concernent tout en acceptant de publier mon livre sur Kamel Daoud.

De même, bien avant de proposer mon nouveau livre « Qui sont ces ténors autoproclamés du Hirak algérien ? » aux Éditions APIC, je l’avais envoyé en premier lieu à M. Ingrachen, fidélité à mon éditeur privé oblige. Je n’en ai même pas soufflé mot à l’ANEP.

Si Amar Ingrachen ―membre du club privé CPP (Café Presse Politique) de Radio M― avait édité ce livre, aurais-je été lynché de la sorte sur la place publique? Et si l’APS avait annoncé la parution de mon livre édité par M. Ingrachen, quelle aurait été la réaction? M’aurait-on accusé de collusion avec des forces cosmiques?

Et parlons-en de ces médias algériens privés libres et démocrates! Aucun journal, aucune télé (même étatique!) ne m’a invité, ni questionné au sujet de mon livre. La plupart d’entre eux ont totalement ignoré sa sortie et aucun n’en a encore fait une quelconque recension!

À qui ce livre fait-il peur? Existe-t-il des sujets tabous alors que notre pays vit des moments critiques?

« Taisez-vous M. Bensaada! »

Pourtant, cet ouvrage a fait le buzz sur les médias sociaux. On en parle, on le critique, on l'attaque, au grand bonheur des claviers qui s’en donnent à cœur joie.

El Watan en a parlé (à deux reprises), mais en mal comme de coutume quand il s’agit d’un ouvrage qui dénonce les collusions avec l’étranger. Et sans en commenter le contenu. Ce journal se sentirait-il concerné?

« Le Hirak cible d’attaques simultanées » [5], « Hirak-Pouvoir : le temps de la surenchère » [6]. Des titres qui suggèrent que mon livre est une attaque contre le Hirak et qu’il a été commandité par le « pouvoir », alors que tous ceux qui l’ont lu honnêtement attestent du sérieux du travail qui y figure.

Mais que peut-on attendre d'un journal qui est capable de faire une aussi horrible et indécente une que celle-ci?

 


Si les médias faisaient un travail professionnel, des entrevues auraient été réalisées avec moi et, surtout, avec les personnes que je cite dans mon livre. Des débats publics contradictoires auraient été organisés sur les plateaux de télé. Mais non : on tire à boulets rouges sur celui qui a écrit le livre, on le traite de conspirationniste tout en donnant un blanc-seing aux personnes citées dans l’ouvrage. Et cela, même si l’ouvrage contient des références vérifiables et des annexes on ne peut plus explicites.

Le comportement d’El Watan n’est pas nouveau à mon égard. Je me rappelle une anecdote qui date de la première sortie de mon livre « Arabesque américaine » à Montréal, en avril 2011. J’avais dans ce temps un ami, Samir Bendjaafar (pseudo Samir Ben), pigiste à El Watan. Je lui avais remis une copie de l’ouvrage avant même qu’il ne sorte en librairie.

Il en tira un superbe article qui fut publié par El Watan [7] le 20 avril 2011.  Quelques jours plus tard il me proposa une interview sur le même sujet qu’il réalisa et envoya à son journal. N’ayant pas eu de nouvelles de la publication de l’entrevue, je lui ai demandé la raison du retard. Gêné, il me répondit que le directeur du journal, M. Belhouchet en personne, lui avait signifié « qu’il ne voulait plus voir le nom de Bensaada dans son journal ».

Ce même Samir Bendjaafar mène actuellement une sordide campagne de salissage contre ma personne sans, bien sûr, avoir lu le livre puisqu’il n’est vendu qu’en Algérie.

Cher Samir, te rappelles-tu quand tu me traitais de « docteur en physique et récipiendaire d’une multitude de prix d’excellence au Canada » [8]. Te souviens-tu de cette phrase : « [] l’auteur montréalais d’origine algérienne Ahmed Bensaada vient de signer un essai très documenté sur le rôle des Etats-Unis dans le vent de révolte qui balaie le monde arabe depuis décembre dernier » [9]?

Qu’est-ce qui a pu bien changer ton comportement depuis? Quelle est la cause de ton hypocrisie? Qu’est-ce qui a métamorphosé tes panégyriques en insultes? Ta fréquentation assidue de Belhouchet et consorts ou la ligne éditoriale otanesque du journal qui te paie et te dicte la marche à suivre?

Cher ami d’antan : tu as tout d’un coup rétréci à mes yeux.

Je me demande ce que pensera l’ombudsman de Radio Canada ―où tu travailles actuellement― de ton comportement contraire à l’éthique journalistique, après le dépôt de ma plainte contre toi. Car, contrairement à tes confrères pseudo-journalistes que je cite dans ce texte, toi tu travailles au Canada, un pays où la déontologie n’est pas un vain mot.

Revenons maintenant au microcosme algérois. Dans sa longue diatribe contre moi (et non contre mon livre), sieur Labter en a profité pour placer un copain et le couvrir d’éloges. Un truc du genre « ton bouquin n’arrive pas à la cheville de ceux de mon ami Belalloufi ». Un peu de pub en plein buzz, ça ne peut être que profitable.

Hocine Belalloufi est une « vieille » connaissance avec qui j’ai eu maille à partir, il y a un peu plus d’une année [10]. À la parution de mon article sur la « printanisation » de l’Algérie [11], il s’est senti dans l’obligation de déclarer que mon texte était « d'une navrante pauvreté » [12], le disqualifiant du revers de la main. Je lui ai alors proposé d’en discuter avec ses amis du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ) qui connaissent très bien la National Endowment for Democracy (NED) puisqu’ils sont financés par cet organisme depuis…1997!

 

Hocine Belalloufi


Je pensais que nos échanges allaient en rester là, mais non. M. Belalloufi a récidivé en joignant sa voix à celle de la meute [13], traitant mon livre « d’enquête policière », oubliant au passage de parler de son contenu. Selon M. Labter, Hocine Belalloufi est « un militant marxiste, politologue et journaliste. Il a juste oublié de préciser qu’il se spécialisait dans les polars.

Au fait, M. Belalloufi, pouvez-vous dire à vos amis que je publierai, dans un proche avenir, d’autres documents concernant les financements étrangers?

Lorsque j’ai entendu parler de Radio Corona International (RCI), je pensais qu’il s’agissait d’une radio spécialisée dans la santé et dédiée à la pandémie du COVID-19. Des amis m’ont finalement expliqué qu’elle avait été créée aux États-Unis par un journaliste « exilé », Abdellah Benadouda, afin de continuer le Hirak sur le cyberespace et donc n’avait rien à voir avec la médecine. Je leur ai alors demandé pourquoi tous les médias mainstream occidentaux en parlaient : Le Monde, Canal +, France 24, RT, RSF, Voice Of America, VaticanNews, CBCNews, El Pais, etc.? Même la Brookings Institution, un des plus anciens think tanks étasuniens s’y est intéressé [14]. Personne n’a pu répondre à cette question.

La sortie de mon livre a suscité l’intérêt de RCI dès les premiers jours. J’avais espéré un traitement plus professionnel que celui que j’ai décrit précédemment (États-Unis et tout le tralala) mais je me suis vite rendu compte que cela allait être pire. Il faut se rendre à l’évidence que même si cette radio est domiciliée outre-Atlantique, certaines personnes qui gravitent autour ne différent pas d’un iota de ceux que j’ai cités auparavant.

Tout d’abord, un chroniqueur nommé Hamdi Baala (un collaborateur de la sulfureuse Al Jazeera, ce qui en dit long sur ses accointances politico-journalistiques) fit un portrait très caricatural de ma personne (lui aussi sans lire mon livre) dont voici quelques exemples: « [] l'approche complotiste et peu sérieuse de l'auteur »; « […] manquements à l'éthique journalistique […] »; « l'écrivain atteint un degré de lâcheté ignoble en s'attaquant à un homme qui ne peut pas se défendre car détenu pour ses positions politiques : Karim Tabbou », etc.

 

 

Texte de Hamdi Baala


Il a même essayé de faire rire ses amis facebookiens en racontant une histoire rocambolesque où l’accusé se nommait Ahmed Bensaada. Très drôle!

Chose surprenante, il n’y a aucune mention du contenu de mon livre dans tout son texte. Pire que ça, si ce monsieur l’avait lu, il aurait remarqué ce que j’ai écrit concernant M. Tabbou.

On se demande alors dans quel camp se trouve cette « ignoble lâcheté » qu’il utilise pour me qualifier.

 


Ce même chroniqueur a interviewé trois des personnes citées dans mon livre. Ses entrevues ont été diffusées dans l’émission RCI #26, du 9 juin 2020, après une présentation où il traita mon livre de « pamphlet de propagande complotiste ». Aucune question à ses invités sur le contenu du livre mais, en revanche, une étrange insistance sur « Est-ce que vous allez poursuivre l’auteur? ». On avait l’impression que M. Hamdi Baala jubilerait de me voir emprisonné alors que lui et sa radio se vantent de défendre les prisonniers d’opinion.

« Bensaada au cachot! », aurait-il scandé, les veines du cou gonflées.

Après tout ce lynchage médiatico-radiophonique, quelle ne fût ma surprise de recevoir un courriel du dénommé Hamdi Baala en personne. Toute honte bue, il m’appela « MÔSSIEU Bensaada » et m’invita à répondre à ses questions.

Comment peut-on donner la parole à un auteur après l’avoir lynché sur la place publique? Quelle crédibilité ont ces faussaires du journalisme? Où est passée l’éthique journalistique dont ils se targuent et qu’ils prétendent instaurer dans l’Algérie du futur? Comment se fait-il que les personnes citées dans l’ouvrage soient reçues avec tous les honneurs, et que l’auteur soit attaqué sans aucun ménagement?

Avec Radio Corona, les surprises vont crescendo. Dans l’émission RCI#27, en date du 12 juin 2020, le clou du spectacle fût l’apparition d’un clown d’un genre spécial, nommé Kamal Almi (Moh Kam pour les intimes). Pendant neuf minutes, il tenta de faire de l’humour en égrenant un chapelet d’obscénités scatologiques. Il m’a fallu boucher le nez pour achever d’écouter ses logorrhées nauséabondes à mon sujet. Ce n’était plus RCI, mais RKI (Radio Khorti [15] Internationale), pour ne pas dire autre chose qui choquerait mes lecteurs.

 

Cliquez ici pour écouter l'obscène chronique de Kamal Almi


Outre ses talents clownesques, Kamal Almi est aussi un spécialiste de la prestidigitation. En effet, il écrivit en 2016 :

« Pourtant, les journaux [algériens] continuent à se « vendre » [] à des officines étrangères actives qui ont soit à protéger en Algérie leurs intérêts réels (exemples : France, États-Unis), soit à saboter le pays qui, jadis – « bien jadis » – leur fit outrageusement de l’ombre et, quelque part encore, continue à les tracasser (exemple : Maroc et, par un jeu même pas subtil d’alliances, Israël) » [16].

La main de l’étranger? Et dans les médias algériens? Serais-tu conspirationniste toi aussi, Moh Kam?

 

Samir Bendjaafar et Kamal Almi

Ces deux personnes de Montréal m'ont bassement attaqué: action concertée ou simple coïncidence?


Je me rappelle qu’en 2010, j’avais lancé un « Appel pour la levée de l’interdiction de SILA (Salon International du Livre d’Alger) infligée à la littérature égyptienne » [17] qui avait eu, en ce temps-là, un succès retentissant. La forte mobilisation autour de ma pétition avait permis de forcer la ministre de la Culture de l’époque à revoir sa copie et d’inviter les éditeurs égyptiens. Parmi les premiers signataires, on pouvait lire le nom de Kamal Almi.

De défenseur de la noble littérature à jongleur avec des excréments, quelle décadence!

D’amoureux des belles-lettres à disciple du khorti, quelle déchéance!

Et que dire de cette farce nommée Radio M qui invite maître Bouchachi pendant près d’une heure sans effleurer ne serait-ce qu’un instant le contenu de mon livre [18]? Le comble : quelques secondes avant la fin de l’émission, M. Ihsane El Kadi annonce sarcastiquement que M. Drareni (à qui en passant j’espère une prompte libération) a demandé à Mme Assoul de lui dire de m’inviter. Et tout cela devant le sourire jocondien de M. Bouchachi.

 

Tweet de Mme Zoubida Assoul


Faudrait-il aussi, M. El Kadi, que je vous écrive pour savoir quel jour votre seigneurie daignera-t-elle me recevoir dans votre « prestigieuse » radio?

La commedia dell'arte dans toute sa splendeur!

 

La relation "comique" entre Radio Corona Internationale et Radio M


Il serait fastidieux de faire une recension complète des méfaits journalistiques causés par la sortie de mon livre.

Dans une de ses vidéos, Rafaa 156 a donné une très belle image du phénomène : mon ouvrage a agi comme un projecteur de chalutier qui fait sortir toutes les sardines de la mer. Au-delà des informations qui y sont contenues, l’ouvrage a révélé un système médiatique pourri, une 3issaba (bande mafieuse) journalistique aussi néfaste pour l’Algérie que celle qui a été mis hors d’état de nuire par le Hirak.

Il est donc impératif de nettoyer ce secteur pour en enlever les mauvaises herbes, les vendeurs de khorti et les faussaires de l’information.

Il faut se le dire : une Algérie nouvelle ne peut prétendre exister qu’avec des journalistes intègres, des médias honnêtes et une véritable liberté d’expression.



[1] Ahmed Bensaada, « Chawki Amari ou les élucubrations psychédéliques d'un chroniqueur algérien en manque d'inspiration » AhmedBensaada.com, 8 juillet 2016, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=390:2016-07-08-09-27-27&catid=37:societe&Itemid=75

[2] APS, « Cinéma: installation des nouveaux membres de la commission de lecture du Fdatic », 8 juin 2020, http://www.aps.dz/algerie/105931

[3] Lazhari Labter, « Blocage de Radio M et Maghreb Émergeant : lettre de l’écrivain et poète, Lazhari Labter, adressée à Ammar Belhimer », L’Avant-Garde, 18 avril 2020,

https://www.lavantgarde-algerie.com/article/la-lutte/blocage-de-radio-m-et-maghreb-emergeant-lettre-de-lecrivain-et-poete-lazhari-labter-adressee-ammar-belhimer

[4] Rafaa 156, « Lazhari Labtar “Journaliste : un métier qui consiste à expliquer aux autres ce qu'on ne comprend pas soi-même », Youtube, 11 juin 2020,

https://www.youtube.com/watch?v=iheDp43B1NA

[5] Abdelghani Aichoun, « Le hirak cible d’attaques simultanées », El Watan, 9 juin 2020 ,

https://www.elwatan.com/edition/actualite/le-hirak-cible-dattaques-simultanees-09-06-2020

[6] A. Merad, « Hirak-Pouvoir : le temps de la surenchère », El Watan, 11 juin 2020,

https://www.elwatan.com/chronique-de-a-merad/hirak-pouvoir-le-temps-de-la-surenchere-11-06-2020

[7] Samir Ben, « Canada : Parution d’un essai sur le rôle des Etats-Unis dans le printemps arabe », El Watan, 20 avril 2011, http://www.politique-actu.com/actualite/arabesque-americaine-role-etats-unis-dans-revoltes-arabe-ahmed-bensaada/260127/

[8] Ibid

[9] Ibid

[10] Ahmed Bensaada, « Belalloufi, le RAJ et l'importation de la démocratie », AhmedBensaada.com, 2 mai 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=490:2019-05-02-15-00-34&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[11] Ahmed Bensaada, « Huit ans après : la « printanisation » de l’Algérie », AhmedBensaada.com, 4 avril 2019,

http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=475:2019-04-04-22-50-13&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[12] Kamel Lakhdar -Chaouche, « L'Occident préfère un régime soumis à ses intérêts », L’Expression, 17 avril 2019,

http://www.lexpressiondz.com/nationale/loccident-prefere-un-regime-soumis-a-ses-interets-314185

[13] Hocine Belalloufi, « A propos des thèses d’Ahmed Bensaada », DzVid, 9 juin 2020, https://www.dzvid.com/2020/06/09/a-propos-des-theses-dahmed-bensaada/

[14] Yahia H. Zoubir et Anna L. Jacobs, « Will Covid-19 reshape Algerias’s political system? », Brookings Institution, 10 mai 2020,

https://www.brookings.edu/opinions/will-covid-19-reshape-algerias-political-system/

[15] Khorti : mensonge grossier en arabe dialectal algérien

[16] Kamal Almi, « El-Watan est-il honnêtement soutenable? », Huffpost, 25 juin 2016, https://algeria-watch.org/?p=65504

[17] Ahmed Bensaada, « Appel pour la levée de l’interdiction de SILA infligée à la littérature égyptienne », AhmedBensaada, 21 août 2010,

http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=95:test&catid=37:societe&Itemid=75

[18] CPP Radio M, « Le Hirak est pressé de reprendre la rue, mais ... », Youtube, 10 juin 2020, https://www.youtube.com/watch?v=HaDlXQGuNmY&feature=youtu.be

 


 

 

« exilé »,



 

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The Accountant - July - August 2019

 

 

 

 

The Accountant is published every 2 months by the Institute of Certified Public Accountants of Kenya


 

 

 

 


 

 

 

M. Dhina,

Dans votre vidéo datée du 4 juin 2020, vous avez essayé d’attaquer mon frère ainé, Ahmed, au sujet de son nouveau livre. Il m’a dit qu’il voulait vous répondre, mais j’ai insisté pour que je m’en charge moi-même.

Tout d’abord, je dois vous dire que je n’aime pas qu’on médise sur les gens. Surtout de la part de quelqu’un qui a les mains rouges et la langue fourchue, réminiscences de votre appartenance au FIS et au FIDA (Front islamique du djihad armé).

Et je n’aime pas tout particulièrement qu’on médise sur mon frère. Non seulement à cause du lien familial qui nous unit, mais parce qu’il a toujours été honnête, intègre et profondément amoureux de son pays. Notre honorable père nous a ainsi éduqué, lui qui a passé de nombreuses années de sa vie à enseigner le saint Coran dans les campagnes de notre si beau pays.

En me montrant la vidéo, il m’a expliqué que vous étiez, comme lui, physicien. Je lui ai alors posé les questions suivantes : comment un physicien, aussi brillant soit-il, peut parler d’un livre qu’il n’a pas encore lu? Pouvait-il, par exemple, tripatouiller l’espace-temps afin de consulter, à partir de la Suisse, un livre le premier jour de sa mise en vente à Alger? Ou peut-être aurait-il fait appel à la mécanique quantique et son fameux « effet tunnel »?

En guise de réponse, il se référa à la citation d’un célèbre physicien, un expert en la matière, M. Albert Einstein en personne: « Il n'existe que deux choses infinies, l'univers et la bêtise humaine...mais pour l'univers, je n'ai pas de certitude absolue ».

Ah, ce sacré Einstein! Un vrai génie qui a réponse à tout.

Vous lui avez ensuite proposé d’écrire certains livres qui semblent vous intéresser. Mais, vous aussi, vous avez fait des études, n’est-ce pas? Pourquoi ne pas les écrire vous-même au lieu de radoter sur les médias sociaux comme un adolescent en mal de célébrité?

Mon frère a écrit un livre avec des dizaines de références consultables et des annexes bien fournies qui confirment ses dires. Pourquoi ne pas faire la même chose et prouver de la sorte que vous maîtrisez une quelconque langue tout en étant capable d’énoncer des idées et de les défendre?

Vous avez atteint le summum du ridicule lorsque vous lui avez d’abord « octroyé » le droit d’écrire pour ensuite l’accuser de travailler pour ce que vous appelez « le régime algérien ». Mais alors pour qui travaillait-il lorsqu’il a écrit son livre « Arabesque$ » sur le « printemps » arabe? Pour les « régimes » tunisien, égyptien, libyen, syrien ou yéménite?

Vous dites avoir des preuves. Où sont-elles? Vous le physicien, ne savez-vous pas que toute publication ne vaut rien sans ses références?

En fait, on se rend compte en vous écoutant que les gens comme vous ― qui ne travaillent que pour l’argent ― ne peuvent à aucun moment penser qu’il existe sur cette Terre des gens intègres, des électrons libres qui n’œuvrent et ne vivent que pour leurs idées. Cette conception de l’intellectuel vous dépasse car elle n’est pas incluse dans votre logiciel obsolète.

Quant à cette histoire de prise en charge pour passer dans une chaîne nationale, vous ne vous êtes même pas rendu compte qu’il était à Montréal et que ses interventions ont été faites par Internet. Est-ce de la mauvaise foi où avez-vous pris l’habitude de la prise en charge VIP par la chaîne Al Magharibia où vous habitez à temps partiel?

Contrairement à vous et malgré ses livres et ses centaines d’articles traduits en plusieurs langues, il n’a jamais été invité par France 24. Pourquoi cela? Parce que vous, vous servez la destruction des états-nations alors que lui les protège. Parce que lui est pour un Hirak algéro-algérien et vous pour un Hirak imaginé par des think tanks occidentaux. Parce que lui est pour un Hirak pacifique et rassembleur alors que vous pour un Hirak néfaste et destructeur.

Je vous mets au défi M. Dhina: demandez à vos amis de France 24 de l’inviter dans le même plateau que vous, pour un débat contradictoire.

Je ne veux pas clore cette lettre avant de vous donner quelques petites informations anodines.

Je suis mort en 1994 alors que je n’avais que 21 ans. Pourtant j’avais plein de rêves et je m’imaginais vivre et grandir avec mon frère et toute ma famille. Comme tout jeune, je rêvais de fonder une famille, d’avoir une douce épouse et beaucoup d’enfants. Voir fleurir les printemps et cueillir les automnes. Voir vieillir mes parents et grandir mes enfants.

Vivre, tout simplement.

J’ai malheureusement été assassiné par vos amis terroristes islamistes lorsque j’accomplissais mon service national. J’ai été criblé de balles par vos acolytes qui ne nous ont laissé aucune chance, mes amis et moi. Ils nous ont volé nos vies, nos espoirs et nos rêves.

Depuis 1994, mon frère, mes parents et toute ma famille sont toujours en deuil. C’est pour cela que lorsque vous débitez vos logorrhées dans vos vidéos, ce ne sont pas des mots qui sortent, mais des croassements macabres et lugubres qui se répandent en écho jusqu’au fin fond du cyberespace.

Je suis mort M. Dhina, mais mon âme vous hantera jusqu’à la fin des temps. Vous et vos semblables.

 

Hocine Bensaada

1973-1994

M. Dhina,

Dans votre vidéo datée du 4 juin 2020, vous avez essayé d’attaquer mon frère ainé, Ahmed, au sujet de son nouveau livre. Il m’a dit qu’il voulait vous répondre, mais j’ai insisté pour que je m’en charge moi-même.

Tout d’abord, je dois vous dire que je n’aime pas qu’on médise sur les gens. Surtout de la part de quelqu’un qui a les mains rouges et la langue fourchue, réminiscences de votre appartenance au FIS et au FIDA (Front islamique du djihad armé).

Et je n’aime pas tout particulièrement qu’on médise sur mon frère. Non seulement à cause du lien familial qui nous unit, mais parce qu’il a toujours été honnête, intègre et profondément amoureux de son pays. Notre honorable père nous a ainsi éduqué, lui qui a passé de nombreuses années de sa vie à enseigner le saint Coran dans les campagnes de notre si beau pays.

En me montrant la vidéo, il m’a expliqué que vous étiez, comme lui, physicien. Je lui ai alors posé les questions suivantes : comment un physicien, aussi brillant soit-il, peut parler d’un livre qu’il n’a pas encore lu? Pouvait-il, par exemple, tripatouiller l’espace-temps afin de consulter, à partir de la Suisse, un livre le premier jour de sa mise en vente à Alger? Ou peut-être aurait-il fait appel à la mécanique quantique et son fameux « effet tunnel »?

En guise de réponse, il se référa à la citation d’un célèbre physicien, un expert en la matière, M. Albert Einstein en personne: « Il n'existe que deux choses infinies, l'univers et la bêtise humaine...mais pour l'univers, je n'ai pas de certitude absolue ».

Ah, ce sacré Einstein! Un vrai génie qui a réponse à tout.

Vous lui avez ensuite proposé d’écrire certains livres qui semblent vous intéresser. Mais, vous aussi, vous avez fait des études, n’est-ce pas? Pourquoi ne pas les écrire vous-même au lieu de radoter sur les médias sociaux comme un adolescent en mal de célébrité?

Mon frère a écrit un livre avec des dizaines de références consultables et des annexes bien fournies qui confirment ses dires. Pourquoi ne pas faire la même chose et prouver de la sorte que vous maîtrisez une quelconque langue tout en étant capable d’énoncer des idées et de les défendre?

Vous avez atteint le summum du ridicule lorsque vous lui avez d’abord « octroyé » le droit d’écrire pour ensuite l’accuser de travailler pour ce que vous appelez « le régime algérien ». Mais alors pour qui travaillait-il lorsqu’il a écrit son livre « Arabesque$ » sur le « printemps » arabe? Pour les « régimes » tunisien, égyptien, libyen, syrien ou yéménite?

Vous dites avoir des preuves. Où sont-elles? Vous le physicien, ne savez-vous pas que toute publication ne vaut rien sans ses références?

En fait, on se rend compte en vous écoutant que les gens comme vous ― qui ne travaillent que pour l’argent ― ne peuvent à aucun moment penser qu’il existe sur cette Terre des gens intègres, des électrons libres qui n’œuvrent et ne vivent que pour leurs idées. Cette conception de l’intellectuel vous dépasse car elle n’est pas incluse dans votre logiciel obsolète.

Quant à cette histoire de prise en charge pour passer dans une chaîne nationale, vous ne vous êtes même pas rendu compte qu’il était à Montréal et que ses interventions ont été faites par Internet. Est-ce de la mauvaise foi où avez-vous pris l’habitude de la prise en charge VIP par la chaîne Al Magharibia où vous habitez à temps partiel?

Contrairement à vous et malgré ses livres et ses centaines d’articles traduits en plusieurs langues, il n’a jamais été invité par France 24. Pourquoi cela? Parce que vous, vous servez la destruction des états-nations alors que lui les protège. Parce que lui est pour un Hirak algéro-algérien et vous pour un Hirak imaginé par des think tanks occidentaux. Parce que lui est pour un Hirak pacifique et rassembleur alors que vous pour un Hirak néfaste et destructeur.

Je vous mets au défi M. Dhina: demandez à vos amis de France 24 de l’inviter dans le même plateau que vous, pour un débat contradictoire.

Je ne veux pas clore cette lettre avant de vous donner quelques petites informations anodines.

Je suis mort en 1994 alors que je n’avais que 21 ans. Pourtant j’avais plein de rêves et je m’imaginais vivre et grandir avec mon frère et toute ma famille. Comme tout jeune, je rêvais de fonder une famille, d’avoir une douce épouse et beaucoup d’enfants. Voir fleurir les printemps et cueillir les automnes. Voir vieillir mes parents et grandir mes enfants.

Vivre, tout simplement.

J’ai malheureusement été assassiné par vos amis terroristes islamistes lorsque j’accomplissais mon service national. J’ai été criblé de balles par vos acolytes qui nous ont laissé aucune chance, mes amis et moi. Ils nous ont volé nos vies, nos espoirs et nos rêves.

Depuis 1994, mon frère, mes parents et toute ma famille sont toujours en deuil. C’est pour cela que lorsque vous débitez vos logorrhées dans vos vidéos, ce ne sont pas des mots qui sortent, mais des croassements macabres et lugubres qui se répandent en écho jusqu’au fin fond du cyberespace.

Je suis mort M. Dhina, mais mon âme vous hantera jusqu’à la fin des temps. Vous et vos semblables.

Hocine Bensaada

1973-1994

 

Traducción: Purificación González de la Blanca

Ojos para la Paz

 

Hirak, 15e viernes

Centro de Orán, 31 de mayo de 2019, 14h.

La ciudad está en calma, el cielo es azul. Ni una pequeña nube, ni sobre la fortaleza de Santa Cruz. Un clima radiante. No es de extrañar, ¿la radiante no es el apodo de la bella ciudad de Orán?

Los que oraban el viernes acaban de salir de las mezquitas en este último  viernes de Ramadán, poniendo sus zapatos en la puerta del lugar de oración. Algunos regresan a casa con paso sostenido. Una buena siesta después de la obligación de culto semanal mientras se espera la ruptura del ayuno no se rechaza. El hirak puede bien esperar hasta el final del mes sagrado. Otros se dirigen hacia las arterias que pronto recibirán a los manifestantes. Una buena caminata después de la obligación religiosa semanal tampoco se rechaza, solo para mantener la presión política sobre el sistema y para demostrar que el desafío no se debilita.

De vez en cuando, una brisa marina se precipita por las calles perpendiculares a la línea de costa, levantando las pancartas y banderas de los manifestantes que se ven obligados a usar la destreza para evitar que vuelen.

En la calle Larbi Ben M'hidi, la calle principal del casco antiguo, ya se puede escuchar un ruido sordo. La primera oleada de manifestantes apunta a lo lejos proveniente de la Plaza de Primero de Noviembre, lugar de la concentración inicial. Todo está ahí. Banderas nacionales, carteles, pancartas, eslóganes, canciones, etc. Un ambiente de manifestación en un clima de buen carácter donde cada uno va con su tema. Los manifestantes marchan en grupos separados, en olas separadas por una tierra de nadie, de betún,  de docenas de metros de largo para evitar choques entre grupos opuestos. De hecho, ya son varios los viernes en que la armonía del hirak se ha roto. La inflación de las demandas, la intransigencia de ciertos actores, los diferentes escenarios de salida de crisis y las batallas clasificadas en el ciberespacio estuvieron en lo cierto de la unanimidad del comienzo.

Novembristas [1], nacionalistas, ciberactivistas, makistas [2], feministas [3] federalistas, islamistas, cada uno ha agregado su grano de sal, aunque la unión, fuente de éxito inicial contra el sistema, ha  periclitado inexorablemente.

Frente a una calle concurrida de espectadores y simpatizantes, cada grupo, a cual  mejor,   da voz.  Se ha tenido derecho a:

"Djich chaab, khawa khawa o Gaid Salah maa el khawana! (El ejército y el pueblo son hermanos y Gaïd Salah [4] está con ladrones [o traidores]).

Y, por otro grupo, un pareado mucho más matizado, incluso opuesto:

"Djich Chaab, Khawa Khawa, Wled França, Barra, Barra! (¡El ejército y el pueblo son hermanos y los hijos de Francia fuera, fuera!)

 

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Y también:

« Ya Macron, Hez Wladek, El Djazair Mechi Bladek! » (Eh, Macron, llévate a tus hijos, Argelia no es tu país!).

 

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O de nuevo:

"Washington, Paris, Ahna Naaynou Erraïs! "(¡Ni Washington ni París, somos nosotros quienes  vamos a nombrar al presidente!)

Así como: "Zabana oua si El Houes, maa el Harka Manach Labess" (Zabana y si El Haoues [5], con los harkis [6] no estamos bien).

 

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Sin olvidar el canto preferido  de los argelinos: "Filestina, Filestina, Filestina Echouhada, Filestina Echouhada, Filestina, Filestina" (Palestina, Palestina, Palestina de los mártires, Palestina de los mártires, Palestina, Palestina).

 

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Pero incluso este leitmotiv de las manifestaciones argelinas ya no es unánime. Un grupo de jóvenes con una bandera bereber soltó: "Liberad primero a vuetro país antes de liberar el de otros". Alusión transparente a la única bandera extranjera presente en las marchas: la bandera palestina [7].

Los mensajes escritos en los carteles y pancartas también representan esta división. Aquí hay algunos ejemplos:

 

“Abajo el régimen militar, Estado civil y no militar”

 

 

“Unidad del pueblo + unidad del ejército = Unidad de la patria”

 

 

"Francia es el enemigo de ayer, Francia es el enemigo de hoy, Francia es el enemigo del futuro, sí a la solución constitucional, no al período de transición".

 

“Una verdadera  transición para el fin del sistema es imposible con la misma constitución y con los mismos partidos coartada del sistema”

 


Y, actualidad obliga, grandes pancartas para denunciar la muerte de Kamel Eddine Fekhar, el militante autonomista mozabita.

 

“Habéis matado a Fekhar en la prisión, banda mafiosa”

 

Al final de la marcha, todas las cohortes se reúnen en la Plaza Zabana. Algunos grupos continúan cantando sus consignas, con la cabeza cubierta,  de vez en cuando, por el sonido del helicóptero de la policía volando sobre la escena. Ayuda de promiscuidad, y se desata una pelea entre los opositores del Jefe de Estado Mayor del Ejército y los que están a favor. Un movimiento de pánico y unos pocos golpes más tarde, y  todo volverá a la normalidad.

Un manifestante aprovechó la oportunidad y habló para enfatizar la divergencia del hirak:

"No hay solución fuera de la constitución. Se necesita un organismo independiente para organizar las elecciones. Estamos con ella y la mayoría de la gente está con ella [...]. Hay luchas ideológicas entre islamistas y laicos, entre los que están a favor de la institución militar y los que están en contra [...]


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Alrededor de las 17 horas, la multitud de manifestantes comenzó a dispersarse rápidamente, probablemente pensando en el próximo viernes. Con el final de Ramadán previsto en medio de la semana, la próxima marcha acogerá ciertamente a más personas. De hecho, según la mayoría de las personas preguntadas, este 15 º viernes  no había reunido más que 2.000 o 3.000 personas, muy lejos de las grandes multitudes del comienzo del hirak.

 

Los medios franceses

A una hora avanzada de la noche, el canal France 24 (en árabe)  trata evidentemente con prioridad las manifestaciones argelinas. Sin parpadear, la periodista Rajaa Makki anuncia que millones de personas habían tomado las calles de muchas ciudades argelinas exigiendo la salida del Jefe de Estado Mayor del Ejército (re-sic). No hay matices en el propósito ni en el número de manifestantes avanzados, como si el canal francés tuviera corresponsales en todas las ciudades argelinas y sofisticadas técnicas de conteo. ¿Cómo se puede llegar a "millones" si la segunda ciudad más grande de Argelia no cuenta más que  un máximo de 3.000 manifestantes?

Su corresponsal en Argel, Fayçal Métaoui, todavía elimina un cero y habla de "cientos de miles" de manifestantes. Pone tanta convicción que parece haberlos contado él mismo. En cuanto a las afirmaciones concernientes al Jefe de Estado Mayor, ni siquiera las relativiza.

 

Rajaa Makki y Fayçal Métaoui


Así, para Francia 24, Rajaa Makki y Fayçal Métaoui, el retrato argelino es tan límpido como el agua de manantial: millones (o cientos de miles) de argelinos han protestado para exigir la salida del jefe de Estado Mayor del Ejército. ¿Dónde están las otras voces que se levantan para evitar la confrontación con el ejército? ¿Qué ha sucedido con los manifestantes que exigían el cumplimiento de la constitución? Niet! ¿Nadie los vio? Ni Rajaa Makki, ni siquiera el "gran" periodista Fayçal Métaoui. Esto se llama mentira por omisión.

Pero nada sorprende con estos dos periodistas. Rajaa Makki es una simpatizante del "Movimiento 14 de marzo" libanés. Este movimiento, hostil a Siria, había apoyado la "Revolución del Cedro", una revolución de colores "Made by CANVAS" [8] cuyo desencadenante fue la muerte en 2005 del Primer Ministro libanés de la época, Rafiq Hariri. Según los especialistas, la "Revolución del Cedro" fue el preludio de la "primavera" árabe y el primer país árabe "primaverizado” fue el Líbano.

En lo que se refiere a Fayçal Métaoui, es un ferviente defensor de las “primaveras”  que oficiaba en el periódico El Watan (cierto tiempo como redactor jefe). ¿No era él quien, en medio de la "primavera" árabe, se preguntaba "por qué los escritores, artistas e intelectuales argelinos, especialmente, no dicen nada sobre los abominables crímenes de los regímenes sirio y yemení" [9]? ¿No acusaba él al gobierno argelino de estar en connivenciacon el coronel Gadafi y de no condenar "las ejecuciones y los bombardeos de ciudades por parte de sus fuerzas militares"? Cuando se oonocen las mentiras [10] que han rodeado este período y, sobre todo, cuando vemos lo que ha sido de estos tres países, Siria, Yemen y Libia, tenemos derecho a preguntarnos qué responsabilidad tiene este "periodista" y su  periódico El Watan sobre la consciencia  sobre la muerte, el sufrimiento y el exilio de millones de personas en el mundo árabe. Tenemos derecho a preguntar si ellos no formaban parte integrante de la máquina mediática occidental que ha vendido  llave en mano una "primavera" falsa a los pueblos árabes sedientos de libertad.  Pueblos que se dieron cuenta, demasiado tarde, de que era un invierno lúgubre y mortífero.

El summum de la indecencia, la inmoralidad y el mal gusto, se alcanzó el 21 de octubre de 2011 con la Una de El Watan-fin de semana (donde Metaoui era uno de los periodistas "estrella") que había publicado la foto de Gaddafi ensangrentado, desfigurado, muerto linchado y sodomizado, sobre dos únicas  palabras: "Libia libre".

.

 

La Una de El Watan Week-end del 21 octobre 2011



Este Uno ha  provocado reacciones virulentas contra el periódico.  Citemos por ejemplo, la del historiador Daho Djerbal que se rebeló:

"Me permito escribirle hoy porque estoy profundamente conmocionado por la portada que dedicó El Watan Weekend a la muerte teledirigida, voluntariamente programada  y ejecutada a sangre fría, bajo la forma de linchamiento [...]. ¿Qué habéis hecho que pretendéis levantar la bandera de la democracia y los derechos humanos fundamentales? Nada en su edición del fin de semana  permite desmarcarse de los despachos  de las agencias occidentales con los cuales Usted se alinea. Tu título es indignante. Usted sabe muy bien que la muerte de un jefe de estado, incluso despótico, no resuelve el problema de los cimientos de una dictadura. Libia libre, titula Usted, pero liberada por quien, para que? ¿Por la OTAN y sus unidades terrestres especiales? ¿Por un disparo de un  Rafale francés o un dron estadounidense?

O el de este blogger muy subido:

"Me encontré con  El Watan Weekend esta mañana, ¡y está vomitando! Tenían tanta prisa por poner una imagen de un cadáver en su Uno, que ni siquiera esperaron una imagen mejor, o podrían haberse movido para estar satisfechos con la visión de los restos destrozados y nos presentan la Muerte en alta definición. ¡El título está a la altura de la foto, «Libia Libre»! Uno tiene la impresión de que están ahí por algo y que es una recompensa [...] "[12].

Ciertamente ellos están ahí por algo porque su compromiso abiertamente pro-occidental durante la "primavera" árabe ha hecho que este periódico pase a llamarse El wOTAN.

¡Y no se ha acabado! Ocho años después, están de vuelta frente a la escena mediática, siempre con la misma destreza en la manipulación de la información.

Pero, ¿podríamos esperar algo mejor del canal France 24, que escribe que su redacción propone desde París "una aproximación francesa  del mundo" [13]? Por "francés",  se entiende ciertamente  lo del "Quai d'Orsay", ¿no es así?

Y comprendemos mejor la sabiduría popular de los manifestantes que cantaron canciones anti-francesas y que, nunca, nunca jamás,  Rajaa Makki o Fayçal Métaoui  habrían tenido  la audacia o el coraje deontológico de  abordar en el periódico.

No hace falta decir que una información trucada, y no solo  tendenciosa, sino que contribuye a las fake news  contra las que France 24 se enorgullece de luchar [14].

Acerca de las fake news, noticias falsas, ¿qué crédito se puede dar a una televisión que regularmente da voz a Rami Abdulrahman, opositor sirio, director de un pretendido "Observatorio Sirio de Derechos Humanos" cuya credibilidad ha sido muchas veces  arrastrada por el barro [15]?

¿Y qué hay de la lista negra de France 24 que incluye algunos analistas famosos que están excluidos de la cadena? Descastados, debido a que sus argumentos, que podrían iluminar a algunos espectadores, no coinciden con la línea editorial  de France 24 salida de las cocinas del Quai d'Orsay.

Por otro lado, ceder la palabra a políticos muy controvertidos no parece molestar a Francia 24. Así, en la tarde del viernes siguiente (16a semana de hirak), los invitados fueron MM. Nasser Weddady y Mustapha Bouchachi. El primero en un programa sobre las elecciones de Mauritania y el segundo en comentar sobre el Hirak.

 

Nasser Weddady


Nasser Weddady es un famoso ciberactivista mauritano, miembro de lo que se conoce comúnmente como la "Liga Árabe de la Red", que se ha ilustrado en la "primavera" árabe [16]. Hijo de un diplomático mauritano, que vive en el exilio en los Estados Unidos desde el año 2000, se jacta de hablar varios idiomas, incluido el hebreo. "Cada uno de estos idiomas tiene una audiencia a la que hablo", dice. ¿Es su conocimiento de la lengua hebrea lo que le abrió las puertas?  La organización para la que trabajó en Boston fue financiada por todo el lobby pro israelí, en particular por la Fundación de la Familia Adelson. Para aquellos que no lo conocen, Sheldon Adelson es un multimillonario sionista estadounidense, uno de los principales partidarios del estado judío, AIPAC y la carrera política del primer ministro israelí, Benjamin Netanyahu [18]. Para que quede constancia, es este magnate del casino quien convenció al presidente Trump de mover la embajada de Estados Unidos en Jerusalén [19].

"Libertad, igualdad, actualidad" [20]?

"Libertad, igualdad, falsedad"!

 

Mustapha Bouchachi


En cuanto al segundo invitado de Francia 24, se trata de Mustapha Bouchachi, este hombre de la providencia que sale de los grimorios del ciberespacio, desde los primeros días del hirak. Sus relaciones con las agencias estadounidenses de "exportación" de la democracia, las mismas que participaron en la "primavera" árabe, se han establecido claramente [21] y su visión del hirak es en todos los aspectos coherente con la de Francia 24 y otros medios de comunicación. Esto lo explica todo.

En resumen, los creadores de opinión de France 24 son elegidos para vender la opción de salida de la crisis inconstitucional como una demanda "del pueblo". ¿Qué pasa con todos los manifestantes que gritan por la opción constitucional y en contra de la confrontación con la institución militar? ¡Ni visto ni conocido! Realmente, ¿existen?

¿Metaoui y otros quieren reiterar la portada del 21 de octubre de 2011 con dos pequeñas palabras: "Argelia libre"?

"Libertad, igualdad, actualidad"?

"Libertad, igualdad, duplicidad"!

Y France 24 no está solo en este negocio de desinformación: la "circulación circular" de la información está en plena marcha.

Por lo tanto, se podría leer en Ouest-France (artículo firmado conjuntamente con AFP) en la tarde del 31 de mayo de 2019: "Durante este 15º viernes consecutivo de mítines contra el régimen argelino, [los manifestantes] también rechazaron la oferta de diálogo formulado durante la semana por el jefe de estado mayor del ejército, el general Ahmed Gaïd Salah "[22].

Por otro lado, debe admitirse que este periódico fue más profesional en relación con el número de manifestantes: "Imposible evaluar en ausencia del recuento oficial, la multitud parecía particularmente numerosa en la capital argelina [...]" [23] ].

En su edición del 2 de junio de 2019, el diario Le Monde subraya a su vez que la protesta popular considera que "la Constitución a menudo" violada "ya no es operativa y que debemos recurrir a la" solución política "y la transición democrática. [24]

Recordemos que este "famoso" periódico ha acompañado el "surgimiento" de todos los países árabes afectados por esta plaga, participando alegremente en el proceso de difusión de los "principios básicos de la propaganda de guerra" denunciados regularmente por mi amigo Michel Collon [25].

Se pueden mencionar muchos ejemplos para ilustrar mi punto de vista, pero permítasenos citar, a modo de ejemplo, el del blog llamado "Un ojo en Siria", que fue hospedado por Le Monde. Su anfitrión, un tal Wladimir Glasman (también conocido como Ignace Leverrier) fue presentado como un "experto" de Siria, ayudado en este sentido por la "respetabilidad" de la casa de campo ofrecida por un renombrado medio de comunicación. Resultó que este propagandista no era otro portavoz de la oposición siria y Le Monde su órgano de prensa [26].

Recientemente, Le Monde decidió hacer más por la "causa" argelina organizando una mañana de debates, titulada "Mañana, ¿cuál Argelia? Este es el texto de la presentación [27]:

"Y mañana, ¿qué Argelia está emergiendo? ¿Qué nueva sociedad está encarnada en la energía de una movilización que, durante cuatro meses, no se ha debilitado? Observador de la primera hora de los viernes de Argel, Orán y otros lugares, el Mundo de África se reúne el martes 11 de junio, representantes de este país en progreso. Aquellos que, después de las manifestaciones, evitaron el quinto término de Abdelaziz Bouteflika, aflojaron el poder autoritario antes de convertirse en los arquitectos de la sociedad del mañana ".

Se aprende, pues, que  Le Monde Afrique es un observador de los "viernes de Orán". ¡Si estaban presentes, tenían que estar muy bien camuflados! ¿Y cómo es que no vieron ni escucharon lo que describí al principio de este texto? O, ¿las palabras anti-francesas no se pueden publicar en un periódico "respetable"?

Mientras navega por la lista de invitados, encontramos, en primer lugar, el nombre de Abdelouahab Fersaoui, presidente del Rally Youth Action (RAJ).

¡Así que, el especialista argelino en la "exportación" estadounidense de democracia a la primera fila del mundo! ¡El mismo cuya organización fue financiada por el NED (National Endowment for Democracy) [28]! ¿Un cierto  parecido con Weddady o con feu Glasman?

 


Abdelouahab Fersaoui (RAJ) y Fayçal Métaoui

 

También es importante recordar que la RAJ fue miembro de la Coordinación Nacional para el Cambio y la Democracia (CNCD, por sus siglas en inglés), un grupo de organizaciones de protesta que tuvo como objetivo "primaverizar" Argelia en 2011 [29].

Detalle  no pequeño: El mundo de África está financiado, entre otros,  por la Open Society Foundation del multimillonario estadounidense de origen húngaro George Soros [30].

 

 

En su discurso durante este evento, Fersaoui, por supuesto, defendió su opción inconstitucional. Dijo que "no podemos ir a elecciones creíbles sin liberar el campo político: partidos, sindicatos, asociaciones, medios de comunicación". Debemos "dar tiempo a una transición garantizando libertades públicas e individuales". "Porque no se puede reducir la democracia  a la convocatoria  electoral  a las urnas". [31]

Hay que decir que los medios de comunicación en Francia están muy interesados ​​en Argelia. Mediapart no se quedó atrás organizando, el 17 de junio de 2019, una velada "en solidaridad con el pueblo argelino en lucha" [32]. Aquí también, la lista de invitados es muy ilustrativa. Entre los oradores, hay dos personas de El Watan (El wOTAN?): Chawki Amari y Hacen Ouali. El perfil del primero y sus relaciones en la Embajada de los Estados Unidos en Argel se comentó en un artículo anterior [33], mientras que el segundo es un "primaverista" desde la primera hora. Uno verdadero, puro y duro.

En agosto de 2011, se lamentó en uno de sus artículos: "La" primavera árabe "definitivamente no pasa por Argelia" [34]. Un mes después, escribió sobre Siria:

"Los sirios de Argelia, apoyados por la Coordinadora de Apoyo a la Revolución Siria de Argelia, han denunciado firmemente las masacres del régimen de Bashar Al Assad contra las poblaciones civiles que reclaman durante seis meses. , un cambio democrático "[35].

¡Un auténtico  wOTANista! Uno con los que se deleitan los medios occidentales.

Y continuando con la lectura de la lista de invitados de Mediapart, también hay dos miembros de la Liga Argelina para la Defensa de los Derechos Humanos (LADDH): Abdelmoumène Khelil y Saïd Salhi. ¿Sigue siendo necesario recordar que esta organización fue financiada por el NED y que fue miembro de la CNCD [36]?

Con todas las reuniones de este tipo organizadas en Francia para "solidaridad" con la disidencia argelina, uno se pregunta cómo se hace para que lo recíproco no sea  verdad. Por ejemplo, ¿por qué El Watan y sus "estrellas" periodísticas no organizaron un simposio en "solidaridad" con los chalecos amarillos? Podrían haber invitado a Christophe Dettinger [37], ya sabes, el boxeador que se "entrenó" con la policía francesa.  El habría disertado  sobre  los métodos efectivos de negociación con las fuerzas del orden.

O Jerome Rodrigues, el chaleco amarillo que ha perdido un ojo, golpeado por un proyectil de la policía [38]. Una conferencia plenaria sobre las diversas armas utilizadas por la policía militar francesa sin duda habría sido muy instructiva.

¿Problema de los medios financieros? La embajada francesa podría haberle tendido una mano. ¡Como de costumbre!

En general, es curioso observar que los periodistas y activistas de la primavera que están en contacto con los medios de comunicación franceses o que reciben fondos extranjeros están extrañamente por la opción inconstitucional. La diversidad de opiniones no parece ser lo suyo. El problema es que esta opción tiene como corolario la inevitable confrontación con la institución militar argelina, institución que, hasta entonces, ha garantizado el derecho a manifestarse y preserva el pacifismo de las manifestaciones. Porque "silmiya, silmiya [39]" es una partición que juega dos: manifestantes en un lado, policías en el otro.

Y una cuestión se plantea: ¿esta confrontación no sería un affaire de Quai d'Orsay, cuya hostilidad hacia Jefe de Estado Mayor del Ejército  no es un secreto para nadie? De hecho, el 30 de abril se podía leer en el Magreb Inteligencia:

"Según ha declarado  un alto funcionario del Quai d'Orsay, Francia está realmente perdida para informar de lo que realmente  está sucediendo en este momento en Argelia [...]. El hombre fuerte del ejército argelino está muy mal visto en París. Y la desconfianza es verdaderamente recíproca  porque Ahmed Gaid Salah no aprecia en absoluto las redes de Francia en Argelia". [40]

Y dos semanas más tarde, en el mismo medio:

"Entre el nuevo líder de Argelia y Francia nada sale. El generalísimo Gaid Salah, en el poder en Argelia desde la dimisión forzada de Abdelaziz Buteflika verdaderamente  no lleva a París en su corazón. Y parece que el sentimiento es mutuo. Según fuentes bien informadas en Argel, el jefe del Estado Mayor de la ANP está convencido de que Francia hace todo para destronarlo de su puesto y poner a sus hombres  en las palancas clave del poder argelino". [41]


Los medios estadounidenses

Al otro lado del Atlántico, los medios estadounidenses también se han interesado en el hirak argelino con una visión muy "francesa". Por ejemplo, en la edición del New York Times del 2 de junio de 2019, Adam Nossiter escribió:

"Los líderes políticos argelinos están desacreditados. Su jerarquía militar también fue rechazada por los manifestantes que exigieron una ruptura total con el antiguo sistema de gobierno dominado por el ejército "[42].

Y, sobre la cancelación de las elecciones del 4 de julio de 2019, ¿a quién crees que entrevistaron?  A Abdelouahab Fersaoui!

Presentado como presidente de un grupo líder de la sociedad civil, dijo:

"Es una gran victoria, pero no es definitiva. Porque los poseedores del poder continuarán imponiendo su hoja de ruta, con un nuevo aplazamiento de las elecciones, con el mismo mecanismo de este sistema rechazado por el pueblo "[43].

La visión "francesa" mencionada anteriormente ha sido confirmada por la muy seria revista política de Estados Unidos Foreign Affairs, publicada por el Council on Foreign Relations (CFR). De hecho, en su edición del 10 de junio de 2019, Killian Clarke afirma: "En Argelia, Washington ha cedido el liderazgo diplomático a Francia, que adopta un enfoque relativamente pasivo de la transición, temiendo que cualquier intervención se presente como Interferencia neocolonial "[44].

Por "pasivo", ciertamente insinúa un enfoque más "suave", en el que los medios franceses son un dispositivo adecuado.

La revista no pierde la oportunidad de asesorar a los activistas y, al mismo tiempo, posicionar a las potencias occidentales en los eventos argelinos y sudaneses:

"Los activistas sudaneses y argelinos pueden seguir dos vías frente a las potencias extranjeras. El primero es resistir las incursiones de estados regionales como Egipto, Arabia Saudita y los Emiratos Árabes Unidos, que tienen un claro interés en evitar el establecimiento de democracias verdaderas en el Medio Oriente [...]. En segundo lugar, los activistas pueden y deben cultivar relaciones con potencias extranjeras potencialmente comprensivas. Esto podría incluir a la Unión Africana, que ha apoyado la democratización en todo el continente desde la década de 1990; la Unión Europea, que ha apoyado la exitosa transición de Túnez después de 2011; e incluso los Estados Unidos "[45].

Francia y los Estados Unidos son países simpatizantes de la causa de los países árabes, ¡la fe de analista de CFR!  Basta preguntar a Metaoui, Makki, Fersaoui y todos los demás. Ellos te lo confirmarán.

¿Te acuerdas de los países occidentales "Amigos de Siria"? ¿Incluso aquellos que tenían mucha simpatía por este país? ¡Su amistad fue tan grande que terminaron destruyendo a Siria.


Viejas colusiones

Esta connivencia entre los activistas árabes y los medios occidentales no es nueva. Ya en 2005, durante la "Revolución del Cedro", estaba muy bien fundamentada. Aquí está lo que dijo Michel Elefteriades, un activista libanés que admitió haber trabajado con los especialistas serbios de CANVAS:

"Gebran Tueni me llamó y me dijo que debía tender una mano a un grupo de serbios que vinieron a ayudarnos. Parecían hiperprofesionales sobre lo que querían hacer. Vi su influencia en todo lo que estaba pasando. Eran especialistas en revoluciones de color. Y para agregar, "Entonces empezaron a decirnos qué hacer o no. Los acompañé a las reuniones con los medios de comunicación, solo los medios internacionales, y ellos coordinaron las cosas con ellos. Se conocían muy bien [...]. Nos dieron una lista de consignas que iban a ser transmitidas por la televisión occidental. Nos dijeron a nosotros y a los periodistas occidentales dónde colocar las pancartas, cuándo sostenerlas e incluso qué tamaño debían tener. Por ejemplo, pidieron a los reporteros que les advirtieran sobre las tragamonedas a las que iban a ir, y luego nos dijeron que programáramos nuestros relojes y publicáramos nuestros carteles a las 3:05 pm, dependiendo de cuándo los canales de televisión emitían en vivo desde Beirut. Fue una puesta en escena total "[46].

 

Michel Elefteriades

La colusión con los principales medios de comunicación también se observó durante la "primavera" siria. Esto fue reconocido por Ausama Monajed, un disidente sirio ex miembro del Consejo Nacional Sirio (CNS) en la película documental dirigida por el periodista británico Ruaridh Arrow [47]:

"Es solo una cámara HD básica vinculada a un módem satelital, y la subimos a sitios de transmisión donde podemos obtener la transmisión en vivo, y hoy logramos obtener Al Jazeera. Transmitieron las imágenes en vivo que pudimos proporcionarles, porque no pueden enviar a sus periodistas [...]. Tenemos personas que se encargan de la descarga. Estos videos están ahora en CNN, en Al Jazeera, en árabe o en inglés, ABC, France 24, BBC, Sky. Por lo tanto, tenemos a alguien que descarga estos videos en su sitio web, y ya estamos en contacto con los diferentes medios [...]. Sin la tecnología moderna, no podrías hacerlo, absolutamente.”

 


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Las «sólidas" relaciones entre Monajed y la administración de los Estados Unidos ha sido ampliamente comentada por Charlie Skelton [48].
¿Qué decir, ¿qué responder a este manejo profesional de la información?
Tal vez un pequeño eslogan escuchado en las calles de Orán, durante este 15 viernes del hirak:

"Washington, Paris, Ahna Naaynou Erraïs! "(¡Ni Washington ni París, somos nosotros quienes vamos a nombrar al presidente!)

 



Références

[1] Sympathisants des valeurs du 1er novembre 1954, date du déclenchement de la révolution algérienne contre la colonisation française.

[2] Partisans du MAK (Mouvement pour l'Autonomie de la Kabylie).

[3] Partisans du MAM (Mouvement pour l'Autonomie du M'Zab).

[4] Ahmed Gaïd Salah (AGS), chef d'État-major de l'Armée algérienne.

[5] Zabana et si El Haoues sont deux héros, martyrs de la révolution algérienne. Le premier a été guillotiné en 1956 (à 30 ans) et le second est tombé au champ d’honneur en 1959 (à 36 ans).

[6] Durant la révolution algérienne, les collabos algériens de l’armée française.

[7] Djawad Rostom Touati, « Le drapeau palestinien  et le hirak », Blog de Mohamed Bouhamidi, 3 juin 2019, http://bouhamidimohamed.over-blog.com/2019/06/le-drapeau-palestinien-et-le-hirak.un-texte-de-djawad-rostom-touati.html

[8] Pour plus de détails, lire : Ahmed Bensaada, « Liban 2005-2015 : d’une « révolution » colorée à l'autre », Afrique Asie, 14 septembre 2015, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=323:liban-2005-2015-dune-l-revolution-r-coloree-a-une-autre&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[9] Fayçal Métaoui, « Il faut qu’on sorte de la mythologie d’octobre 1988 », El Watan Week-end, 30 septembre 2011, p.7, https://fr.calameo.com/read/0009444644b347bc31613

[10] Ahmed Bensaada, « Le printemps arabe et les médias: maljournalisme, mensonges et mauvaise foi », Le Quotidien d'Oran, le 22 septembre 2011,http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=138:le-l-printemps-arabe-r-et-les-medias-maljournalisme-mensonges-et-mauvaise-foi-&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[11] Algérie Focus, « Mort de Kadhafi : Daho Djerbal scandalisé par la couverture d’El Watan Week-end », 23 octobre 2011, https://www.algerie-focus.com/2011/10/mort-de-kadhafi-daho-djerbal-scandalise-par-la-couverture-del-watan-week-end/

[12] Tarik Aït Menguellet, « Je suis tombé sur la Une d’El Watan Week-end ce matin, et elle est à vomir! », 21 octobre 2011, http://amtarik.blogspot.com/2011/10/je-suis-tombe-sur-la-une-del-watan-week.html

[13] France 24, « Qui sommes-nous? », https://www.france24.com/fr/a-propos

[14] Emilie Gavoille, « Face aux fausses infos, France 24 sort les vrais outils », Télérama, 4 juin 2018, https://www.telerama.fr/television/face-aux-fausses-infos,-france-24-sort-les-vrais-outils,n5667633.php

[15] Lire par exemple : Laurent Ribadeau Dumas, « Quel crédit accorder à l’Observatoire syrien des droits de l’Homme? », France Info, 29 janvier 2016, https://www.francetvinfo.fr/monde/syrie/quel-credit-accorder-a-lobservatoire-syrien-des-droits-de-lhomme_3064505.html

[16] Pour plus de détails, lire : Ahmed Bensaada, « Huit ans après : la « printanisation » de l’Algérie », ahmedbensaada.com, 4 avril 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=475:2019-04-04-22-50-13&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[17] Karen Leigh, « Behind the Arab Revolts, an Activist Quietly Pulling Strings From Boston », The Atlantic, 25 janvier 2012, https://www.theatlantic.com/international/archive/2012/01/behind-the-arab-revolts-an-activist-quietly-pulling-strings-from-boston/251786/

[18] Max Blumenthal, «  Weddady’s Free Arabs, American Islamic Congress and the pro-Israel funders who helped them rise », The Electronic Intifada New York City, 7 mai 2013, https://electronicintifada.net/content/weddadys-free-arabs-american-islamic-congress-and-pro-israel-funders-who-helped-them-rise

[19] Philippe Gélie, « Sheldon Adelson, des milliards pour Jérusalem », Le Figaro, 5 janvier 2018, http://www.lefigaro.fr/international/2018/01/05/01003-20180105ARTFIG00010-sheldon-adelson-des-milliards-pour-jerusalem.php

[20] Slogan pompeux de France 24

[21] Voir référence 15. De nouveaux documents seront aussi bientôt publiés.

[22] Ouest-France, « Les Algériens défilent en masse, malgré les arrestations et la fatigue », 31 mai 2019, https://www.ouest-france.fr/monde/algerie/les-algeriens-defilent-en-masse-malgre-les-arrestations-et-la-fatigue-6377414

[23] Ibid.

[24] Amir Akef, « Algérie : le Conseil constitutionnel reporte l’élection présidentielle », Le Monde, 2 juin 2019, https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/02/algerie-la-cour-constitutionnelle-reporte-l-election-presidentielle_5470457_3212.html

[25] Anne Morelli, « Principes élémentaires de propagande de guerre », Investig’Action, 20 mars 2011, https://www.investigaction.net/fr/Principes-elementaires-de/

[26] Ahmed Bensaada, « Le Monde/Syrie: Grandeur et décadence d’un journal au-dessus de tout soupçon », Reporters, 6 octobre 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=241:grandeur-et-decadence-dun-journal-au-dessus-de-tout-soupcon&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[27] Le Monde Afrique, « Demain, quelle Algérie ? », 23 mai 2019, https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/05/23/demain-quelle-algerie_5465895_3212.html?fbclid=IwAR3-tKg2SSmKFT3WkmF6Qzv9NJ-GP7u26gmPJwHI85UxmB9kZHcjpLACd-w

[28] Ahmed Bensaada, « Belalloufi, le RAJ et l'importation de la démocratie », ahmedbensaada.com, 02 Mai 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=490:2019-05-02-15-00-34&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

En plus des documents accompagnant l’article ci-dessus, de nouveaux documents concernant le financement du RAJ seront bientôt publiés.

[29] Algeria Watch, « Pour une Coordination nationale pour le changement et la démocratie : Communiqué », 23 janvier 2011, https://algeria-watch.org/?p=34161

[30] Le Monde Afrique, « Partenaire », https://www.lemonde.fr/partenaire-osiwa/

[31] Sandrine Berthaud-Clair, « Ce qu’il faut retenir de notre matinée ²Demain, quelle Algérie ? », Le Monde Afrique, 12 juin 2019, https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/12/ce-qu-il-faut-retenir-de-notre-matinee-demain-quelle-algerie_5475200_3212.html

[32] Mediapart, « Solidarité avec le peuple algérien », 17 juin 2019, https://www.mediapart.fr/journal/france/170619/mediapartlive-solidarite-avec-le-peuple-algerien?onglet=full

[33] Ahmed Bensaada, « Algérie : les caricaturistes et le hirak », Ahmedbensaada.com, 29 mai 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=496:2019-05-29-21-33-29&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[34] Hacen Ouali, « Algérie. Comme un air de contre-révolution », Courrier International, 24 août 2011, https://www.courrierinternational.com/article/2011/08/25/comme-un-air-de-contre-revolution

[35] Hacen Ouali, « Les Syriens d’Algérie croient en la victoire », El Watan, 10 septembre 2011, https://www.djazairess.com/fr/elwatan/339156

[36] Voir ref.15

[37] Stéphane Durand-Souffland, «Gilets jaunes: l'ex-boxeur Christophe Dettinger condamné à un an de prison ferme », Le Figaro, 13 février 2019, http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2019/02/13/01016-20190213ARTFIG00282-gilets-jaunes-au-tribunal-l-ex-boxeur-tente-de-se-justifier.php

[38] Le Point, « Gilets jaunes : Jérôme Rodrigues annonce avoir perdu son œil », 13 février 2019, https://www.lepoint.fr/societe/gilets-jaunes-jerome-rodrigues-annonce-avoir-perdu-son-oeil-13-02-2019-2293109_23.php

[39] « Pacifique, pacifique », un des slogans du hirak

[40] Skander Salhi, « Exclusif. Rôle de Gaïd Salah en Algérie : la France demande conseil à Pierre de Villiers », Maghreb Intelligence, 30 avril 2019, https://www.maghreb-intelligence.com/exclusif-role-de-gaid-salah-en-algerie-la-france-demande-conseil-a-pierre-de-villiers/

[41] Skander Salhi, « Algérie. Le général Ahmed Gaïd Salah livre ses « petites guerres » contre la France », Maghreb Intelligence, 15 mai 2019, https://www.maghreb-intelligence.com/algerie-le-general-ahmed-gaid-salah-livre-ses-petites-guerres-contre-la-france/

[42] Adam Nossiter, « Algeria Cancels Presidential Election, Setting Up New Impasse », The New York Times, 2 juin 2019, https://www.nytimes.com/2019/06/02/world/africa/algeria-elections-canceled.html

[43] Ibid.

[44] Killian Clarke, « What Algeria and Sudan Can Learn From Egypt-Lessons From a Failed Revolution », Foreign Affairs, 10 juin 2019, https://www.foreignaffairs.com/articles/sudan/2019-06-10/what-algeria-and-sudan-can-learn-egypt

[45] Ibid.

[46] Sharmine Narwani, « Ten years on, Lebanon's 'Cedar Revolution'», RT, 13 mars 2015, https://www.rt.com/op-ed/240365-lebanon-revolution-anniversary-cedar-2005/

[47] « How to Start a Revolution », Film de Ruaridh Arrow, Date de sortie: 18 septembre 2011, https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=Vk1XbyFv51k

[48] Charlie Skelton, « The Syrian opposition: who's doing the talking? », The Guardian, 12 juillet 2012, https://www.theguardian.com/commentisfree/2012/jul/12/syrian-opposition-doing-the-talking

 

Créditos: Las fotos y videos del evento del 31 de mayo de 2019 fueron tomados por A. Bensaada.


 

Traducción del francés: Purificación González de la Blanca


Aunque su génesis es mucho más antigua, las entidades agrupadas bajo el término de organizaciones no gubernamentales (ONG) tuvieron un ascenso meteórico en los años 80 y 90 del siglo pasado y sus campos de intervención se han diversificado: emergencia humanitaria, alimentación, derechos humanos o medio ambiente.

Según los especialistas, este aumento coincide con el surgimiento del neoliberalismo impulsado durante los años de Reagan-Thatcher. Según la activista Ana Minski:

La proliferación de ONG en el sur en la década de 1990 está indudablemente vinculada al debilitamiento de las capacidades del gobierno para proporcionar servicios públicos, el resultado de políticas neoliberales que se impusieron en el contexto del capitalismo. globalizado y altamente financierizado ”.

Debido a las políticas de austeridad y los recortes en el gasto público, los gobiernos han recurrido a las ONG para proporcionar servicios de bajo costo, que alguna vez proporcionaron en los sectores de salud, educación y salud. cultura, etc. Abundando en este sentido, la escritora india Arundhati Roy especifica que las ONG distribuyen "gota a gota, en forma de ayuda o trabajo voluntario, a lo que la gente normalmente debería tener derecho ". Esto lleva a algunos especialistas a describir a las ONG como el "caballo de Troya" del neoliberalismo.

 

 

 

La ONGizacion de la resistencia (por Arundhati Roy)

De una conferencia dada en San Francisco, California, el 16 de agosto de 2004


Con el final de la Guerra Fría, las ONG se utilizaron para otros fines. Se trataba de la "democratización" de los países orientales que antes pertenecían al redil soviético, para extraerlos de la influencia rusa. Con este fin, Estados Unidos ha desplegado un arsenal de organizaciones específicamente dedicadas a esta tarea. Los ejemplos incluyen: USAID (Agencia de los Estados Unidos para el Desarrollo Internacional), NED (National Endowment for Democracy) y sus cuatro satélites, Freedom House y Open Society de G. Soros. Además de este último, que es privado, todas las demás organizaciones están financiadas directa o indirectamente, parcial o totalmente por el gobierno de los Estados Unidos.

Los satélites NED son bien conocidos: IRI (Instituto Republicano Internacional), NDI (Instituto Democrático Nacional), Centro de Solidaridad y CIPE (Centro para la Empresa Privada Internacional).

Para reclamar el nombre de ONG, una organización debe cumplir al menos las siguientes cinco condiciones: el origen privado de su constitución, la organización sin fines de lucro, su independencia financiera, su independencia política y el concepto de interés. público de su misión. En el caso de estas organizaciones estadounidenses y los grupos que financian en los países seleccionados, estas condiciones nunca se cumplen.

El uso de estos organismos ha demostrado la efectividad del "poder blando" de los Estados Unidos en las operaciones de "cambio de régimen". Esto fue evidente en las revoluciones de colores en Serbia, Georgia o Ucrania. Durante la "primavera" árabe, estas mismas organizaciones de "exportación" de la democracia estadounidense estuvieron involucradas en Túnez, Egipto, Libia, Siria y Yemen y ahora se conoce el resultado desastroso de su participación, especialmente en Los últimos tres países.

El modus operandi de esta "democratización" es siempre el mismo. Los activistas locales, agrupados o no en las ONG locales, son elegidos, financiados, capacitados y conectados en red en su región de origen (en el caso de los países árabes, esta es la región MENA: Medio Oriente y África del Norte). Durante posibles protestas populares legítimas causadas por problemas sociales reales, estos activistas se ponen a la vanguardia de las manifestaciones y tratan de dirigirlas de acuerdo con las agendas preparadas en el extranjero.

Para ilustrar este punto, citemos a activistas como Slim Amamou (Túnez), Mohamed Adel (Movimiento del 6 de abril - Egipto), Ali Ramadan Abouzaakouk, (Foro de Desarrollo Humano y Político de Libia - Libia), Aussama Monajed (Movimiento por la Justicia y el Desarrollo - Siria) y Tawakkol Karman (Mujeres periodistas sin cadenas - Yemen).

 


En Argelia, varias ONG locales financiadas por organizaciones estadounidenses fueron muy visibles durante las manifestaciones, tanto en 2011 como durante el Hirak, en 2019-2020. Estos incluyen, entre otros, la Liga Argelina para la Defensa de los Derechos Humanos (LADDH), el Rally de Acción Juvenil (RAJ), el Colectivo de Familias de Desaparecidos en Argelia (CFDA), etc. Sin embargo, es curioso observar que las ONG que reciben subsidios extranjeros están todas en la misma onda con respecto a sus reclamaciones. No hay una sola discrepancia.

Calificadas como ONG (que da igual no gubernamentales o no gratas), las organizaciones estadounidenses para "exportar" la democracia han sido prohibidas en ciertos países como Rusia, que ha prohibido a USAID por "  interferencia en la vida política rusa ". La lista de ONG "no deseadas" en Rusia ha crecido y actualmente incluye NED, NDI, IRI, Freedom House y Open Society of Soros.

En América del Sur, los países del ALBA (Alianza Bolivariana para los Pueblos de Nuestra América) firmaron una resolución en 2012 llamando a la expulsión inmediata de USAID de los países miembros de la alianza (Bolivia, Cuba, el '' Ecuador, Dominica, Nicaragua y Venezuela).

Por otro lado, algunos países BRICS (Brasil, Rusia, India, China y Sudáfrica) tienen leyes que prohíben o fortalecen el control de las ONG en su territorio.

Desde 2014, las ONG que trabajan en Egipto tienen que registrarse con las autoridades, de lo contrario corren el riesgo de la incautación de sus bienes o procedimientos legales. Además, las autoridades también deben aprobar cualquier financiamiento del exterior.

Entre otros países árabes, los Emiratos Árabes Unidos (EAU) cerraron las oficinas de varias ONG extranjeras en 2012, incluido el NDI. Por su parte, el parlamentario jordano Zakaria Al-Sheikh solicitó, en enero de 2016, a la cámara baja del Parlamento de Jordania que pusiera fin a las actividades de este mismo órgano argumentando que " constituye un peligro para la seguridad nacional ".

Debe saber que tales actividades en suelo estadounidense se rigen por la Ley de Registro de Agentes Extranjeros, que es una ley estadounidense que requiere el registro de cabilderos que representan intereses políticos o económicos extranjeros.

Finalmente, no debemos creer absolutamente que las ONG estadounidenses son las únicas activas en suelo argelino. Otros, europeos, están muy presentes allí.

¿Deberíamos legislar para supervisar, controlar o incluso prohibir la financiación extranjera de ONG en Argelia? Este es ciertamente un punto en el que es imprescindible considerar seriamente en un futuro muy cercano.


 


 

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Hirak, 15e vendredi

Oran centre, le 31 mai 2019, 14h.

La ville est calme, le ciel est bleu.  Pas un petit nuage, même au-dessus de la forteresse de Santa-Cruz. Un temps radieux. Pas étonnant, la radieuse n’est-il pas le surnom de la belle ville d’Oran?

Les prieurs du vendredi finissent de sortir des mosquées en ce dernier vendredi du Ramadhan, enfilant leurs chaussures sur le seuil du lieu de prière. Certains rentrent chez eux d’un pas soutenu. Une bonne sieste après l’obligation cultuelle hebdomadaire en attendant la rupture du jeûne n’est pas de refus. Le hirak peut bien attendre la fin du mois sacré. D’autres se dirigent vers les artères qui doivent accueillir d’ici peu les manifestants. Une bonne marche après l’obligation cultuelle hebdomadaire n’est aussi pas de refus, histoire de maintenir la pression politique sur le système et de prouver que la contestation ne faiblit pas.

De temps à autre, une brise de mer s’engouffre dans les rues perpendiculaires au Front de mer, soulevant les banderoles et les drapeaux des manifestants qui se trouvent contraints d’user de dextérité pour éviter qu’ils ne s’envolent.

Sur la rue Larbi Ben M’hidi, artère principale de la vieille ville, on entend déjà un bruit sourd. La première vague de protestataires pointe, au loin, en provenance de la place du Premier novembre, lieu du ralliement initial. Tout y est. Drapeaux nationaux, pancartes, banderoles, slogans, chants, etc. Une ambiance de manifestation dans un climat bon enfant où chacun y va de sa tirade. Les manifestants défilent en groupe distincts, par vagues séparées par un no man’s land de bitume de dizaines de mètres de long pour éviter les échauffourées entre groupes opposés. En effet, cela fait déjà plusieurs vendredis que l’harmonie du hirak s’est fissuré. L’inflation des demandes, l’intransigeance de certains acteurs, les différents scénarios de sortie de crise et les batailles rangées dans le cyberespace ont eu raison de l’unanimité du début.

Novembristes [1], nationalistes, cyberactivistes, makistes [2], mamistes [3] fédéralistes, islamistes, chacun y a ajouté son grain de sel si bien que l’union, source des succès initiaux contre le système, a inexorablement périclité.

Devant une rue bondée de badauds et de sympathisants, chaque groupe, à qui mieux mieux, donne de la voix. On a eu droit à des :

« Djich chaâb, khawa khawa, ou Gaïd Salah maa el khawana ! » (L'armée et le peuple sont frères et Gaïd Salah [4] est avec les voleurs [ou traitres]).

Et, par un autre groupe, à un couplet beaucoup plus nuancé, voire opposé:

« Djich chaâb, khawa khawa, Wled França, Barra, Barra! » (L'armée et le peuple sont frères et les enfants de la France dehors, dehors!)

 

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Et aussi :

« Ya Macron, Hez Wladek, El Djazair Mechi Bladek! » (Hé, Macron, prends tes enfants, l’Algérie n’est pas ton pays!).

 

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Ou encore:

« La Washington, La Paris, Ahna Naaynou Erraïs ! » (Ni Washington, ni Paris, c’est nous qui allons désigner le président!).

Ainsi que : « Zabana oua si El Houes, maa el Harka Manach Labess » (Zabana et si El Haoues [5], avec les harkis [6] nous ne sommes pas bien).

 

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Sans oublier le chant préféré des Algériens : « Filestine, Filestine, Filestine Echouhada, Filestine Echouhada, Filestine, Filestine » (Palestine, Palestine, la Palestine des martyrs, la Palestine des martyrs, Palestine, Palestine).

 

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Mais même ce leitmotiv des manifestations algériennes ne fait plus l’unanimité. Un groupe de jeunes arborant un drapeau berbère laissa échapper : « Libérez d’abord votre pays avant de libérer celui des autres ». Allusion transparente au seul drapeau étranger présent dans les marches: le drapeau palestinien [7].

Les messages écrits sur les pancartes et les banderoles dépeignent également cette division. En voici quelques exemples :

 

« À bas le régime militaire, État civil et non militaire »

 

 

« L’unité du peuple + l’unité de l’armée = Unité de la patrie »


 

 

« La France est l’ennemi d’hier, la France est l’ennemi d’aujourd’hui, La France est l’ennemi du futur, oui à la solution constitutionnelle, non à la période de transition ».

 

 


« Une vraie transition pour la fin du système est impossible avec la même constitution et avec les mêmes partis alibis du système ».

 

 

Et, actualité oblige, de grandes banderoles pour dénoncer la mort de Kamel Eddine Fekhar, le militant autonomiste mozabite.

 

 

« Vous avez tué Fekhar en prison, bande mafieuse »


À la fin de la marche, toutes les cohortes se retrouvent sur la place Zabana. Certains groupes continuent de scander leurs refrains à tue-tête couverts, de temps à autres, par le bruit de l’hélicoptère de la police qui survole le lieu. La promiscuité aidant, une bagarre éclata entre les opposants au chef d'État-major de l'Armée et ceux qui lui sont favorables. Un mouvement de panique et quelques coups plus tard, tout rentra dans l’ordre.

Un manifestant profita de l’occasion et prit la parole pour souligner les divergences du hirak:

« Il n’y a pas de solution en dehors de la constitution. Il faut une instance indépendante qui organise les élections. On est avec elle et la majorité du peuple est avec elle []. Il y a des luttes idéologiques entre islamistes et laïques, entre ceux qui sont pour l’institution militaire et ceux qui sont contre [] ».

 

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Vers 17h, la foule des manifestants commença à se disperser rapidement en pensant probablement au prochain vendredi. Avec la fin du ramadhan prévue en milieu de semaine, la prochaine marche accueillera certainement plus de monde. En effet, selon la plupart des personnes questionnées, ce 15e vendredi n’avait rassemblé que 2000 à 3000 personnes, bien loin des immenses foules du début du hirak.


Les médias français

À une heure avancée de la soirée, la chaîne France 24 (en arabe) traite évidemment des manifestations algériennes en priorité. Sans cligner des yeux, la journaliste Rajaa Makki annonce que des millions (sic) de personnes étaient descendues dans les rues de nombreuses villes algériennes demandant le départ du chef d'État-major de l'Armée (re-sic). Aucune nuance dans le propos ni dans le nombre avancé de manifestants comme si la chaîne française avait des correspondants dans toutes les villes algériennes et des techniques de comptage sophistiquées. Comment peut-on arriver à « des millions », si la 2e ville d’Algérie ne compte qu’un maximum de 3000 manifestants?

Son correspondant à Alger, Fayçal Métaoui, enlève quand même un zéro et parle de « centaines de milliers » de manifestants. Il y met tant de conviction qu’il semblerait qu’il les ait comptés lui-même. Quant aux affirmations concernant le chef d'État-major, il ne les relativise même pas.

 

Rajaa Makki et Fayçal Métaoui


Ainsi, pour France 24, Rajaa Makki et Fayçal Métaoui le portrait algérien est aussi limpide qu’une eau de source : des millions (ou des centaines de milliers) d’Algériens ont manifesté pour demander le départ du chef d'État-major de l'Armée. Où sont passées les autres voix qui s’élèvent pour que soit évitée la confrontation avec l’armée? Qu’est-il advenu des manifestants qui exigent le respect de la constitution? Niet! Personne ne les a vus ? Ni Rajaa Makki, ni même le « grand » journaliste Fayçal Métaoui. C’est ce qu’on appelle un mensonge par omission.

Mais rien n’est étonnant avec ces deux journalistes. Rajaa Makki est une sympathisante du « Mouvement du 14 mars » libanais. Ce mouvement, hostile à la Syrie, avait soutenu la « Révolution du Cèdre », une révolution colorée « Made by CANVAS » [8] dont l’élément déclencheur a été la mort, en 2005, du Premier ministre libanais de l’époque, Rafiq Hariri. Selon les spécialistes, la « Révolution du Cèdre » a été le prélude du « printemps » arabe et le premier pays arabe « printanisé » fut le Liban.

Fayçal Métaoui, quant à lui, est un fervent défenseur de la « printanisation » des pays arabes qui officiait dans le journal El Watan (un certain temps comme rédacteur en chef). N’était-ce pas lui qui, en plein « printemps » arabe, se demandait « pourquoi les écrivains, artistes et intellectuels arabes, algériens surtout, ne disent rien sur les crimes abominables des régimes syrien et yéménite » [9]? N’accusait-il pas le gouvernement algérien d’être de connivence avec le colonel Kadhafi et de ne pas condamner « les exécutions et le bombardement des villes par ses forces militaires »? Quand on connaît les médiamensonges [10] qui ont entouré cette période et, surtout, quand on voit ce que sont devenus actuellement ces trois pays - Syrie, Yémen et Libye – on est en droit de se demander quelle responsabilité ce « journaliste » et son journal El Watan ont sur la conscience dans la mort, la souffrance et l’exil de millions de personnes dans le monde arabe. On est en droit de se demander s’ils ne faisaient pas partie intégrante de la machine médiatique occidentale qui a vendu clé en main un « printemps » factice à des peuples arabes assoiffés de liberté. Des peuples qui se sont rendus compte, trop tard, qu’il s’agissait plutôt d’un hiver lugubre et mortifère.

Le summum de l’indécence, de l’immoralité et du mauvais goût a été atteint le 21 octobre 2011, avec la Une d’El Watan Week-end (où Metaoui était un des journalistes « vedettes ») qui avait placardé la photo de Kadhafi ensanglanté, défiguré, mort lynché et sodomisé, au-dessus des deux seuls mots : « Libye libre ».

 

La Une d’El Watan Week-end du 21 octobre 2011



Cette Une a provoqué des réactions virulentes contre le journal. Citons, par exemple, celle de l’historien Daho Djerbal qui s’insurgea :

« Je me permets de vous écrire aujourd’hui car profondément choqué par la couverture que vous avez consacrée dans El Watan Week-end à la mort téléguidée, volontairement programmée et exécutée de sang-froid sous la forme d’un lynchage []. Qu’avez-vous fait vous-mêmes qui prétendez lever l’étendard de la démocratie et des droits humains fondamentaux ? Rien dans votre édition du week-end ne permet de vous démarquer des dépêches des agences occidentales en-deçà desquelles vous vous situez. Votre titre est scandaleux. Vous savez pertinemment que la mort d’un chef d’État, même despotique ne résout pas le problème des fondements de la dictature. Libye libre titrez-vous, mais libérée par qui, par quoi ? Par l’OTAN et ses unités spéciales au sol ? Par un tir d’un Rafale français ou d’un drone états-unien? » [11].

Ou celle de ce blogueur très remonté :

« Je suis tombé sur la Une d’El Watan Week-end ce matin, et elle est à vomir ! Ils étaient tellement pressés de mettre la photo d’un cadavre sur leur Une qu’ils n’ont même pas attendu d’avoir une photo de meilleure qualité, ou bien, ils auraient pu se déplacer pour bien se rassasier à la vue de la dépouille déchiquetée et nous présenter la Mort en haute définition. Le titre est à la hauteur de la photo, « Libye libre »! On a l’impression qu’ils y sont pour quelque chose et que c'est une récompense […]» [12].

Ils y sont certainement pour quelque chose puisque leur engagement ouvertement pro-occidental durant le « printemps » arabe a valu à ce journal d’être rebaptisé El wOTAN!

Et ce n’est pas fini! Huit ans plus tard, les revoilà au-devant de la scène médiatique, avec toujours la même dextérité dans la manipulation de l’information.

Mais pouvait-on s’attendre à mieux de la part de la chaîne France 24 qui écrit que sa rédaction propose depuis Paris « une approche française du monde » [13] ? Par « française », on entend certainement celle du « Quai d’Orsay », n’est-ce pas?

Et on comprend mieux la sagesse populaire des manifestants qui entonnaient des chants anti-français et que jamais, au grand jamais, Rajaa Makki ou Fayçal Métaoui n’aurait eu l’audace ni le courage déontologique d’aborder dans le journal.

Il va sans dire qu’une information tronquée est non seulement tendancieuse, mais contribue aux fake news que France 24 se targue de combattre [14].

À propos de fake news, quel crédit peut-on donner à une télévision qui donne régulièrement la parole à Rami Abdulrahman, opposant syrien, directeur d’un prétendu « Observatoire Syrien des Droits de l’Homme » dont la crédibilité a été maintes fois traînée dans la boue [15]?

Et que dire de la liste noire de France 24 dans laquelle figure certains analystes réputés qui sont bannis de la chaîne? Écartés, car leurs arguments, qui pourraient éclairer certains téléspectateurs, ne correspondent pas à la ligne éditoriale de France 24 sortie des cuisines du Quai d’Orsay.

Par contre, donner la parole à des personnages politiques très controversés ne semble guère déranger France 24. Ainsi, dans la soirée du vendredi suivant (16e semaine du hirak), les invités furent MM. Nasser Weddady et Mustapha Bouchachi. Le premier dans une émission sur les élections mauritaniennes et le second pour commenter le hirak.

 

Nasser Weddady


Nasser Weddady est un célèbre cyberactiviste mauritanien, membre de ce qui est communément appelée « la ligue arabe du Net », qui s’est illustré dans le « printemps » arabe [16]. Fils d’un diplomate mauritanien, et vivant en exil aux États-Unis depuis l’an 2000, il se vante de parler plusieurs langues dont l’hébreu. « Chacune de ces langues est un public auquel je parle », se plait-il à dire [17]. Est-ce sa connaissance de la langue hébraïque qui lui a ouvert les portes? Toujours est-il que l’organisme pour lequel il a travaillé à Boston était financé par tout le lobby américain pro-israélien, en particulier par la fondation de la famille Adelson. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Sheldon Adelson est un milliardaire américain sioniste, un des principaux bailleurs de fonds de l’État hébreu, de l’AIPAC et de la carrière politique du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu [18]. Pour la petite histoire, c’est ce magnat des casinos qui a convaincu le président Trump de déménager l’ambassade américaine à Jérusalem [19].

« Liberté, égalité, actualité » [20]?

« Liberté, égalité, fausseté »!

 

Mustapha Bouchachi


Quant au second invité de France 24, il s’agit de Mustapha Bouchachi, cet homme providence tout droit sorti des grimoires du cyberespace, dès les premiers jours du hirak. Ses relations avec les organismes américains d’« exportation » de la démocratie, ceux-là même qui ont été impliqués dans le « printemps » arabe, ont été clairement établies [21] et sa vision du hirak est en tout point conforme à celle de France 24 et des autres médias mainstream. Ceci expliquant cela.

En résumé, les faiseurs d’opinion de France 24 sont choisis pour vendre l’option anticonstitutionnelle de sortie de crise comme étant une demande « du peuple ». Quid de tous les manifestants qui s’égosillent pour l’option constitutionnelle et contre la confrontation avec l’institution militaire? Ni vus, ni connus! Vraiment, ils existent?

Métaoui et consorts veulent-ils réitérer la Une du 21 octobre 2011 avec deux petits mots : « Algérie libre »?

« Liberté, égalité, actualité »?

« Liberté, égalité, duplicité »!


Et France 24 n’est pas seule dans cette entreprise de désinformation : la « circulation circulaire » de l’information bat son plein.

Ainsi pouvait-on lire sur Ouest-France (article cosigné avec l’AFP) le 31 mai 2019 au soir : « Lors de ce 15e vendredi consécutif de rassemblements contre le régime algérien, ils [les manifestants] ont également rejeté l’offre de dialogue formulée dans la semaine par le chef d’État-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah » [22].

Par contre, il faut admettre que ce journal a été plus professionnel en ce qui concerne le nombre de manifestants : « Impossible à évaluer en l’absence de décompte officiel, la foule a semblé particulièrement nombreuse dans la capitale algérienne […] » [23].

Dans son édition du 2 juin 2019, le quotidien Le Monde souligne à son tour que la contestation populaire estime « que la Constitution souvent « bafouée » n’est plus opérante et qu’il faut aller à la « solution politique » et la transition démocratique » [24].

Rappelons que ce « célèbre » journal a accompagné la « printanisation » de tous les pays arabes touchés par ce fléau, participant allègrement dans le processus de diffusion des « principes élémentaires de propagande de guerre » régulièrement dénoncés par mon ami Michel Collon [25].

De nombreux exemples peuvent être mentionnés pour illustrer mon propos, mais citons, à titre d’exemple, celui du blog nommé « Un œil sur la Syrie », qui fut hébergé par Le Monde. Son animateur, un certain Wladimir Glasman (alias Ignace Leverrier) était présenté comme un « expert » de la Syrie, aidé en ce sens par la « respectabilité » du gîte offert par un média de renom. Il s’est avéré que ce propagandiste n’était autre le porte-parole de l’opposition syrienne et Le Monde son organe de presse [26].

Tout récemment, Le Monde a décidé de faire plus pour la « cause » algérienne en organisant une matinée de débats, intitulée « Demain, quelle Algérie ? » dont voici le texte de présentation [27] :

« Et demain, quelle Algérie se dessine ? Quelle société nouvelle prend corps dans l’énergie d’une mobilisation qui, depuis quatre mois, ne faiblit pas ? Observateur de la première heure des vendredis d’Alger, d’Oran et d’ailleurs, Le Monde Afrique réunit mardi 11 juin des représentants de ce pays en marche. Celles et ceux qui, manifestation après manifestation, ont évité le cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, desserré l’étau d’un pouvoir autoritaire avant de devenir les architectes de la société de demain ».

On apprend donc que Le Monde Afrique est un observateur des « vendredis d’Oran ». S’ils étaient présents, ils devaient être très bien camouflés! Et comment se fait-il qu’ils n’aient ni vu ni entendu ce que j’ai décrit au début de ce texte? Ou bien, les propos anti-français ne sont pas publiables dans un journal « respectable »?

En feuilletant la liste des invités, on y trouve, en première place, le nom d’Abdelouahab Fersaoui, président du Rassemblement actions jeunesse (RAJ).

Tiens donc, le spécialiste algérien de l’« exportation » étatsunienne de la démocratie aux premières loges du Monde! Celui-là même dont l’organisme a été financé par la NED (National Endowment for Democracy) [28]! Un petit air de ressemblance avec Weddady ou feu Glasman?

 

Abdelouahab Fersaoui (RAJ) et Fayçal Métaoui

 

Il est aussi important de rappeler que le RAJ a été membre de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), un regroupement d’organismes contestataires qui avait pour objet de « printaniser » l’Algérie en 2011 [29].

Petit détail de taille: Le Monde Afrique est, entre autres, financé par la Fondation Open Society du milliardaire américain d’origine hongroise George Soros [30].

 

 

Dans son intervention durant cet événement, Fersaoui a bien sûr défendu son option anticonstitutionnelle. Il a estimé qu’« on ne peut pas aller à des élections crédibles sans libérer le champ politique : les partis, les syndicats, les associations, les médias ». Il faut « laisser le temps à une transition en garantissant les libertés publiques et individuelles ». « Car on ne peut pas réduire la démocratie à la convocation de l’électeur aux urnes [31]».

Il faut dire que les médias de l’Hexagone s’intéressent beaucoup à l’Algérie. Mediapart n’a pas été en reste en organisant, le 17 juin 2019, une soirée « en solidarité avec le peuple algérien en lutte » [32]. Ici aussi, la liste des invités est très instructive. Parmi les intervenants, on note en effet deux personnes d’El Watan (El wOTAN?) : Chawki Amari et Hacen Ouali. Le profil du premier et ses accointances avec l’ambassade américaine d’Alger a été discuté dans un précédent article [33] alors que le second est un « printaniste » de la première heure. Un vrai, pur et dur.

En août 2011, il se lamentait en constatant dans un de ses articles : « Le “printemps arabe” ne passe décidément pas par Alger » [34]. Un mois plus tard, il écrivait sur la Syrie :

« À pleine gorge et loin de leur pays meurtri, les Syriens d'Algérie, appuyés par la Coordination algérienne de soutien à la révolution syrienne, ont dénoncé fermement les massacres du régime de Bachar Al Assad contre les populations civiles qui réclament, depuis six mois, un changement démocratique » [35].

Un authentique wOtaniste! Un de ceux dont se délectent les médias occidentaux.

En continuant la lecture de la liste des invités de Médiapart, on trouve aussi deux membres de Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) : Abdelmoumène Khelil et Saïd Salhi. Est-il encore nécessaire de rappeler que cet organisme a été financé par la NED et qu’il a été membre du CNCD [36]?

Avec toutes les rencontres de ce type organisées en France pour se « solidariser » avec la dissidence algérienne, on se demande comment se fait-il que la réciproque ne soit pas vraie. Par exemple, pourquoi El Watan et ses « vedettes » journalistiques n’ont-ils pas organisé un colloque en « solidarité » avec les Gilets jaunes ? Ils auraient pu inviter Christophe Dettinger [37], vous savez, le boxeur qui s’est « entrainé » avec les policiers français. Il aurait disserté des méthodes efficaces de négociations avec les forces de l’ordre.

Ou bien Jérôme Rodrigues, ce Gilet jaune qui a perdu un œil, atteint par un projectile policier [38]. Une conférence plénière sur les différentes armes utilisées par la maréchaussée française aurait certainement été très instructive.

Problème de moyens financiers? L’ambassade de France aurait pu donner un coup de pouce. Comme d’hab!

Tout compte fait, il est quand même curieux de constater que les journalistes et les activistes printanistes qui sont en en relation avec les médias français ou qui reçoivent du financement étranger sont tous bizarrement pour l’option anticonstitutionnelle. La diversité des opinions ne semble pas être leur truc. Le problème est que cette option a comme corollaire l’inévitable confrontation avec l’institution militaire algérienne, institution qui a, jusque-là, garanti le droit de manifester et préservé le pacifisme des manifestations. Car « silmiya, silmiya [39] » est une partition qui se joue à deux : manifestants d’un côté, forces de l’ordre de l’autre.

Et une question se pose : cette confrontation ne ferait-elle pas l’affaire du Quai d’Orsay dont l’hostilité envers le chef d'État-major de l'Armée n’est un secret pour personne? En effet, le 30 avril dernier on pouvait lire sur Maghreb Intelligence:

« De l’aveu même d’un haut responsable du quai d’Orsay, la France est vraiment perdue par rapport à ce qui se passe en ce moment en Algérie[]. L’homme fort de l’armée algérienne est très mal vu à Paris. Et la méfiance est vraiment réciproque car Ahmed Gaïd Salah n’apprécie nullement les réseaux de la France en Algérie » [40].

Et, deux semaines plus tard, sur le même média :

« Entre le nouvel homme fort de l’Algérie et la France rien ne va plus. Le généralissime Gaïd Salah, au pouvoir à Alger depuis la démission forcée d’Abdelaziz Bouteflika, ne porte pas vraiment Paris dans son cœur. Et cette dernière le lui rend apparemment bien. Selon des sources bien informées à Alger, le chef de l’état-major de l’ANP est convaincu que la France fait tout pour le « détrôner » de son poste et mettre ses hommes aux principaux leviers du pouvoir algérien » [41].


Les médias étasuniens

De l’autre côté de l’Atlantique, les médias étasuniens se sont aussi intéressés au hirak algérien avec une vision très « française ». Ainsi, dans l’édition du 2 juin 2019 du New York Times, Adam Nossiter écrivait :

« Les dirigeants politiques algériens sont discrédités. Sa hiérarchie militaire a également été rejetée par les manifestants qui réclamaient une rupture complète avec l'ancien système de gouvernement dominé par l'armée » [42].

Et, au sujet de l’annulation des élections du 4 juillet 2019, qui d’après vous a été interviewé? Abdelouahab Fersaoui!

Présenté comme président d’un groupe de premier plan de la société civile, il déclara :

« C’est une victoire importante, mais elle n’est pas définitive. Parce que les détenteurs du pouvoir vont continuer à imposer leur feuille de route, avec un nouveau report des élections, avec le même mécanisme de ce système rejeté par le peuple »[43].

La vision « française » mentionnée auparavant a été confirmée par le très sérieux magazine politique américain Foreign Affairs, publié par le Council on Foreign Relations (CFR). Effectivement, dans sa livraison du 10 juin 2019, Killian Clarke précise qu’« En Algérie, Washington a cédé le leadership diplomatique à la France, qui adopte une approche relativement passive en ce qui concerne la transition, craignant que toute intervention ne soit présentée comme une ingérence néocoloniale » [44].

Par « passive », il insinue certainement une approche plus « soft », dans laquelle les médias français sont un dispositif idoine.

Le magazine ne rate pas l’occasion pour prodiguer des conseils aux activistes et, en même temps, positionner les puissances occidentales dans les évènements algérien et soudanais :

« Les activistes soudanais et algériens peuvent poursuivre deux voies vis-à-vis des puissances étrangères. La première consiste à résister aux incursions d’États régionaux tels que l’Égypte, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui ont clairement intérêt à empêcher l’instauration de véritables démocraties au Moyen-Orient []. Deuxièmement, les activistes peuvent et doivent cultiver des relations avec des puissances étrangères potentiellement sympathiques. Cela pourrait inclure l'Union africaine, qui soutient la démocratisation partout sur le continent depuis les années 1990; l’Union européenne, qui a soutenu la transition réussie de la Tunisie après 2011; et même les États-Unis » [45].

La France et les États-Unis sont des pays sympathiques à la cause des pays arabes, foi d’analyste du CFR! Il n’y a qu’à demander à Métaoui, Makki, Fersaoui et tous les autres. Ils vous le confirmeront.

Vous rappelez-vous ces pays occidentaux « Amis de la Syrie »? Ceux-là même qui avaient beaucoup de sympathie envers ce pays? Leur amitié était tellement grande qu’ils ont fini par détruire la Syrie!


Anciennes collusions

Cette connivence entre les activistes arabes et les médias occidentaux n’est pas nouvelle. Déjà, en 2005, lors de la « Révolution du Cèdre », elle était très bien rodée. Voici ce qu’en dit Michel Elefteriades, un activiste libanais qui a reconnu avoir travaillé avec les spécialistes serbes de CANVAS :

« Gebran Tueni m’a appelé et il m’a dit que je devrais donner un coup de main à un groupe de Serbes qui venaient nous aider. Ils avaient l’air hyper-professionnels par rapport à ce qu’ils voulaient faire. Je voyais leur influence dans tout ce qui se passait. C’étaient des spécialistes des révolutions de couleur ». Et d’ajouter : « Puis ils ont commencé à nous dire ce qu’il fallait faire ou non. Je les accompagnais à des réunions avec les médias – rien que des médias internationaux – et ils coordonnaient les choses avec eux. Ils se connaissaient tous très bien […]. Ils nous ont donné une liste de slogans qui devaient être diffusés par les télévisions occidentales. Ils nous ont dit, à nous et aux journalistes occidentaux, où mettre les banderoles, quand les brandir en l’air, et même la taille qu’elles devaient avoir. Par exemple, ils demandaient aux journalistes de les prévenir des créneaux horaires où ils allaient passer, puis ils nous disaient de régler nos montres et de brandir nos pancartes juste à 15h05, en fonction du moment où les chaînes télévisées retransmettaient en direct depuis Beyrouth. C’était une mise en scène totale » [46].

 

Michel Elefteriades

La collusion avec les médias mainstream a aussi été constatée lors du « printemps » syrien. Cela a été reconnu par Ausama Monajed, un dissident syrien ancien membre du Conseil national syrien (CNS) dans le film documentaire réalisé par le journaliste britannique Ruaridh Arrow [47] :

« C'est juste une caméra HD de base lié à un modem satellite, et nous téléchargeons sur des sites de streaming où nous pouvons obtenir le flux en direct, et nous avons réussi à obtenir Al Jazeera aujourd'hui. Ils diffusent les images en direct que nous avons pu leur fournir, car ils ne peuvent pas envoyer leurs journalistes […]. Nous avons des gens qui s’occupent du téléchargement. Ces vidéos sont maintenant sur CNN, sur Al Jazeera, en arabe ou en anglais, ABC, France 24, BBC, Sky. Ainsi, nous avons quelqu'un qui télécharge ces vidéos sur leur site web, et nous sommes déjà en contact avec les différents médias […]. Sans la technologie moderne, vous ne seriez pas en mesure de le faire, absolument ».

 

Lien


Les « solides » relations entre Monajed et l’administration américaine ont été exhaustivement discutées par Charlie Skelton [48].

Quoi dire, quoi répondre à cette manipulation professionnelle de l’information?

Peut-être un petit slogan entendu dans les rues d’Oran, lors de ce 15e vendredi du hirak :

« La Washington, La Paris, Ahna Naaynou Erraïs ! » (Ni Washington, ni Paris, c’est nous qui allons désigner le président!).

 

 



Références

[1] Sympathisants des valeurs du 1er novembre 1954, date du déclenchement de la révolution algérienne contre la colonisation française.

[2] Partisans du MAK (Mouvement pour l'Autonomie de la Kabylie).

[3] Partisans du MAM (Mouvement pour l'Autonomie du M'Zab).

[4] Ahmed Gaïd Salah (AGS), chef d'État-major de l'Armée algérienne.

[5] Zabana et si El Haoues sont deux héros, martyrs de la révolution algérienne. Le premier a été guillotiné en 1956 (à 30 ans) et le second est tombé au champ d’honneur en 1959 (à 36 ans).

[6] Durant la révolution algérienne, les collabos algériens de l’armée française.

[7] Djawad Rostom Touati, « Le drapeau palestinien  et le hirak », Blog de Mohamed Bouhamidi, 3 juin 2019, http://bouhamidimohamed.over-blog.com/2019/06/le-drapeau-palestinien-et-le-hirak.un-texte-de-djawad-rostom-touati.html

[8] Pour plus de détails, lire : Ahmed Bensaada, « Liban 2005-2015 : d’une « révolution » colorée à l'autre », Afrique Asie, 14 septembre 2015, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=323:liban-2005-2015-dune-l-revolution-r-coloree-a-une-autre&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[9] Fayçal Métaoui, « Il faut qu’on sorte de la mythologie d’octobre 1988 », El Watan Week-end, 30 septembre 2011, p.7, https://fr.calameo.com/read/0009444644b347bc31613

[10] Ahmed Bensaada, « Le printemps arabe et les médias: maljournalisme, mensonges et mauvaise foi », Le Quotidien d'Oran, le 22 septembre 2011, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=138:le-l-printemps-arabe-r-et-les-medias-maljournalisme-mensonges-et-mauvaise-foi-&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[11] Algérie Focus, « Mort de Kadhafi : Daho Djerbal scandalisé par la couverture d’El Watan Week-end », 23 octobre 2011, https://www.algerie-focus.com/2011/10/mort-de-kadhafi-daho-djerbal-scandalise-par-la-couverture-del-watan-week-end/

[12] Tarik Aït Menguellet, « Je suis tombé sur la Une d’El Watan Week-end ce matin, et elle est à vomir! », 21 octobre 2011, http://amtarik.blogspot.com/2011/10/je-suis-tombe-sur-la-une-del-watan-week.html

[13] France 24, « Qui sommes-nous? », https://www.france24.com/fr/a-propos

[14] Emilie Gavoille, « Face aux fausses infos, France 24 sort les vrais outils », Télérama, 4 juin 2018, https://www.telerama.fr/television/face-aux-fausses-infos,-france-24-sort-les-vrais-outils,n5667633.php

[15] Lire par exemple : Laurent Ribadeau Dumas, « Quel crédit accorder à l’Observatoire syrien des droits de l’Homme? », France Info, 29 janvier 2016, https://www.francetvinfo.fr/monde/syrie/quel-credit-accorder-a-lobservatoire-syrien-des-droits-de-lhomme_3064505.html

[16] Pour plus de détails, lire : Ahmed Bensaada, « Huit ans après : la « printanisation » de l’Algérie », ahmedbensaada.com, 4 avril 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=475:2019-04-04-22-50-13&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[17] Karen Leigh, « Behind the Arab Revolts, an Activist Quietly Pulling Strings From Boston », The Atlantic, 25 janvier 2012, https://www.theatlantic.com/international/archive/2012/01/behind-the-arab-revolts-an-activist-quietly-pulling-strings-from-boston/251786/

[18] Max Blumenthal, «  Weddady’s Free Arabs, American Islamic Congress and the pro-Israel funders who helped them rise », The Electronic Intifada New York City, 7 mai 2013, https://electronicintifada.net/content/weddadys-free-arabs-american-islamic-congress-and-pro-israel-funders-who-helped-them-rise

[19] Philippe Gélie, « Sheldon Adelson, des milliards pour Jérusalem », Le Figaro, 5 janvier 2018, http://www.lefigaro.fr/international/2018/01/05/01003-20180105ARTFIG00010-sheldon-adelson-des-milliards-pour-jerusalem.php

[20] Slogan pompeux de France 24

[21] Voir référence 15. De nouveaux documents seront aussi bientôt publiés.

[22] Ouest-France, « Les Algériens défilent en masse, malgré les arrestations et la fatigue », 31 mai 2019, https://www.ouest-france.fr/monde/algerie/les-algeriens-defilent-en-masse-malgre-les-arrestations-et-la-fatigue-6377414

[23] Ibid.

[24] Amir Akef, « Algérie : le Conseil constitutionnel reporte l’élection présidentielle », Le Monde, 2 juin 2019, https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/02/algerie-la-cour-constitutionnelle-reporte-l-election-presidentielle_5470457_3212.html

[25] Anne Morelli, « Principes élémentaires de propagande de guerre », Investig’Action, 20 mars 2011, https://www.investigaction.net/fr/Principes-elementaires-de/

[26] Ahmed Bensaada, « Le Monde/Syrie: Grandeur et décadence d’un journal au-dessus de tout soupçon », Reporters, 6 octobre 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=241:grandeur-et-decadence-dun-journal-au-dessus-de-tout-soupcon&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[27] Le Monde Afrique, « Demain, quelle Algérie ? », 23 mai 2019, https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/05/23/demain-quelle-algerie_5465895_3212.html?fbclid=IwAR3-tKg2SSmKFT3WkmF6Qzv9NJ-GP7u26gmPJwHI85UxmB9kZHcjpLACd-w

[28] Ahmed Bensaada, « Belalloufi, le RAJ et l'importation de la démocratie », ahmedbensaada.com, 02 Mai 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=490:2019-05-02-15-00-34&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

En plus des documents accompagnant l’article ci-dessus, de nouveaux documents concernant le financement du RAJ seront bientôt publiés.

[29] Algeria Watch, « Pour une Coordination nationale pour le changement et la démocratie : Communiqué », 23 janvier 2011, https://algeria-watch.org/?p=34161

[30] Le Monde Afrique, « Partenaire », https://www.lemonde.fr/partenaire-osiwa/

[31] Sandrine Berthaud-Clair, « Ce qu’il faut retenir de notre matinée ²Demain, quelle Algérie ? », Le Monde Afrique, 12 juin 2019, https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/12/ce-qu-il-faut-retenir-de-notre-matinee-demain-quelle-algerie_5475200_3212.html

[32] Mediapart, « Solidarité avec le peuple algérien », 17 juin 2019, https://www.mediapart.fr/journal/france/170619/mediapartlive-solidarite-avec-le-peuple-algerien?onglet=full

[33] Ahmed Bensaada, « Algérie : les caricaturistes et le hirak », Ahmedbensaada.com, 29 mai 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=496:2019-05-29-21-33-29&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[34] Hacen Ouali, « Algérie. Comme un air de contre-révolution », Courrier International, 24 août 2011, https://www.courrierinternational.com/article/2011/08/25/comme-un-air-de-contre-revolution

[35] Hacen Ouali, « Les Syriens d’Algérie croient en la victoire », El Watan, 10 septembre 2011, https://www.djazairess.com/fr/elwatan/339156

[36] Voir ref.15

[37] Stéphane Durand-Souffland, «Gilets jaunes: l'ex-boxeur Christophe Dettinger condamné à un an de prison ferme », Le Figaro, 13 février 2019, http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2019/02/13/01016-20190213ARTFIG00282-gilets-jaunes-au-tribunal-l-ex-boxeur-tente-de-se-justifier.php

[38] Le Point, « Gilets jaunes : Jérôme Rodrigues annonce avoir perdu son œil », 13 février 2019, https://www.lepoint.fr/societe/gilets-jaunes-jerome-rodrigues-annonce-avoir-perdu-son-oeil-13-02-2019-2293109_23.php

[39] « Pacifique, pacifique », un des slogans du hirak

[40] Skander Salhi, « Exclusif. Rôle de Gaïd Salah en Algérie : la France demande conseil à Pierre de Villiers », Maghreb Intelligence, 30 avril 2019, https://www.maghreb-intelligence.com/exclusif-role-de-gaid-salah-en-algerie-la-france-demande-conseil-a-pierre-de-villiers/

[41] Skander Salhi, « Algérie. Le général Ahmed Gaïd Salah livre ses « petites guerres » contre la France », Maghreb Intelligence, 15 mai 2019, https://www.maghreb-intelligence.com/algerie-le-general-ahmed-gaid-salah-livre-ses-petites-guerres-contre-la-france/

[42] Adam Nossiter, « Algeria Cancels Presidential Election, Setting Up New Impasse », The New York Times, 2 juin 2019, https://www.nytimes.com/2019/06/02/world/africa/algeria-elections-canceled.html

[43] Ibid.

[44] Killian Clarke, « What Algeria and Sudan Can Learn From Egypt-Lessons From a Failed Revolution », Foreign Affairs, 10 juin 2019, https://www.foreignaffairs.com/articles/sudan/2019-06-10/what-algeria-and-sudan-can-learn-egypt

[45] Ibid.

[46] Sharmine Narwani, « Ten years on, Lebanon's 'Cedar Revolution'», RT, 13 mars 2015, https://www.rt.com/op-ed/240365-lebanon-revolution-anniversary-cedar-2005/

[47] « How to Start a Revolution », Film de Ruaridh Arrow, Date de sortie: 18 septembre 2011, https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=Vk1XbyFv51k

[48] Charlie Skelton, « The Syrian opposition: who's doing the talking? », The Guardian, 12 juillet 2012, https://www.theguardian.com/commentisfree/2012/jul/12/syrian-opposition-doing-the-talking

 

Crédits: Les photos et vidéos de la manifestation du 31 mai 2019 ont été prises par A. Bensaada

 


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Mondialisation

د. أحمد بن سعادة

ترجمة: علي إبراهيم


على الرغم من أنّ نشأتها أقدم بكثير، إلاّ أنّ الكيانات المجمّعة تحت مصطلح المنظمات غير الحكومية شهدت بروزاً كبيراً في الثمانينيات والتسعينيات من القرن الماضي وتنوعت مجالات نشاطها: الطوارئ الإنسانية، الغذاء، حقوق الإنسان أو البيئة.

بحسب المختصين فإنّ هذه الزيادة تزامنت مع صعود النيوليبرالية التي شهدت اندفاعةً قوية خلال سنوات ريغان- تاتشر. ووفقاً للناشطة آنا مينسكي، "فإن انتشار المنظمات غير الحكومية في الجنوب في التسعينيات مرتبط بلا شكّ بضعف القدرات الحكومية على تقديم الخدمات العامة، نتيجة السياسات النيوليبرالية التي تمّ فرضها في سياق رأسماليةٍ معولمة ومالية للغاية".

بسبب سياسات التقشّف وخفض الإنفاق العام، لجأت الحكومات إلى المنظمات غير الحكومية لتقديم خدمات منخفضة التكلفة، التي كانت تلك الحكومات تقدمها من قبل في قطاعات الصحة والتعليم والصحة والثقافة، إلخ. في هذا الصدد، تشير الكاتبة الهندية أرونداتي روي - Arundhati Roy - إلى أنّ المنظمات غير الحكومية توزع "بالقطّارة، على شكل مساعدةٍ أو عملٍ تطوعي، ما هو حقّ من حقوق الناس أصلاً". وهذا يقود بعض المتخصّصين إلى وصف المنظّمات غير الحكومية بأنها "حصان طروادة" النيوليبرالية.

 

 

أرونداتي روي


مع نهاية الحرب الباردة، تمّ استخدام المنظّمات غير الحكومية لأغراضٍ أخرى. كان الأمر يتعلق بـ "دمقرطة" الدول الشرقية التي كانت سابقاً في الحضن السوفياتي، من أجل انتزاعها من النفوذ الروسي. في سبيل تحقيق هذه الغاية، نشرت الولايات المتحدة ترسانةً من المنظمات مكرسة خصيصاً لهذه المهمة. ومن الأمثلة على ذلك: الوكالة الأميركية للتنمية الدولية (USAID)، الوقف الوطني للديمقراطية (NED) وتوابعه الأربعة، بيت الحرية (Freedom House) والمجتمع المفتوح (Open Society) التابع لجورج سوروس. ماعدا المنظمة الأخيرة، المجتمع المفتوح، وهي منظمة خاصة، يتمّ تمويل جميع المنظمات الأخرى بشكلٍ مباشٍر أو غير مباشر، جزئياً أو كليّاً من قبل حكومة الولايات المتحدة.

التوابع الأربعة للوقف الوطني للديمقراطية (NED) معروفة جيدًا وهي: المعهد الجمهوري الدولي (IRI)، المعهد الديمقراطي الوطني(NDI )، مركز التضامن (Solidarity Center) ومركز المشاريع الدولية الخاصة (CIPE).

للحصول على تسمية منظمة غير حكومية، يجب أن تستوفي المنظمة الشروط الخمسة التالية على الأقل: الأصل الخاصّ لتأسيسها، الغاية غير الربحية من عملها، استقلالها المالي، استقلالها السياسي، ومفهوم المصلحة العامّة لمهمتها. في حالة المنظمات الأميركية والمجموعات التي تمّولها في البلدان المستهدفة، لا يتم الوفاء بإجتماع هذه الشروط أبداً.

لقد أثبت استخدام هذه الهيئات فعالية "القوة الناعمة" الأميركية في عمليات "تغيير النظام". وقد تجلى ذلك في الثورات الملونة في صربيا أو جورجيا أو أوكرانيا. خلال "الربيع" العربي، انخرطت منظمات "تصدير" الديمقراطية الأميركية ذاتها في تونس ومصر وليبيا وسوريا واليمن، والنتيجة الكارثية لتورطها معروفة الآن جيداً، خاصّة في الدول الثلاث الأخيرة.

طريقة عمل هذه "الدمقرطة" هي نفسها دائماّ. يتم اختيار النشطاء المحليين، سواء تم تجميعهم في المنظمات غير الحكومية المحلية أم لا، وتمويلهم وتدريبهم وإقامة شبكات لهم في منطقتهم الأصلية (في حالة البلدان العربية، منطقة الشرق الأوسط وشمال إفريقيا) خلال الاحتجاجات الشعبية المشروعة المحتملة الناجمة عن مشاكل اجتماعية حقيقية، يتمّ وضع هؤلاء النشطاء أنفسهم في طليعة المظاهرات لمحاولة توجيهها وفقاً لأجندات تمّ التحضير لها جيداً في الخارج.

لتوضيح هذه النقطة، دعونا نذكر بعض النشطاء مثل سليم عمامو (تونس) ومحمد عادل (حركة 6 أبريل/ نيسان - مصر) وعلي رمضان أبو زقوق (منتدى ليبيا للتنمية البشرية والسياسية- ليبيا) وأسامة منجّد (حركة العدالة والتنمية- سوريا) وتوكّل كرمان (صحفيات بلا قيود- اليمن).

 


في الجزائر، كانت العديد من المنظّمات غير الحكومية المحلية المموّلة من المنظمات الأميركية واضحة للعيان بشكلٍ كبير خلال المظاهرات، سواء في 2011 أو خلال الحراك في 2019-2020. وبعض هذه المنظمات يشمل، الرابطة الجزائرية للدفاع عن حقوق الإنسان (LADDH) ، وتجمّع الحركة الشبابية (RAJ) ،  وتجمّع عائلات المفقودين في الجزائر (CFDA) ،  إلخ. ومع ذلك، من المثير للفضول ملاحظة أنّ هذه المنظّمات غير الحكومية التي تتلقى إعانات أجنبية كلها على الموجة نفسها بما يتعلق بمطالبها. ليس هنالك أدنى فرق؟

بعد أن تمّ توصيفها منظّماتٍ غير مرغوبٍ فيها، تم حظر المنظمات الأميركية لـ"تصدير" الديمقراطية في دول معينة مثل روسيا التي حظرت الوكالة الأميركية للتنمية الدولية (USAID) بسبب "تدخّلها في الحياة السياسية الروسية". توسّعت قائمة المنظّمات غير الحكومية "غير المرغوب فيها" في روسيا وهي تضم حالياّ NED و NDI و IRI و Freedom House و Open Society of Soros

في أميركا الجنوبية، وقّعت دول منظمة الألبا) التحالف البوليفاري لشعوب أميركا (ALBA - قراراً في عام 2012 يدعو إلى الطرد الفوري للوكالة الأميركية للتنمية الدولية (USAID) من الدول الأعضاء في التحالف (بوليفيا، كوبا، الإكوادور، دومينيكان، نيكاراغوا وفنزويلا).

من ناحيةٍ أخرى، سنّت بعض دول البريكس (البرازيل وروسيا والهند والصين وجنوب إفريقيا) القوانين التي تحظر تلك المنظمات أو تعزّز الرقابة عليها في أراضيها.

منذ عام 2014، طُلبت السلطات المصرية من المنظمات غير الحكومية العاملة في مصر التسجيل لدى السلطات المختصة، تحت طائلة المخاطرة بمصادرة ممتلكاتها أو الملاحقة القانونية. بالإضافة إلى ذلك، يجب على السلطات الموافقة على أيّ تمويلٍ من الخارج.

من بين الدول العربية الأخرى، أغلقت الإمارات العربية المتحدة مكاتب العديد من المنظّمات غير الحكومية الأجنبية في عام 2012، بما في ذلك المعهد الديمقراطي الوطني. من جانبه، طالب النائب الأردني زكريا الشيخ، في يناير 2016، مجلس النواب الأردني بإنهاء أنشطة ذات المنظمة، لأنها "تشكّل خطراً على الأمن القومي".

يجب أن نعلم أنّ مثل هذه الأنشطة على الأراضي الأميركية تخضع لقانون تسجيل الوكلاء الأجانب وهو قانون أميركي ينص على ضرورة تسجيل جماعات الضغط التي تمثل مصالح سياسية أو اقتصادية أجنبية.

أخيراً، يجب ألاّ نصدّق مطلقاً أنّ المنظّمات غير الحكومية الأميركية هي الوحيدة النشطة على الأراضي الجزائرية. هنالك منظّمات أخرى، أوروبية، متواجدة بشكلٍ كبير.

هل يجب سنّ القوانين إذن للإشراف على هذه المنظّمات غير الحكومية أو مراقبتها أو حتى حظر التمويل الأجنبي لها في الجزائر؟ هذه بالتأكيد مسألة يجب معالجتها بجدية في المستقبل القريب.


 


 

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د. أحمد بن سعادة

ترجمة: علي إبراهيم


على الرغم من أنّ نشأتها أقدم بكثير، إلاّ أنّ الكيانات المجمّعة تحت مصطلح المنظمات غير الحكومية شهدت بروزاً كبيراً في الثمانينيات والتسعينيات من القرن الماضي وتنوعت مجالات نشاطها: الطوارئ الإنسانية، الغذاء، حقوق الإنسان أو البيئة.

بحسب المختصين فإنّ هذه الزيادة تزامنت مع صعود النيوليبرالية التي شهدت اندفاعةً قوية خلال سنوات ريغان- تاتشر. ووفقاً للناشطة آنا مينسكي، "فإن انتشار المنظمات غير الحكومية في الجنوب في التسعينيات مرتبط بلا شكّ بضعف القدرات الحكومية على تقديم الخدمات العامة، نتيجة السياسات النيوليبرالية التي تمّ فرضها في سياق رأسماليةٍ معولمة ومالية للغاية".

بسبب سياسات التقشّف وخفض الإنفاق العام، لجأت الحكومات إلى المنظمات غير الحكومية لتقديم خدمات منخفضة التكلفة، التي كانت تلك الحكومات تقدمها من قبل في قطاعات الصحة والتعليم والصحة والثقافة، إلخ. في هذا الصدد، تشير الكاتبة الهندية أرونداتي روي - Arundhati Roy - إلى أنّ المنظمات غير الحكومية توزع "بالقطّارة، على شكل مساعدةٍ أو عملٍ تطوعي، ما هو حقّ من حقوق الناس أصلاً". وهذا يقود بعض المتخصّصين إلى وصف المنظّمات غير الحكومية بأنها "حصان طروادة" النيوليبرالية.

مع نهاية الحرب الباردة، تمّ استخدام المنظّمات غير الحكومية لأغراضٍ أخرى. كان الأمر يتعلق بـ "دمقرطة" الدول الشرقية التي كانت سابقاً في الحضن السوفياتي، من أجل انتزاعها من النفوذ الروسي. في سبيل تحقيق هذه الغاية، نشرت الولايات المتحدة ترسانةً من المنظمات مكرسة خصيصاً لهذه المهمة. ومن الأمثلة على ذلك: الوكالة الأميركية للتنمية الدولية (USAID)، الوقف الوطني للديمقراطية (NED) وتوابعه الأربعة، بيت الحرية (Freedom House) والمجتمع المفتوح (Open Society) التابع لجورج سوروس. ماعدا المنظمة الأخيرة، المجتمع المفتوح، وهي منظمة خاصة، يتمّ تمويل جميع المنظمات الأخرى بشكلٍ مباشٍر أو غير مباشر، جزئياً أو كليّاً من قبل حكومة الولايات المتحدة.

التوابع الأربعة للوقف الوطني للديمقراطية (NED) معروفة جيدًا وهي: المعهد الجمهوري الدولي (IRI)، المعهد الديمقراطي الوطني(NDI )، مركز التضامن (Solidarity Center) ومركز المشاريع الدولية الخاصة (CIPE).

للحصول على تسمية منظمة غير حكومية، يجب أن تستوفي المنظمة الشروط الخمسة التالية على الأقل: الأصل الخاصّ لتأسيسها، الغاية غير الربحية من عملها، استقلالها المالي، استقلالها السياسي، ومفهوم المصلحة العامّة لمهمتها. في حالة المنظمات الأميركية والمجموعات التي تمّولها في البلدان المستهدفة، لا يتم الوفاء بإجتماع هذه الشروط أبداً.

لقد أثبت استخدام هذه الهيئات فعالية "القوة الناعمة" الأميركية في عمليات "تغيير النظام". وقد تجلى ذلك في الثورات الملونة في صربيا أو جورجيا أو أوكرانيا. خلال "الربيع" العربي، انخرطت منظمات "تصدير" الديمقراطية الأميركية ذاتها في تونس ومصر وليبيا وسوريا واليمن، والنتيجة الكارثية لتورطها معروفة الآن جيداً، خاصّة في الدول الثلاث الأخيرة.

طريقة عمل هذه "الدمقرطة" هي نفسها دائماّ. يتم اختيار النشطاء المحليين، سواء تم تجميعهم في المنظمات غير الحكومية المحلية أم لا، وتمويلهم وتدريبهم وإقامة شبكات لهم في منطقتهم الأصلية (في حالة البلدان العربية، منطقة الشرق الأوسط وشمال إفريقيا) خلال الاحتجاجات الشعبية المشروعة المحتملة الناجمة عن مشاكل اجتماعية حقيقية، يتمّ وضع هؤلاء النشطاء أنفسهم في طليعة المظاهرات لمحاولة توجيهها وفقاً لأجندات تمّ التحضير لها جيداً في الخارج.

لتوضيح هذه النقطة، دعونا نذكر بعض النشطاء مثل سليم عمامو (تونس) ومحمد عادل (حركة 6 أبريل/ نيسان - مصر) وعلي رمضان أبو زقوق (منتدى ليبيا للتنمية البشرية والسياسية- ليبيا) وأسامة منجّد (حركة العدالة والتنمية- سوريا) وتوكّل كرمان (صحفيات بلا قيود- اليمن).

في الجزائر، كانت العديد من المنظّمات غير الحكومية المحلية المموّلة من المنظمات الأميركية واضحة للعيان بشكلٍ كبير خلال المظاهرات، سواء في 2011 أو خلال الحراك في 2019-2020. وبعض هذه المنظمات يشمل، الرابطة الجزائرية للدفاع عن حقوق الإنسان (LADDH) ، وتجمّع الحركة الشبابية (RAJ) ، وتجمّع عائلات المفقودين في الجزائر (CFDA) ، إلخ. ومع ذلك، من المثير للفضول ملاحظة أنّ هذه المنظّمات غير الحكومية التي تتلقى إعانات أجنبية كلها على الموجة نفسها بما يتعلق بمطالبها. ليس هنالك أدنى فرق؟

بعد أن تمّ توصيفها منظّماتٍ غير مرغوبٍ فيها، تم حظر المنظمات الأميركية لـ"تصدير" الديمقراطية في دول معينة مثل روسيا التي حظرت الوكالة الأميركية للتنمية الدولية (USAID) بسبب "تدخّلها في الحياة السياسية الروسية". توسّعت قائمة المنظّمات غير الحكومية "غير المرغوب فيها" في روسيا وهي تضم حالياّ NED و NDI و IRI و Freedom House و Open Society of Soros

في أميركا الجنوبية، وقّعت دول منظمة الألبا) التحالف البوليفاري لشعوب أميركا (ALBA - قراراً في عام 2012 يدعو إلى الطرد الفوري للوكالة الأميركية للتنمية الدولية (USAID) من الدول الأعضاء في التحالف (بوليفيا، كوبا، الإكوادور، دومينيكان، نيكاراغوا وفنزويلا).

من ناحيةٍ أخرى، سنّت بعض دول البريكس (البرازيل وروسيا والهند والصين وجنوب إفريقيا) القوانين التي تحظر تلك المنظمات أو تعزّز الرقابة عليها في أراضيها.

منذ عام 2014، طُلبت السلطات المصرية من المنظمات غير الحكومية العاملة في مصر التسجيل لدى السلطات المختصة، تحت طائلة المخاطرة بمصادرة ممتلكاتها أو الملاحقة القانونية. بالإضافة إلى ذلك، يجب على السلطات الموافقة على أيّ تمويلٍ من الخارج.

من بين الدول العربية الأخرى، أغلقت الإمارات العربية المتحدة مكاتب العديد من المنظّمات غير الحكومية الأجنبية في عام 2012، بما في ذلك المعهد الديمقراطي الوطني. من جانبه، طالب النائب الأردني زكريا الشيخ، في يناير 2016، مجلس النواب الأردني بإنهاء أنشطة ذات المنظمة، لأنها "تشكّل خطراً على الأمن القومي".

يجب أن نعلم أنّ مثل هذه الأنشطة على الأراضي الأميركية تخضع لقانون تسجيل الوكلاء الأجانب وهو قانون أميركي ينص على ضرورة تسجيل جماعات الضغط التي تمثل مصالح سياسية أو اقتصادية أجنبية.

أخيراً، يجب ألاّ نصدّق مطلقاً أنّ المنظّمات غير الحكومية الأميركية هي الوحيدة النشطة على الأراضي الجزائرية. هنالك منظّمات أخرى، أوروبية، متواجدة بشكلٍ كبير.

هل يجب سنّ القوانين إذن للإشراف على هذه المنظّمات غير الحكومية أو مراقبتها أو حتى حظر التمويل الأجنبي لها في الجزائر؟ هذه بالتأكيد مسألة يجب معالجتها بجدية في المستقبل القريب.

 

Le tragique décès de Kamel Eddine Fekhar a suscité beaucoup d'émoi et a fait couler beaucoup d'encre.

De nombreux articles ont été consacrés à ce triste événement et de multiples pancartes à son effigie ont été brandies lors des dernières manifestations.

Mais ce qui attire l'attention, c'est cette déclaration conjointe publiée sur le site de la Fédération Internationale des Droits de l'Homme (FIDH):


Déclaration conjointe

Bruxelles, 31 mai 2019

EuroMed Droits, Front Line Defenders, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) dans le cadre de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH), SOS DisparusCFDA (Collectif des familles de disparus en Algérie), le Syndicat National Autonome des Personnels de l’Administration Publique (SNAPAP) et le Rassemblement Action Jeunesse (RAJ) condamnent de la manière la plus ferme les mauvais traitements infligés à Kamel Eddine Fekhar lors de sa détention arbitraire, qui ont entraîné son décès le 28 mai 2019 à l’hôpital Frantz Fanon de Blida. C’est un fait d’une gravité extrême qui témoigne des conséquences de la répression de la liberté d’expression, de l’instrumentalisation de la justice, et du mépris de la vie humaine. Nos organisations présentent leurs plus sincères condoléances à sa famille. […]

Source

 

En effet, tous les organismes algériens (sans exception) qui sont mentionnés dans cette déclaration, sont ou ont été en relation avec la principale organisation étasunienne en charge de  l'exportation de la démocratie: la NED (National Endowment for Democracy)[1] .


Cliquez sur les hyperliens pour consulter les documents

Organismes Relation avec la NED
LADDH

Financement:


Année

Montant ($)

2002

20 000

2004

N/A

2005

20 000

2006

40 000

2010

37 000


CFDA

Financement:


Année

Montant ($)

2003 40 000

2005

40 000

2006

43 500

2007

46 200

2009 38 200

2010

40 000

2011 40 000
2012 à 2017 ?
2018


30 000 [2]


SOS Disparus

Organisme financé à travers:

RAJ


Financement:


Année

Montant ($)

2011

25 000



Autre relation:

Lire cet article

SNAPAP

Relation avec le Solidarity Center

(un des 4 satellites de la NED)[5]

Lettres de Kathy Feingold,

directrice du Département International

 

Autre précision: en 2011, tous ces organismes ont été membres de la CNCD (Coordination nationale pour le changement et la démocratie) qui avait pour objectif de "printaniser" l'Algérie.

Simple coïncidence?

 



Références

[1], [3] et [5] Pour plus de détails, consultez cette référence.

[2] et [4] À travers le financement de la FEMED (Fédération Euro-Méditerranéenne Contre les Disparitions Forcées).

 


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الجزائر - دعا الأستاذ الجامعي والمحلل السياسي الجزائري، أحمد بن سعادة، إلى التأطير القانوني للتمويل الخارجي للمنظمات غير الحكومية في اتجاه منعه،  خاصة تمويل تلك المشاركة في مظاهرات بالجزائر.

وتساءل الدكتور بن سعادة وهو أيضا باحث في الحركات الشعبية في حوار مع وأج "ألا يحب سن قوانين من أجل التأطير و المراقبة بل و منع التمويل الأجنبي للمنظمات غير الحكومية في الجزائر"، معتبرا في هذا الصدد أن "الأمر يتعلق بالتأكيد بجانب لا بد من تناوله بجدية في القريب العاجل".

وأشار إلى أن "الكثير من المنظمات غير حكومية المحلية التي تمولها هيئات أمريكية كان لها بروز جلي خلال المظاهرات سواء في 2011 أو خلال الحراك الشعبي في 2019-2020"، موضحا أن حقل نشاط هذه المنظمات يشمل لاسيما "حقوق الإنسان والشباب وعائلات المفقودين..الخ".

ولفت الانتباه الدكتور بن سعادة صاحب عدة مؤلفات ومقالات نشرت في مختلف الجرائد والمواقع الإلكترونية، أن "هؤلاء الناشطون يتموقعون خلال المسيرات الشعبية في الصفوف الأمامية ويعملون على توجيها وفقا للأجندات المعدة في الخارج".

ويضيف في هذا السياق أنه "من الغريب أن تكون المنظمات غير الحكومية التي تتلقى إعانات أجنبية تتقاسم نفس المطالب تماما"، متسائلا إذا "لم يكن الأمر يتعلق بنفس النوتة للجميع".

وفي معرض تفصيله لسير هذه المنظمات، أوضح الدكتور بن سعادة، أنه "يتم اختيار ناشطين محليين سواء كانوا منطويين أم لا تحت لواء منظمات غير حكومية محلية، بل وتمويلهم وتكوينهم و+إدراجهم ضمن شبكات+ على مستوى منطقة انتمائهم مثل منطقة الشرق الأوسط وشمال إفريقيا بالنسبة للبلدان العربية".

كما أشار إلى أن استعمال هذه الكيانات أثبت نجاعة مفهوم "القوة الناعمة" الأمريكية في "الثورات الملونة" (صربيا وجورجيا وأوكرانيا) وكذا خلال "الربيع العربي" في تونس ومصر وليبا وسوريا واليمن مستشهدا في هذا السياق بشخصيات برزت في الحركات الشعبية في هذه البلدان.


== منظمات غير حكومية ممنوعة في العديد من البلدان ==


وأبرز الأستاذ بن سعادة أن العديد من المنظمات غير الحكومية التي تعتبر منظمات غير مرغوب فيها قد تم منعها في بعض البلدان على غرار روسيا التي منعت تواجد الوكالة الأمريكية للتنمية الدولية على أراضيها بسبب "التدخل" في الشؤون السياسية الداخلية.

كما ذكر أنه في أمريكا اللاتينية، وقعت دول الألبا (التحالف البوليفاري لشعوب أمريكا اللاتينية) على لائحة  في 2012 لطرد الوكالة الأمريكية للتنمية الدولية على الفور من الدول الأعضاء في التحالف (بوليفيا، كوبا، الإكوادور، الدومينيكان، نيكاراغوا، فنزويلا).

ومن جهة أخرى، تعززت دول البريكس (البرازيل وروسيا والهند والصين وجنوب إفريقيا) بقوانين تمنع المنظمات غير الحكومية على أراضيها أو تشدد مراقبتها.

ومنذ 2014، أصبح لزاما على المنظمات غير الحكومية الناشطة في مصر مثلا أن تسجل نفسها لدى السلطات وإلا فإنها تتعرض لمصادرة أملاكها أو لمتابعات قضائية.

كما يتعين على السلطات، يضيف الباحث، الموافقة على كل تمويل مصدره خارجي.

كما قامت الإمارات العربية المتحدة سنة 2012 بغلق مكاتب عدة منظمات غير حكومية أجنبية.

وبعد الإشارة إلى أن هذه المنظمات قديمة جدا، ذكر الباحث الجامعي بان الكيانات المسماة منظمات غير حكومية عرفت بروزا واسعا خلال ثمانينات و تسعينات القرن الماضي وتنوعت مجالات تدخلها ما بين استعجال إنساني و تغذية وحقوق الانسان و بيئة.

وأشار في ذات السياق إلى المناضلة آنا مينسكي التي اعتبرت ان "انتشار المنظمات غير الحكومية ببلدان الجنوب في التسعينات مرتبط  لا محالة بضعف القدرات الحكومية على توفير خدمات عمومية نتيجة السياسات الليبرالية الجديدة التي فرضت نفسها في سياق رأسمالية شمولية ومفرطة التمويل".


 

واعتبر أنه بسبب سياسات التقشف و تخفيض النفقات العمومية لجأت الحكومات الى المنظمات غير الحكومية لتوفير خدمات بأدنى تكاليف، موضحا انها في الماضي كانت تضمن تلك الخدمات في قطاعات الصحة و التربية و الثقافة ...الخ.

واستنادا للكاتبة الهندية أرونداتي روي، أوضح ان هذه المنظمات شحيحة في التوزيع ، في شكل مساعدات او اعمال تطوعية، كل ما يفترض أن يكون حقا للناس مما يدفع بعض الخبراء لوصف المنظمات غير الحكومية "بحصان طروادة للنيوليبرالية".

وأضاف بالقول انه مع نهاية الحرب الباردة تم استخدام المنظمات غير الحكومية لأغراض اخرى وهي "دمقرطة" دول الشرق التي كانت تابعة الاتحاد السوفياتي بغية اخراجها من تأثير روسيا. و تحقيقا لهذه الغاية، اكد انه تم نشر ترسانات من المنظمات المكلفة بهذه المهمة.

وأبرز صاحب التحقيق حول الثورات العربية "آرابيسك الأمريكية" ضرورة الاستجابة لبعض المعايير للحصول على تسمية منظمة غير حكومية منها "اصل دستورها الخاص والهدف غير الربحي لعملها و استقلاليتها المالية و السياسية و مفهوم الصالح العام لمهمتها".

وخلص إلى القول أن عدد كبير من المنظمات غير الحكومية المعروفة لا تتوفر فيها هذه الشروط بتاتا كما ان مصادر تمويلها غير المراقب معظمها من الخارج.

 

المصدر

Ahmed Bensaada 2 maggio 2019

Traduzzione: Nicola Quatrano - OSSIN -

Le rivolte di strada della sedicente «primavera» araba hanno fatto dell’ “andatevene” il principio ultimo della rivolta stessa. In Algeria si è raggiunto lo stadio estremo del dogma assoluto con il «yetnahaw gaa» (andatevene tutti), scandito a voce spiegata o scritto a caratteri cubitali sui cartelli

 

« Yetnahaw gaa » (ils dégagent tous)


 

Questo invito a sgombrare era soprattutto indirizzato agli odiati simboli del potere, vale a dire ai politici disonesti e ai loro ricchi compari, la cui ricchezza si misura solo in termini di corruzione e di depravazione.
Per ragioni di sicurezza pubblica, tuttavia, anche un’altra categoria dovrebbe sgombrare il campo, quasi alla stessa velocità delle due precedenti: quella degli pseudo-analisti politici.
Diverse specie tassonomiche compongono la fauna di questi falsari dell’informazione. Ci sono quelli che hanno allegramente collaborato col governo e che rivendicano, tardivamente, una verginità da tempo perduta. Ci sono quelli che, impregnati di un neocolonialismo «genetico», vorrebbero vedere gli Statunitensi sbarcare a Arzew o i Francesi a Sidi-Fredj. Ci sono quelli che hanno provato un fremito di piacere agli esordi di una «primavera» mortifera e hanno applaudito gli attacchi della NATO contro la Libia e che, adesso, versano lacrime di coccodrillo sulle sanguinose ferite dei paesi arabi colpiti. Ci sono quelli che usano e abusano della menzogna per omissione e che gettano fango pregiudizialmente su qualsiasi ragionamento che metta in dubbio le loro affermazioni sbagliate e interessate.
Questa lista è certamente non esaustiva, tanto è vario il bestiario degli pseudo-analisti, ma consente comunque di dare un’idea onesta di una categoria disonesta.
Come esempio concreto e pedagogico, citiamo il caso di Hocine Belalloufi. In un’intervista al giornale L’Expression [1], ha liquidato la mia analisi sulla primaverizzazione dell’Algeria. In realtà, piuttosto che criticare in termini seri il mio recente articolo [2] come impone l’etica giornalistica, l’ha unilateralmente bandita dal dibattito nazionale in corso, dichiarando in modo roboante: «Questi testi finiranno per dimostrarsi di una patetica povertà».
Questa sentenza pomposa si accompagnava a qualche argomentazione?
Per niente! Poggia solo sulla sua fama di «guru» della sinistra algerina, che egli considera più che sufficiente!
«Andate, circolate, non c’è più niente da dire: Belalloufi ha parlato!»
Ma come si può pretendere di non conoscere i nuovi metodi di destabilizzazione dei paesi, quando ci sono stati così tanti esempi recenti?
Serve forse solo a gettare fango su tutto quanto non gli conviene o mette in discussione i suoi «amici» e «protetti»?
Se così fosse, potremmo suggergli di discuterne coi suoi amici, partner e collaboratori del RAJ (Rassemblement Actions Jeunesse). Come ho scritto nel mio articolo, questi ultimi hanno ricevuto sussidi dalla NED (National Endowment for Democracy), la vetrina pubblica della CIA [3].

 

 

 

Logo della radio RAJ (Nota il pugno vigoroso che tiene le onde: non lo abbiamo visto altrove?)

Potrebbe forse anche rivolgere qualche domanda al presidente del RAJ, Fersaoui Abdelouahab, che incontra spesso quando partecipano alle stesse conferenze?


 

Hocine Belalloufi e Abdelouahab Fersaoui a Radio RAJ


Una domanda a caso: «Che cosa faceva a Dakar, nel maggio 2018? ».
Per i lettori, ecco la risposta.
Dal 6 al 9 maggio 2018, si è tenuta all’hotel King Fahd Palace di Dakar (Senegal) la Nona Assemblea mondiale del Movimento Mondiale per la democrazia (World Movement for Democracy, WMD). Il tema di questo evento era «Costruire partenariati strategici per il rinnovamento democratico».
Nel comunicato stampa pubblicato sul sito del WMD, si legge: «Il Movimento mondiale è stato fondato nel 1999 per "rafforzare la democrazia dove è debole, riformarla e rinvigorirla anche se esiste da tempo, e rafforzare i gruppi pro-democrazia nei paesi che non hanno ancora avviato un processo di transizione democratica ". […] Il Movimento Mondiale è guidato da un illustre comitato direttivo internazionale; il National Endowment for Democracy (NED), con sede a Washington, svolge funzioni di segretariato». [4]
Il comitato conta tra i suoi membri (molto) illustri niente di meno che Carl Gershman eBasma Kodmani. Per chi non lo sapesse ancora, il primo è presidente della NED mentre la seconda è la co-fondatrice del Consiglio nazionale siriano (CNS), organizzazione che ha dato il via alla distruzione della Siria.
Oltre a Carl Gershman, tra i partecipanti alla questa grande messa senegalese della democrazia statunitense figurano i nomi di illustri personaggi: Stephen McInerney, direttore esecutivo del Project on Middle East Democracy  (POMED), Kenneth Wollack [5], presidente del National Democratic Institute (NDI), Scott Mastic, vice-presidente per i programmi dell’International Republican Institute (IRI), Andrew Wilson, direttore esecutivo del Center for International Private Enterprise (CIPE) eShawna Bader-Blau, direttrice esecutiva del Solidarity Center.
Ricordiamo che il NDI, l’IRI, il CIPE e il Solidarity Center sono le quattro organizzazioni satelliti della NED [6].
Come dice il suo sito Internet, POMED è «un’organizzazione non di parte e senza scopo di lucro la cui mission è l’analisi di come possano svilupparsi vere democrazie in Medio oriente e i modi in cui gli Stati Uniti possano meglio sostenere questo processo» [7]. In realtà è facile verificare che il POMED lavora di concerto con Freedom House [8] ed è sostenuto finanziariamente dall’Open Society Institute (OSI) di George Soros[9] e la NED [10]. Per tentare di «chiarire» il ruolo avuto da POMED nella «primavera» araba, il suo direttore esecutivo, Stephen McInerney, ha dichiarato al New York Times: «Noi non li finanziamo perché comincino le proteste, ma li abbiamo aiutati a sviluppare le loro competenze e a ristrutturarsi». Aggiungendo: «Questa formazione ha giocato un ruolo in quel che alla fine è successo, ma era la loro rivoluzione. Non l’abbiamo fatta noi» [11]. Il signor McInerney è una delle rare persone che si occupano di «esportazione» della democrazia che ne parla in termini così chiari.

 

 

Carl Gershman allla "Serata in Dakar" a margine del 9 ° Incontro Mondiale delle ADM (Dakar, maggio 2018)


Da notare che questi alti responsabili statunitensi non sono venuti da soli a Dakar, ma erano accompagnati da imponenti delegazioni.
Oltre a tale prestigioso panel di «big boss» che valgono milioni di dollari per il finanziamento della «esportazione della democrazia» in tutto il mondo e, soprattutto, nella regione MENA (Middle East and North Africa), colpisce l’attenzione la presenza di celebri attivisti.
Quindi tra i partecipanti figurano i nomi di Radwan Ziadeh, membro influente del Consiglio Nazionale Siriano (CNS), dell’attivista giordano Oraib Al-Rantawi, direttore generale dell’ONG Al Quds Center for Political Studies (Centro Al Quds per gli studi politici) e di Amine Ghali, direttore del Kawakibi Democracy Transition Center (Centro Kawakibi per la transizione democratica - KADEM).
Radwan Ziadeh è un attivista siriano assai prolifico, il cui CV rivela i suoi tanti rapporti con l’amministrazione statunitense [12]. E’ apparso sulla scena mediatica quale membro influente del Consiglio Nazionale Siriano (CNS). Nel 2005, aveva fondato a Damasco il «Damascus Center for Human Rights Studies» (DCHRS), un centro che, secondo Jeffrey Blankfort, ha stretti legami con la NED che lo usava come «copertura per le sue attività» in Siria [13]. Tra le sue innumerevoli attività, Ziadeh è stato membro emerito dell’ « US Institute of Peace », un think tank finanziato dal governo USA [14].

 

 

Hillary Clinton e Radwan Ziadeh

Oraib Al-Rantawi, il cui centro è finanziato dal NDI [15], dichiarò – durante la «primavera» araba -, di essersi recato due volte in Yemen per dare una mano ai dissidenti yemeniti. Secondo lui «tutto questo impegno, da parte di organizzazioni locali e internazionali, ha aperto la strada a quel che accade oggi. Questi giovani non vengono dal nulla per fare una rivoluzione».


 

Anna Kompanek (Direttore dei programmi al CIPE) e Oraib Al-Rantawi

 

Amine Ghali è un attivista tunisino della prima ora che lavora per KADEM dal 2008. Notiamo, en passant, che KADEM è un centro finanziato dal programma POMED. Come detto prima, POMED riceve sovvenzioni dall’OSI di G. Soros, oltre che dalla NED, e lavora di concerto con Freedom House. E’ d’altronde per Freedom House che Amine Ghali aveva lavorato in precedenza [16].

 

 

Amine Ghali invitata a una conferenza organizzata da POMED e New America Foundation (Washington, 29 giugno 2012)

E in mezzo a tutto questo bel mondo, tra pasticcini e discorsi solenni, troviamo l’unico rappresentante algerino: Abdelouahab Fersaoui.
E’ certo che la sua presenza non è solo dovuta al fatto che la Radio del RAJ aderisca al Movimento mondiale per la democrazia [17], proprio come l’ONG dell’attivista yemenita Tawakkol Karman « Women Journalists Without Chains » [18], anch’essa finanziata dalla NED [19].

 

 

 

Tawakkol Karman e Hillary Clinton

Ma su questi dettagli, e altri probabilmente più gustosi, attendiamo la risposta del signor Belalloufi. Magari in una trasmissione sulle onde di Radio RAJ?


Riferimenti

[1] Kamel Lakhdar-Chaouche, « L'Occident préfère un régime soumis à ses intérêts», L’Expression, 17 aprile 2019,

[2] Ahmed Bensaada, «Otto anni dopo: la «primaverizzazione» dell’Algeria», www.ossin.org, 19 aprile 2019,

[3] Vedi riferimento 2

[4] World Movement for Democracy, « Press Release: Ninth Global Assembly », 23 marzo 2018,

[5] Kenneth Wollack è andato in pensione dal NDI nel giugno 2018

[6] Per maggiori dettagli, vedi riferimento 2

[7] POMED, http://pomed.org/

[8] Atlantic Council, « Negotiating Libya’s Constitution », 22 gennaio 2014,

[9] Carnegie Endowment for International Peace, « Egypt’s Upcoming Elections : Boycotts, Campaigns, and Monitors », 19 ottobre 2010,

[10] NED, « 2009 Annual report : Egypt »,

[11] Ron Nixon, « U.S. Groups Helped Nurture Arab Uprisings », New York Times, 14 aprile 2011,

[12] Arbeitsgemeinschaft Israel an der Johannes Gutenberg-Universität Main, « Dr. Radwan Ziadeh »,

[13] Jeffrey Blankfort, Registrazione audio (a partire dal minuto 3), « Takes on the World », Radio4all, 12 febbraio 2012

[14] Charlie Skelton, « The Syrian opposition: who's doing the talking? », The Guardian, 12 luglio 2012,

[15] Charles J. Hanley, « US training quietly nurtured young Arab democrats », Washington Post, 13 marzo 2011,

[16] MENA Regional Facilitators Forum, « Amine Ghali »,http://www.menaff.org/team/amine-ghali/

[17] World Movement for Democracy, « Radio RAJ »,https://www.movedemocracy.org/participant/radio-raj-algeria/radio-raj

[18] World Movement for Democracy, « Women Journalists Without Chains »,https://www.movedemocracy.org/networking/directory

[19] Ahmed Bensaada, « « Mais qui est donc Tawakkol Karman, la première femme arabe nobélisée? », Le Quotidien d’Oran, 13 ottobre 2011,

 


Version arabe de l'article

Version originale française



ALGER -  L'universitaire et analyste politique algérien, Ahmed Bensaada a plaidé pour un encadrement juridique du financement étrangers des Organisation non gouvernementales (ONG), allant dans le sens de son interdiction, notamment le financement de celles impliquées dans les manifestations en Algérie.

Le docteur  Bensaada, qui est également chercheur dans le domaine des mouvements populaires, s’est ainsi interrogé, dans un entretien accordé à l'APS, "s’il faut légiférer pour encadrer, contrôler voire interdire le financement étranger des ONG en Algérie", estimant à cet effet qu’il s’agit "certainement d’un point sur lequel il est impératif de se pencher sérieusement dans un avenir très proche".

"En Algérie, plusieurs ONG locales financées par les organismes américains ont été très visibles lors des manifestations, aussi bien en 2011 que lors du Hirak, en 2019-2020", a-t-il fait observer, précisant que le champ d'activité de ces ONG englobe "les droits de l'Homme, la jeunesse, les familles des disparus...etc"

"Lors des protestations populaires, ces activistes se mettent aux premières loges des manifestations et tentent de les diriger selon des agendas concoctés à l’étranger", a encore fait savoir le docteur Bensaada, auteur de plusieurs publications et articles dans différents périodiques et sites électroniques.

"Il est quand même curieux de constater que les ONG qui reçoivent des subsides étrangers sont toutes sur la même longueur d’ondes concernant leurs revendications", a-t-il encore noté, s’interrogeant aussi si "ce n’est pas un seul petit bémol".

Expliquant le fonctionnement des ces ONG, docteur Bensaada a indiqué que "des activistes locaux, regroupés ou non dans des ONG locales sont choisis, financés, formés et ‘réseautés’ dans leur région d’appartenance comme la région MENA pour les pays arabes".

En outre, il a fait savoir que l’utilisation de ces organismes a prouvé l’efficacité du "soft power" américain dans les "Révolutions colorées" (Serbie, Géorgie ou Ukraine) et lors du "Printemps arabe" en Tunisie, Egypte, Libye, Syrie et Yémen, citant à ce sujet des figures ayant marqué les mouvements populaires dans ces pays.

 

Des ONG bannies dans plusieurs pays

 

Qualifiées  d’"Organisations Non Grata", ces ONG ont été bannies de certains pays comme la Russie qui a interdit USAID (United States Agency for International Development, ou Agence américaine pour le développement international) pour "ingérence" dans des affairs politiques intérieures, a-t-il notamment relevé.

Il a fait avoir également qu’en Amérique latine, les pays de l’ALBA (Alianza Bolivariana para los Pueblos de Nuestra América) ont signé une résolution (2012à pour l’expulsion immédiate de l’USAID des pays membres de l’Alliance (Bolivie, Cuba, Equateur, Dominique, Nicaragua et Venezuela).

D’autre part, certains pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) se sont dotés de lois interdisant ou renforçant le contrôle des ONG sur leurs sols.

Depuis 2014, les ONG travaillant en Egypte ont l’obligation de s'enregistrer auprès des autorités sans quoi, elles risquent la saisie de leurs biens ou des poursuites judiciaires. En outre, les autorités doivent également approuver tout financement venant de l’étranger, a-t-il souligné.

Les Emirats arabes unis (EAU) ont également procédé, en 2012, à la fermeture des bureaux de plusieurs ONG étrangères.

Relevant que ces Organisations sont beaucoup plus anciennes, il a rappelé que les entités regroupées sous le vocable d’ONG ont connu un essor fulgurant dans les années 80 et 90 du siècle dernier et leurs domaines d’intervention se sont diversifiés, à savoir l’urgence humanitaire, l’alimentation, les droits de l’Homme ou l’environnement.


Dans ce sillage, il a cité la militante Ana Minski selon laquelle "la prolifération des ONG au Sud, dans les années 1990, est indubitablement liée à l’affaiblissement des capacités gouvernementales à fournir des services publics, résultat des politiques néolibérales qui se sont imposées dans le contexte d’un capitalisme mondialisé et fortement financiarisé".

Pour lui, à cause des politiques d’austérité et de réduction des dépenses publiques, les gouvernements se sont tournés vers les ONG pour fournir des services à bas prix, précisant que par le passé, ils assuraient ces services dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de la culture, etc.

Se référant aux propos de l’écrivaine indienne Arundhati Roy, il a encore expliqué que ces ONG distribuent au compte-gouttes, sous forme d’aide ou de bénévolat, ce à quoi les gens devraient normalement avoir droit, ce qui amène certains spécialistes à qualifier les ONG de "cheval de Troie du néolibéralisme".

Il a ajouté qu’avec la fin de la Guerre froide, les ONG ont été utilisées à d’autres desseins, à savoir la "démocratisation" des pays de l’Est qui était dans le giron soviétique, afin de les extraire de l’influence russe.

Dans cet objectif, il a fait savoir qu'un arsenal d’organismes spécialement dédiés à cette tâche a été déployé.

L'auteur de l'enquête sur les "révoltes rabes", intitulée "Arabesque américaine" a également suggéré la satisfaction de certains critères pour mériter l'appellation d'ONG, dont "l'origine privée de sa constitution, le but non lucratif de son action, son indépendance financière, son indépendance politique et la notion d'intérêt public de sa mission".

Dans le cas d'un nombre important d'ONG ayant pignon sur rue, ces conditions ne sont jamais réunies et les financements non-contrôlés sont souvent d'origine étrangère, a-t-il conclu.

 

Source

APS

Dans un article dithyrambique publié le 2 mai dernier dans les colonnes de l’Humanité, la journaliste Rosa Moussaoui a encensé certains caricaturistes algériens, les plus en vue dans l’effervescence « révolutionnaire » du moment.  « Crayon au poing, ils brisent tous les tabous, franchissent toutes les lignes rouges », nous dit-elle[1].

Et elle ne pouvait si bien dire. Ils en ont franchi des lignes rouges, mais pas uniquement celles auxquelles elle fait référence dans son panégyrique.

 


Situons tout d’abord le personnage de l’auteure de l’article. Rosa Moussaoui est reporter (souvent affublée de l’épithète « grand ») à l’Humanité. Très active depuis le début du mouvement de contestation, elle suit de sa prose les évènements politiques qui animent la scène politique algérienne. Prose qui trahit parfois un alignement idéologique tendancieux comme on peut s’en rendre compte à la lecture de ce titre : « En Kabylie, un peuple debout pour ressusciter le pays »[2]. D’ailleurs, n’avait-elle pas affiché son soutien au MAK (Mouvement pour l'Autonomie de la Kabylie) lors de la polémique entourant la participation de ce mouvement à la fête de l’Humanité en 2017[3]?

La « grand » reporter nous présente donc trois caricaturistes algériens qui, précise-t-elle, « tiennent la chronique d’une joyeuse révolution ». Il s’agit de Ali Dilem, Hicham Baba Ahmed, alias Le Hic, et Ghilas Aïnouche.

 

Ali Dilem Le Hic Ghilas Aïnouche


Moussaoui et ces trois dessinateurs ont un trait commun : celui de parler au nom du « peuple », tout en galvaudant ce noble concept.

Voici trois caricatures qui illustrent ce propos :

 

Ali Dilem
Le Hic
Ghilas Aïnouche

 

Premièrement, ils utilisent la notion de « peuple » comme s’il s’agissait d’un bloc monolithique, sphérique, uniforme et lisse.

Ensuite, ils se donnent la liberté de parler au nom de ce « peuple », comme s’ils en étaient les porte-paroles officiels, mandatés par je ne sais quelle institution fictive.

Finalement, ils utilisent la voix de ce « peuple » pour faire passer leurs idées personnelles ou l’idéologie de leur groupe d’appartenance.

Cette légèreté, voire frivolité, avec laquelle ces caricaturistes s’approprient la voix d’une nation soulèvent de nombreuses questions importantes concernant le hirak.

Qui compte le nombre de manifestants? Qui recense les messages scandés ou écrits sur les banderoles ou pancartes? À partir de quel nombre de slogans le message devient celui du peuple? Est-ce qu’un slogan prononcé le vendredi équivaut à celui scandé un autre jour de la semaine? Est-ce qu’un slogan véhiculé par les médias sociaux équivaut à celui porté à bout de bras dans la rue? Est-ce que le message d’une pancarte bien visible sur les escaliers de la Grande Poste à Alger est équivalent à un autre exhibé dans une petite ville de province?  Lorsque certaines chaînes de télévision affirment que le « peuple » veut ceci ou cela, sur quel travail scientifique se sont-elles basées?

Il est clair qu’au début du soulèvement populaire, il n’y avait aucune d’ambiguïté sur la demande du peuple : « Pas de 5e mandat ». L’adhésion de la population était unanime car la demande était simple, compréhensible et juste.

Mais à mesure que l’inflation des demandes a progressé, les réponses se sont multipliées et l’unicité des voies de sortie de crise a disparu.

Prenons pour exemple la position actuelle des citoyens vis-à-vis de l’institution militaire : la scission du hirak sur ce point est bien consommée. On n’est plus sur la longueur d’onde de l’unanimisme initial : « Djeich Chaab Khawa Khawa » (Armée Peuple Frères, Frères).

Que veut alors dire la notion de « peuple » à ce moment? Un groupe qui a un accès facile aux médias? Un groupe qui arrive à mobiliser plus de personnes sur le terrain? Un groupe qui produit plus de décibels dans les manifestations? Un groupe plus organisé et mieux formé pour véhiculer son idéologie? Un groupe qui a plus de moyens financiers?

Et ces questions se posent aussi pour les caricaturistes qui doivent, par honnêteté intellectuelle et éthique journalistique refléter le débat tel qu’il est vécu par les citoyens.

Pour bien comprendre l’orientation idéologique de ces caricaturistes qui parlent au nom d’un « certain peuple », il est essentiel et judicieux de nous intéresser à chacun d’eux.


Ali Dilem

Le plus influent d’entre eux est très certainement Ali Dilem. J’en veux pour preuve le nombre de câbles Wikileaks américains qui citent son nom : pas moins de dix!

Dans le câble 08ALGIERS504_a (daté du 5 mai 2008), on peut voir à quel point il est apprécié par les diplomates américains en poste à Alger : « Dans le cas de Liberté, la plupart des lecteurs aujourd'hui ne regarde pas la une du journal en premier, mais la dernière page pour savourer la caricature quotidienne de Dilem qui est souvent une critique caustique du gouvernement ».

Mais cette remarque ne relève pas uniquement de l’admiration candide. Des contacts ont bien eu lieu entre le caricaturiste et les fonctionnaires de l’ambassade américaine comme clairement mentionné dans le câble 09ALGIERS370_a (daté du 13 avril 2009) : « Le caricaturiste politique Ali Dilem nous a dit que les bureaux de vote qu’il a visité avec un journaliste français étaient presque vides. Dans un cas, il a rencontré un chômeur qui a déclaré qu'il votait parce qu'on lui avait demandé de présenter sa carte d'électeur afin d'obtenir un passeport ».

Un caricaturiste algérien qui « dit » des choses aux diplomates américains en poste à Alger durant des élections présidentielles algériennes? Comment peut-on appeler cela? Je vous laisse le soin d’y répondre.

Dilem fait partie de « Cartooning For Peace » (CFP - Caricature pour la paix), organisme qui se définit comme « un réseau international de dessinateurs de presse engagés qui combattent, avec humour, pour le respect des cultures et des libertés ». C’est sans doute pour cette raison qu’on l’a vu officier sur TV5 aux côtés de deux autres caricaturistes pour la paix : le Français Plantu (fondateur de CFP) et l’Israélien Kichka.

 

Plantu, Dilem, Nadia Khiari (alias Willis From Tunis) et Kichka: quatre membres de “Cartooning For Peace” au 66e Festival de Cannes.


C’est aussi dans ce cadre que Dilem s’est rendu en Israël avec ses deux compagnons de TV5. Dans la vidéo immortalisant la visite[4] on le voit rire à éclats devant un dessin de l’israélien Shay Charka (membre de CFP) véhiculant des stéréotypes négatifs et tendancieux sur les Palestiniens (voir ci-après). Précisons que Charka est un caricaturiste sioniste faisant partie d’une « armée » de dessinateurs israéliens qui luttent contre la campagne internationale BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions)[5].

 

-Papa, peux-tu fabriquer une fusée qui peut aller sur la lune?

-Y a-t-il des Israéliens sur la lune ?! Alors pourquoi? Pense de manière productive!


Ensuite, arrivé devant le mur des lamentations, il fait une déclaration stupéfiante qu’il est important de reporter au complet tellement elle représente la quintessence de la propagande sioniste :

« Pour quelqu’un qui a grandi dans la haine de l’autre, la haine du juif, en fait la haine de ce qu’il ne connait pas, de ce qu’il a ignoré et dans l’acceptation de tout ce qu’on lui foutait dans le crâne… Ça donne pas envie ici d’être terroriste, ça donne pas envie de haïr l’autre, ça donne pas envie de, de…Ça donne envie d’aimer, de connaitre… ».

No comment!

 


Cliquez sur la photo pour visionner la vidéo

Vidéo de la visite


La vidéo se termine avec des notes mélodieuses de piano et une danse de notre illustre caricaturiste, bras dessus, bras dessous, avec un personnage portant une kippa qui doit connaitre et, surtout, aimer beaucoup de Palestiniens!

Une relation singulière relie nos caricaturistes à Charlie Hebdo comme nous allons le constater par la suite. À peine un mois après l’attentat contre ce journal satirique, Dilem a rejoint son équipe de dessinateurs. À la question : « Qu’aviez-vous pensé à l’époque de la publication par Charlie Hebdo des caricatures de Mahomet ? », il répondit : « Je savais qu’ils s’exposaient à des réactions. Je savais qu’on ne pouvait pas s’amuser avec l’image du Prophète aux yeux de certains. Mais en tant que professionnel de la caricature, je me disais aussi que c’était un sujet comme un autre, et qu’il ne fallait pas s’arrêter à ce qui est considéré comme sacré […][6].

Dilem a reçu de nombreuses distinctions soulignant la qualité de son travail, mais c’est la France qui l’a le plus gâté. En 2010, il a reçu les insignes de Chevalier des Arts et Lettres à l’ambassade de France à Alger, des mains de Noëlle Lenoir, ancienne ministre des Affaires européennes et en présence de l'ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt[7].

 

Noëlle Lenoir et Ali Dilem


Rappelons que l’Ordre des Arts et des Lettres (qui comprend trois grades) est une décoration honorifique française qui, gérée par le ministère de la Culture, récompense « les personnes qui se sont distinguées par leur création dans le domaine artistique ou littéraire ou par la contribution qu'elles ont apportée au rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde ».

En 2017, notre caricaturiste a été promu au rang d’Officier des Arts et des Lettres par la présidence de la République française.

 

Ambassade de France à Alger : Bernard Émié, ambassadeur, et Ali Dilem


Dans un livre qu’il a consacré à Ali Dilem, son ami Mustapha Benfodil cite Mohamed Benchico, présenté comme le maître à penser du caricaturiste: « Dilem a une âme de justicier. Il ne dessine pas pour passer le temps mais pour faire mal, pour écorcher les crapules et les puissants »[8] .

Avec ce qu’on vient de voir sur le trajet de Dilem, une question se pose : qui sont les crapules et qui sont les puissants?

 

Le Hic

La caricature du Hic qui figure au début de cet article pose de nombreux problèmes. En effet, en plus de discourir au nom du peuple comme mentionné précédemment, l’auteur fait preuve d’une totale ignorance en matière de géostratégie, de techniques de déstabilisation des pays ou de révolutions non-violentes. Pourtant, ce ne sont pas les exemples qui manquent depuis quelques décennies. Mais, vous allez me dire, on ne peut pas demander à un caricaturiste de faire rire et d’être versé dans les sciences demandant un peu de sérieux. À moins, bien sûr, d’exceller dans l’art de la dissimulation et dans la dextérité du mensonge par omission.

Le plus grave, cependant, dans ce dessin, c’est son indécence. Le « digitus impudicus » ou doigt d’honneur est un geste obscène. Avec cette caricature, Le Hic a non seulement usurpé l’identité du peuple, mais lui fait faire des gestes grossiers et orduriers qui ne concernent que sa personne!

Ce n’est certainement pour des dessins de ce genre que Le Hic fut « élevé », en 2016, au rang de Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres des mains de Bernard Émié, à la villa des Oliviers, résidence de l’ambassadeur de France à Alger[9].

 


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Vidéo de l'événement

 

 

Ambassade de France à Alger : Bernard Émié, ambassadeur, et Hicham Baba Ahmed (Alias Le Hic)

 

Notons, que tout comme Dilem, Le Hic est membre de « Cartooning For Peace ». Cependant, il n’a pas collaboré avec Charlie Hebdo, mais reconnait avoir rencontré et travaillé avec Charb et Wolinski[10], deux dessinateurs vedettes du magazine humoristique français, qui ont perdu la vie lors des attentats de janvier 2015.

Petite précision: Bernard Émié, l’ambassadeur qui a décoré Dilem et Le Hic, a été nommé en 2017 par le président Emmanuel Macron à la tête de la direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE), en remplacement d’un autre ancien ambassadeur de France en Algérie (2006-2008), M. Bernard Bajolet[11].

 

Ghilas Aïnouche

La palme de l’indécence, de l’impudeur et du mauvais goût revient sans aucun doute à Ghilas Aïnouche. Scatologie, obscénité, racisme, tout y passe! Comparé à ceux de Aïnouche, le dessin du Hic discuté auparavant passerait pour celui d’un enfant de chœur.

Il faut savoir qu’en humour, lorsque le talent fait défaut, on se focalise sur ce qui se trouve en dessous de la ceinture ou bien sur ce qui se passe dans les toilettes.

Lorsque la députée Naima Salhi, fidèle représentation de la décadence politique qu’a connue l’Algérie ces dernières années, a tenu des propos choquants sur les Kabyles et leur langue, une monumentale levée de boucliers s’en est suivie. Aïnouche, quant à lui, a choisi de réaliser plusieurs caricatures de la députée où les matières fécales sont à toutes les sauces! À donner la nausée!

 

Pour voir les caricatures scatologiques de Aïnouche

(à vos risques et périls!)


Sur ce sujet, Dilem s’est aussi laisser aller au dessin facile, mais comme produit biologique, il a préféré les crachats aux excréments.

 


Allons, « chevalier » ou plutôt « officier » des Arts (avec un A majuscule), un peu de retenue digne de votre rang! On peut exprimer notre mécontentement de manière plus civilisée! N’est-ce pas vous qui avez déclaré à votre ami Mustapha Belfodil : « Le danger pour nous, et je ne parle pas que pour la caricature, c’est que, à force de vouloir trop en faire, on en fait trop. Il faut que ce qui est irrespectueux, que ce qui est irrévérencieux, ne devienne pas vulgaire »[12]?

Et bien, nous y voilà : Dilem, Le Hic et Aïnouche se vautrent dans la vulgarité et ont l’air d’y prendre plaisir!

Non satisfait de ses trouvailles scatologiques, Aïnouche poursuit son périple dans les bas-fonds de la caricature en s’essayant à l’obscénité avec un dessin représentant un migrant africain dans le plus simple appareil, ne laissant aucun doute sur son anatomie masculine stéréotypée.

 

Pour voir les caricatures obscènes de Aïnouche

(à vos risques et périls!)


Cette obscénité n’est pas nouvelle dans le monde de la caricature algérienne. C’était une pratique usitée par le chroniqueur d’El Watan, Chawki Amari, qui fut, dans une autre vie, caricaturiste. Il avait raconté à Mustapha Belfodil, non sans une pointe de fierté, qu’il s’amusait à cacher des parties intimes masculines dans ses dessins. Pourquoi? Juste comme ça, pour le fun. Et d’ajouter : « Personne ne relevait ces petits détails, et le lendemain, je me marrais. J’étais vraiment un sale gosse »[13].

Dans le cas de Chawki Amari, il est intéressant de noter qu’il a été emprisonné, en 1996, pour une caricature jugée offensante pour l'emblème national [14]. Objet du délit? Le dessin représentait « deux passants qui regardent les drapeaux algériens déployés à l'occasion de l'anniversaire de l'indépendance. « C’est pour le 5 juillet? », demande l'un. « Non, ils étendent le linge sale », répond son compagnon »[15].

 

Pour voir la caricature délictueuse de Chawki Amari


Mais même en ce temps-là, l’ambassade américaine d’Alger n’était pas très loin des journaux et de leurs caricaturistes.

Des documents d’époque montrent que l’organisme américain Cartoonists Rights Network International (CRNI) avait dénoncé son emprisonnement, ce qui est en soi louable. En effet, selon son site, la mission du CRNI est de « défendre la liberté créative et les droits de l’Homme des caricaturistes éditoriaux menacés dans le monde entier »[16].

Mais le CNRI précise aussi que « pendant son séjour en prison, l’organisme a également envoyé de l'argent à Chawki pour l'aider à payer ses frais légaux »[17].

En regardant de plus près les sponsors de CRNI, on y trouve aussi bien la NED (National Endowment for Democracy) et l’Open Society Foundations du milliardaire américain, George Soros[18], des commanditaires étasuniens très impliqués dans l’« exportation de la démocratie »[19].

Dans une interview accordée au Washington Post, la question suivante a été posée au directeur exécutif du CRNI, Robert Russell : « Avez-vous déjà travaillé en collaboration avec le Département d'État, des ambassadeurs ou d'autres agences / départements américains pour atteindre vos objectifs dans le monde entier? [] ». Ce à quoi il répondit : « Nous sommes toujours prêts à travailler avec un ambassadeur ou même un bureau au Département d'État [] »[20].

D’ailleurs, après cette affaire, certains câbles Wikileaks ont révélé une proximité entre l’ambassade américaine à Alger et Chawki Amari, El Watan (où il travaille actuellement avec Le Hic) ainsi que son ancien directeur Omar Belhouchet[21].

Mais ça, c’est une histoire qui mériterait qu’on y consacre plus de temps.

Revenons à Ghilas Aïnouche. Certaines de ses caricatures dénotent une affinité non dissimulée avec le Mouvement pour l'Autodétermination de la Kabylie (MAK), affinité partagée avec Rosa Moussaoui qui a encensé le jeune caricaturiste dans son article.

 

Ferhat Mehenni : président du MAK

Abassi Madani : cofondateur du Front islamique du salut (FIS)


Cette sympathie pour la cause sécessioniste du MAK a été confirmée lors d’un voyage effectué par Aïnouche en 2017 aux États-Unis, invité par le Département d’État. Il y a défendu la liberté d’expression pour les militants du MAK « constamment harcelés et leurs passeports bloqués »[22].

Et le MAK le lui rend bien. Lorsque Aïnouche a été victime de violence policière lors d’une manifestation interdite, le président du MAK, Ferhat Mehenni, lui a personnellement téléphoné pour s’enquérir de sa santé et l’assurer de son soutien[23].

Il est indéniable qu’une des conséquences fâcheuses du hirak est la tension actuellement perceptible entre certains citoyens kabyles et le reste des Algériens. Le MAK, naguère imperceptible dans la vie politique du pays, a repris du poil de la bête avec ses idées toxiques. Ferhat Mehenni s’est même fait inviter à l’université de Tizi-Ouzou pour disserter, par vidéoconférence, rien de moins que du « combat kabyle face à l’Algérie »[24]. Jamais cette tension n’a été aussi exacerbée, très certainement instrumentalisée aux dépens de la cohésion de la nation algérienne. Le plan Yinon[25] pour l’Algérie serait-il activé via le MAK en cette période d’instabilité politique? Rappelons que, tout comme Dilem, Mehenni s’est rendu en Israël, s’y est entretenu avec des politiciens de haut rang de l’État hébreu et, dans une entrevue au Jérusalem Post, il n’a pas été avare de formules aplaventristes et provocatrices. Florilège : « Les Kabyles ont toujours eu de la sympathie pour Israël »; « Pendant la guerre de 1967, la Kabylie a applaudi à la défaite des Arabes »; « Les femmes kabyles ne portent pas de voile et les Kabyles vivant en France n'ont pas participé à la campagne de légalisation du voile dans les écoles »; « Liberté pour la Kabylie, éternité pour Israël »[26].

 



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Sur les médias sociaux, cette tension a généré une confrontation orageuse. Pourtant, le hirak n’était-il pas censé nous solidariser contre les politiciens véreux, les voleurs de la richesse de notre pays, les bradeurs de sa souveraineté et les liquidateurs de son unité?

La différenciation entre les Kabyles et le reste de la société algérienne a été poussée par Aïnouche à un niveau jamais atteint. Plus que du racisme, certaines caricatures sont la représentation d’un suprémacisme kabyle. Jugez-en.

 

 


Une question se pose là encore: avec quelle procuration, Aïnouche et Mehenni, se permettent-ils de parler au nom de tous les Kabyles?

Dilem s’est lui aussi essayé à la caricature raciste, ce qui lui a valu une volée de bois vert[27].

 


À l’instar de Dilem et Le Hic, Aïnouche a eu des contacts avec Charlie Hebdo et ses dessinateurs. Il a même été pigiste pour cet hebdomadaire. Dans une entrevue publiée après les attentats de Charlie Hebdo, il a déclaré : « Je ne vois pas comment l’on peut dire que Charlie Hebdo est islamophobe »[28].

Avec toutes ces frasques figurant sur son CV, parions que Aïnouche finira, comme ses ainés, par être invité à la villa des Oliviers pour une solennelle cérémonie où ses faits d’armes chevaleresques seront reconnus, récompensés et applaudis.

En guise de conclusion, mentionnons que toute caricature véhicule, à travers son écorce humoristique, des messages qui sont en phase avec l’orientation du caricaturiste ou du journal qui l’emploie. Il est impératif de retourner chaque caricature et d’en regarder le sceau sur le verso pour en connaitre le commanditaire, le destinataire, la base idéologique ou la vision politique. Ou pourra alors comprendre que la notion galvaudée de « peuple » figurant dans certaines caricatures n’est pas fortuite, bien au contraire.

En ces moments de soubresauts politiques et de tentative d’édification d’une nouvelle république algérienne, les caricaturistes devraient jouer l’apaisement au lieu de pousser à la confrontation.

Cette période nécessite un humour qui nous unit et non un humour qui nous divise, un humour qui construit des ponts et non un humour qui bâtit des murailles.

 


Références

  1. Rosa Moussaoui, « Rire des puissants pour les déboulonner » L’Humanité, 2 Mai 2019, https://www.humanite.fr/algerie-rire-des-puissants-pour-les-deboulonner-671661
  2. Rosa Moussaoui, « En Kabylie, un peuple debout pour ressusciter le pays » L’Humanité, 15 avril 2019, https://www.humanite.fr/algerie-en-kabylie-un-peuple-debout-pour-ressusciter-le-pays-670818
  3. Mohand Beloucif, « Notre mouvement est "pacifique et n’émarge pas aux extrêmes" », Le Matin d’Algérie, 1er novembre 2017, https://www.lematindalgerie.com/notre-mouvement-est-pacifique-et-nemarge-pas-aux-extremes
  4. Dailymotion, « Dilem, Kichka et Plantu à Jérusalem », https://www.dailymotion.com/video/xe9lzn
  5. The Times Of Israel, « Une armée de caricaturistes lutte contre le mouvement BDS », 13 juillet 2015, https://fr.timesofisrael.com/une-armee-de-caricaturistes-lutte-contre-le-mouvement-bds/
  6. Hassina Mechaï, Interview : « "Charlie Hebdo" - L'Afrique réagit - Dilem : "Ce n’est pas qu’un titre, c’est un esprit" », Le Point, 8 janvier 2015, https://www.lepoint.fr/culture/charlie-hebdo-l-afrique-reagit-dilem-ce-n-est-pas-qu-un-titre-c-est-un-esprit-08-01-2015-1894965_3.php
  7. Liberté, « Dilem : “Je suis fier d'être Algérien” - Il a été fait hier chevalier des arts et des lettres », 12 octobre 2010, https://www.djazairess.com/fr/liberte/144123
  8. Mustapha Benfodil, « Dilem Président », Editions INAS (Alger), 2008, p. 3
  9. Ambassade de France à Alger, « Décoration d’Ahmed Bedjaoui et Hicham Baba Ahmed », 16 mai 2016, https://dz.ambafrance.org/Decoration-d-Ahmed-Bedjaoui-et-Hicham-Baba-Ahmed
  10. Nejma Rondeleux. « Le Hic: "J'ai été triplement choqué: en tant qu'être humain, dessinateur et Algérien" », Huffington Post Maghreb, 8 janvier 2015, https://www.huffpostmaghreb.com/2015/01/08/le-hic-charlie-hebdo_n_6436212.html
  11. Amine Kadi, « Bernard Emié, de l’ambassade d’Alger à la DGSE », La Croix, 27 juin 2017, https://www.la-croix.com/Monde/Afrique/Bernard-Emie-lambassade-dAlger-DGSE-2017-06-27-1200858548
  12. Voir réf. 8, p. 7
  13. Ibid., p. 99
  14. José Garçon, « Crime de lèse-drapeau en Algérie - Pour un dessin « offensant », Alger maintient en prison le journaliste Chawki Amari », Libération, 13 juillet 1996, https://www.liberation.fr/planete/1996/07/13/crime-de-lese-drapeau-en-algeriepour-un-dessin-offensant-alger-maintient-en-prison-le-journaliste-ch_177216
  15. Ibid.
  16. Cartoonists Rights Network International, « Who we are – Our mission », https://cartoonistsrights.org/mission/
  17. Cartoonists Rights Network International, « Middle East/North Africa », http://archive.cartoonistsrights.org/cartoonists_rights_free_speech.php--id=33.html
  18. Cartoonists Rights Network International, « Foundation and corporate support », https://cartoonistsrights.org/category/cnri-gratefully-acknowledges-major-support-from/
  19. Pour plus de détails, lire : Ahmed Bensaada, « Huit ans après : la « printanisation » de l’Algérie », ahmedbensaada.com, 4 avril 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=475:2019-04-04-22-50-13&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119
  20. Michael Cavna, « Crowdfund of the week: Free-speech cartoonists vs. legal and mortal threats », Washington Post, 2 avril 2015, https://www.washingtonpost.com/news/comic-riffs/wp/2015/04/02/crowd-fund-of-the-week-free-speech-cartoonists-vs-legal-and-mortal-threats/?utm_term=.0eae6ab200c1
  21. Lire, par exemple, le câble 08ALGIERS388_a: https://wikileaks.org/plusd/cables/08ALGIERS388_a.html ou le câble 08ALGIERS521_a : https://wikileaks.org/plusd/cables/08ALGIERS521_a.html
  22. KDirect.info, « Invité par le Département d’Etat américain à Washington, le dessinateur Ghilas Aïnouche a parlé aussi du MAK », 7 novembre 2017, http://archive.wikiwix.com/cache/?url=https%3A%2F%2Fk-direct.info%2F2017%2F11%2F07%2Finvite-par-le-departement-detat-americain-a-washington-le-dessinateur-ghilas-ainouche-a-parle-aussi-du-mak-k-direct%2F
  23. Siwel, « Ghilas Aïnouche agressé : le Président de l’Anavad s’enquiert de son état de santé », 23 juillet 2017, https://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:QzrVanxcK3AJ:https://www.siwel.info/ghilas-ainouche-agresse-president-de-lanavad-sencquiert-de-etat-de-sante_49075.html+&cd=1&hl=fr&ct=clnk&gl=dz
  24. Hakim Megatli, « Université de Tizi Ouzou : Ferhat Mehenni a discouru sur le « combat kabyle face à l’Algérie », Algérie 1, 28 avril 2019, https://www.algerie1.com/actualite/universite-de-tizi-ouzou-ferhat-mehenni-a-discouru-sur-le-laquo-combat-kabyle-face-a-l-algerie-raquo
  25. Pour plus de détails sur le plan Yinon, lire : Ahmed Bensaada, « La géopolitique selon « Arab Idol », Reporters, 13 décembre 2014, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=300:la-geopolitique-selon-l-arab-idol-r&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119
  26. Sharon Udasin et Jan Koscinski, « Algeria’s Kabylie craves friendship with Israel », The Jerusalem Post, 27 mai 2012, https://www.jpost.com/Middle-East/Algerias-Kabylie-craves-friendship-with-Israel
  27. Dehbia Ak, « Ali Dilem accusé de « racisme anti-arabe » par des chroniqueurs d’une chaîne privée (VIDÉO) », ObservAlgérie, 19 janvier 2019, https://www.observalgerie.com/actualite-algerie/dilem-ali-une-nouvelle-caricature-secoue-les-medias-algeriens/
  28. Algérie Focus, « Ghilas Aïnouche, caricaturiste algérien : "Je ne vois pas comment l’on peut dire que Charlie Hebdo est islamophobe"», 8 janvier 2015, https://www.algerie-focus.com/2015/01/ghilas-ainouche-caricaturiste-algerien-je-ne-vois-pas-comment-lon-peut-dire-que-charlie-hebdo-est-islamophobe/#sthash.WSQngftu.uxfs

 

 


 

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[1] Rosa Moussaoui, « Rire des puissants pour les déboulonner » L’Humanité, 2 Mai 2019, https://www.humanite.fr/algerie-rire-des-puissants-pour-les-deboulonner-671661

[1] Rosa Moussaoui, « En Kabylie, un peuple debout pour ressusciter le pays » L’Humanité, 15 avril 2019, https://www.humanite.fr/algerie-en-kabylie-un-peuple-debout-pour-ressusciter-le-pays-670818

[1] Mohand Beloucif, « Notre mouvement est "pacifique et n’émarge pas aux extrêmes" », Le Matin d’Algérie, 1er novembre 2017, https://www.lematindalgerie.com/notre-mouvement-est-pacifique-et-nemarge-pas-aux-extremes

[1] Dailymotion, « Dilem, Kichka et Plantu à Jérusalem », https://www.dailymotion.com/video/xe9lzn

[1] The Times Of Israel, « Une armée de caricaturistes lutte contre le mouvement BDS », 13 juillet 2015, https://fr.timesofisrael.com/une-armee-de-caricaturistes-lutte-contre-le-mouvement-bds/

[1] Hassina Mechaï, Interview : « "Charlie Hebdo" - L'Afrique réagit - Dilem : "Ce n’est pas qu’un titre, c’est un esprit" », Le Point, 8 janvier 2015, https://www.lepoint.fr/culture/charlie-hebdo-l-afrique-reagit-dilem-ce-n-est-pas-qu-un-titre-c-est-un-esprit-08-01-2015-1894965_3.php

[1] Liberté, « Dilem : “Je suis fier d'être Algérien” - Il a été fait hier chevalier des arts et des lettres », 12 octobre 2010, https://www.djazairess.com/fr/liberte/144123

[1] Mustapha Benfodil, « Dilem Président », Editions INAS (Alger), 2008, p. 3

[1] Ambassade de France à Alger, « Décoration d’Ahmed Bedjaoui et Hicham Baba Ahmed », 16 mai 2016, https://dz.ambafrance.org/Decoration-d-Ahmed-Bedjaoui-et-Hicham-Baba-Ahmed

[1] Nejma Rondeleux. « Le Hic: "J'ai été triplement choqué: en tant qu'être humain, dessinateur et Algérien" », Huffington Post Maghreb, 8 janvier 2015, https://www.huffpostmaghreb.com/2015/01/08/le-hic-charlie-hebdo_n_6436212.html

[1] Amine Kadi, « Bernard Emié, de l’ambassade d’Alger à la DGSE », La Croix, 27 juin 2017, https://www.la-croix.com/Monde/Afrique/Bernard-Emie-lambassade-dAlger-DGSE-2017-06-27-1200858548

[1] Voir réf. 8, p. 7

[1] Ibid., p. 99

[1] José Garçon, « Crime de lèse-drapeau en Algérie - Pour un dessin « offensant », Alger maintient en prison le journaliste Chawki Amari », Libération, 13 juillet 1996, https://www.liberation.fr/planete/1996/07/13/crime-de-lese-drapeau-en-algeriepour-un-dessin-offensant-alger-maintient-en-prison-le-journaliste-ch_177216

[1] Ibid.

[1] Cartoonists Rights Network International, « Who we are – Our mission », https://cartoonistsrights.org/mission/

[1] Cartoonists Rights Network International, « Middle East/North Africa », http://archive.cartoonistsrights.org/cartoonists_rights_free_speech.php--id=33.html

[1] Cartoonists Rights Network International, « Foundation and corporate support », https://cartoonistsrights.org/category/cnri-gratefully-acknowledges-major-support-from/

[1] Pour plus de détails, lire : Ahmed Bensaada, « Huit ans après : la « printanisation » de l’Algérie », ahmedbensaada.com, 4 avril 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=475:2019-04-04-22-50-13&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[1] Michael Cavna, « Crowdfund of the week: Free-speech cartoonists vs. legal and mortal threats », Washington Post, 2 avril 2015, https://www.washingtonpost.com/news/comic-riffs/wp/2015/04/02/crowd-fund-of-the-week-free-speech-cartoonists-vs-legal-and-mortal-threats/?utm_term=.0eae6ab200c1

[1] Lire, par exemple, le câble 08ALGIERS388_a: https://wikileaks.org/plusd/cables/08ALGIERS388_a.html

Ou le câble 08ALGIERS521_a : https://wikileaks.org/plusd/cables/08ALGIERS521_a.html

[1] KDirect.info, « Invité par le Département d’Etat américain à Washington, le dessinateur Ghilas Aïnouche a parlé aussi du MAK », 7 novembre 2017, http://archive.wikiwix.com/cache/?url=https%3A%2F%2Fk-direct.info%2F2017%2F11%2F07%2Finvite-par-le-departement-detat-americain-a-washington-le-dessinateur-ghilas-ainouche-a-parle-aussi-du-mak-k-direct%2F

[1] Siwel, « Ghilas Aïnouche agressé : le Président de l’Anavad s’enquiert de son état de santé », 23 juillet 2017, https://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:QzrVanxcK3AJ:https://www.siwel.info/ghilas-ainouche-agresse-president-de-lanavad-sencquiert-de-etat-de-sante_49075.html+&cd=1&hl=fr&ct=clnk&gl=dz

[1] Hakim Megatli, « Université de Tizi Ouzou : Ferhat Mehenni a discouru sur le « combat kabyle face à l’Algérie », Algérie 1, 28 avril 2019, https://www.algerie1.com/actualite/universite-de-tizi-ouzou-ferhat-mehenni-a-discouru-sur-le-laquo-combat-kabyle-face-a-l-algerie-raquo

[1] Pour plus de détails sur le plan Yinon, lire : Ahmed Bensaada, « La géopolitique selon « Arab Idol », Reporters, 13 décembre 2014, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=300:la-geopolitique-selon-l-arab-idol-r&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[1] Sharon Udasin et Jan Koscinski, « Algeria’s Kabylie craves friendship with Israel », The Jerusalem Post, 27 mai 2012, https://www.jpost.com/Middle-East/Algerias-Kabylie-craves-friendship-with-Israel

[1] Dehbia Ak, « Ali Dilem accusé de « racisme anti-arabe » par des chroniqueurs d’une chaîne privée (VIDÉO) », ObservAlgérie, 19 janvier 2019, https://www.observalgerie.com/actualite-algerie/dilem-ali-une-nouvelle-caricature-secoue-les-medias-algeriens/

[1] Algérie Focus, « Ghilas Aïnouche, caricaturiste algérien : ²Je ne vois pas comment l’on peut dire que Charlie Hebdo est islamophobe²», 8 janvier 2015, https://www.algerie-focus.com/2015/01/ghilas-ainouche-caricaturiste-algerien-je-ne-vois-pas-comment-lon-peut-dire-que-charlie-hebdo-est-islamophobe/#sthash.WSQngftu.uxfs

Bien que leur genèse soit beaucoup plus ancienne, les entités regroupées sous le vocable d’organisations non gouvernementales (ONG) ont eu un essor fulgurant dans les années 80 et 90 du siècle dernier et leurs domaines d’intervention se sont diversifiés : urgence humanitaire, alimentation, droits de l’homme ou environnement.

D’après les spécialistes, cet accroissement coïncide avec la montée du néolibéralisme impulsé durant les années Reagan-Thatcher. Selon la militante Ana Minski, « la prolifération des ONG au Sud, dans les années 1990, est indubitablement liée à l’affaiblissement des capacités gouvernementales à fournir des services publics, résultat des politiques néolibérales qui se sont imposées dans le contexte d’un capitalisme mondialisé et fortement financiarisé ».

À cause des politiques d’austérité et de réduction des dépenses publiques, les gouvernements se sont tournés vers les ONG pour fournir des services à bas prix, services qu’ils assuraient naguère dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de la culture, etc. Abondant dans ce sens, l’écrivaine indienne Arundhati Roy précise que les ONG distribuent « au compte-gouttes, sous forme d’aide ou de bénévolat, ce à quoi les gens devraient normalement avoir droit ». Ce qui amène certains spécialistes à qualifier les ONG de « cheval de Troie » du néolibéralisme.

 

 

L'ONG-isation de la résistance (par Arundhati Roy)

Extrait d'une conférence donnée à San Francisco, Californie, le 16 août 2004

(Cliquez sur la photo ou le lien pour visionner la vidéo)


Avec la fin de la Guerre froide, les ONG ont été utilisées à d’autres desseins. Il s’agissait de la « démocratisation » des pays de l’Est anciennement dans le giron soviétique, afin de les extraire de l’influence russe. Dans cet objectif, les États-Unis ont déployé un arsenal d’organismes spécialement dédiés à cette tâche. Citons, à titre d’exemple : l’USAID (United States Agency for International Development), la NED (National Endowment for Democracy) et ses quatre satellites, Freedom House et l’Open Society de G. Soros. À part ce dernier qui est privé, tous les autres organismes sont financés directement ou indirectement, partiellement ou entièrement par le gouvernement américain.

Les satellites de la NED sont bien connus : l’IRI (International Republican Institute), le NDI (National Democratic Institute), le Solidarity Center et le CIPE (Center for International Private Enterprise).

Pour se prévaloir de la dénomination d’ONG, une organisation doit satisfaire au moins aux cinq conditions suivantes : l'origine privée de sa constitution, le but non lucratif de son action, son indépendance financière, son indépendance politique et la notion d'intérêt public de sa mission. Dans le cas de ces organismes américains et des groupes qu’ils financent dans les pays visés, ces conditions ne sont jamais réunies.

L’utilisation de ces organismes a prouvé l’efficacité du « soft power » étasunien dans les opérations de « regime change ». Cela a été manifeste dans les révolutions colorées en Serbie, en Géorgie ou en Ukraine. Lors du « printemps » arabe, ces mêmes organismes américains d’« exportation » de la démocratie ont été impliqués en Tunisie, en Égypte, en Libye, en Syrie et au Yémen et le résultat désastreux de leur implication est maintenant connu, tout particulièrement dans les trois derniers pays.

Le modus operandi de cette « démocratisation » est toujours le même. Des activistes locaux, regroupés ou non dans des ONG locales sont choisis, financés, formés et réseautés dans leur région d’appartenance (dans le cas des pays arabes, il s’agit de la région MENA – Middle East and North Africa). Lors d’éventuelles protestations populaires légitimes causées par de réels problèmes sociaux, ces activistes se mettent aux premières loges des manifestations et tentent de les diriger selon des agendas concoctés à l’étranger.

Pour illustrer ce propos, citons des activistes comme Slim Amamou (Tunisie), Mohamed Adel (Mouvement du 6 avril – Égypte), Ali Ramadan Abouzaakouk, (Libya Human and Political Development Forum – Libye), Aussama Monajed (Movement for Justice and Development – Syrie) et Tawakkol Karman (Women Journalists Without Chains – Yémen).

 


En Algérie, plusieurs ONG locales financées par les organismes américains ont été très visibles lors des manifestations, aussi bien en 2011 que lors du Hirak, en 2019-2020. Il s’agit, entre autres, de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ), du Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA), etc. Il est quand même curieux de constater que les ONG qui reçoivent des subsides étrangers sont toutes sur la même longueur d’onde concernant leurs revendications. Pas un seul petit bémol?

Qualifiés d’ONG - Organisations Non Grata-, les organismes américains d’« exportation » de la démocratie ont été bannis de certains pays comme la Russie qui a interdit USAID pour « ingérence dans la vie politique russe ». La liste des ONG « indésirables » en Russie s’est allongée et englobe actuellement la NED, le NDI, l’IRI, Freedom House et l’Open Society de Soros.

En Amérique du Sud, les pays de l’ALBA (Alianza Bolivariana para los Pueblos de Nuestra América) ont signé une résolution en 2012 demandant l’expulsion immédiate de l’USAID des pays membres de l’alliance (la Bolivie, Cuba, l’Équateur, la Dominique, le Nicaragua et le Venezuela).

D’autre part, certains pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) se sont dotés de lois interdisant ou renforçant le contrôle des ONG sur leurs sols.

Depuis 2014, les ONG travaillant en Égypte ont l’obligation de s'enregistrer auprès des autorités sans quoi, elles risquent la saisie de leurs biens ou des poursuites judiciaires. En outre, les autorités doivent également approuver tout financement venant de l’étranger.

Parmi les autres pays arabes, les Émirats arabes unis (EAU) ont procédé, en 2012, à la fermeture des bureaux de plusieurs ONG étrangères dont le NDI.  De son côté, le député jordanien Zakaria Al-Cheikh a demandé, en janvier 2016, à la chambre basse du Parlement de Jordanie de mettre fin aux activités de ce même organisme arguant qu’il « constitue un danger pour la sécurité nationale ».

Il faut savoir que de telles activités sur le sol américain sont régies par le « Foreign Agents Registration Act » qui est une loi américaine exigeant l’enregistrement des lobbyistes représentant des intérêts politiques ou économiques étrangers.

Finalement, il ne faut absolument pas croire que les ONG américaines sont les seules actives sur le sol algérien. D’autres, européennes, y sont très présentes.

Faut-il alors légiférer pour encadrer, contrôler voire interdire le financement étranger des ONG en Algérie? C’est certainement un point sur lequel il est impératif de se pencher sérieusement dans un avenir très proche.

 


 

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Bien que leur genèse soit beaucoup plus ancienne, les entités regroupées sous le vocable d’organisations non gouvernementales (ONG) ont eu un essor fulgurant dans les années 80 et 90 du siècle dernier et leurs domaines d’intervention se sont diversifiés : urgence humanitaire, alimentation, droits de l’homme ou environnement. D’après les spécialistes, cet accroissement coïncide avec la montée du néolibéralisme impulsé durant les années Reagan-Thatcher. Selon la militante Ana Minski, « la prolifération des ONG au Sud, dans les années 1990, est indubitablement liée à l’affaiblissement des capacités gouvernementales à fournir des services publics, résultat des politiques néolibérales qui se sont imposées dans le contexte d’un capitalisme mondialisé et fortement financiarisé ». À cause des politiques d’austérité et de réduction des dépenses publiques, les gouvernements se sont tournés vers les ONG pour fournir des services à bas prix, services qu’ils assuraient naguère dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de la culture, etc. Abondant dans ce sens, l’écrivaine indienne Arundhati Roy précise que les ONG distribuent « au compte-gouttes, sous forme d’aide ou de bénévolat, ce à quoi les gens devraient normalement avoir droit ». Ce qui amène certains spécialistes à qualifier les ONG de « cheval de Troie » du néolibéralisme.

Avec la fin de la Guerre froide, les ONG ont été utilisées à d’autres desseins. Il s’agissait de la « démocratisation » des pays de l’Est anciennement dans le giron soviétique, afin de les extraire de l’influence russe. Dans cet objectif, les États-Unis ont déployé un arsenal d’organismes spécialement dédiés à cette tâche. Citons, à titre d’exemple : l’USAID (United States Agency for International Development), la NED (National Endowment for Democracy) et ses quatre satellites, Freedom House et l’Open Society de G. Soros. À part ce dernier qui est privé, tous les autres organismes sont financés directement ou indirectement, partiellement ou entièrement par le gouvernement américain.

Les satellites de la NED sont bien connus : l’IRI (International Republican Institute), le NDI (National Democratic Institute), le Solidarity Center et le CIPE (Center for International Private Enterprise).

Pour se prévaloir de la dénomination d’ONG, une organisation doit satisfaire au moins aux cinq conditions suivantes : l'origine privée de sa constitution, le but non lucratif de son action, son indépendance financière, son indépendance politique et la notion d'intérêt public de sa mission. Dans le cas de ces organismes américains et des groupes qu’ils financent dans les pays visés, ces conditions ne sont jamais réunies.

L’utilisation de ces organismes a prouvé l’efficacité du « soft power » étasunien dans les opérations de « regime change ». Cela a été manifeste dans les révolutions colorées en Serbie, en Géorgie ou en Ukraine. Lors du « printemps » arabe, ces mêmes organismes américains d’« exportation » de la démocratie ont été impliqués en Tunisie, en Égypte, en Libye, en Syrie et au Yémen et le résultat désastreux de leur implication est maintenant connu, tout particulièrement dans les trois derniers pays.

Le modus operandi de cette « démocratisation » est toujours le même. Des activistes locaux, regroupés ou non dans des ONG locales sont choisis, financés, formés et réseautés dans leur région d’appartenance (dans le cas des pays arabes, il s’agit de la région MENA – Middle East and North Africa). Lors d’éventuelles protestations populaires légitimes causées par de réels problèmes sociaux, ces activistes se mettent aux premières loges des manifestations et tentent de les diriger selon des agendas concoctés à l’étranger.

Pour illustrer ce propos, citons des activistes comme Slim Amamou (Tunisie), Mohamed Adel (Mouvement du 6 avril – Égypte), Ali Ramadan Abouzaakouk, (Libya Human and Political Development Forum – Libye), Aussama Monajed (Movement for Justice and Development – Syrie) et Tawakkol Karman (Women Journalists Without Chains – Yémen).

En Algérie, plusieurs ONG locales financées par les organismes américains ont été très visibles lors des manifestations, aussi bien en 2011 que lors du Hirak, en 2019-2020. Il s’agit, entre autres, de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ), du Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA), etc. Il est quand même curieux de constater que les ONG qui reçoivent des subsides étrangers sont toutes sur la même longueur d’onde concernant leurs revendications. Pas un seul petit bémol?

Qualifiés d’ONG - Organisations Non Grata-, les organismes américains d’« exportation » de la démocratie ont été bannis de certains pays comme la Russie qui a interdit USAID pour « ingérence dans la vie politique russe ». La liste des ONG « indésirables » en Russie s’est allongée et englobe actuellement la NED, le NDI, l’IRI, Freedom House et l’Open Society de Soros.

En Amérique du Sud, les pays de l’ALBA (Alianza Bolivariana para los Pueblos de Nuestra América) ont signé une résolution en 2012 demandant l’expulsion immédiate de l’USAID des pays membres de l’alliance (la Bolivie, Cuba, l’Équateur, la Dominique, le Nicaragua et le Venezuela).

D’autre part, certains pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) se sont dotés de lois interdisant ou renforçant le contrôle des ONG sur leurs sols.

Depuis 2014, les ONG travaillant en Égypte ont l’obligation de s'enregistrer auprès des autorités sans quoi, elles risquent la saisie de leurs biens ou des poursuites judiciaires. En outre, les autorités doivent également approuver tout financement venant de l’étranger.

Parmi les autres pays arabes, les Émirats arabes unis (EAU) ont procédé, en 2012, à la fermeture des bureaux de plusieurs ONG étrangères dont le NDI. De son côté, le député jordanien Zakaria Al-Cheikh a demandé, en janvier 2016, à la chambre basse du Parlement de Jordanie de mettre fin aux activités de ce même organisme arguant qu’il « constitue un danger pour la sécurité nationale ».

Il faut savoir que de telles activités sur le sol américain sont régies par le « Foreign Agents Registration Act » qui est une loi américaine exigeant l’enregistrement des lobbyistes représentant des intérêts politiques ou économiques étrangers.

Finalement, il ne faut absolument pas croire que les ONG américaines sont les seules actives sur le sol algérien. D’autres, européennes, y sont très présentes.

Faut-il alors légiférer pour encadrer, contrôler voire interdire le financement étranger des ONG en Algérie? C’est certainement un point sur lequel il est impératif de se pencher sérieusement dans un avenir très proche.

Tout en haut de la pyramide du hirak estudiantin algérien, les organisateurs ne chôment pas. Chaque semaine, les mots d'ordre fusent à la vitesse des médias sociaux et suivent fidèlement les soubresauts de l'actualité politique algérienne.

La consigne de cette semaine? La voici:


Photo de Ahmed Taleb Ibrahimi



Il s'agit du slogan suggéré pour la manifestation du vendredi 24 mai 2019:


"Nous le voulons président pour une courte étape transitoire"


Des directives qui suivent bizarrement un agenda bien précis.

Un homme de 87 ans ayant occupé différents postes politiques dans des gouvernements précédents qui incarnerait la jeunesse algérienne?

On va presque égaler la Tunisie avec son plus plus vieux président du monde. En effet, l'âge vénérable de Béji Caïd Essebsi, plusieurs fois ministre sous Bourguiba et président de la chambre des députés sous Ben Ali, avoisine les 93 ans!

Et en Tunisie, c'est aussi un mouvement de jeunesse qui a déboulonné Ben Ali.

Mimétisme maghrébin?

On se croise les doigts tout en souhaitant que le président de la 2e République algérienne soit un peu plus jeune.

Et cela n'a pas l'air d'être gagné d'avance.




 


La version arabe de "Arabesque$":

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Tel/Fax : 021 71 69 66




12 mai 2019


 

 

Une foule dense, une ambiance festive, des jeunes dans la fleur de l’âge, des slogans incisifs, de l’humour subtil et corrosif, le « retiré » d’une charmante ballerine posant pour la postérité, des jeunes qui balaient les rues après les marches, d’autres embrassant des policiers ou leur offrant des fleurs, des bouteilles d’eau distribuées aux manifestants, un couple qui esquisse un pas de danse dans une rue d’Alger … ». « Ces images idylliques de la contestation » à la Grande Poste (Alger-centre) rapportées par des observateurs qui voulaient donner au hirak une allure artificielle qui pouvait lui aller au début mais qu’il n’a, naturellement, pas gardée dans ses versions d’avril puis mai, a été reprise par Ahmed Bensaada pour justifier la série de « questions (qui) viennent à l’esprit au sujet de ces manifestations populaires ». Les observateurs qui ont suivi les marches et rassemblements du vendredi à la Grande Poste, ont noté que la dimension commerciale a envahi le hirak et les bouteilles d’eau qui étaient distribuées aux manifestants ont été intégrées dans l’économie de marché et sont vendues plus chères que dans le commerce ordinaire. Idem pour les denrées alimentaires (bourek, kalb ellouz, sandwich, gaufrettes, biscuits, eau gazeuse, jus,…) ainsi que les drapeaux et autres accessoires aux couleurs nationales. Dans le hirak actuel, tout se vend, y compris les grandes feuilles de papier pour y écrire des slogans « personnalisés ». Des jeunes balaient toujours les rues après les marches, mais moins systématiquement et on devine les trajets des manifestants aux ordures qui les parsèment et qui ne seront enlevées qu’après le passage des travailleurs communaux chargés de la propreté de la voie publique. Les scènes de fraternisation hirak-police existent encore mais elles sont réelles et traduisent une vraie « proximité » de générations entre des policiers et des manifestants du même âge, ce qui n’empêche pas les policiers de remplir leur mission et les jeunes manifestants le constatent quand ils cherchent à dépasser les lignes rouges. Mais, dans les manifestations, la jeunesse algérienne est restée « débordante de vitalité, montrant aux yeux du monde sa maturité politique, sa discipline et son pacifisme ». Les manifestations traduisent encore « ce réveil populaire susceptible de mettre fin à des décennies d’immobilisme politique qui a engendré la déliquescence de nombreux secteurs socioéconomiques, provoqué la fuite des cerveaux et jeté à la mer des cohortes de « harragas »». Seulement, les manifestations à la Grande Poste ont perdu les attributs artificiels que certains ont voulu leur coller. Toutefois, il est évident que certaines manifestations n’ont aucun caractère spontané. C’est comme si, des « structures » étaient chargées spécialement de préparer et suivre le déroulement des marches à la Grande Poste et dans certaines autres grandes villes. Il semble bien qu’il y a une conception des slogans et il y a des « mécanismes » pour les acheminer vers les manifestants, notamment quand il s’agit des étudiants étroitement encadrés politiquement par les enseignants. L’irruption des jeunes issus des couches populaires, plus enclins à la spontanéité mais surtout caractérisés par leur anti occidentalisme, fausse les calculs des déstabilisateurs. Ahmed Bensaada appelle à la vigilance contre le risque de tomber dans le piège des manipulateurs pro-occidentaux qui sont chargés de mettre en application un agenda contraire aux intérêts de l’Algérie.

 


Source

 

Une foule dense, une ambiance festive, des jeunes dans la fleur de l’âge, des slogans incisifs, de l’humour subtil et corrosif, le « retiré » d’une charmante ballerine posant pour la postérité, des jeunes qui balaient les rues après les marches, d’autres embrassant des policiers ou leur offrant des fleurs, des bouteilles d’eau distribuées aux manifestants, un couple qui esquisse un pas de danse dans une rue d’Alger … ». « Ces images idylliques de la contestation » à la Grande Poste (Alger-centre) rapportées par des observateurs qui voulaient donner au hirak une allure artificielle qui pouvait lui aller au début mais qu’il n’a, naturellement, pas gardée dans ses versions d’avril puis mai, a été reprise par Ahmed Bensaada pour justifier la série de « questions (qui) viennent à l’esprit au sujet de ces manifestations populaires ». Les observateurs qui ont suivi les marches et rassemblements du vendredi à la Grande Poste, ont noté que la dimension commerciale a envahi le hirak et les bouteilles d’eau qui étaient distribuées aux manifestants ont été intégrées dans l’économie de marché et sont vendues plus chères que dans le commerce ordinaire. Idem pour les denrées alimentaires (bourek, kalb ellouz, sandwich, gaufrettes, biscuits, eau gazeuse, jus,…) ainsi que les drapeaux et autres accessoires aux couleurs nationales. Dans le hirak actuel, tout se vend, y compris les grandes feuilles de papier pour y écrire des slogans « personnalisés ». Des jeunes balaient toujours les rues après les marches, mais moins systématiquement et on devine les trajets des manifestants aux ordures qui les parsèment et qui ne seront enlevées qu’après le passage des travailleurs communaux chargés de la propreté de la voie publique. Les scènes de fraternisation hirak-police existent encore mais elles sont réelles et traduisent une vraie « proximité » de générations entre des policiers et des manifestants du même âge, ce qui n’empêche pas les policiers de remplir leur mission et les jeunes manifestants le constatent quand ils cherchent à dépasser les lignes rouges. Mais, dans les manifestations, la jeunesse algérienne est restée « débordante de vitalité, montrant aux yeux du monde sa maturité politique, sa discipline et son pacifisme ». Les manifestations traduisent encore « ce réveil populaire susceptible de mettre fin à des décennies d’immobilisme politique qui a engendré la déliquescence de nombreux secteurs socioéconomiques, provoqué la fuite des cerveaux et jeté à la mer des cohortes de « harragas »». Seulement, les manifestations à la Grande Poste ont perdu les attributs artificiels que certains ont voulu leur coller. Toutefois, il est évident que certaines manifestations n’ont aucun caractère spontané. C’est comme si, des « structures » étaient chargées spécialement de préparer et suivre le déroulement des marches à la Grande Poste et dans certaines autres grandes villes. Il semble bien qu’il y a une conception des slogans et il y a des « mécanismes » pour les acheminer vers les manifestants, notamment quand il s’agit des étudiants étroitement encadrés politiquement par les enseignants. L’irruption des jeunes issus des couches populaires, plus enclins à la spontanéité mais surtout caractérisés par leur anti occidentalisme, fausse les calculs des déstabilisateurs. Ahmed Bensaada appelle à la vigilance contre le risque de tomber dans le piège des manipulateurs pro-occidentaux qui sont chargés de mettre en application un agenda contraire aux intérêts de l’Algérie.

 

Interview accordée à Algérie Patriotique

10 mai 2019

 

 

AP : Vous avez publié une étude intitulée « Huit ans après la printanisation de l’Algérie ». Pouvez-vous nous en faire un résumé ?

AB : Mon article traite de l’idéologie de « résistance individuelle non violente » qui s’est avérée très efficace dans la chute de nombreux gouvernements depuis une vingtaine d’années. Cette idéologie, théorisée par le professeur américain Gene Sharp, a été appliquée avec succès dans différents pays.

Cela a commencé avec les révoltes qui ont bouleversé le paysage politique des pays de l’Est ou des ex-Républiques soviétiques et qui ont été qualifiées de « révolutions colorées ». La Serbie (2000), la Géorgie (2003), l’Ukraine (2004) et le Kirghizstan (2005) en sont quelques exemples.

Depuis la fin de l’année 2010, cette théorie a été mise en pratique dans les pays arabes et c’est ce qui a donné le mal nommé « printemps » arabe.

Je vous rappelle que j’ai consacré des dizaines d’articles à l’étude de ces révoltes ainsi que deux ouvrages [1].

En analysant le hirak algérien et en comparant son modus operandi avec celui de cet éventail de cas, on remarque des similitudes frappantes. C’est ce qui nous amène à penser que la lutte non violente qui se déroule actuellement dans les rues de notre pays ne représente qu’un continuum qui a débuté par les « révolutions colorées » et qui s’est poursuivi par le « printemps » arabe. Il s’agit de ce que j’ai nommé la « printanisation » de l’Algérie.


AP : Dénoncer les complots ourdis par des officines secrètes est systématiquement interprété comme une paranoïa. Comment convaincre les sceptiques, selon vous ?

Il n’y a rien de secret dans le rôle des organismes d’« exportation » de la démocratie. Leurs missions sont clairement affichées sur leurs sites et explicitement énoncées dans les discours de leurs responsables.

En plus, leurs relations avec le département d’État et leur alignement à la politique officielle de leur pays ne fait aucun doute. Certaines d’entre elles, comme la NED, publient des rapports annuels détaillés qui mentionnent les ONG locales bénéficiaires, leurs mandats et les montants alloués à chacune d’entre elles.

D’autre part, le rôle de ces organismes dans les « révolutions colorées » et le « printemps » arabe a été scrupuleusement étudié et est maintenant bien documenté.

Mais à chaque fois qu’une révolte non violente voit le jour quelque part dans le monde, les mêmes réactions apparaissent : « la révolte est spontanée », « la jeunesse nous guide vers un avenir radieux », « la main de l’étranger? C’est du complotisme! Pourquoi infantiliser le peuple? Vous protégez les dictateurs! ».

Il existe deux explications à ces réactions. La première peut provenir de personnes ou de groupes financés par l’étranger et qui font le nécessaire pour le dissimuler afin de préserver la « pureté » de la cause. Cela est relayé par la puissante machine des médias mainstream qui utilisent le mensonge par omission, invitent toujours les mêmes pseudo-analystes et maintiennent la porte grand ouverte aux activistes.

La seconde, plus naturelle, émane de sentiments profondément humains liés au « romantisme révolutionnaire », à la capacité intrinsèque du peuple à se libérer de tout joug oppressif. L’incrédulité de certains est ainsi humainement compréhensible. En effet, rien ne vaut une belle révolte spontanée et populaire pour l’imaginaire collectif qui n’a aucune idée de ce qui se trame dans les coulisses. La révolte de David contre Goliath, du faible contre le puissant, du petit peuple armé de sa foi contre le tyran omnipotent.

Dans ce cas, toute analyse critique cartésienne se heurte à une inévitable levée de boucliers.

C’est d’ailleurs ce qui fait la force de cette idéologie de « résistance individuelle non violente »


AP : Algerie Patriotique a été catalogué comme « site complotiste » pour avoir mis à nu plusieurs fois les manœuvres du lobby sioniste, notamment. Quel rôle ce dernier joue-t-il dans ce qui se passe en Algérie actuellement ?

Depuis l’avènement des TIC (technologies de l’information et de la communication), les médias mainstream, qui sont la propriété d’une poignée de grands groupes industriels, ont vu leur influence dans l’opinion publique sérieusement malmenée par les nouveaux médias numériques. Pour contrecarrer cet effet, les médias mainstream ont créé ce concept de site « conspirationniste » ou « complotiste » dans lequel ils ont certes catalogué de vrais sites farfelus, mais aussi des sites d’information sérieux mais dont la ligne éditoriale s’éloigne du mainstream. « Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage », dit l’adage.

Pour revenir au lobby sioniste, il est certain qu’il est fortement actif car l’Algérie est un des derniers bastions du « Front de la fermeté ». Il n’y a rien qu’à voir le nombre de drapeaux palestiniens qui sont déployés dans les marches du hirak pour comprendre l’intensité du lien affectif qui lie l’Algérie à la Palestine.

Néanmoins, il faut préciser que cette nébuleuse agit généralement de manière indirecte.  En effet, ce lobby est très présent dans les organismes d’« exportation » de la démocratie. Ainsi, Carl Gershman, avant d’accéder à la présidence de la NED, avait travaillé dans le département de recherche de l'Anti-Defamation League du B'nai B'rith et a été membre du Conseil d'administration du Congrès juif américain [2].

Gershman est un grand défenseur de la politique raciste et belliqueuse d’Israël. Dans un récent discours au Forum Juif de Kiev (6-8 mai 2019), Carl Gershman a défendu l’état hébreu tout en comparant ses crimes à la situation de l’Algérie d’avant le hirak.

Il reprit d’abord les déclarations du rabbin Lord Jonathan Sacks lors d'un débat sur l'antisémitisme à la Chambre des Lords britannique « C’est pourquoi Israël - la seule démocratie au Moyen-Orient pleinement opérationnelle avec une presse libre et un pouvoir judiciaire indépendant - est régulièrement accusé des cinq péchés capitaux contre les droits de l’homme: racisme, apartheid, crimes contre l’humanité, purification ethnique et tentative de génocide ».

 

Carl Gershman au Forum Juif de Kiev (6 mai 2019)


Il ajouta ensuite: « Un exemple de cette évolution effroyable est que le 18 mars [2019], au Conseil des Droits de l'Homme des Nations unies, Israël a été agressé dans sept rapports biaisés et cinq résolutions hostiles. Rien n'a été présenté au Conseil sur aucun autre pays du monde - pas sur l'Algérie, où les manifestations qui ont abouti au renversement du régime corrompu et répressif de Bouteflika avaient commencé un mois plus tôt […] »[3].

En 2004, Gershman avait participé à une conférence qui s’était tenue à Rome et qui avait pour thème : « L’antisémitisme - une menace pour la démocratie ». Il y révéla des motivations pro-israéliennes quant à la promotion de la démocratie au Moyen-Orient : « Quelles que soient leurs différences, les baathistes et les islamistes partagent une haine viscérale des valeurs libérales qui trouve sa plus grande expression dans la diffamation d’Israël et du peuple juif »[4].

Ce lobby procède aussi par un travail de fond en adoubant, par exemple, des mouvements comme le MAK qui a repris du poil de la bête à l’occasion du hirak. Dans un travail de plus longue haleine, des voyages sont organisés à des « intellectuels bien de chez nous » comme Sansal, Dilem ou Akouche pour fouler le sol des territoires occupés en vue de paver la route à une politique de normalisation bien entamée par d’autres pays arabes.

De manière plus insidieuse, le lobby sioniste a réussi à infiltrer le réseau des activistes et cyberactivistes arabes à travers le forum « Fikra ». Ce forum qui prétend « soutenir les démocrates arabes dans leur lutte contre l'autoritarisme et les extrémistes » est une création du lobby américain pro-israélien, géré et financé par ses soins[5]. Parmi les nombreux participants provenant d’une dizaine de pays arabes, notons la présence d’activistes algériens.


AP : Les Algériens ont convergé vers les grandes places le 22 février pour exiger le départ du système. Certains disent que c’est l’entêtement de Bouteflika qui a poussé les Algériens à se révolter, d’autres estiment que c’est Facebook qui a rassemblé les Algériens autour d’une seule et même revendication. Qu’en est-il, selon vous ?

Loin d’être spontanées, les révoltes non violentes se préparent longtemps à l’avance. Dans mon livre « Arabesque$ »[6], j’explique que les activistes arabes ont été préparés des années avant le début du « printemps » arabe.

Certes, les révoltes qui ont balayé la rue arabe sont une conséquence de l’absence de démocratie, de justice sociale et de confiance entre les dirigeants et leur peuple.

Richesses mal distribuées, manque de libertés, régimes autocratiques, hogra, corruption, etc.

Tout ceci constitue donc un « terreau fertile » à la déstabilisation. Ce terreau est constitué de femmes et d’hommes qui ont perdu confiance en leurs dirigeants dont la pérennité maladive ne laisse entrevoir aucune lueur d’espoir.

Mais cela n’est pas suffisant: une « étincelle » qui fédère le peuple est nécessaire. Dans le cas de la Tunisie, c’était la mort de Mohamed Bouazizi, alors que celui de l’Algérie, c’était le cinquième mandat.

Et c’est à ce moment que la formation des cyberactivistes est importante. Dans le cas de l’Algérie, Facebook et les autres médias sociaux ont eu un rôle très important. L’organisation, la mobilisation, les appels à manifester, la synchronisation et la diversité des actions à mener sur le terrain n’auraient jamais été possible de manière aussi efficace sans les nouvelles technologies.

Mais cela n’est pas nouveau. Rappelons-nous qu’en Égypte, la révolte de la Place Tahrir avait été surnommée « Révolution Facebook » ou « Révolution 2.0 » et qu’Israa Abdel Fattah, la cofondatrice du Mouvement du 6 Avril (financé par des organismes américains), fer de lance de la contestation égyptienne était connue sous le nom de « Facebook Girl ».

 

Israa Abdel Fattah, la "Facebook Girl", posant avec un prix qui lui a été décerné par Freedom House



AP : Comment les officines auxquelles vous faites référence dans votre étude interviennent-elles dans le hirak algérien ?

Les organismes d’« exportation » de la démocratie fonctionnent de façon similaire quel que soit le pays. Ils s’occupent du financement des ONG locales, de la formation des activistes et, pour plus de synergie, s’occupent de leur réseautage.

En ce qui concerne le financement, nous avons montré que de nombreuses ONG algériennes ont été financées bien avant le début du « printemps » arabe. Et cela n’a jamais cessé depuis comme expliqué dans mes deux récents articles[7],[8]. Comme par hasard, ces ONG sont toujours au premier rang de la contestation. Elles l’étaient également avec le défunt CNCD, en 2011.

Le financement ne provient pas uniquement de la bourse de l’Oncle Sam. Des organismes européens comme les Stiftungs allemands et d’autres moins évidents à identifier sont mis à contribution. Les documents publiés par mon ami Mohamed Bouhamidi sont très éloquents à ce sujet [9].

Pour la petite histoire, notons que la structure de la NED (créée en 1983 par le président R. Reagan) s’est inspirée de celle des Stiftungs allemands et, comme la CIA collaborait avec ces organismes allemands pour financer des mouvements à travers le monde bien avant la création de la NED, les relations sont restées solides jusqu’à nos jours [10]. Ainsi, à titre d’exemple, le mouvement pro-européen Euromaïdan qui a secoué l’Ukraine fin 2013 début 2014 a aussi bien été aidé et soutenu par l’IRI et le NDI (deux des quatre satellites de la NED) que par le Konrad Adenauer Stiftung (lié au CDU allemand) [11].

Dans le volet formation, nous savons que des jeunes algériens ont été formés à la « résistance individuelle non violente » par les Serbes de CANVAS. Cela a été confirmé par un des dirigeants du Mouvement du 6 Avril, l’Égyptien Mohamed Adel, qui a reconnu s’être rendu en Serbie avec quatorze autres militants algériens et égyptiens[12].

En matière de maîtrise du cyberespace et de réseautage, les noms de cyberactivistes algériens figurent dans les listes de participants aux formations dispensées à la « Ligue arabe du Net » par les organismes d’« exportation » de la démocratie [13].

Finalement, des indices montrent que certaines figures visibles du hirak algérien ont suivi des formations dans des pays européens après le « printemps » arabe. Des investigations sont en cours.


AP : Quels sont les indices de leur implication ?

Comme expliqué dans mon article, les révoltes non violentes suivent un pattern bien établi portant, sur le terrain, le sceau de CANVAS. L’utilisation de campagnes de communications dites positives et négatives, la fraternisation avec l’« ennemi », l’utilisation du poing d’Otpor, la présence d’individus ou de groupes financés par les officines étrangères en tête des manifestations, la proposition comme leader de personnalités auparavant inconnues du grand public ainsi que l’usage des « méthodes d’action non-violente » parmi les 199 figurant dans le manuel élaboré par CANVAS en sont quelques exemples.

D’autre part, la coordination des actions à mener sur le terrain, le partage d’informations en temps réel, la transmission d’instructions pour que les manifestations soient conformes aux principes de base de la lutte non-violente, le timing des évènements et ce, à travers tout le territoire national, prouve une utilisation efficiente du cyberespace qui ne peut être acquise que par une solide formation.


AP : Que cherchent ces officines, CANVAS, NDI, NED, etc., en Algérie ? Quel type de régime veulent-elle « imposer » ?

Tout d’abord, une petite mise au point. Il ne faut pas classer CANVAS avec la NED et ses homologues. CANVAS n’est qu’une école serbe de « révolutionnaires en herbe »[14] utilisée par les organismes d’« exportation » de la démocratie comme la NED, Freedom House et autres, pour former des activistes.

Le rôle de la NED a été clarifié dans le discours inaugural de cette « fondation ».

Le 16 octobre 1983, le président Reagan déclara : « Ce programme ne restera pas dans l’ombre. Il s’affirmera avec fierté sous le feu des projecteurs. (…) Et, bien sûr, il sera cohérent avec nos intérêts nationaux »[15].

Selon le journaliste américain William Blum « Les programmes de la NED incarnent généralement la philosophie de base selon laquelle les travailleurs et les autres citoyens sont mieux servis dans un système de libre entreprise […], d’intervention minimale du gouvernement dans l’économie et d’opposition au socialisme sous toutes ses formes. Une économie de marché est synonyme de démocratie, de réforme et de croissance et l'accent est mis sur les avantages des investissements étrangers dans leur économie ». […] En bref, les programmes de la NED sont en harmonie avec les besoins et objectifs de base de la mondialisation économique du Nouvel Ordre Mondial, tout comme les programmes sont sur la même longueur d’onde que la politique étrangère des États-Unis » [16].

Ainsi, les États-Unis, à travers des organismes spécialement conçus, utilisent la démocratie et le droit-de-l’hommisme pour exporter des politiques néolibérales à travers le monde.

Cette politique est encore plus claire avec le milliardaire et spéculateur américain George Soros dont la fondation « Open Society » (Société ouverte) travaille de concert avec la NED et les autres organismes d’« exportation » de la démocratie.

Selon Leandra Bernstein « l’action et l’argent de George Soros sont devenus des instruments pour démanteler la souveraineté nationale des États, en remplissant les caisses d’organisations “philanthropiques” ou “ droit-de-l’hommistes” ». Pour Soros, « si une nation voulait contrôler ses propres ressources naturelles » ou « développer son économie et sa force de travail à l’aide de tarifs douaniers et de régulations », elle était considérée comme société fermée. En fait, « toute nation qui rejette la mondialisation (c’est-à-dire l’impérialisme du libre-échange) est condamnée à ce titre et fera l’objet d’attaques de la part des organisations de Soros » [17].

On voit bien que l’« exportation » de la démocratie  qui se fait à travers des changements de régime menés à bien grâce aux principes de la lutte non violente a des visées économiques et hégémoniques.

Dans les conflits armés, des personnes autochtones sont choisies pour préserver les intérêts de la puissance victorieuse. Souvenons-nous des cas Ahmed Chalabi en Irak ou Hamid Karzai en Afghanistan. Il en est de même dans les révoltes non violentes qui s’accompagnent de l’apparition de certaines figures qu’on cherche à imposer en les drapant d’une « bénédiction » populaire.

Mikheil Saakachvili, après la révolution des Roses en Géorgie (2003), Viktor Iouchtchenko, après la révolution Orange en Ukraine (2004) ou la tentative avortée de placer Mohamed el-Baradei après la révolution du Lotus en Égypte (2011), sont des exemples de candidats pro-américains.

En Algérie, le hirak a aussi très rapidement produit les noms de personnes susceptibles de diriger le sort du pays après l’éviction du président Bouteflika. Et le battage médiatique n’a pas encore cessé pour certains.

Les visées économiques et hégémoniques ne s’appliquent pas uniquement aux États-Unis, bien au contraire. Les pays européens, en particulier la France, histoire coloniale et doctrine Monroe obligent, ont des intérêts en Algérie.

D’autre part, l’alignement de l’Algérie sur la Russie pour l’approvisionnement en matériel militaire et sur la Chine pour les grands projets nationaux laissent espérer des contrats juteux en cas de changement de paradigme politique.

Avec ses énormes richesses, son immensité territoriale et son importante position géostratégique, il est clair que l’Algérie attise la convoitise de nombreuses puissances.


AP : Qui du peuple ou de ces officines auront eu raison du système, selon vous ? Autrement dit, qui a fait tomber Bouteflika ?

C’est la combinaison des deux qui a fait tomber le président Bouteflika. L’application judicieuse des principes de la lutte non violente permet de fédérer le « peuple » contre le « tyran » autour d’une exigence : le départ du « tyran ». Elle fait passer la peur du camp du « peuple » vers celui du « tyran ».

Cette synergie n’enlève rien au mérite et à la bravoure du peuple qui est sorti comme un seul homme pour demander le départ d’un système usé par le pouvoir, les affaires et la corruption.

Il faut être clair : la grande majorité des manifestants n’a rien à voir avec les officines et ignore certainement tout de leur existence, mais sort dans la rue pour des causes nobles. Ce sont ceux qui sont en haut de la pyramide du hirak qui organisent, orientent et dirigent. Et cela est un autre point fort de l’idéologie de « résistance individuelle non violente ».

L’efficacité de cette combinaison permet d’expliquer pourquoi les émeutes antérieures au « printemps » arabe ont toutes été violemment étouffées comme celles de Gafsa (Tunisie 2008) ou celles d’Al Mahalla (Égypte 2008) alors que quelques mois plus tard (et surtout quelques formations plus tard), le « peuple » a vaincu le « tyran ».


AP : Comment voyez-vous les perspectives du mouvement populaire pacifique en Algérie à court terme ?

Le mouvement populaire est resté très pacifique, c’est le signe très positif d’une réelle maturité politique. Le seul problème vient de l’inflation des revendications émanant de certaines voix du hirak. À un certain moment, il faut raison garder et passer à la table des négociations car la confrontation est mauvaise conseillère et peut avoir de fâcheuses conséquences. En Algérie, nous en savons quelque chose.

Pour celles et ceux qui craignent que le système perdure, il faut les convaincre que la situation politique algérienne ne sera jamais pareille dans l’avenir et que la vigilance du peuple est garante du changement.

Quant aux personnes ou aux groupes qui ont reçu des subsides d’organismes « démocratisants » étrangers, il faut impérativement qu’elles placent l’intérêt de leur pays l’Algérie avant celui des autres. L’histoire nous montre que dans les mouvements de ce type, les activistes pro-occidentaux disparaissent une fois la « révolution » achevée. Au sujet des « révolutions colorées », le journaliste Hernando Calvo Ospina écrivit : « […] La distance entre gouvernants et gouvernés facilite la tâche de la NED et de son réseau d’organisations, qui fabriquent des milliers de "dissidents" grâce aux dollars et à la publicité. Une fois le changement obtenu, la plupart d’entre eux, ainsi que leurs organisations en tout genre, disparaissent sans gloire de la circulation » [18]. On aurait pu écrire exactement la même chose sur les « dissidents » du « printemps » arabe.

Nul doute que notre peuple sera à la hauteur de la gravité et des exigences de l’heure et fera de ce mouvement un vrai printemps arabe (sans guillemets) d’où bourgeonnera l’unité d’une nation à jamais soudée contre le despotisme, la corruption et la hogra.

 


[1] Ahmed Bensaada, « Arabesque$ - Enquête sur le rôle des États-Unis dans les révoltes arabes », Ed. Investig’Action, Bruxelles (Belgique), 2015 – Ed. ANEP, Alger (Algérie), 2016.

Ahmed Bensaada, « Arabesque américaine », avril 2011, Ed. Michel Brûlé, Montréal (Canada), avril 2011– Ed. Synergie, Alger (Algérie), mars 2012.

[2] 24th Annual Conference on World Affairs, « Who is who; Carl Gershman », 29 mars-2 avril 1971, https://web.archive.org/web/20110429014546/http://www.colorado.edu/cwa/archives/prosopogrophies/cwa1971.pdf

[3] Carl Gershman, « Democratic Ukraine and the struggle against anti-semitism », Remarks by NED President at the Kyiv Jewish Forum, NED, 6 mai 2019, https://www.ned.org/democratic-ukraine-and-the-struggle-against-anti-semitism/

[4] Shoah the Palestinian Holocaust, « NED, ADL and the Middle East Uprisings », 26 mars 2011, http://www.shoah.org.uk/2011/03/26/ned-adl-and-the-middle-east-uprisings/

[5] Ahmed Bensaada, « Les activistes du « printemps » arabe et le lobby pro-israélien », Reporters, 26 septembre 2013, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=238:les-activistes-du-l-printemps-r-arabe-et-le-lobby-pro-israelien&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[6] Voir référence 1

[7] Ahmed Bensaada, « Huit ans après : la « printanisation » de l’Algérie », ahmedbensaada.com, 4 avril 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=475:2019-04-04-22-50-13&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[8] Ahmed Bensaada, « Belalloufi, le RAJ et l’importation de la démocratie », ahmedbensaada.com, 2 mai 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=490:2019-05-02-15-00-34&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[9] Mohamed Bouhamidi, « Captures d'écrans de 39 documents sur les financements étrangers d'associations et d'entreprises algériennes », OverBlog, 5 mai 2019, http://bouhamidimohamed.over-blog.com/2019/05/39-captures-d-ecrans-documents-sur-les-financements-etrangers-d-associations-et-d-entreprises-algeriennes.html

[10] Pour plus de détails, voir référence 1

[11] Ahmed Bensaada, « Ukraine: autopsie d’un coup d’état », Reporters, 10 mars 2014,http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_ content&view=article&id=257:ukraine-autopsie-dun-coup-detat&catid =48:orientoccident&Itemid=120

[12] Sofia Amara, « Monde arabe : onde de choc », Canal + (Spécial Investigation, 52 min), 2011.

[13] Voir référence 4

[14] Pour plus de détails, voir référence 1

[15] Ronald Reagan, « Remarks at a White House Ceremony Inaugurating the National Endowment for Democracy », Ronald Reagan Presidential Library and Museum, 16 décembre 1983,https://www.reaganlibrary.gov/research/speeches/121683a

[16] William Blum, « Trojan Horse: The National Endowment for Democracy », Williamblum.org, https://williamblum.org/chapters/rogue-state/trojan-horse-the-national-endowment-for-democracy

[17] L. Bernstein, « La guerre secrète du misanthrope George Soros », Solidarité et Progrès, 11 août 2008, https://solidariteetprogres.fr/orientation-strategique-47/la-guerre-secrete-du-misanthrope.html

[18] Hernando Calvo Ospina, « Quand une respectable fondation prend le relai de la CIA », Le Monde diplomatique, juillet 2007


 


 

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AP : Vous avez publié une étude intitulée « Huit ans après la printanisation de l’Algérie ». Pouvez-vous nous en faire un résumé ?

AB : Mon article traite de l’idéologie de « résistance individuelle non violente » qui s’est avérée très efficace dans la chute de nombreux gouvernements depuis une vingtaine d’années. Cette idéologie, théorisée par le professeur américain Gene Sharp, a été appliquée avec succès dans différents pays.

Cela a commencé avec les révoltes qui ont bouleversé le paysage politique des pays de l’Est ou des ex-Républiques soviétiques et qui ont été qualifiées de « révolutions colorées ». La Serbie (2000), la Géorgie (2003), l’Ukraine (2004) et le Kirghizstan (2005) en sont quelques exemples.

Depuis la fin de l’année 2010, cette théorie a été mise en pratique dans les pays arabes et c’est ce qui a donné le mal nommé « printemps » arabe.

Je vous rappelle que j’ai consacré des dizaines d’articles à l’étude de ces révoltes ainsi que deux ouvrages.

En analysant le hirak algérien et en comparant son modus operandi avec celui de cet éventail de cas, on remarque des similitudes frappantes. C’est ce qui nous amène à penser que la lutte non violente qui se déroule actuellement dans les rues de notre pays ne représente qu’un continuum qui a débuté par les « révolutions colorées » et qui s’est poursuivi par le « printemps » arabe. Il s’agit de ce que j’ai nommé la « printanisation » de l’Algérie.

AP : Dénoncer les complots ourdis par des officines secrètes est systématiquement interprété comme une paranoïa. Comment convaincre les sceptiques, selon vous ?

Il n’y a rien de secret dans le rôle des organismes d’« exportation » de la démocratie. Leurs missions sont clairement affichées sur leurs sites et explicitement énoncées dans les discours de leurs responsables.

En plus, leurs relations avec le département d’État et leur alignement à la politique officielle de leur pays ne fait aucun doute. Certaines d’entre elles, comme la NED, publient des rapports annuels détaillés qui mentionnent les ONG locales bénéficiaires, leurs mandats et les montants alloués à chacune d’entre elles.

D’autre part, le rôle de ces organismes dans les « révolutions colorées » et le « printemps » arabe a été scrupuleusement étudié et est maintenant bien documenté.

Mais à chaque fois qu’une révolte non violente voit le jour quelque part dans le monde, les mêmes réactions apparaissent : « la révolte est spontanée », « la jeunesse nous guide vers un avenir radieux », « la main de l’étranger? C’est du complotisme! Pourquoi infantiliser le peuple? Vous protégez les dictateurs! ».

Il existe deux explications à ces réactions. La première peut provenir de personnes ou de groupes financés par l’étranger et qui font le nécessaire pour le dissimuler afin de préserver la « pureté » de la cause. Cela est relayé par la puissante machine des médias mainstream qui utilisent le mensonge par omission, invitent toujours les mêmes pseudo-analystes et maintiennent la porte grand ouverte aux activistes.

La seconde, plus naturelle, émane de sentiments profondément humains liés au « romantisme révolutionnaire », à la capacité intrinsèque du peuple à se libérer de tout joug oppressif. L’incrédulité de certains est ainsi humainement compréhensible. En effet, rien ne vaut une belle révolte spontanée et populaire pour l’imaginaire collectif qui n’a aucune idée de ce qui se trame dans les coulisses. La révolte de David contre Goliath, du faible contre le puissant, du petit peuple armé de sa foi contre le tyran omnipotent.

Dans ce cas, toute analyse critique cartésienne se heurte à une inévitable levée de boucliers.

C’est d’ailleurs ce qui fait la force de cette idéologie de « résistance individuelle non violente »

AP : Algerie Patriotique a été catalogué comme « site complotiste » pour avoir mis à nu plusieurs fois les manœuvres du lobby sioniste, notamment. Quel rôle ce dernier joue-t-il dans ce qui se passe en Algérie actuellement ?

Depuis l’avènement des TIC (technologies de l’information et de la communication), les médias mainstream, qui sont la propriété d’une poignée de grands groupes industriels, ont vu leur influence dans l’opinion publique sérieusement malmenée par les nouveaux médias numériques. Pour contrecarrer cet effet, les médias mainstream ont créé ce concept de site « conspirationniste » ou « complotiste » dans lequel ils ont certes catalogué de vrais sites farfelus, mais aussi des sites d’information sérieux mais dont la ligne éditoriale s’éloigne du mainstream. « Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage », dit l’adage.

Pour revenir au lobby sioniste, il est certain qu’il est fortement actif car l’Algérie est un des derniers bastions du « Front de la fermeté ». Il n’y a rien qu’à voir le nombre de drapeaux palestiniens qui sont déployés dans les marches du hirak pour comprendre l’intensité du lien affectif qui lie l’Algérie à la Palestine.

Néanmoins, il faut préciser que cette nébuleuse agit généralement de manière indirecte. En effet, ce lobby est très présent dans les organismes d’« exportation » de la démocratie. Ainsi, Carl Gershman, avant d’accéder à la présidence de la NED, avait travaillé dans le département de recherche de l'Anti-Defamation League du B'nai B'rith et a été membre du Conseil d'administration du Congrès juif américain.

Gershman est un grand défenseur de la politique raciste et belliqueuse d’Israël. Dans un récent discours au Forum Juif de Kiev (6-8 mai 2019), Carl Gershman a défendu l’état hébreu tout en comparant ses crimes à la situation de l’Algérie d’avant le hirak.

Il reprit d’abord les déclarations du rabbin Lord Jonathan Sacks lors d'un débat sur l'antisémitisme à la Chambre des Lords britannique « C’est pourquoi Israël - la seule démocratie au Moyen-Orient pleinement opérationnelle avec une presse libre et un pouvoir judiciaire indépendant - est régulièrement accusé des cinq péchés capitaux contre les droits de l’homme: racisme, apartheid, crimes contre l’humanité, purification ethnique et tentative de génocide ».

Il ajouta ensuite: « Un exemple de cette évolution effroyable est que le 18 mars [2019], au Conseil des Droits de l'Homme des Nations unies, Israël a été agressé dans sept rapports biaisés et cinq résolutions hostiles. Rien n'a été présenté au Conseil sur aucun autre pays du monde - pas sur l'Algérie, où les manifestations qui ont abouti au renversement du régime corrompu et répressif de Bouteflika avaient commencé un mois plus tôt [] ».

En 2004, Gershman avait participé à une conférence qui s’était tenue à Rome et qui avait pour thème : « L’antisémitisme - une menace pour la démocratie ». Il y révéla des motivations pro-israéliennes quant à la promotion de la démocratie au Moyen-Orient : « Quelles que soient leurs différences, les baathistes et les islamistes partagent une haine viscérale des valeurs libérales qui trouve sa plus grande expression dans la diffamation d’Israël et du peuple juif ».

colas Guilhot, The Democracy Makers: Human Rights and the

Nicolas Guilhot, The Democracy Makers: Human Rights and the Nicolas Guilhot, The Democracy Makers: Human Rights and the

74 pp., ISBN 0231131240 (hbk), 0231504195 (electronic).

274 pp., ISBN 0231131240 (hbk), 0231504195 (electronic)

Ce lobby procède aussi par un travail de fond en adoubant, par exemple, des mouvements comme le MAK qui a repris du poil de la bête à l’occasion du hirak. Dans un travail de plus longue haleine, des voyages sont organisés à des « intellectuels bien de chez nous » comme Sansal, Dilem ou Akkouche pour fouler le sol des territoires occupés en vue de paver la route à une politique de normalisation bien entamée par d’autres pays arabes.

De manière plus insidieuse, le lobby sioniste a réussi à infiltrer le réseau des activistes et cyberactivistes arabes à travers le forum « Fikra ». Ce forum qui prétend « soutenir les démocrates arabes dans leur lutte contre l'autoritarisme et les extrémistes » est une création du lobby américain pro-israélien, géré et financé par ses soins. Parmi les nombreux participants provenant d’une dizaine de pays arabes, notons la présence d’activistes algériens.

AP : Les Algériens ont convergé vers les grandes places le 22 février pour exiger le départ du système. Certains disent que c’est l’entêtement de Bouteflika qui a poussé les Algériens à se révolter, d’autres estiment que c’est Facebook qui a rassemblé les Algériens autour d’une seule et même revendication. Qu’en est-il, selon vous ?

Loin d’être spontanées, les révoltes non violentes se préparent longtemps à l’avance. Dans mon livre « Arabesque$ », j’explique que les activistes arabes ont été préparés des années avant le début du « printemps » arabe.

Certes, les révoltes qui ont balayé la rue arabe sont une conséquence de l’absence de démocratie, de justice sociale et de confiance entre les dirigeants et leur peuple.

Richesses mal distribuées, manque de libertés, régimes autocratiques, hogra, corruption, etc.

Tout ceci constitue donc un « terreau fertile » à la déstabilisation. Ce terreau est constitué de femmes et d’hommes qui ont perdu confiance en leurs dirigeants dont la pérennité maladive ne laisse entrevoir aucune lueur d’espoir.

Mais cela n’est pas suffisant: une « étincelle » qui fédère le peuple est nécessaire. Dans le cas de la Tunisie, c’était la mort de Mohamed Bouazizi, alors que celui de l’Algérie, c’était le cinquième mandat.

Et c’est à ce moment que la formation des cyberactivistes est importante. Dans le cas de l’Algérie, Facebook et les autres médias sociaux ont eu un rôle très important. L’organisation, la mobilisation, les appels à manifester, la synchronisation et la diversité des actions à mener sur le terrain n’auraient jamais été possible de manière aussi efficace sans les nouvelles technologies.

Mais cela n’est pas nouveau. Rappelons-nous qu’en Égypte, la révolte de la Place Tahrir avait été surnommée « Révolution Facebook » ou « Révolution 2.0 » et qu’Israa Abdel Fattah, la cofondatrice du Mouvement du 6 Avril (financé par des organismes américains), fer de lance de la contestation égyptienne était connue sous le nom de « Facebook Girl ».

AP : Comment les officines auxquelles vous faites référence dans votre étude interviennent-elles dans le hirak algérien ?

Les organismes d’« exportation » de la démocratie fonctionnent de façon similaire quel que soit le pays. Ils s’occupent du financement des ONG locales, de la formation des activistes et, pour plus de synergie, s’occupent de leur réseautage.

En ce qui concerne le financement, nous avons montré que de nombreuses ONG algériennes ont été financées bien avant le début du « printemps » arabe. Et cela n’a jamais cessé depuis comme expliqué dans mes deux récents articles,. Comme par hasard, ces ONG sont toujours au premier rang de la contestation. Elles l’étaient également avec le défunt CNCD, en 2011.

Le financement ne provient pas uniquement de la bourse de l’Oncle Sam. Des organismes européens comme les Stiftungs allemands et d’autres moins évidents à identifier sont mis à contribution. Les documents publiés par mon ami Mohamed Bouhamidi sont très éloquents à ce sujet.

Pour la petite histoire, notons que la structure de la NED (créée en 1983 par le président R. Reagan) s’est inspirée de celle des Stiftungs allemands et, comme la CIA collaborait avec ces organismes allemands pour financer des mouvements à travers le monde bien avant la création de la NED, les relations sont restées solides jusqu’à nos jours. Ainsi, à titre d’exemple, le mouvement pro-européen Euromaïdan qui a secoué l’Ukraine fin 2013 début 2014 a aussi bien été aidé et soutenu par l’IRI et le NDI (deux des quatre satellites de la NED) que par le Konrad Adenauer Stiftung (lié au CDU allemand).

Dans le volet formation, nous savons que des jeunes algériens ont été formés à la « résistance individuelle non violente » par les Serbes de CANVAS. Cela a été confirmé par un des dirigeants du Mouvement du 6 Avril, l’Égyptien Mohamed Adel, qui a reconnu s’être rendu en Serbie avec quatorze autres militants algériens et égyptiens.

En matière de maîtrise du cyberespace et de réseautage, les noms de cyberactivistes algériens figurent dans les listes de participants aux formations dispensées à la « Ligue arabe du Net » par les organismes d’« exportation » de la démocratie .

Finalement, des indices montrent que certaines figures visibles du hirak algérien ont suivi des formations dans des pays européens après le « printemps » arabe. Des investigations sont en cours.

AP : Quels sont les indices de leur implication ?

Comme expliqué dans mon article, les révoltes non violentes suivent un pattern bien établi portant, sur le terrain, le sceau de CANVAS. L’utilisation de campagnes de communications dites positives et négatives, la fraternisation avec l’« ennemi », l’utilisation du poing d’Otpor, la présence d’individus ou de groupes financés par les officines étrangères en tête des manifestations, la proposition comme leader de personnalités auparavant inconnues du grand public ainsi que l’usage des « méthodes d’action non-violente » parmi les 199 figurant dans le manuel élaboré par CANVAS en sont quelques exemples.

D’autre part, la coordination des actions à mener sur le terrain, le partage d’informations en temps réel, la transmission d’instructions pour que les manifestations soient conformes aux principes de base de la lutte non-violente, le timing des évènements et ce, à travers tout le territoire national, prouve une utilisation efficiente du cyberespace qui ne peut être acquise que par une solide formation.

AP : Que cherchent ces officines, CANVAS, NDI, NED, etc., en Algérie ? Quel type de régime veulent-elle « imposer » ?

Tout d’abord, une petite mise au point. Il ne faut pas classer CANVAS avec la NED et ses homologues. CANVAS n’est qu’une école serbe de « révolutionnaires en herbe » utilisée par les organismes d’« exportation » de la démocratie comme la NED, Freedom House et autres, pour former des activistes.

Le rôle de la NED a été clarifié dans le discours inaugural de cette « fondation ».

Le 16 octobre 1983, le président Reagan déclara : « Ce programme ne restera pas dans l’ombre. Il s’affirmera avec fierté sous le feu des projecteurs. (…) Et, bien sûr, il sera cohérent avec nos intérêts nationaux ».

Selon le journaliste américain William Blum « Les programmes de la NED incarnent généralement la philosophie de base selon laquelle les travailleurs et les autres citoyens sont mieux servis dans un système de libre entreprise [], d’intervention minimale du gouvernement dans l’économie et d’opposition au socialisme sous toutes ses formes. Une économie de marché est synonyme de démocratie, de réforme et de croissance et l'accent est mis sur les avantages des investissements étrangers dans leur économie ». [] En bref, les programmes de la NED sont en harmonie avec les besoins et objectifs de base de la mondialisation économique du Nouvel Ordre Mondial, tout comme les programmes sont sur la même longueur d’onde que la politique étrangère des États-Unis ».

Ainsi, les États-Unis, à travers des organismes spécialement conçus, utilisent la démocratie et le droit-de-l’hommisme pour exporter des politiques néolibérales à travers le monde.

Cette politique est encore plus claire avec le milliardaire et spéculateur américain George Soros dont la fondation « Open Society » (Société ouverte) travaille de concert avec la NED et les autres organismes d’« exportation » de la démocratie.

Selon Leandra Bernstein « l’action et l’argent de George Soros sont devenus des instruments pour démanteler la souveraineté nationale des États, en remplissant les caisses d’organisations “philanthropiques” ou “ droit-de-l’hommistes” ». Pour Soros, « si une nation voulait contrôler ses propres ressources naturelles » ou « développer son économie et sa force de travail à l’aide de tarifs douaniers et de régulations », elle était considérée comme société fermée. En fait, « toute nation qui rejette la mondialisation (c’est-à-dire l’impérialisme du libre-échange) est condamnée à ce titre et fera l’objet d’attaques de la part des organisations de Soros ».

On voit bien que l’« exportation » de la démocratie  qui se fait à travers des changements de régime menés à bien grâce aux principes de la lutte non violente a des visées économiques et hégémoniques.

Dans les conflits armés, des personnes autochtones sont choisies pour préserver les intérêts de la puissance victorieuse. Souvenons-nous des cas Ahmed Chalabi en Irak ou Hamid Karzai en Afghanistan. Il en est de même dans les révoltes non violentes qui s’accompagnent de l’apparition de certaines figures qu’on cherche à imposer en les drapant d’une « bénédiction » populaire.

Mikheil Saakachvili, après la révolution des Roses en Géorgie (2003), Viktor Iouchtchenko, après la révolution Orange en Ukraine (2004) ou la tentative avortée de placer Mohamed el-Baradei après la révolution du Lotus en Égypte (2011), sont des exemples de candidats pro-américains.

En Algérie, le hirak a aussi très rapidement produit les noms de personnes susceptibles de diriger le sort du pays après l’éviction du président Bouteflika. Et le battage médiatique n’a pas encore cessé pour certains.

Les visées économiques et hégémoniques ne s’appliquent pas uniquement aux États-Unis, bien au contraire. Les pays européens, en particulier la France, histoire coloniale et doctrine Monroe obligent, ont des intérêts en Algérie.

D’autre part, l’alignement de l’Algérie sur la Russie pour l’approvisionnement en matériel militaire et sur la Chine pour les grands projets nationaux laissent espérer des contrats juteux en cas de changement de paradigme politique.

Avec ses énormes richesses, son immensité territoriale et son importante position géostratégique, il est clair que l’Algérie attise la convoitise de nombreuses puissances.

AP : Qui du peuple ou de ces officines auront eu raison du système, selon vous ? Autrement dit, qui a fait tomber Bouteflika ?

C’est la combinaison des deux qui a fait tomber le président Bouteflika. L’application judicieuse des principes de la lutte non violente permet de fédérer le « peuple » contre le « tyran » autour d’une exigence : le départ du « tyran ». Elle fait passer la peur du camp du « peuple » vers celui du « tyran ».

Cette synergie n’enlève rien au mérite et à la bravoure du peuple qui est sorti comme un seul homme pour demander le départ d’un système usé par le pouvoir, les affaires et la corruption.

Il faut être clair : la grande majorité des manifestants n’a rien à voir avec les officines et ignore certainement tout de leur existence, mais sort dans la rue pour des causes nobles. Ce sont ceux qui sont en haut de la pyramide du hirak qui organisent, orientent et dirigent. Et cela est un autre point fort de l’idéologie de « résistance individuelle non violente ».

L’efficacité de cette combinaison permet d’expliquer pourquoi les émeutes antérieures au « printemps » arabe ont toutes été violemment étouffées comme celles de Gafsa (Tunisie 2008) ou celles d’Al Mahalla (Égypte 2008) alors que quelques mois plus tard (et surtout quelques formations plus tard), le « peuple » a vaincu le « tyran ».

AP : Comment voyez-vous les perspectives du mouvement populaire pacifique en Algérie à court terme ?

Le mouvement populaire est resté très pacifique, c’est le signe très positif d’une réelle maturité politique. Le seul problème vient de l’inflation des revendications émanant de certaines voix du hirak. À un certain moment, il faut raison garder et passer à la table des négociations car la confrontation est mauvaise conseillère et peut avoir de fâcheuses conséquences. En Algérie, nous en savons quelque chose.

Pour celles et ceux qui craignent que le système perdure, il faut les convaincre que la situation politique algérienne ne sera jamais pareille dans l’avenir et que la vigilance du peuple est garante du changement.

Quant aux personnes ou aux groupes qui ont reçu des subsides d’organismes « démocratisants » étrangers, il faut impérativement qu’elles placent l’intérêt de leur pays l’Algérie avant celui des autres. L’histoire nous montre que dans les mouvements de ce type, les activistes pro-occidentaux disparaissent une fois la « révolution » achevée. Au sujet des « révolutions colorées », le journaliste Hernando Calvo Ospina écrivit : « [] La distance entre gouvernants et gouvernés facilite la tâche de la NED et de son réseau d’organisations, qui fabriquent des milliers de "dissidents" grâce aux dollars et à la publicité. Une fois le changement obtenu, la plupart d’entre eux, ainsi que leurs organisations en tout genre, disparaissent sans gloire de la circulation » . On aurait pu écrire exactement la même chose sur les « dissidents » du « printemps » arabe.

Nul doute que notre peuple sera à la hauteur de la gravité et des exigences de l’heure et fera de ce mouvement un vrai printemps arabe (sans guillemets) d’où bourgeonnera l’unité d’une nation à jamais soudée contre le despotisme, la corruption et la hogra.



Ahmed Bensaada, « Arabesque$ - Enquête sur le rôle des États-Unis dans les révoltes arabes », Ed. Investig’Action, Bruxelles (Belgique), 2015 – Ed. ANEP, Alger (Algérie), 2016.

Ahmed Bensaada, « Arabesque américaine », avril 2011, Ed. Michel Brûlé, Montréal (Canada), avril 2011– Ed. Synergie, Alger (Algérie), mars 2012.

24th Annual Conference on World Affairs, « Who is who; Carl Gershman », 29 mars-2 avril 1971, https://web.archive.org/web/20110429014546/http://www.colorado.edu/cwa/archives/prosopogrophies/cwa1971.pdf

Carl Gershman, « Democratic Ukraine and the struggle against anti-semitism », Remarks by NED President at the Kyiv Jewish Forum, NED, 6 mai 2019, https://www.ned.org/democratic-ukraine-and-the-struggle-against-anti-semitism/

Shoah the Palestinian Holocaust, « NED, ADL and the Middle East Uprisings », 26 mars 2011,

http://www.shoah.org.uk/2011/03/26/ned-adl-and-the-middle-east-uprisings/

Ahmed Bensaada, « Les activistes du « printemps » arabe et le lobby pro-israélien », Reporters, 26 septembre 2013, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=238:les-activistes-du-l-printemps-r-arabe-et-le-lobby-pro-israelien&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

Voir référence 1

 

Ahmed Bensaada, « Huit ans après : la « printanisation » de l’Algérie », ahmedbensaada.com, 4 avril 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=475:2019-04-04-22-50-13&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

Ahmed Bensaada, « Belalloufi, le RAJ et l’importation de la démocratie », ahmedbensaada.com, 2 mai 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=490:2019-05-02-15-00-34&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

Pour plus de détails, voir référence 1

Sofia Amara, « Monde arabe : onde de choc », Canal + (Spécial Investigation, 52 min), 2011.

Voir référence 4

Pour plus de détails, voir référence 1

Ronald Reagan, « Remarks at a White House Ceremony Inaugurating the National Endowment for Democracy », Ronald Reagan Presidential Library and Museum, 16 décembre 1983, https://www.reaganlibrary.gov/research/speeches/121683a

William Blum, « Trojan Horse: The National Endowment for Democracy », Williamblum.org, https://williamblum.org/chapters/rogue-state/trojan-horse-the-national-endowment-for-democracy

L. Bernstein, « La guerre secrète du misanthrope George Soros », Solidarité et Progrès, 11 août 2008, https://solidariteetprogres.fr/orientation-strategique-47/la-guerre-secrete-du-misanthrope.html

Hernando Calvo Ospina, « Quand une respectable fondation prend le relai de la CIA », Le Monde diplomatique, juillet 2007

Posée de la sorte, cette question semble farfelue. Mais pas le moins du monde.

Certains membres du Hirak de l’étranger intimident les électeurs qui « osent » se présenter dans les consulats ou dans les bureaux de vote en les traitant de « traitres » ou de « cachiristes » (partisans de l’ancien système). Selon eux, voter est synonyme de trahison à la pureté du Hirak qui veut instaurer une réelle démocratie dans le pays. Ainsi, tous ceux qui n’adhèrent pas à leur vision des choses sont automatiquement des collaborateurs de la « 3issaba » (bande mafieuse). Cette conception étriquée et totalitaire de la démocratie est malheureusement en complète opposition avec les valeurs prônées par ce mouvement de révolte initialement inclusif et rassembleur qui a vu le jour le 22 février 2019.

Le Hirak pacifique serait-il en train de muer lentement en un Hirak belliqueux? La « révolution du sourire » se métamorphose-t-elle en « révolution du rictus »?

Supposons un instant que cette action d’empêchement ou d’interdiction de vote réussisse à merveille et que le taux de participation frise le zéro, quelles leçons le Hirak pourra-t-il en tirer? Qu’il est très fort et très bien organisé? Qu’il est facile de faire peur aux honnêtes citoyens qui ont une idée différente? Que l’intimidation et les invectives sont des outils de choix pour instaurer la démocratie en Algérie?

Mais jamais quelqu’un ne pourra prétendre que le taux de participation ainsi obtenu est réel.

Mais d’où vient donc cette idée biscornue que « ne pas aller voter est un acte démocratique »? Émane-t-elle réellement des « stratèges » du Hirak qui veulent imposer une transition au lieu d’une élection?

Le 26 novembre 2019, c’est-à-dire à peine deux semaines avant l’échéance électorale, le professeur Robert Zaretsky écrivait dans la célèbre revue Foreign Affairs un article sur l’Algérie au titre très (très) clair: « An Election’s Failure Will Be a Democratic Success » (L'échec de l’élection sera un succès démocratique) [1].

Pour information, cette revue est publiée par le CFR (Council on Foreign Relations) un des think tanks les plus importants des États-Unis, spécialisé dans la politique étrangère et les affaires internationales. Fondé en 1921, le CFR a compté parmi ses membres des politiciens de premier plan comme Henry Kissinger, Madeleine Albright ou Colin Powell (en tout une douzaine de Ministres des Affaires étrangères), ainsi que des directeurs de la CIA, des banquiers, des juristes, des journalistes et des professeurs.

C’est pour cette raison que Foreign Affairs est considéré comme un des magazines américains les plus influents en politique étrangère. Parmi ses illustres contributeurs, on peut mentionner, à titre d’exemple, Samuel P. Huntington, Hillary Clinton, Donald H. Rumsfeld, Francis Fukuyama, David Petraeus, Zbigniew Brzezinski, John J. Mearsheimer, etc.

Revenons à l’article de Robert Zaretsky, professeur d’Histoire française moderne à l’Université de Houston. On peut y lire :

« L'échec de cette élection marquera, paradoxalement, le succès des aspirations démocratiques du pays, telles qu'elles s'expriment à travers un phénomène qui domine le paysage politique algérien depuis fin février: le Hirak. »

Alors que l’Algérie toute entière s’est offusquée de la résolution du Parlement européen, cet article représente une ingérence bien plus dangereuse et insidieuse que celle introduite par l’eurodéputé Raphaël Glucksmann, le « consultant en révolution », conseiller spécial des révolutionnaires colorés géorgiens et ukrainiens.

Les stratèges printanistes du Hirak ont-ils avancé l’idée d’intimider les électeurs pour faire échouer les élections afin de garantir « le succès des aspirations démocratiques du Hirak » en « s’inspirant » de l’article du Foreign Affairs?

Ou est-ce juste une banale coïncidence? Comme celle des fleurs distribuées aux forces de l’ordre? Ou celle du balayage des rues empruntées par les manifestants? Ou peut-être celle du simulacre de funérailles?

__________________

[1] Robert Zaretsky, « An Election’s Failure Will Be a Democratic Success », Foreign Affairs, 26 novembre 2019, https://www.foreignaffairs.com/articles/algeria/2019-11-26/algeria-faces-unknown-finally

بقلم: أحمد بن سعادة

 

ترجمة: علي إبراهيم

4 أيار/مايو 2019


جعلت الإنتفاضات التي هزّت الشوارع خلال "الربيع" العربي سيء الصيت من قضية التنّحي مبدأً أساسياً لها. وقد بلغت هذه القضية في الجزائر أعلى مراحل العقيدة المطلقة من خلال شعار "ليرحلوا جميعاً" الذي صدحت به الحناجر أو تمت كتابته بأحرف كبيرة على اللافتات.




تم توجيه هذا النداء بشكلٍ خاص إلى رموز السلطة الملعونة المطلوب التخلص منهم, أي إلى رجال السياسة المنخورين بالفساد والمقربين منهم من أصحاب الثروات, الذين لا يعادل ثرواتهم سوى فسادهم وإنحلالهم.

لكن, ومن أجل الصحة العامة, هنالك فئة أخرى يجب أن تختفي بنفس سرعة اختفاء الفئتين السابقتين: إنها فئة المحللين السياسيين المزعومين.

يمكن تصنيف هذه المجموعة من الكائنات التي تعمل على تزوير المعلومات إلى عدة أنواع. هنالك أولئك الذين تعاونوا بكل سرور مع السلطة والذين اكتشفوا بشكلٍ متأخر عذريتهم المفقودة منذ زمن بعيد. وأولئك الواقعون تحت التأثير الإستعماري الجديد "في جيناتهم الوراثية", الذين يرغبون برؤية الأميركيين يهبطون في أرزو (ميناء بالقرب من مدينة وهران في غرب الجزائر- من المترجم) أو الفرنسيين في سيدي فرج (الميناء الذي نزل فيه المستعمرون الفرنسيون الذين احتلوا الجزائر سنة 1830- من المترجم). وهنالك أيضاً أولئك الذين يتحرقون شوقاً ومتعةً لرؤية بواكير "الربيع" القاتل والذين صفقوا للهجمات "الأطلسية" على ليبيا, واليوم يذرفون دموع التماسيح على الجروح الدامية التي أصابت الدول العربية الجريحة. وأولئك الذين يستعملون ويسيؤن استعمال الكذب عن طريق الإجتزاء ويشوهون على الفور سمعة أية محاججة تضع تأكيداتهم المضللة والمنحازة موضع الشك.

إن هذه القائمة ليست شاملة بالتأكيد لأن هذه الزمرة من المحللين المزعومين غير متناسقة, لكن مع ذلك يمكن لهذه القائمة أن تسمح لنا برسم صورة نزيهة عن فئةٍ غير شريفة.

نذكر هنا, كمثلٍ ملموس وتربوي, حالة المدعو حسين بلعلوفي. ففي مقابلةٍ له مع جريدة [L’Expression [1 قام, وبجرة قلم, بشطب التحليل الذي كتبته حول فرض الربيع على الجزائر. في الحقيقة, وبدلاً من انتقاد مقالي الأخير [2] بشكلٍ جدّي حسب الأخلاقيات الصحفية, قام المذكور ومن جانبٍ واحد بإقصاء المقال من النقاش الوطني الجاري بتصريحٍ طنان : " إن هذه النصوص تكشف عن فقرٍ مثير للشفقة ".

هل أرفق تلك العبارة المتبجحة الفارغة بأيّة حجةٍ؟

لاشيء من ذلك أبداً ! كلمته لوحدها تكفي لأنه يظن نفسه "المعلّم الروحي" لليسار الجزائري !

" هيا, اذهبوا من هنا, لم يعد هنالك ما يقال: لقد تكلم بلعلوفي!"

لكن كيف يمكن الإدعاء بعدم الإضطلاع على الأساليب الجديدة في زعزعة استقرار البلدان في الوقت الذي تتوافر فيه الأمثلة الحديثة بكثرة؟

هل المقصود فقط تشويه كلّ ما لا يتوافق مع مصالحه أو كل من يشكك "بأصدقائه" و "حماته"؟

إذا كان الأمر كذلك, يمكن لنا أن نقترح عليه مناقشة الأمر مع أصدقائه وشركائه ومعاونيه في RAJ (تجمع العمل الشبابي). وكما أشرت في مقالي, فإن هذا التجمع تلقى الأموال من NED (الوقف القومي للديمقراطية), وهو الواجهة العلنية للمخابرات المركزية الأميركية[3].

 

شعار إذاعة تجمع العمل الشبابي

لاحظوا القبضة المضمومة التي تقبض على أمواج الإذاعة: ألم نرى ذلك في مكانٍ آخر؟

 

هل يمكنه أيضاً طرح بعض الأسئلة على رئيس التجمع, عبد الوهاب فرساوي, الذي يلتقيه دوماً في الندوات المشتركة؟

 

حسين بلعلوفي وعبد الوهاب فرساوي في استديو إذاعة التجمع

 

 

إليكم مثلاً, هذا السؤال: " ماذا كان يفعل في داكار, في شهر أيار/مايو 2018؟".

هاكم الجواب أيها القرّاء.

انعقدت في الفترة ما بين 6 إلى 9 أيار/مايو 2018, في فندق قصر الملك فهد في داكار (عاصمة السنغال) الجمعية العالمية التاسعة للحركة الدولية من أجل الديمقراطية (World Movement for Democracy, WMD). تحت عنوان " بناء شراكات استراتيجية من أجل التجدد الديمقراطي".

يمكن لنا أن نقرأ في البيان الصحفي الذي نشر على موقع الحركة ما يلي: " تأسست الحركة سنة 1999 بهدف "تقوية الديمقراطية حيث تكون ضعيفة وإصلاحها وإعادة إنعاشها حتى وإن كانت موجودة منذ وقتٍ طويل, وبهدف تقوية المجموعات المؤيدة للديمقراطية في البلدان التي لم تدخل بعد في المسار الإنتقالي نحو الديمقراطية". [...] تقود الحركة الدولية لجنة قيادية عالمية متميزة; ويعتبرالوقف القومي للديمقراطية NED, ومقره واشنطن, بمثابة الأمانة العامة للحركة." [4]

من بين الأعضاء المتميزين (جداً) الذين تضمهم اللجنة كارل غيرشمان وبسمة قضماني. ولمن لا يعلم من هما هاتين الشخصيتين فإن الأول هو رئيس الوقف القومي للديمقراطية أما الثانية فهي من مؤسسي المجلس الوطني السوري, وهي المنظمة التي كانت الأساس في دمار سوريا.

إضافةً إلى كارل غيرشمان, تضم قائمة المشاركين في هذا القداس الإبتهالي السنغالي من أجل الديمقراطية الأميركية شخصياتٍ مشهورة: ستيفن ماكليرني, المدير التنفيذي لمنظمة المشروع من أجل الديمقراطية في الشرق الأوسط (POMED), كينيث وولاك [5], رئيس المعهد القومي الديمقراطي (NDI), سكوت ماستيك, نائب رئيس البرامج في المعهد الجمهوري الدولي (IRI), أندرو ويلسون, المدير التنفيذي للمركز الدولي للمشاريع الخاصة (CIPE), وشاونا بادر-بلاو, المديرة التنفيذية لمركز التضامن.

نعيد التذكير أن تلك المنظمات الأربعة المذكورة تابعة للوقف القومي للديمقراطية [NED [6.

وبحسب ما هو مذكور على موقعه الإلكتروني, فإن المشروع من أجل الديمقراطية في الشرق الأوسط (POMED) " هيئة غير حزبية وغير ربحية تكرس عملها للبحث في كيفية تطوير الديمقراطية الحقيقية في الشرق الأوسط والطريقة التي يمكن للولايات المتحدة من خلالها أن تدعم هذا المسار " [7]. في الواقع, من السهولة بمكان التأكّد من أن هذه الهيئة تنسق عملها مع فريدوم هاوس [8] وأنها تتلقى الدعم المالي من معهد المجتمع المنفتح التابع لجورج سوروس [9] ومن الوقف القومي للديمقراطية [10]. في محاولته " توضيح " الدور الذي لعبته الهيئة في "الربيع" العربي, صرح مديرها ستيفن ماكليرني لصحيفة نيويورك تايمز قائلاً :" نحن لا نقدم لهم التمويل لكي يبدأوا الإحتجاجات, لكننا ساعدناهم في تطوير كفاءاتهم وبناء شبكاتهم ". مضيفاً : " لعب هذا التدريب دوراً فيما حصل في نهاية المطاف, لكنها كانت ثورتهم هم. لم نكن نحن من أطلقها " [11]. يعدّ ماكليرني من الشخصيات النادرة المنخرطة في عملية "تصدير" الديمقراطية والتي تتحدث عن ذلك بمثل ذلك الوضوح.

 

كارل غيرشمان خلال "سهرة داكار" على هامش الجمعية التاسعة للحركة العالمية من أجل الديمقراطية (داكار, أيار/مايو 2018)

 

الجدير ذكره أن هؤلاء المسؤولين الأميركيين الرفيعي المستوى لم يأتوا لوحدهم إلى داكار, بل كان برفقتهم وفد ضخم.

فبالإضافة إلى هذه اللائحة المهيبة من " المعلمين الكبار" التي تزن ملايين الدولارات لتمويل عملية "تصدير الديمقراطية" إلى أنحاء العالم وخصوصاً إلى منطقة الشرق الأوسط وشمال أفريقيا, تثير أسماء الناشطين المشهورين المرافقين الإنتباه.

من بين المشاركين, تبرز أسماء مثل رضوان زيادة, العضو النافذ في المجلس الوطني السوري, والناشط الأردني عريب الرنتاوي, المدير العام لمنظمة غير حكومية اسمها مركز القدس للدراسات السياسية وأمين غالي, مدير مركز الكواكبي للإنتقال الديمقراطي.

رضوان زيادة ناشط سوري غزير الإنتاج وله معارف كثر في الإدارة الأميركية حسبما يتضح من سيرته الذاتية [12]. ظهر على الساحة الإعلامية بصفته عضواً نافذاً في المجلس الوطني السوري. في عام 2005, قام بتأسيس " مركز دمشق لدراسات حقوق الإنسان", وهومركز تربطه صلة وثيقة بالوقف القومي للديمقراطية, كما ذكر جيفري بلانكفورت, شكّل المركز "غطاءً لنشاطاته " في سوريا [13]. من بين أنشطته العديدة جداً, كان زيادة عضواً فخرياً في " معهد السلام الأميركي", وهو مركز للأبحاث تموله الحكومة الأميركية [14].

 

هيلاري كلينتون ورضوان زيادة


صرح عريب الرنتاوي, الذي يتلقى مركزه تمويلاً من المعهد القومي الديمقراطي [15], أنه خلال "الربيع" العربي, سافر مرتين إلى اليمن من أجل تقديم العون للمعارضين اليمنيين. برأيه, فإن " جميع تلك الجهود التي قدمتها المنظمات المحلية والدولية, قد فتحت الطريق أمام ما يجري اليوم. لم يأت هؤلاء الشبان من العدم للقيام بثورة ".

 

آنا كومبانك (مديرة البرامج في المركز الدولي للشركات الخاصة) وعريب الرنتاوي


أمين غالي ناشط تونسي قديم يعمل منذ سنة 2008 في مركز الكواكبي. نعيد التذكير أن مركز الكواكبي يتلقى التمويل من برنامج المشروع من أجل الديمقراطية في الشرق الأوسط. وكما ذكرنا سابقاً يتلقى هذا البرنامج الأموال من معهد المجتمع المنفتح التابع لجورج سوروس وكذلك من الوقف القومي للديمقراطية كما يعمل بالتنسيق مع فريدوم هاوس. ومع هذه المنظمة بالذات (فريدوم هاوس) كان أمين غالي قد عمل سابقاً [16].

 

 

أمين غالي في ندوة نظمها كلاً من برنامج المشروع من أجل الديمقراطية في الشرق الأوسط ومؤسسة أميركا الجديدة

(واشنطن, 29 حزيران/يونيو 2012)


ووسط هذا العالم الجميل, ما بين الحلويات الصغيرة والخطب الرنانة, نجد ممثل الجزائر الوحيد : عبد الوهاب فرساوي.

من المؤكد أن تواجده لا يعود فقط إلى كون إذاعة تجمع العمل الشبابي عضواً في الحركة الدولية من أجل الديمقراطية [17], وعلى غرار المنظمة غير الحكومية للناشطة اليمنية توكل كرمان "صحفيات بدون قيود" [18], فإن الإذاعة تتلقى التمويل من الوقف القومي للديمقراطية أيضاً [19].

 

 

توكل كرمان وهيلاري كلينتون


لكن, لننتظر جواب السيد بلعلوفي على هذا التفصيل, وعلى تفاصيل أخرى قاصمة أكثر.

هل يمكن حصول ذلك خلال برنامجٍ مشترك على أثير إذاعة تجمع العمل الشبابي؟

 


 

المراجع:

[1] Kamel Lakhdar-Chaouche, « L'Occident préfère un régime soumis à ses intérêts», L’Expression, le 17 avril 2019, http://www.lexpressiondz.com/actualite/314185-l-occident-prefere-un-regime-soumis-a-ses-interets.html

[2] Ahmed Bensaada, « Huit ans après : la « printanisation » de l’Algérie », ahmedbensaada.com, 4 avril 2019http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=475:2019-04-04-22-50-13&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[3] Voir référence 2

[4] World Movement for Democracy, « Press Release: Ninth Global Assembly », 23 mars 2018, https://www.movedemocracy.org/ninthassembly (section "Media")

[5] Kenneth Wollack a pris sa retraite du NDI en juin 2018

[6] Pour plus de détails, voir référence 2

[7] POMEDhttp://pomed.org/

[8] Atlantic Council, « Negotiating Libya’s Constitution », 22 janvier 2014, https://www.atlanticcouncil.org/events/past-events/negotiating-libya-s-constitution

[9] Carnegie Endowment for International Peace, « Egypt’s Upcoming Elections : Boycotts, Campaigns, and Monitors », 19 octobre 2010, https://carnegieendowment.org/2010/10/19/egypt-s-upcoming-elections-boycotts-campaigns-and-monitors-event-3053

[10] NED, « 2009 Annual report : Egypt »http://www.ned.org/publications/annual-reports/2009-annual-report/middle-east-and-north-africa/description-of-2009-gra-2 .

[11] Ron Nixon, « U.S. Groups Helped Nurture Arab Uprisings », New York Times, 14 avril 2011, https://www.nytimes.com/2011/04/15/world/15aid.html

[12] Arbeitsgemeinschaft Israel an der Johannes Gutenberg-Universität Main, « Dr. Radwan Ziadeh »http://www.israel-ag.de/wp-content/uploads/2013/09/Ziadeh1.pdf

[13] Jeffrey Blankfort, Enregistrement audio (à partir de 3 min), « Takes on the World », Radio4all, 12 février 2012

[14] Charlie Skelton, « The Syrian opposition: who's doing the talking? », The Guardian, 12 juillet 2012, http://www.theguardian.com/commentisfree/2012/jul/12/syrian-opposition-doing-the-talking

[15] Charles J. Hanley, « US training quietly nurtured young Arab democrats », Washington Post, 13 mars 2011http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2011/03/12/AR2011031202234.html

[16] MENA Regional Facilitators Forum, « Amine Ghali », http://www.menaff.org/team/amine-ghali/

[17] World Movement for Democracy, « Radio RAJ »https://www.movedemocracy.org/participant/radio-raj-algeria/radio-raj

[18] World Movement for Democracy, « Women Journalists Without Chains »https://www.movedemocracy.org/networking/directory

[19] Ahmed Bensaada, « « Mais qui est donc Tawakkol Karman, la première femme arabe nobélisée? », Le Quotidien d’Oran, 13 octobre 2011, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=141:mais-qui-est-donc-tawakkol-karman-la-premiere-femme-arabe-nobelisee&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119






 

Les révoltes qui ont ébranlé les rues lors du mal nommé « printemps » arabe ont érigé le dégagisme en principe essentiel de la révolte. En Algérie, il a atteint le stade ultime du dogme absolu avec le « yetnahaw gaa » (ils dégagent tous), scandé à gorge déployée ou inscrit en grandes lettres sur des banderoles.

 

« Yetnahaw gaa » (ils dégagent tous)


Cet appel à déguerpir a surtout été adressé aux symboles du pouvoir honni, c’est-à-dire à des politiciens véreux et à leurs affidés fortunés, dont la richesse ne se mesure qu’à l’aune de la corruption et de la dépravation.

Cependant, pour une question de salubrité publique, une autre catégorie devrait décamper presque aussi vite que les deux précédentes : celle des pseudo-analystes politiques.

Plusieurs espèces taxonomiques composent la faune de ces faussaires de l’information. Il y a ceux qui ont allègrement collaboré avec le pouvoir et qui se découvrent, tardivement, une virginité depuis longtemps consommée. Il y a ceux qui, imprégnés d’un néocolonialisme « génétique », aimeraient bien voir les Américains débarquer à Arzew ou les Français à Sidi-Fredj. Il y a ceux qui ont trépigné de plaisir aux prémices d’un « printemps » mortifère et applaudi aux attaques « otanesques » contre la Libye et qui, maintenant, versent des larmes de crocodile sur les blessures sanglantes des pays arabes meurtris. Il y a ceux qui usent et abusent du mensonge par omission et qui discréditent d’emblée toute argumentation qui mettrait en doute leurs assertions fallacieuses et intéressées.

Cette liste est certes non exhaustive tant le bestiaire des pseudo-analystes est hétéroclite, mais elle permet néanmoins d’avoir un portrait honnête d’une catégorie malhonnête.

Comme exemple concret et pédagogique, citons le cas de Hocine Belalloufi. Dans un entretien au journal L’Expression [1], il a balayé du revers de la main mon analyse sur la printanisation de l’Algérie. En effet, au lieu de critiquer de manière sérieuse mon récent article [2] conformément à l’éthique journalistique, il l’a unilatéralement exclu du débat national actuel en déclarant de manière grandiloquente : « Ces textes s'avèrent finalement d'une navrante pauvreté ».

Cette sentence ronflante était-elle accompagnée d’une quelconque argumentation?

Que nenni! Sa seule parole de « gourou » de la gauche algérienne qu’il pense être est suffisante!

« Allez, circulez, il n’y a plus rien à dire : Belalloufi a parlé! »

Mais comment prétendre ne pas être au courant des nouvelles méthodes de déstabilisation des pays alors que foisonnent les exemples récents ?

Serait-ce juste pour discréditer tout ce qui ne convient pas à ses intérêts ou qui met en cause ses « amis » et « protégés »?

Si tel est le cas, nous pouvons lui suggérer d’en discuter avec ses amis, partenaires et collaborateurs du RAJ (Rassemblement Actions Jeunesse). Comme indiqué dans mon article, ces derniers ont reçu des subsides de la NED (National Endowment for Democracy), la vitrine publique de la CIA [3].

 

Logo de la Radio du RAJ

(Notez le vigoureux poing qui serre les ondes : ne l’a-t-on pas vu ailleurs?)

 

Peut-être pourra-t-il aussi poser certaines questions au président du RAJ, Fersaoui Abdelouahab, qu’il rencontre souvent, au gré de conférences conjointes ?

 

Hocine Belalloufi et Abdelouahab Fersaoui à Radio RAJ

 

Tenez, une question comme une autre : « Que faisait-il à Dakar, en mai 2018? ».

Pour les lecteurs, voici la réponse.

Du 6 au 9 mai 2018, s’est tenu à l’hôtel King Fahd Palace de Dakar (Sénégal) la Neuvième Assemblée mondiale du Mouvement mondial pour la démocratie (World Movement for Democracy, WMD). Le thème retenu à cette occasion était intitulé « Construire des partenariats stratégiques pour un renouveau démocratique ».

Dans le communiqué de presse publié sur le site du WMD, on peut lire : « Le Mouvement mondial a été fondé en 1999 dans le but de "renforcer la démocratie là où elle est faible, de la réformer et de la revigorer même si elle existe depuis longtemps, et de renforcer les groupes pro-démocratie dans les pays qui ne sont pas encore entrés dans un processus de transition démocratique". […] Le mouvement mondial est dirigé par un comité directeur international distingué; Le National Endowment for Democracy (NED), basé à Washington, en est le secrétariat. » [4]

Le comité compte parmi ses membres (très) distingués nuls autres que Carl Gershman et Basma Kodmani. Pour celles et ceux qui ne le sauraient pas encore, le premier est le président de la NED tandis que la seconde est la cofondatrice du Conseil national syrien (CNS), organisation qui est à l’origine de la destruction de la Syrie.

En plus de Carl Gershman, on pouvait compter parmi les participants à cette grand-messe sénégalaise de la démocratie étasunienne les noms d’illustres personnages: Stephen McInerney, directeur exécutif du Project on Middle East Democracy  (POMED), Kenneth Wollack [5], président du National Democratic Institute (NDI), Scott Mastic, vice-président pour les programmes de l’International Republican Institute (IRI), Andrew Wilson, directeur exécutif du Center for International Private Enterprise (CIPE) et Shawna Bader-Blau, directrice exécutive du Solidarity Center.

Rappelons que le NDI, l’IRI, le CIPE et le Solidarity Center sont les quatre organismes satellites de la NED [6].

Tel que mentionné sur son site Internet, POMED est « un organisme non partisan et sans but lucratif voué à examiner comment les véritables démocraties peuvent se développer au Moyen-Orient et la façon dont les États-Unis peuvent mieux appuyer ce processus » [7]. En réalité, il est facile de vérifier que le POMED travaille de concert avec Freedom House [8] et est soutenu financièrement par l’Open Society Institute (OSI) de George Soros [9] et la NED [10]. Pour essayer de « clarifier » le rôle de POMED dans le « printemps » arabe, son directeur exécutif, Stephen McInerney, a déclaré au New York Times : « Nous ne les finançons pas pour qu'ils commencent les protestations, mais nous les avons aidés à soutenir le développement de leurs compétences et leur réseautage ». Et d’ajouter : « Cette formation a joué un rôle dans ce qui est finalement arrivé, mais c’était leur révolution. Nous ne l’avons pas démarrée » [11]. M. McInerney est une des rares personnes impliquées dans l’« exportation » de la démocratie et à en parler avec autant de clarté.

 

Carl Gershman lors de la « soirée à Dakar » en marge de la 9e assemblée mondiale du WMD

(Dakar, mai 2018)

 

À noter que ces hauts responsables américains ne sont pas venus seuls à Dakar, mais étaient accompagnés d’une imposante délégation.

En plus de ce prestigieux panel de « big boss » pesant des millions de dollars en financement de l’« exportation de la démocratie » à travers le monde et en particulier dans la région MENA (Middle East and North Africa - littéralement Moyen-Orient et Afrique du Nord), les noms de célèbres activistes retiennent l’attention.

Ainsi, parmi les participants, figurent les noms de Radwan Ziadeh, membre influent du Conseil National Syrien (CNS), de l’activiste jordanien Oraib Al-Rantawi, directeur général de l’ONG Al Quds Center for Political Studies (Centre Al Quds pour les études politiques) et de Amine Ghali, directeur du Kawakibi Democracy Transition Center (Centre Kawakibi pour la transition démocratique - KADEM).

Radwan Ziadeh est un activiste syrien très prolifique dont le CV montre ses nombreuses accointances avec l’administration américaine [12]. Il est apparu sur la scène médiatique en qualité de membre influent du Conseil national syrien (CNS). En 2005, il avait fondé le « Damascus Center for Human Rights Studies » (DCHRS), un centre qui, selon Jeffrey Blankfort, est en étroite relation avec la NED  et qui lui servait « de couverture pour ses activités » en Syrie [13]. Parmi ses innombrables activités, Ziadeh a été membre émérite de l’ « US Institute of Peace », un think tank financé par le gouvernement américain [14].

 

Hillary Clinton et Radwan Ziadeh


Oraib Al-Rantawi, dont le centre est financé par le NDI [15], avait déclaré - lors du « printemps » arabe -, qu’il avait voyagé à deux reprises au Yémen pour aider les dissidents yéménites. Pour lui, « tous ces efforts, fournis par des organisations locales et internationales, ont ouvert la voie à ce qui se passe aujourd’hui. Ces jeunes ne viennent pas de nulle part pour faire une révolution ».

 

Anna Kompanek (Directrice des programmes au CIPE) et Oraib Al-Rantawi

 

Amine Ghali est un activiste tunisien de la première heure qui œuvre au KADEM depuis 2008. Notons, au passage, que KADEM est un centre financé par le programme POMED. Comme indiqué précédemment, POMED reçoit ses subventions de l’OSI de G. Soros ainsi que de la NED et travaille de concert avec Freedom House. C’est d’ailleurs avec Freedom House que Amine Ghali avait travaillé auparavant [16].

 

Amine Ghali invité à une conférence co-organisée par POMED et New America Fondation

(Washington, 29 juin 2012)


Et au milieu de tout ce beau monde, entre petits fours et discours solennels, on trouve le seul représentant algérien : Abdelouahab Fersaoui.

Il est certain que sa présence n’est pas uniquement due au fait que la Radio du RAJ soit membre du Mouvement mondial pour la démocratie [17], tout comme l’ONG de l’activiste yéménite Tawakkol Karman « Women Journalists Without Chains » [18], elle aussi financée par la NED [19].

 

Tawakkol Karman et Hillary Clinton


Mais pour ce détail, et d’autres probablement plus croustillants, attendons la réponse de M. Belalloufi. Peut-être lors d’une émission conjointe sur les ondes de Radio RAJ?


 


 

Références

[1] Kamel Lakhdar-Chaouche, « L'Occident préfère un régime soumis à ses intérêts», L’Expression, le 17 avril 2019, http://www.lexpressiondz.com/actualite/314185-l-occident-prefere-un-regime-soumis-a-ses-interets.html

[2] Ahmed Bensaada, « Huit ans après : la « printanisation » de l’Algérie », ahmedbensaada.com, 4 avril 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=475:2019-04-04-22-50-13&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[3] Voir référence 2

[4] World Movement for Democracy, « Press Release: Ninth Global Assembly », 23 mars 2018, https://www.movedemocracy.org/ninthassembly (section "Media")

[5] Kenneth Wollack a pris sa retraite du NDI en juin 2018

[6] Pour plus de détails, voir référence 2

[7] POMED, http://pomed.org/

[8] Atlantic Council, « Negotiating Libya’s Constitution », 22 janvier 2014, https://www.atlanticcouncil.org/events/past-events/negotiating-libya-s-constitution

[9] Carnegie Endowment for International Peace, « Egypt’s Upcoming Elections : Boycotts, Campaigns, and Monitors », 19 octobre 2010, https://carnegieendowment.org/2010/10/19/egypt-s-upcoming-elections-boycotts-campaigns-and-monitors-event-3053

[10] NED, « 2009 Annual report : Egypt », http://www.ned.org/publications/annual-reports/2009-annual-report/middle-east-and-north-africa/description-of-2009-gra-2 .

[11] Ron Nixon, « U.S. Groups Helped Nurture Arab Uprisings », New York Times, 14 avril 2011, https://www.nytimes.com/2011/04/15/world/15aid.html

[12] Arbeitsgemeinschaft Israel an der Johannes Gutenberg-Universität Main, « Dr. Radwan Ziadeh », http://www.israel-ag.de/wp-content/uploads/2013/09/Ziadeh1.pdf

[13] Jeffrey Blankfort, Enregistrement audio (à partir de 3 min), « Takes on the World », Radio4all, 12 février 2012

[14] Charlie Skelton, « The Syrian opposition: who's doing the talking? », The Guardian, 12 juillet 2012, http://www.theguardian.com/commentisfree/2012/jul/12/syrian-opposition-doing-the-talking

[15] Charles J. Hanley, « US training quietly nurtured young Arab democrats », Washington Post, 13 mars 2011, http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2011/03/12/AR2011031202234.html

[16] MENA Regional Facilitators Forum, « Amine Ghali », http://www.menaff.org/team/amine-ghali/

[17] World Movement for Democracy, « Radio RAJ », https://www.movedemocracy.org/participant/radio-raj-algeria/radio-raj

[18] World Movement for Democracy, « Women Journalists Without Chains », https://www.movedemocracy.org/networking/directory

[19] Ahmed Bensaada, « « Mais qui est donc Tawakkol Karman, la première femme arabe nobélisée? », Le Quotidien d’Oran, 13 octobre 2011, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=141:mais-qui-est-donc-tawakkol-karman-la-premiere-femme-arabe-nobelisee&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119



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بقلم أحمد بن سعادة


ترجمة:علي إبراهيم

 

في بعض الصباحات مثل هذا الصباح، تستيقظ مرتبكاً مع أول خبر تقرأه على شاشة هاتفك. تفتح عينيك جيداً للتأكد من أنك تفهم ما هو مكتوب. تدسّ رأسك تحت الوسادة من جديد لتثبت لنفسك أنك لا تزال مخدّراً. لكن لا، أنت مستيقظ. تكتب بضع كلمات مفتاحية على شاسة هاتفك لتتأكد أن الخبر ليس مزيفاً فتدرك أن الخبر المستنسخ ذاته قد نشرته وعرضته وأشاعته جميع وسائل الإعلام الوطنية: صحيفة الوطن، ليبيرتي، لوماتان، ريبيورترز، لي اكسبريسيون، موقع كل شيء عن الجزائر، حتى لا أذكر الجميع. إنه صخب إعلامي حقيقي!

"سفيان جيلالي يستلم جائزةً عالمية!"

عالمية؟ هل يا ترى هي إحدى جوائز نوبل في عزّ موسمها؟ جائزة امتنانٍ  لإسهامه في السلم الدولي؟ وحفظ الكوكب؟ أو ربما لإسهامه في الحفاظ على القرود الجزائرية النادرة؟

"تمّ منح سفيان جيلالي جائزة "قادة الديمقراطية" في واشنطن". حسناً، حسناً. جائزة يتم منحها في عاصمة القوة الأعظم في العالم من أجل الترويج للديمقراطية في بلدٍ عربيٍ. هل رأينا شيئاً مشابهاً من قبل؟

"حصلت منظمة بوميد (POMED –مشروع الديمقراطية للشرق الأوسط) غير الحكومية يوم الأربعاء الماضي في واشنطن، على جائزة "قادة الديمقراطية" الدولية التي تم منحها لسبع شخصيات، من بينهم سفيان جيلالي رئيس حزب جيل جديد"[1]

 

 


سفيان جيلالي ، رئيس حزب "جيل جديد" ، يتسلم جائزة "قادة من أجل الديمقراطية" في واشنطن

 

هذا النص الذي ورد في صحيفة الوطن يوضح كل شيء. مشروع بوميد يحصل على جائزة! لكن بحقّ الشيطان لماذا يجب الاحتفاء بهذا الشيء في كل مكان؟ هل يجهل "الحاصل على الجائزة" ووسائل الإعلام التي تروّج له كلّ شيءٍ عن الهيئات الأميركية المتخصصة بتصدير الديمقراطية؟ على المرء أن لا يختال وأن لا يتبختر على أعمدة الصحف والنشرات الصباحية بالحصول على مثل هكذا جائزة تحديداً، بل بالعكس يجب عليه أن يخجل وأن يسير ملاصقاً للحائط مخافة أن يراه أحد. وإليكم لماذا؟

على الضدّ مما تطبّل له صحيفة الوطن، وهي صحيفة تروّج لنشر الربيع في العالم العربي، فإنّ بوميد ليست منظمة غير حكومية بالمعنى الحرفي للكلمة.

 


 

تعرّف بوميد نفسها بحسب ما هو مكتوب على موقعها الإلكتروني أنّها "منظمة غير ربحية وغير حزبية كرّست نفسها من أجل تفحّص السبل التي يمكن من خلالها تطوير أنظمة ديمقراطية حقيقية في منطقة الشرق الأوسط وكيف يمكن للولايات المتحدة دعم هذا المسار".[2]
إذن وكما يمكن قراءة ذلك بوضوح في إعلانها عن مهمتها، فإن منظمة بوميد مرتبطة بشكلٍ مباشر بالسياسة الأميركية.
في الحقيقة يمكن التحقق بسهولة من أنّ بوميد تعمل بالتنسيق مع فريدوم هاوس [3] و من أنّها تتلقى التمويل من منظمة معهد المجتمع المفتوح OSI التابع للملياردير الأميركي جورج سوروس [4]. ففي سنة 2016 مثلاً تلقت بوميد منحةً تقدّر بنحو 550 ألف دولار من تلك المنظمة [5]. كما أنّ بوميد تتلقى التمويل من(NED) الوقف القومي للديمقراطية [6].
إليكم ماقمت بكتابته سنة 2015 حول هذه المنظمة [7]:
"من بين المؤشرات ذات المغزى، دعونا نلاحظ أنّ من بين أعضاء مكتب مستشاري بوميد هنالك المدعو لورن دبليو. كرانر، رئيس المعهد الجمهوري الدولي IRI (الذي يرأس مجلس إدارته السناتور ماكين) وكينيث وولاك، رئيس المعهد القومي الديمقراطي  NDI (الذي ترأس مجلس إدارته وزيرة الخارجية الأميركية السابقة مادلين أولبرايت) [8].
في محاولته "توضيح" الدور الذي تلعبه منظمة بوميد في "الربيع" العربي، صرّح مديرها التنفيذي ستيفن ماكليرني لصحيفة نيويورك تايمز في أوج ذلك "الربيع" العربي: " لم نقم بتمويلهم (ناشطو الانترنت العرب) لكي يبدأوا بالمظاهرات، بل قمنا بمساعدتهم في دعم تطوير كفاءتهم وتشابكهم". واضاف: "لعب هذا التدريب دوراً بما آلت إليه الأمور لاحقاً، لكنّها كانت ثورتهم هم ["الربيع العربي"]. ليس نحن من بدأها" [9].
إنّ  السيد ماكليرني من الأشخاص النادرين المتورطين في "تصدير"الديمقراطية الذين تحدثوا بمثل هذا الوضوح.
بالنسبة لأولئك اللاتي والذين لا معرفة كافية لديهم حول هذه الكوكبة من المنظمات، يتوجب أن نوضح أن NED و NDI و IRI و OSI و فريدوم هاوس هي جزء من الترسانة الأميركية الخاصة "بتصدير" الديمقراطية في أنحاء العالم العربي [10]. لعبت هذه المنظمات الممولة من الحكومة الأميركية (ما عدا منظمة المجتمع المفتوح OSI) دوراً نشطاً في الثورات الملونة و"الربيع" العربي وهو أمر لم يعد بحاجة إلى أيّ دليل [11].
للتاريخ نعيد التذكير بأنّ منظمة بوميد قامت بتنظيم حدثين مكرّسين خصيصاً للحراك الجزائري.  جرى الحدث الأول في واشنطن، بتاريخ 15 نيسان/ أبريل 2019، أداره ستيفن ماكليرني [12]، المدير التنفيذي لبوميد بنفسه. أمّا الحدث الثاني فقد جرى في تونس بتاريخ 19 حزيران/ يونيو 2019 تحت عنوان: "الجزائر والسودان: أمواج من التغييرات الديمقراطية أم أحلام مجهضة ؟" [13]. وبينما عرّف أحد الذين قدموا مداخلةً عن نفسه، عز الدين الصافي، بأنه القائم بأعمال برنامج منظمة معهد المجتمع المفتوح، كان المدعو أمين غالي هو من يدير الندوة. غالي من الوجوه القديمة المعروفة في "الربيع" العربي. في الواقع فإن غالي هو ناشط تونسي يشغل، منذ سنة 2008، منصب مدير البرامج في منظمةٍ اسمها "مركز الكواكبي للانتقال الديمقراطي". من الجدير ملاحظته هو أنّ مركز الكواكبي يتلقّى التمويل من مبادرة الشراكة في الشرق الوسط  (MEPI) وهي برنامج تابع  بشكلٍ مباشر لوزارة الخارجية الأميركية. كما عمل غالي سابقاً مع عدة منظمات من بينها فريدوم هاوس [14].



 

يتضح إذن، وبشكلٍ نهائي، أنّ بوميد ليست سوى منظمة أميركية من أجل تصدير الديمقراطية، وهي مخصصة لمنطقة الشرق الأوسط وشمال افريقيا. هذا هو السبب في أنّ بوميد كانت حاضرة، على سبيل المثال، في الجلسة العالمية التاسعة للحركة العالمية من أجل الديمقراطية، تلك الجلسة التي كانت أشبه بالقدّاس الابتهالي "للتبشير" الديمقراطي  "المصنوع في الولايات المتحدة"، والتي انعقدت في داكار (عاصمة السنغال) سنة 2018. ومن بين المشاركين فيه كان كارل غيرشمان (رئيس الوقف القومي للديمقراطية NED)، كينيث وولاك (رئيس المعهد القومي الديمقراطي NDI)، سكوت ماستيك (نائب رئيس المعهد الجمهوري الدولي IRI)، أندرو ويلسون (المدير التنفيذي للمركز العالمي للشركات الخاصة- CIPE)، شاونا بادر-بلاو (المديرة التنفيذية لمركز تضامن) و بالطبع ستيفن ماكليرني، المدير التنفيذي لمنظمة بوميد [15].

في خطابه خلال حفل توزيع "جائزة قادة الديمقراطية" ذكر ستيفن ماكليرني أن سفيان جيلالي كان أحد مؤسسي حركة "مواطنة" وأبرز الدور الذي لعبته هذه الحركة في الحراك [17]. مما يعني أنّ بوميد ومديرها التنفيذي يتابعون عن كثب ما الذي يجري حالياً في الجزائر. لكنهم ليسوا الوحيدين.


 

 

 

منح سفيان جيلالي جائزة POMED 2019 لقادة الديمقراطية


 

 

ففي مقالٍ بتاريخ 22 آذار/ مارس 2019، أي في بداية الحراك، أبدى كلّاً من سلوبودان دينوفيتش وسرديا بوبوفيتش اهتماماً بالتظاهرات الجزائرية ولم يذكرا سوى حركةٍ وحيدة [18]. من هي برأيكم؟ إنها حركة مواطنة !

آه، صحيح ! لم أعرّفكم على سلوبودان دينوفيتش وسرديا بوبوفيتش. إنهما الصربيين الشهيرين اللذين أسسا مركز كانفاس (CANVAS)، أي مركز التدريب على تطبيق الأعمال والاستراتيجيات اللاعنفية، وهو يعدّ المدرسة التدريبية لثوار المستقبل في العالم بأسره. يتلقى مركز كانفاس التمويل من فريدوم هاوس [19] و المعهد الجمهوري الدولي [20] وغيرهما.

 

 

سلوبودان دينوفيتش(يسار) وسرديا بوبوفيتش (يمين)


 

قبل تأسيسهما لكانفاس كان سلوبودان دينوفيتش وسرديا بوبوفيتش من بين قيادات حركة أوتبور التي كانت خلف سقوط الرئيس سلوبودان ميلوسيفيتش. هذا النجاح "الثوري" هو الذي أدار عجلة الثورات الملونة و"الربيع" العربي لاحقاً [21].

بعد معرفته كل هذه المعلومات، سوف يكون من المثير للاهتمام معرفة ما الذي سوف يفعله السيد سفيان جيلالي بجائزته: هل تراه سوف يمتلك جرأة عرضها باختيالٍ خلال مسيرات أيام الجمعة القادمة أم سوف يفضّل رميها في غياهب التاريخ؟


 


المراجع

 

 

[1] Farouk Djouadi, « Soufiane Djilali parmi les 7 lauréats du prix POMED pour la démocratie », El Watan, 17 octobre 2019, https://www.elwatan.com/edition/actualite/soufiane-djilali-parmi-les-7-laureats-du-prix-pomed-pour-la-democratie-17-10-2019

[2] POMED, « Mission Statement», https://pomed.org/about/#mission-statement

[3] POMED, « The State of Reform: Human Rights, Democratic Development and Individual Freedoms in Saudi Arabia and the Arab Gulf States », 1er novembre 2007, http://1-byte.co.uk/pomedtheme/event/the-state-of-reform-human-rights-democratic-development-and-individual-freedoms-in-saudi-arabia-and-the-arab-gulf-states/

Atlantic Council, « Renewing US Engagement with Libya », 10 septembre 2013, https://www.atlanticcouncil.org/blogs/menasource/renewing-us-engagement- with-libya/

Deirdre Paine, « Human Rights Groups Hold DC Event for Murdered Journalist Khashoggi », The DC Post, 24 septembre 2017, https://thedcpost.com/jamal-khashoggi-washington-dc-event/

POMED, « Al-Sisi in Washington: Egyptian President Seeks Support for Power Grab », 9 avril 2019, https://pomed.org/event/sisiindc/

[4] Carnegie Endowment for International Peace, , « Egypt’s Elections : Boycotts, Campaigns, and Monitors», 19 octobre 2010, https://carnegieendowment.org/2010/10/19/egypt-s-upcoming-elections-boycotts-campaigns-and-monitors-event-3053

[5] Open Society Foundations, «Awarded Grants», 2016, https://www.opensocietyfoundations.org/grants/past?grant_id=OR2016-30742

[6] NED, « 2009 Annual report : Egypt », http://www.ned.org/publications/annual-reports/2009-annual-report/middle-east-and-north-africa/description-of-2009-gra-2(voir document en ligne).

[7] Ahmed Bensaada, « Arabesque$ », Ed. Investig’Action, Bruxelles (Belgique) 2015 – Ed. ANEP, Alger (Algérie) 2016.

[8] POMED, « Board of advisers », http://pomed.org/about-us/board-of-advisors/ (Page consultée en 2015; Elle n’est actuellement plus en ligne)

[9] Ron Nixon, « U.S. Groups Helped Nurture Arab Uprisings », New York Times, 14 avril 2011, https://www.nytimes.com/2011/04/15/world/15aid.html

[10] Ahmed Bensaada, « Huit ans après, la printanisation de l’Algérie », AhmedBensaada.com, 4 avril 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=475:2019-04-04-22-50-13&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[11] Voir réf. 7

[12] POMED, « Algeria: What’s Happened? What’s Next? », Washington le 15 avril 2019, https://pomed.org/event/algeria-what-has-happened-whats-next/

[13] POMED, « L’Algérie et le Soudan: nouvelles vagues de changements démocratiques ou rêves anéantis? », Tunis le 19 juin 2019, https://pomed.org/event/algeria-and-sudan-new-waves-of-democratic-change-or-dashed-dreams/

[14] Bertelsmann Stiftung, « The Arab Spring: One Year After, Transformation Dynamics, Prospects for Democratization and the Future of Arab-European Cooperation », Europe in Dialogue 2012, http://aei.pitt.edu/74000/1/Arab_Spring_One_Year_After.pdf

[15] Ahmed Bensaada, « Belalloufi, le RAJ et l'importation de la démocratie », AhmedBensaada.com, 2 mai 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=490:2019-05-02-15-00-34&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[16] Voir réf.10

[17] YouTube, « Sofiane Djilali Awarded the POMED 2019 Leaders for Democracy Award », 21 octobre 2018, https://www.youtube.com/watch?v=YqaeuXNHMeY

[18] Slobodan Djinovic et Srdja Popovic, « Is It Spring Again? », Slate, 22 mars 2019, https://slate.com/news-and-politics/2019/03/algeria-sudan-protests-democracy-youth-movements.html

[19] Maidhc Ó. Cathail, « The Junk Bond “Teflon Guy” Behind Egypt’s Nonviolent Revolution », Dissident Voice, 16 février 2011, https://dissidentvoice.org/2011/02/the-junk-bond-%E2%80%9Cteflon-guy%E2%80%9D-behind-egypt%E2%80%99s-nonviolent-revolution/

[20] Tony Cartalucci, « CIA Coup-College : Recycled revolutionary “props” », Info War, 20 février 2011, http://www.infowars.com/cia-coup-college-recycled-revolutionary-props/

[21] Pour plus de détails, voir réf.7 ou réf.10

Traducción: Purificación González de la Blanca

Ojos para la Paz


Hay mañanas así. Nos despertamos y la primera información que leemos en nuestro teléfono nos deja perplejos. Tenemos los ojos muy abiertos para asegurarnos de que entendemos lo que está escrito. Nos sumergimos debajo de la almohada para demostrar que todavía estamos en los brazos de Morfeo. Pero no, estamos despiertos. Luego tecleamos algunas palabras clave para asegurarnos de que no sean noticias falsas y nos damos cuenta de que la misma información clonada se difunde, muestra y difunde en todos los medios nacionales: El Watan, Freedom, The Morning, Reporters, Expression, TSA, etc. ¡Un verdadero zumbido mediático!

"¡Sofiane Djilali recibió un premio internacional! "

¿Internacional? ¿Sería uno de esos premios Nobel cuya temporada está en pleno apogeo? ¿Un reconocimiento por su contribución a la paz en el mundo? ¿Salvar el planeta? ¿O tal vez la preservación de los monos argelinos?

«Sofiane Djilali gana el premio" Líderes de la democracia "en Washington»

Aquí entonces. Un premio ofrecido en la capital de la potencia más grande del mundo para promover la democracia en un país árabe. ¿No parecía déjà vu?

"La ONG POMED (Proyecto para la Democracia en el Medio Oriente) otorgó el miércoles, miércoles en Washington, su premio internacional" Líderes de la democracia "a siete personalidades, incluido el presidente del partido Jil Jadid, Sofiane Djilali [ 1] "

 



Sofiane Djilali, presidenta del partido "Jil Jadid", recibiendo el "Leaders for Democracy Award" en Washington

Todo quedó claro en este texto de El Watan. ¡Premio POMED, "El Proyecto sobre la Democracia del Medio Oriente"! Pero, ¿por qué demonios era necesario gritarlo en cada techo? ¿El "laureado" y los medios que lo favorecen no saben nada sobre las organizaciones estadounidenses especializadas en la exportación de la democracia? Especialmente no es con un precio tal que es necesario doblar el torso y pavonearse en las columnas de las noticias de la mañana. Por el contrario, el "galardonado" debe afeitar las paredes. Y por eso.

Al contrario de lo que El Watan anuncia con gran fanfarria, esta revista que promueve la primavera del mundo árabe, POMED no es una ONG en el verdadero sentido de la palabra.


 


Como se menciona en su sitio web, POMED es "una organización sin fines de lucro y no partidista dedicada a examinar cómo las verdaderas democracias pueden florecer en el Medio Oriente y cómo los Estados Unidos pueden apoyar mejor este proceso" [ 2].

Como se puede ver claramente en su declaración de misión, POMED está directamente relacionado con la política de los Estados Unidos.

De hecho, es fácil verificar que POMED trabaja con Freedom House [3] y cuenta con el apoyo financiero del Open Society Institute (OSI) del multimillonario estadounidense George Soros [4]. En 2016, por ejemplo, POMED recibió una subvención de $ 550,000 de la Open Society Foundation. [5] POMED también está financiado por el National Endowment for Democracy (NED) [6].

Eso es lo que escribí sobre esta organización en 2015 [7]:

"Entre las pistas reveladoras, tenga en cuenta que la Junta de Asesores de POMED incluye, entre sus miembros, Lorne W. Craner, el presidente del IRI (Instituto Republicano Internacional cuyo senador McCain es presidente de la junta directiva) y Kenneth Wollack , el presidente del NDI (Instituto Nacional Demócrata, cuya ex secretaria de Estado de los Estados Unidos, Madeleine K. Albright, es presidenta de la junta directiva) [8].

Para tratar de "aclarar" el papel de POMED en la "primavera" árabe, su director ejecutivo, Stephen McInerney, le dijo al New York Times en medio de la "primavera" árabe: "Nosotros no [ciberactivistas árabes] "comienzan las protestas, pero les ayudamos a apoyar el desarrollo de sus habilidades y su trabajo en red". Y para agregar: "Esta formación jugó un papel en lo que finalmente sucedió, pero fue su revolución [" Primavera Árabe "]. No lo empezamos ". [ 9]

El Sr. McInerney es una de las pocas personas involucradas en la "exportación" de democracia y habla de ello con mucha claridad.

Para aquellos que no están familiarizados con esta miríada de organizaciones, NED, NDI, IRI, OSI y Freedom House son parte de un arsenal de "exportación" estadounidense de democracia en todo el mundo y especialmente en el mundo árabe [10]. Financiado por el gobierno de los Estados Unidos (excepto OSI), su papel proactivo en revoluciones coloridas y la "primavera" árabe está bien establecido [11].

Para el registro, POMED ha organizado dos eventos específicamente dedicados al hirak argelino. El primero en Washington, el 15 de abril de 2019, fue moderado nada menos que Stephen McInerney [12], director ejecutivo de POMED. La segunda tuvo lugar en Túnez el 19 de junio de 2019 y se tituló: "Argelia y Sudán: ¿nuevas olas de cambios democráticos o sueños destruidos? "[13]. Mientras uno de los oradores invitados, Ezzaddean Elsafi, se presentó como oficial de programas en OSI, el moderador fue Amine Ghali, un antiguo conocido de la "primavera" árabe. De hecho, el Sr. Ghali es un activista tunecino que, desde 2008, ocupa el cargo de director del programa del Centro de Transición de la Democracia Al Kawakibi (KADEM). Nota, por cierto,

Anteriormente, Amine Ghali había trabajado para varias organizaciones, incluida Freedom House [14].

 


En última instancia, resulta que POMED es solo otra organización de exportación de democracia de Estados Unidos, específicamente dedicada a la región MENA (Medio Oriente y África del Norte). Por esta razón, por ejemplo, POMED estuvo presente en la Novena Asamblea Mundial para el Movimiento Mundial por la Democracia (ADM), una masa de "proselitismo" democrático "hecho en EE. UU." se celebró en 2018 en Dakar (Senegal). Los participantes en el evento incluyeron a Carl Gershman (Presidente de NED), Kenneth Wollack (Presidente de NDI), Scott Mastic (Vicepresidente, Programas IRI), Andrew Wilson (Director Ejecutivo del Centro para la Empresa Privada Internacional - CIPE), Shawna Bader-Blau (Directora Ejecutiva del Centro de Solidaridad) y, por supuesto, Stephen McInerney, Director Ejecutivo de POMED [15]. Recordemos que NDI, IRI, CIPE y Solidarity Center son las cuatro organizaciones satélites de la NED [16].

Stephen McInerney, en su premio "Leaders for Democracy Award", mencionó que Sofiane Djilali fue una de las fundadoras de "Mouwatana" y enfatizó el papel de este movimiento en el hirak [17]. Esto significa que POMED y su director ejecutivo deben monitorear de cerca lo que está sucediendo en Argelia. Pero no son los únicos.

 

En un artículo fechado el 22 de marzo de 2019, es decir, al comienzo del hirak, Slobodan Djinovic y Srdja Popovic también estaban interesados en las manifestaciones argelinas y citaron solo un movimiento [18]. Adivina cuál? Mouwatana!

Oh, eso es correcto! No presenté a Slobodan Djinovic y Srdja Popovic. Son los dos serbios famosos, fundadores del Centro de Estrategias y Acción No Violenta Aplicada (CANVAS), la escuela de capacitación para revolucionarios en ciernes en todo el mundo. CANVAS es financiado por, entre otros, Freedom House [19] y el Instituto Republicano Internacional (IRI) [20].

 

Slobodan Djinovic y Srdja Popovic


Antes de la creación de CANVAS, Slobodan Djinovic y Srdja Popovic se encontraban entre los líderes del movimiento Otpor que fue responsable de la caída del presidente Slododan Milosevic. Fue este éxito "revolucionario" el que inició el ciclo de revoluciones de colores y, más tarde, el de la "primavera" árabe [21].

Sabiendo todo esto, sería interesante saber qué hará finalmente el Sr. Sofiane Djilali con su trofeo: ¿tendrá el coraje de hacer alarde de él pomposamente durante las marchas del próximo viernes o preferirá dejarlo en el abismo de la historia?

 


 

Referencias

[1 ] Farouk Djouadi, "Soufiane Djilali entre los 7 galardonados con el premio POMED a la democracia", El Watan, 17 de octubre de 2019, https://www.elwatan.com/edition/actualite/soufiane-djilali-parmi-les- 7-laureados-la-precio-pomed-para-democracia-17-10-2019

[2] POMED, Declaración de misión, https://pomed.org/about/#mission-statement

[3] POMED, "El estado de la reforma: derechos humanos, desarrollo democrático y libertades individuales en Arabia Saudita y los Estados del Golfo Árabe", 1 de noviembre de 2007, http://1-byte.co.uk/pomedtheme/event/the -Estado-de-la reforma en los derechos humanos, la democracia-desarrollo-y-individuo-libertades en Arabia Saudita - y-la-árabe-golfo-unidos /

Consejo del Atlántico, "Renovación de compromiso de Estados Unidos con Libia" 10, septiembre de 2013, https://www.atlanticcouncil.org/blogs/menasource/renewing-us-engagement- con-libia /

Deirdre Paine, "Grupos de derechos humanos de DC realizan un evento para el periodista asesinado Khashoggi", The DC Post, 24 de septiembre de 2017, https://thedcpost.com/jamal-khashoggi-washington-dc-event/

POMED, "Al-Sisi en Washington: el presidente egipcio busca apoyo para Power Grab", 9 de abril de 2019, https://pomed.org/event/sisiindc/

[4] Carnegie Endowment for International Peace, "Elecciones de Egipto: boicots, campañas y monitores", 19 de octubre de 2010, https://carnegieendowment.org/2010/10/19/egypt-s-upcoming-elections-boycotts- campañas-y-monitores-caso-3053

[5] Open Society Foundations, "Subvenciones otorgadas", 2016, https://www.opensocietyfoundations.org/grants/past?grant_id=OR2016-30742

[6] NED, "Informe anual 2009: Egipto", http://www.ned.org/publications/annual-reports/2009-annual-report/middle-east-and-north-africa/description-of-2009 -gra-2 (ver documento en línea).

[7] Ahmed Bensaada, "Arabesque $", Ed. Investig'Action, Bruselas (Bélgica) 2015 - Ed. ANEP, Argel (Argelia) 2016.

[8 ] POMED, "Junta de asesores", http://pomed.org/about-us/board-of-advisors/ (Página visitada en 2015 y ya no está en línea)

[9] Ron Nixon, "Los grupos de EE. UU. Ayudaron a fomentar los levantamientos árabes", New York Times, 14 de abril de 2011, https://www.nytimes.com/2011/04/15/world/15aid.html

[10] Ahmed Bensaada, "Ocho años después, la primavera de Argelia", AhmedBensaada.com, 4 de abril de 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=476:2019-04-08-13-36-24&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[11] Ver ref. 7

[12] POMED, "Argelia: ¿Qué pasó? ¿Qué sigue? , Washington, 15 de abril de 2019, https://pomed.org/event/algeria-what-has-happened-whats-next/

[13] POMED, "Argelia y Sudán: ¿nuevas olas de cambio democrático o sueños aniquilados? Túnez, 19 de junio de 2019, https://pomed.org/event/algeria-and-sudan-new-waves-of-democratic-change-or-dashed-dreams/

[14] Bertelsmann Stiftung, "La primavera árabe: un año después, dinámica de transformación, perspectivas para la democracia y el futuro de la cooperación árabe-europea", Europe in Dialogue 2012, http://aei.pitt.edu/74000/1/ Arab_Spring_One_Year_After.pdf

[15] Ahmed Bensaada, "Belalloufi, el RAJ y la importación de la democracia", AhmedBensaada.com, 2 de mayo de 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=490: 2019-05-02-15-00-34 y catid = 46: qprintemps-arabeq & Itemid = 119

[16] Ver ref.10

[17] YouTube, "Sofiane Djilali recibió el premio POMED 2019 Leaders for Democracy Award", 21 de octubre de 2018, https://www.youtube.com/watch?v=YqaeuXNHMeY

[18] Slobodan Djinovic y Srdja Popovic, "Is It's Spring Again? ", Slate, 22 de marzo de 2019, https://slate.com/news-and-politics/2019/03/algeria-sudan-protests-democracy-youth-movements.html

[19] Maidhc Ó. Cathail, "The Junk Bond" Teflon Guy "Behind's the Nonviolent Revolution", Dissident Voice, 16 de febrero de 2011, https://dissidentvoice.org/2011/02/the-junk-bond-%E2%80%9Cteflon-guy% E2% 80% 9D-detrás-Egipto% E2% 80% 99s-violenta-revolución /

[20] Tony Cartalucci, "CIA Coup-College: Recycled Revolutionary" props "", Info War, 20 de febrero de 2011, http://www.infowars.com/cia-coup-college-recycled-revolutionary-props/

[21] Para más detalles, ver ref.7 o ref.10


 

Cet article en français

 



 

 

Dénominations de quelques "Révolutions colorées"

 

Pays

Année

Dénomination

Serbie

2000

"Révolution" Bulldozer

Géorgie

2003

"Révolution" des Roses

Ukraine

2004

"Révolution" Orange

Kirghizstan

2005

"Révolution" des Tulipes

Liban

2005

"Révolution" du Cèdre

Iran

2009

"Révolution" Verte

Tunisie

2011

"Révolution" du Jasmin

Égypte

2011

"Révolution" du Lotus

Algérie

2019

"Révolution" du Sourire

 


Pays

Année

Appellation

Serbie

2000

Révolution Bulldozer

Géorgie

2003

Révolution Rose

Ukraine

2004

Révolution Orange

Kirghizstan

2005

Révolution des Tulipes

Liban

2005

Révolution du Cèdre

Iran

2009

Révolution verte

Tunisie

2011

Révolution du Jasmin

Egypte

2011

Révolution du Lotus

Algérie

2019

Révolution du sourire



Il y a des matins comme ça. On se réveille et la première information qu’on lit sur notre téléphone nous laisse perplexe. On écarquille les yeux pour être certain de bien comprendre ce qui est écrit. On se replonge sous l’oreiller histoire de se prouver qu’on est encore entre les bras de Morphée. Mais non, on est bien éveillé. On tape alors quelques mots-clés afin de s’assurer qu’il ne s’agit pas d’une fake-news et on se rend compte que la même info clonée est étalée, affichée et répandue sur tous les médias nationaux: El Watan, Liberté, Le Matin, Reporters, L’Expression, TSA et j’en passe. Un vrai buzz médiatique!

« Sofiane Djilali a reçu un prix international! »

International? Serait-ce un de ces prix Nobel dont la saison bat son plein? Une reconnaissance pour sa contribution à la paix dans le monde? La sauvegarde de la planète ? Ou peut-être la préservation des singes magots algériens?

« Sofiane Djilali récompensé par le prix des “Leaders de la démocratie” à Washington »

Tiens donc. Un prix offert dans la capitale de la plus grande puissance mondiale pour promouvoir la démocratie dans un pays arabe. Ça n’avait pas un air de déjà-vu?

« L’ONG POMED (Projet pour la démocratie au Moyen-Orient) a décerné, hier mercredi à Washington, son prix international "Leaders de la démocratie" à sept personnalités, dont le président du parti Jil Djadid, Sofiane Djilali [1]»

 


Sofiane Djilali, président du parti " Jil Jadid", recevant le "Leaders for Democracy Award" à Washington

Tout devenait clair dans ce texte d’El Watan. Un prix décerné par POMED, « The Project on Middle East Democracy »! Mais pourquoi diable, fallait-il le crier sur tous les toits? Le « lauréat » et les médias qui le plébiscitent ne connaissent-ils rien aux organismes américains spécialisés dans l’exportation de la démocratie? Ce n’est surtout pas avec un tel prix qu’il faut se bomber le torse et se pavaner sur les colonnes des infos matinales, Bien au contraire, le « lauréat » devrait raser les murs. Et voilà pourquoi.

Contrairement à ce qu’annonce en grande pompe El Watan, ce journal promoteur de la printanisation du monde arabe, POMED n’est pas une ONG au sens propre du terme.

 


Tel que mentionné sur son site Internet, POMED est « une organisation à but non lucratif et non partisane qui se consacre à examiner comment de véritables démocraties peuvent se développer au Moyen-Orient et comment les États-Unis peuvent au mieux soutenir ce processus » [2].

Comme on peut le lire clairement dans sa déclaration de mission, POMED est directement reliée à la politique américaine.

En réalité, il est facile de vérifier que le POMED travaille de concert avec Freedom House[3] et est financièrement soutenu par l’Open Society Institute (OSI) du milliardaire américain, George Soros[4]. En 2016, par exemple, POMED a reçu une subvention de 550 000$ de la Fondation Open Society[5]. POMED est également financée par la National Endowment for Democracy (NED)[6].

Voilà ce que j’écrivais au sujet de cet organisme en 2015 [7] :

« Parmi les indices révélateurs, notons que le bureau des conseillers de POMED compte, parmi ses membres, Lorne W. Craner, le président de l’IRI (International Republican Institute dont le sénateur McCain est président du conseil d’administration) et Kenneth Wollack, le président du NDI (National Democratic Institute dont l’ancienne secrétaire d’État américaine, Madeleine K. Albright, est présidente du conseil d’administration)[8] ».

Pour essayer de « clarifier » le rôle de POMED dans le « printemps » arabe, son directeur exécutif, Stephen McInerney, a déclaré au New York Times en plein « printemps » arabe : « Nous ne les [les cyberactivistes arabes] finançons pas pour qu'ils commencent les protestations, mais nous les avons aidés à soutenir le développement de leurs compétences et leur réseautage ». Et d’ajouter : « Cette formation a joué un rôle dans ce qui est finalement arrivé, mais c’était leur révolution [« printemps » arabe]. Nous ne l’avons pas démarrée »[9].

M. McInerney est une des rares personnes impliquées dans l’« exportation » de la démocratie et à en parler avec autant de clarté.

Pour celles et ceux qui ne seraient pas familiers avec cette myriade d’organisations, il faut préciser que la NED, le NDI, l’IRI, l’OSI et Freedom House font toutes partie d’un arsenal américain d’« exportation » de la démocratie à travers le monde et en particulier dans le monde arabe[10]. Financées par le gouvernement américain (sauf OSI), leur rôle proactif dans les révolutions colorées et le « printemps » arabe n’est plus à démontrer[11].

Pour la petite histoire, POMED a organisé deux évènements spécialement dédiés au hirak algérien. Le premier à Washington, le 15 avril 2019, a eu comme modérateur nul autre que Stephen McInerney[12], le directeur exécutif de POMED. Le second a eu lieu à Tunis le 19 juin 2019 et avait pour titre : « L’Algérie et le Soudan : nouvelles vagues de changements démocratiques ou rêves anéantis ? »[13]. Alors que l’un des intervenants invités, Ezzaddean Elsafi, se présentait comme chargé de programme à l’OSI, le modérateur était Amine Ghali, une vieille connaissance du « printemps » arabe. En effet, M. Ghali est un activiste tunisien qui, depuis 2008, occupe le poste de directeur de programmes de l’organisme « Al Kawakibi Democracy Transition Center » (Centre Al Kawakibi pour les transitions démocratiques — KADEM). Notons, au passage, que KADEM est un centre financé par le « Middle East Partnership Initiative » (MEPI), un programme qui dépend directement du Département d’État américain.

Auparavant, Amine Ghali avait travaillé pour différentes organisations dont Freedom House[14].

 


En définitive, il s’avère que POMED n’est qu’une autre organisation américaine d’exportation de la démocratie, spécialement dédiée à la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). C’est pour cette raison, par exemple, que POMED était présent à la Neuvième Assemblée mondiale du Mouvement mondial pour la démocratie (World Movement for Democracy, WMD), grand-messe du « prosélytisme » démocratique « made in USA » qui s’est déroulée en 2018 à Dakar (Sénégal). Ainsi, parmi les participants à cet évènement, on pouvait compter Carl Gershman (président de la NED), Kenneth Wollack (président du NDI), Scott Mastic, (vice-président pour les programmes de l’IRI), Andrew Wilson (directeur exécutif du Center for International Private Enterprise - CIPE), Shawna Bader-Blau (directrice exécutive du Solidarity Center) et, bien sûr, Stephen McInerney, directeur exécutif de POMED[15]. Rappelons que le NDI, l’IRI, le CIPE et le Solidarity Center sont les quatre organismes satellites de la NED[16].

Dans son allocution de remise de prix « Leaders for Democracy Award », Stephen McInerney mentionna le fait que Sofiane Djilali était un des fondateurs de « Mouwatana » et mit l’accent sur le rôle de ce mouvement dans le hirak[17]. Ce qui veut dire que POMED et son directeur exécutif doivent suivre de près ce qui se passe actuellement en Algérie. Mais il ne sont pas les seuls.

 

Dans un article datant du 22 mars 2019, c’est-à-dire au tout début du hirak, Slobodan Djinovic et Srdja Popovic se sont aussi intéressés aux manifestations algériennes et n’ont cité qu’un seul mouvement[18]. Devinez lequel ? Mouwatana !

Ah, c’est vrai ! Je ne vous ai pas présenté Slobodan Djinovic et Srdja Popovic. Il s’agit des deux célèbres Serbes, fondateurs du Center for Applied Non Violent Action and Strategies (CANVAS), l’école de formation des révolutionnaires en herbe du monde entier. CANVAS est financé, entre autres, par Freedom House[19] et l’International Republican Institute (IRI)[20].

 

Slobodan Djinovic et Srdja Popovic


Avant la création de CANVAS, Slobodan Djinovic et Srdja Popovic faisaient partie des leaders du mouvement Otpor qui a été à l’origine de la chute du président Slododan Milosevic. C’est ce succès « révolutionnaire » qui amorça le cycle des révolutions colorées et, par la suite, celui du « printemps » arabe[21].

Connaissant tout cela, il serait intéressant de savoir ce que M. Sofiane Djilali fera finalement de son trophée : aura-t-il le courage de l’exhiber pompeusement lors des prochaines marches du vendredi ou préférera-t-il le balancer dans les oubliettes de l’histoire?

 


Références

[1] Farouk Djouadi, « Soufiane Djilali parmi les 7 lauréats du prix POMED pour la démocratie », El Watan, 17 octobre 2019, https://www.elwatan.com/edition/actualite/soufiane-djilali-parmi-les-7-laureats-du-prix-pomed-pour-la-democratie-17-10-2019

[2] POMED, « Mission Statement», https://pomed.org/about/#mission-statement

[3] POMED, « The State of Reform: Human Rights, Democratic Development and Individual Freedoms in Saudi Arabia and the Arab Gulf States », 1er novembre 2007, http://1-byte.co.uk/pomedtheme/event/the-state-of-reform-human-rights-democratic-development-and-individual-freedoms-in-saudi-arabia-and-the-arab-gulf-states/

Atlantic Council, « Renewing US Engagement with Libya », 10 septembre 2013, https://www.atlanticcouncil.org/blogs/menasource/renewing-us-engagement- with-libya/

Deirdre Paine, « Human Rights Groups Hold DC Event for Murdered Journalist Khashoggi », The DC Post, 24 septembre 2017, https://thedcpost.com/jamal-khashoggi-washington-dc-event/

POMED, « Al-Sisi in Washington: Egyptian President Seeks Support for Power Grab », 9 avril 2019, https://pomed.org/event/sisiindc/

[4] Carnegie Endowment for International Peace, , « Egypt’s Elections : Boycotts, Campaigns, and Monitors», 19 octobre 2010, https://carnegieendowment.org/2010/10/19/egypt-s-upcoming-elections-boycotts-campaigns-and-monitors-event-3053

[5] Open Society Foundations, «Awarded Grants», 2016, https://www.opensocietyfoundations.org/grants/past?grant_id=OR2016-30742

[6] NED, « 2009 Annual report : Egypt », http://www.ned.org/publications/annual-reports/2009-annual-report/middle-east-and-north-africa/description-of-2009-gra-2 (voir document en ligne).

[7] Ahmed Bensaada, « Arabesque$ », Ed. Investig’Action, Bruxelles (Belgique) 2015 – Ed. ANEP, Alger (Algérie) 2016.

[8] POMED, « Board of advisers », http://pomed.org/about-us/board-of-advisors/ (Page consultée en 2015; Elle n’est actuellement plus en ligne)

[9] Ron Nixon, « U.S. Groups Helped Nurture Arab Uprisings », New York Times, 14 avril 2011, https://www.nytimes.com/2011/04/15/world/15aid.html

[10] Ahmed Bensaada, « Huit ans après, la printanisation de l’Algérie », AhmedBensaada.com, 4 avril 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=475:2019-04-04-22-50-13&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[11] Voir réf. 7

[12] POMED, « Algeria: What’s Happened? What’s Next? », Washington le 15 avril 2019, https://pomed.org/event/algeria-what-has-happened-whats-next/

[13] POMED, « L’Algérie et le Soudan: nouvelles vagues de changements démocratiques ou rêves anéantis? », Tunis le 19 juin 2019, https://pomed.org/event/algeria-and-sudan-new-waves-of-democratic-change-or-dashed-dreams/

[14] Bertelsmann Stiftung, « The Arab Spring: One Year After, Transformation Dynamics, Prospects for Democratization and the Future of Arab-European Cooperation », Europe in Dialogue 2012, http://aei.pitt.edu/74000/1/Arab_Spring_One_Year_After.pdf

[15] Ahmed Bensaada, « Belalloufi, le RAJ et l'importation de la démocratie », AhmedBensaada.com, 2 mai 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=490:2019-05-02-15-00-34&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[16] Voir réf.10

[17] YouTube, « Sofiane Djilali Awarded the POMED 2019 Leaders for Democracy Award », 21 octobre 2018, https://www.youtube.com/watch?v=YqaeuXNHMeY

[18] Slobodan Djinovic et Srdja Popovic, « Is It Spring Again? », Slate, 22 mars 2019, https://slate.com/news-and-politics/2019/03/algeria-sudan-protests-democracy-youth-movements.html

[19] Maidhc Ó. Cathail, « The Junk Bond “Teflon Guy” Behind Egypt’s Nonviolent Revolution », Dissident Voice, 16 février 2011, https://dissidentvoice.org/2011/02/the-junk-bond-%E2%80%9Cteflon-guy%E2%80%9D-behind-egypt%E2%80%99s-nonviolent-revolution/

[20] Tony Cartalucci, « CIA Coup-College : Recycled revolutionary “props” », Info War, 20 février 2011, http://www.infowars.com/cia-coup-college-recycled-revolutionary-props/

[21] Pour plus de détails, voir réf.7 ou réf.10

 

 


 

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[1] Farouk Djouadi, « Soufiane Djilali parmi les 7 lauréats du prix POMED pour la démocratie », El Watan, 17 octobre 2019, https://www.elwatan.com/edition/actualite/soufiane-djilali-parmi-les-7-laureats-du-prix-pomed-pour-la-democratie-17-10-2019

[2] POMED, « Mission Statement», https://pomed.org/about/#mission-statement

[3] POMED, « The State of Reform: Human Rights, Democratic Development and Individual Freedoms in Saudi Arabia and the Arab Gulf States », 1er novembre 2007, http://1-byte.co.uk/pomedtheme/event/the-state-of-reform-human-rights-democratic-development-and-individual-freedoms-in-saudi-arabia-and-the-arab-gulf-states/

Atlantic Council, « Renewing US Engagement with Libya », 10 septembre 2013, https://www.atlanticcouncil.org/blogs/menasource/renewing-us-engagement-with-libya/

Deirdre Paine, « Human Rights Groups Hold DC Event for Murdered Journalist Khashoggi », The DC Post, 24 septembre 2017, https://thedcpost.com/jamal-khashoggi-washington-dc-event/

POMED, « Al-Sisi in Washington: Egyptian President Seeks Support for Power Grab », 9 avril 2019, https://pomed.org/event/sisiindc/

[4] Carnegie Endowment for International Peace, , « Egypt’s Elections : Boycotts, Campaigns, and Monitors», 19 octobre 2010, https://carnegieendowment.org/2010/10/19/egypt-s-upcoming-elections-boycotts-campaigns-and-monitors-event-3053

[5] Open Society Foundations, «Awarded Grants», 2016, https://www.opensocietyfoundations.org/grants/past?grant_id=OR2016-30742

[6] NED, « 2009 Annual report : Egypt », http://www.ned.org/publications/annual-reports/2009-annual-report/middle-east-and-north-africa/description-of-2009-gra-2 (voir document en ligne).

[7] Ahmed Bensaada, « Arabesque$ », Ed. Investig’Action, Bruxelles (Belgique) 2015 – Ed. ANEP, Alger (Algérie) 2016.

[8] POMED, « Board of advisers », http://pomed.org/about-us/board-of-advisors/ (Page consultée en 2015; Elle n’est actuellement plus en ligne)

[9] Ron Nixon, « U.S. Groups Helped Nurture Arab Uprisings », New York Times, 14 avril 2011, https://www.nytimes.com/2011/04/15/world/15aid.html

[10] Ahmed Bensaada, « Huit ans après, la printanisation de l’Algérie », AhmedBensaada.com, 4 avril 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=475:2019-04-04-22-50-13&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[11] Voir réf. 7

[12] POMED, « Algeria: What’s Happened? What’s Next? », Washington le 15 avril 2019, https://pomed.org/event/algeria-what-has-happened-whats-next/

[13] POMED, « L’Algérie et le Soudan: nouvelles vagues de changements démocratiques ou rêves anéantis? », Tunis le 19 juin 2019, https://pomed.org/event/algeria-and-sudan-new-waves-of-democratic-change-or-dashed-dreams/

[14] Bertelsmann Stiftung, « The Arab Spring: One Year After, Transformation Dynamics, Prospects for Democratization and the Future of Arab-European Cooperation », Europe in Dialogue 2012, http://aei.pitt.edu/74000/1/Arab_Spring_One_Year_After.pdf

[15] Ahmed Bensaada, « Belalloufi, le RAJ et l'importation de la démocratie », AhmedBensaada.com, 2 mai 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=490:2019-05-02-15-00-34&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[16] Voir réf.10

[17] YouTube, « Sofiane Djilali Awarded the POMED 2019 Leaders for Democracy Award », 21 octobre 2018, https://www.youtube.com/watch?v=YqaeuXNHMeY

[18] Slobodan Djinovic et Srdja Popovic, « Is It Spring Again? », Slate, 22 mars 2019, https://slate.com/news-and-politics/2019/03/algeria-sudan-protests-democracy-youth-movements.html

[19] Maidhc Ó. Cathail, « The Junk Bond “Teflon Guy” Behind Egypt’s Nonviolent Revolution », Dissident Voice, 16 février 2011, https://dissidentvoice.org/2011/02/the-junk-bond-%E2%80%9Cteflon-guy%E2%80%9D-behind-egypt%E2%80%99s-nonviolent-revolution/

[20] Tony Cartalucci, « CIA Coup-College : Recycled revolutionary “props” », Info War, 20 février 2011, http://www.infowars.com/cia-coup-college-recycled-revolutionary-props/

[21] Pour plus de détails, voir réf.7 ou réf.10

خطر «الثورات الملونة» في الجزائر: تساؤلات عن «رموز» الحراك الشعبي


باتت تتصدّر المشهدَ الاحتجاجي المتواصل في الجزائر وجوهٌ مرتبطة بمنظمات محلية غير حكومية، تُطرح علامات استفهام كثيرة حول مصادر تمويلها وارتباطاتها الخارجية. هذه المنظمات، التي تتشابه في أنماط عملها مع جميع نسخ «الثورات الملونة»، يثير تقدّمها الصفوف شكوكاً مشروعة حول مرحلة تنظيم الانتفاضة الشعبية

أدهش الإخراج المشهدي للتظاهرات في الجزائر العديد من المراقبين. وإذا كان من الصحيح أن دوره قد تزايد في الحقل السياسي نتيجة التأثير المزدوج لتكنولوجيا المعلومات الجديدة، ولمساهمة المنظمات غير الحكومية في توحيد أشكال الاحتجاج السياسي المعاصرة عبر أنماط مختلفة من الإخراج المشهدي الواسعة النطاق ومن الحملات الإعلانية، فإن أحمد بن سعدة، مؤلف «أرابيسك ـــ تحقيق عن دور الولايات المتحدة في الانتفاضات العربية»، يرى أنه في حالة الاحتجاجات في الجزائر، يُلجأ حالياً إلى «دليل عمل نظري ومنهجي ومنظم». وبحسب بن سعدة، فقد أجرى المركز الصربي «كانفاس» وخبراء في التواصل الاجتماعي دورات تدريبية في ما يسمى «الرابطة العربية للإنترنت».

يرى بن سعدة أن «تدريب المنظمين، والتطبيق العملي لمبادئ النضال اللاعنفي التي يروّج لها كانفاس، قد غيّرا المعطيات تماماً. التآخي مع العدو، واستخدام الحملات الإعلامية الإيجابية والسلبية، واللجوء إلى السخرية بوصفها وسيلة احتجاجية، وإلى الفضاء الافتراضي لتعبئة المتظاهرين وتنظيمهم وتوجيههم أيديولوجياً، هي بعض الأمثلة على أنماط العمل المشتركة بين جميع الثورات الملونة في دول الكتلة الاشتراكية السابقة، وتلك الربيعية في البلدان العربية». أُسّس مركز «كانفاس» كوريث لحركة «أوتبور» الصربية، السبّاقة إلى اعتماد النضال اللاعنفي الذي أطلق الانتفاضة على حكومة ميلوزيفيتش وأطاحها عام 2000. واستناداً إلى هذا النجاح، قام قادة الحركة، تحديداً سجردا بوبوفيتش وإيفان ماروفيتش، بتأسيس كانفاس «كمؤسسة لتصدير الديمقراطية من طريق تدريب جميع الثوريين عبر العالم». وهو يذكّر بأن المركز مموَّل من عدة جهات، بينها «فريدوم هاوس» وجورج سوروس شخصياً، و«المعهد الجمهوري الدولي» الذي رأسه جون ماكين، عضو مجلس الشيوخ الأميركي الأسبق والمرشح للانتخابات الرئاسية عام 2008. وباعتقاد الخبير الجزائري، فإن كل عملية تغيير نظام تسير بالتوازي مع «تمويل لمنظمات غير حكومية في البلد المعني بالعملية، من قِبَل مؤسسات تصدير الديمقراطية نفسها. وعلى الرغم من أن هذا التمويل غير معلن في الكثير من الحالات، فإن ذلك الذي تقدمه الوقفية الوطنية للديمقراطية، الواجهة العلنية للمخابرات المركزية، يشذّ عن القاعدة».

من الخطأ الاعتقاد أن الملايين التي تدفقت إلى الشوارعموجهة من الخارج
المنظمات غير الحكومية المحلية تتقدم دائماً الصفوف خلال الاحتجاجات في البلدان المستهدفة، وهذا ما حصل في الجزائر، وفقاً للخبير، عام 2011: «نظّمت التنسيقية الوطنية للتغيير والديمقراطية، التي تضمّ أحزاباً سياسية ومنظمات غير حكومية ونقابات الاحتجاجات ضد الحكومة. من بين الموقّعين للوثيقة الأولى للتنسيقية، التي انقسمت فيما بعد، نجد الرابطة الجزائرية للدفاع عن حقوق الإنسان، النقابة الوطنية المستقلة لموظفي الإدارات العامة، جمعية المفقودين وتجمع العمل الشبابي. جميع هذه المنظمات غير الحكومية تلقت تمويلاً من الوقفية الوطنية للديمقراطية أو من الهيئات الأربع المرتبطة بها». وهو يلاحظ أيضاً، على هامش الانتفاضة الشعبية هذا العام، تأسيس «تنسيقية المجتمع المدني الجزائري من أجل مخرج سلمي للأزمة»، يضمّ إلى المنظمات المذكورة سابقاً منظمتَي «جزائرنا» و«صمود». جميع هذه المنظمات لديها، أو كانت لديها، صلات بـ«الوقفية الوطنية للديمقراطية» التي قدمت إلى بعضها تمويلاً عام 2018، بحسب تقريرها الأخير المنشور على موقعها. هي موّلت «الرابطة الجزائرية لحقوق الإنسان» بدءاً من عام 2010 ولعدة سنوات، عندما كان مصطفى بوشاشي، أحد الرموز الشعبية للحراك الراهن، على رأسها. ويتساءل بن سعدة عن صمت بوشاشي في مواجهة اتهامات حسين زهوان، الذي سبقه في رئاسة الرابطة، عن علاقاته مع الخارجية الأميركية: «لماذا لا يجيب بوشاشي عن هذه الأسئلة؟».
رمز آخر للاحتجاجات متهم ببناء علاقات غامضة مع إسلاميي «الجبهة الإسلامية للإنقاذ»، الذين سبّبوا «العشرية السوداء»، وهو كريم طبو، الذي وقّع وثيقة «التحالف الوطني للتغيير»، إلى جانب قيادات بارزة من الجبهة كأنور هدام ومراد دهينة. وفي سياق ارتفاع سقف المطالب الشعبية، يعارض مصطفى بوشاشي وكريم طبو وسعيد سعدي، الرئيس السابق لـ«التجمع من أجل الثقافة والديمقراطية» وعضو تنسيقية 2011، الخيار الدستوري الذي طرحه الجيش للخروج من الأزمة. هذا الموقف المتشدد من قِبَلهم يفسّر الحذر المتزايد منهم بين قطاع عريض من الشعب بنظر بن سعدة: «الصدام مع المؤسسة العسكرية خطير بالنسبة إلى الجزائر، وتحريض الجماهير في هذا الاتجاه موقف غير مسؤول. في هذه اللحظة الحاسمة من تاريخ البلاد، التحلي بالحكمة هو المطلوب. تحليل الثورات غير العنيفة التي جرت في البلدان الأخرى يقود إلى الاستنتاج أن المرحلة التي تلي سقوط السلطة أكثر حساسية من سابقتها. خلالها تنجح الانتفاضات أو تفشل. عادة ما تكون نتائج الغطرسة والعناد شديدة السلبية في مثل هذه المرحلة».
وعلى الرغم من أن سياق الانفجار الشعبي، في بلد مغلق نسبياً كالجزائر حافظ على توجهات استقلالية، سيفتح الباب بالضرورة للتدخلات الخارجية، فمن الخطأ الاعتقاد أن الملايين التي تدفقت إلى الشوارع موجهة من الخارج. هذه الاحتجاجات تعبير عن غضب الجزائريين العارم الناجم من المشكلات الفعلية التي تعتري حياتهم اليومية. الميدان كان جاهزاً للاحتراق قبل الشرارة التي أشعلت الحريق. لكن مرحلة تنظيم الانتفاضة التي تتبع هي التي تشهد مساعي خبراء تصدير الديمقراطية لتطبيق تكتيكاتهم.