Ahmed Bensaada

Il y a pire que de ne pas être informé: c’est penser l’être

Politique

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Hirak, 15e vendredi

Oran centre, le 31 mai 2019, 14h.

La ville est calme, le ciel est bleu.  Pas un petit nuage, même au-dessus de la forteresse de Santa-Cruz. Un temps radieux. Pas étonnant, la radieuse n’est-il pas le surnom de la belle ville d’Oran?

Les prieurs du vendredi finissent de sortir des mosquées en ce dernier vendredi du Ramadhan, enfilant leurs chaussures sur le seuil du lieu de prière. Certains rentrent chez eux d’un pas soutenu. Une bonne sieste après l’obligation cultuelle hebdomadaire en attendant la rupture du jeûne n’est pas de refus. Le hirak peut bien attendre la fin du mois sacré. D’autres se dirigent vers les artères qui doivent accueillir d’ici peu les manifestants. Une bonne marche après l’obligation cultuelle hebdomadaire n’est aussi pas de refus, histoire de maintenir la pression politique sur le système et de prouver que la contestation ne faiblit pas.

De temps à autre, une brise de mer s’engouffre dans les rues perpendiculaires au Front de mer, soulevant les banderoles et les drapeaux des manifestants qui se trouvent contraints d’user de dextérité pour éviter qu’ils ne s’envolent.

Sur la rue Larbi Ben M’hidi, artère principale de la vieille ville, on entend déjà un bruit sourd. La première vague de protestataires pointe, au loin, en provenance de la place du Premier novembre, lieu du ralliement initial. Tout y est. Drapeaux nationaux, pancartes, banderoles, slogans, chants, etc. Une ambiance de manifestation dans un climat bon enfant où chacun y va de sa tirade. Les manifestants défilent en groupe distincts, par vagues séparées par un no man’s land de bitume de dizaines de mètres de long pour éviter les échauffourées entre groupes opposés. En effet, cela fait déjà plusieurs vendredis que l’harmonie du hirak s’est fissuré. L’inflation des demandes, l’intransigeance de certains acteurs, les différents scénarios de sortie de crise et les batailles rangées dans le cyberespace ont eu raison de l’unanimité du début.

Novembristes [1], nationalistes, cyberactivistes, makistes [2], mamistes [3] fédéralistes, islamistes, chacun y a ajouté son grain de sel si bien que l’union, source des succès initiaux contre le système, a inexorablement périclité.

Devant une rue bondée de badauds et de sympathisants, chaque groupe, à qui mieux mieux, donne de la voix. On a eu droit à des :

« Djich chaâb, khawa khawa, ou Gaïd Salah maa el khawana ! » (L'armée et le peuple sont frères et Gaïd Salah [4] est avec les voleurs [ou traitres]).

Et, par un autre groupe, à un couplet beaucoup plus nuancé, voire opposé:

« Djich chaâb, khawa khawa, Wled França, Barra, Barra! » (L'armée et le peuple sont frères et les enfants de la France dehors, dehors!)

 

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Et aussi :

« Ya Macron, Hez Wladek, El Djazair Mechi Bladek! » (Hé, Macron, prends tes enfants, l’Algérie n’est pas ton pays!).

 

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Ou encore:

« La Washington, La Paris, Ahna Naaynou Erraïs ! » (Ni Washington, ni Paris, c’est nous qui allons désigner le président!).

Ainsi que : « Zabana oua si El Houes, maa el Harka Manach Labess » (Zabana et si El Haoues [5], avec les harkis [6] nous ne sommes pas bien).

 

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Sans oublier le chant préféré des Algériens : « Filestine, Filestine, Filestine Echouhada, Filestine Echouhada, Filestine, Filestine » (Palestine, Palestine, la Palestine des martyrs, la Palestine des martyrs, Palestine, Palestine).

 

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Mais même ce leitmotiv des manifestations algériennes ne fait plus l’unanimité. Un groupe de jeunes arborant un drapeau berbère laissa échapper : « Libérez d’abord votre pays avant de libérer celui des autres ». Allusion transparente au seul drapeau étranger présent dans les marches: le drapeau palestinien [7].

Les messages écrits sur les pancartes et les banderoles dépeignent également cette division. En voici quelques exemples :

 

« À bas le régime militaire, État civil et non militaire »

 

 

« L’unité du peuple + l’unité de l’armée = Unité de la patrie »


 

 

« La France est l’ennemi d’hier, la France est l’ennemi d’aujourd’hui, La France est l’ennemi du futur, oui à la solution constitutionnelle, non à la période de transition ».

 

 


« Une vraie transition pour la fin du système est impossible avec la même constitution et avec les mêmes partis alibis du système ».

 

 

Et, actualité oblige, de grandes banderoles pour dénoncer la mort de Kamel Eddine Fekhar, le militant autonomiste mozabite.

 

 

« Vous avez tué Fekhar en prison, bande mafieuse »


À la fin de la marche, toutes les cohortes se retrouvent sur la place Zabana. Certains groupes continuent de scander leurs refrains à tue-tête couverts, de temps à autres, par le bruit de l’hélicoptère de la police qui survole le lieu. La promiscuité aidant, une bagarre éclata entre les opposants au chef d'État-major de l'Armée et ceux qui lui sont favorables. Un mouvement de panique et quelques coups plus tard, tout rentra dans l’ordre.

Un manifestant profita de l’occasion et prit la parole pour souligner les divergences du hirak:

« Il n’y a pas de solution en dehors de la constitution. Il faut une instance indépendante qui organise les élections. On est avec elle et la majorité du peuple est avec elle []. Il y a des luttes idéologiques entre islamistes et laïques, entre ceux qui sont pour l’institution militaire et ceux qui sont contre [] ».

 

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Vers 17h, la foule des manifestants commença à se disperser rapidement en pensant probablement au prochain vendredi. Avec la fin du ramadhan prévue en milieu de semaine, la prochaine marche accueillera certainement plus de monde. En effet, selon la plupart des personnes questionnées, ce 15e vendredi n’avait rassemblé que 2000 à 3000 personnes, bien loin des immenses foules du début du hirak.


Les médias français

À une heure avancée de la soirée, la chaîne France 24 (en arabe) traite évidemment des manifestations algériennes en priorité. Sans cligner des yeux, la journaliste Rajaa Makki annonce que des millions (sic) de personnes étaient descendues dans les rues de nombreuses villes algériennes demandant le départ du chef d'État-major de l'Armée (re-sic). Aucune nuance dans le propos ni dans le nombre avancé de manifestants comme si la chaîne française avait des correspondants dans toutes les villes algériennes et des techniques de comptage sophistiquées. Comment peut-on arriver à « des millions », si la 2e ville d’Algérie ne compte qu’un maximum de 3000 manifestants?

Son correspondant à Alger, Fayçal Métaoui, enlève quand même un zéro et parle de « centaines de milliers » de manifestants. Il y met tant de conviction qu’il semblerait qu’il les ait comptés lui-même. Quant aux affirmations concernant le chef d'État-major, il ne les relativise même pas.

 

Rajaa Makki et Fayçal Métaoui


Ainsi, pour France 24, Rajaa Makki et Fayçal Métaoui le portrait algérien est aussi limpide qu’une eau de source : des millions (ou des centaines de milliers) d’Algériens ont manifesté pour demander le départ du chef d'État-major de l'Armée. Où sont passées les autres voix qui s’élèvent pour que soit évitée la confrontation avec l’armée? Qu’est-il advenu des manifestants qui exigent le respect de la constitution? Niet! Personne ne les a vus ? Ni Rajaa Makki, ni même le « grand » journaliste Fayçal Métaoui. C’est ce qu’on appelle un mensonge par omission.

Mais rien n’est étonnant avec ces deux journalistes. Rajaa Makki est une sympathisante du « Mouvement du 14 mars » libanais. Ce mouvement, hostile à la Syrie, avait soutenu la « Révolution du Cèdre », une révolution colorée « Made by CANVAS » [8] dont l’élément déclencheur a été la mort, en 2005, du Premier ministre libanais de l’époque, Rafiq Hariri. Selon les spécialistes, la « Révolution du Cèdre » a été le prélude du « printemps » arabe et le premier pays arabe « printanisé » fut le Liban.

Fayçal Métaoui, quant à lui, est un fervent défenseur de la « printanisation » des pays arabes qui officiait dans le journal El Watan (un certain temps comme rédacteur en chef). N’était-ce pas lui qui, en plein « printemps » arabe, se demandait « pourquoi les écrivains, artistes et intellectuels arabes, algériens surtout, ne disent rien sur les crimes abominables des régimes syrien et yéménite » [9]? N’accusait-il pas le gouvernement algérien d’être de connivence avec le colonel Kadhafi et de ne pas condamner « les exécutions et le bombardement des villes par ses forces militaires »? Quand on connaît les médiamensonges [10] qui ont entouré cette période et, surtout, quand on voit ce que sont devenus actuellement ces trois pays - Syrie, Yémen et Libye – on est en droit de se demander quelle responsabilité ce « journaliste » et son journal El Watan ont sur la conscience dans la mort, la souffrance et l’exil de millions de personnes dans le monde arabe. On est en droit de se demander s’ils ne faisaient pas partie intégrante de la machine médiatique occidentale qui a vendu clé en main un « printemps » factice à des peuples arabes assoiffés de liberté. Des peuples qui se sont rendus compte, trop tard, qu’il s’agissait plutôt d’un hiver lugubre et mortifère.

Le summum de l’indécence, de l’immoralité et du mauvais goût a été atteint le 21 octobre 2011, avec la Une d’El Watan Week-end (où Metaoui était un des journalistes « vedettes ») qui avait placardé la photo de Kadhafi ensanglanté, défiguré, mort lynché et sodomisé, au-dessus des deux seuls mots : « Libye libre ».

 

La Une d’El Watan Week-end du 21 octobre 2011



Cette Une a provoqué des réactions virulentes contre le journal. Citons, par exemple, celle de l’historien Daho Djerbal qui s’insurgea :

« Je me permets de vous écrire aujourd’hui car profondément choqué par la couverture que vous avez consacrée dans El Watan Week-end à la mort téléguidée, volontairement programmée et exécutée de sang-froid sous la forme d’un lynchage []. Qu’avez-vous fait vous-mêmes qui prétendez lever l’étendard de la démocratie et des droits humains fondamentaux ? Rien dans votre édition du week-end ne permet de vous démarquer des dépêches des agences occidentales en-deçà desquelles vous vous situez. Votre titre est scandaleux. Vous savez pertinemment que la mort d’un chef d’État, même despotique ne résout pas le problème des fondements de la dictature. Libye libre titrez-vous, mais libérée par qui, par quoi ? Par l’OTAN et ses unités spéciales au sol ? Par un tir d’un Rafale français ou d’un drone états-unien? » [11].

Ou celle de ce blogueur très remonté :

« Je suis tombé sur la Une d’El Watan Week-end ce matin, et elle est à vomir ! Ils étaient tellement pressés de mettre la photo d’un cadavre sur leur Une qu’ils n’ont même pas attendu d’avoir une photo de meilleure qualité, ou bien, ils auraient pu se déplacer pour bien se rassasier à la vue de la dépouille déchiquetée et nous présenter la Mort en haute définition. Le titre est à la hauteur de la photo, « Libye libre »! On a l’impression qu’ils y sont pour quelque chose et que c'est une récompense […]» [12].

Ils y sont certainement pour quelque chose puisque leur engagement ouvertement pro-occidental durant le « printemps » arabe a valu à ce journal d’être rebaptisé El wOTAN!

Et ce n’est pas fini! Huit ans plus tard, les revoilà au-devant de la scène médiatique, avec toujours la même dextérité dans la manipulation de l’information.

Mais pouvait-on s’attendre à mieux de la part de la chaîne France 24 qui écrit que sa rédaction propose depuis Paris « une approche française du monde » [13] ? Par « française », on entend certainement celle du « Quai d’Orsay », n’est-ce pas?

Et on comprend mieux la sagesse populaire des manifestants qui entonnaient des chants anti-français et que jamais, au grand jamais, Rajaa Makki ou Fayçal Métaoui n’aurait eu l’audace ni le courage déontologique d’aborder dans le journal.

Il va sans dire qu’une information tronquée est non seulement tendancieuse, mais contribue aux fake news que France 24 se targue de combattre [14].

À propos de fake news, quel crédit peut-on donner à une télévision qui donne régulièrement la parole à Rami Abdulrahman, opposant syrien, directeur d’un prétendu « Observatoire Syrien des Droits de l’Homme » dont la crédibilité a été maintes fois traînée dans la boue [15]?

Et que dire de la liste noire de France 24 dans laquelle figure certains analystes réputés qui sont bannis de la chaîne? Écartés, car leurs arguments, qui pourraient éclairer certains téléspectateurs, ne correspondent pas à la ligne éditoriale de France 24 sortie des cuisines du Quai d’Orsay.

Par contre, donner la parole à des personnages politiques très controversés ne semble guère déranger France 24. Ainsi, dans la soirée du vendredi suivant (16e semaine du hirak), les invités furent MM. Nasser Weddady et Mustapha Bouchachi. Le premier dans une émission sur les élections mauritaniennes et le second pour commenter le hirak.

 

Nasser Weddady


Nasser Weddady est un célèbre cyberactiviste mauritanien, membre de ce qui est communément appelée « la ligue arabe du Net », qui s’est illustré dans le « printemps » arabe [16]. Fils d’un diplomate mauritanien, et vivant en exil aux États-Unis depuis l’an 2000, il se vante de parler plusieurs langues dont l’hébreu. « Chacune de ces langues est un public auquel je parle », se plait-il à dire [17]. Est-ce sa connaissance de la langue hébraïque qui lui a ouvert les portes? Toujours est-il que l’organisme pour lequel il a travaillé à Boston était financé par tout le lobby américain pro-israélien, en particulier par la fondation de la famille Adelson. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Sheldon Adelson est un milliardaire américain sioniste, un des principaux bailleurs de fonds de l’État hébreu, de l’AIPAC et de la carrière politique du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu [18]. Pour la petite histoire, c’est ce magnat des casinos qui a convaincu le président Trump de déménager l’ambassade américaine à Jérusalem [19].

« Liberté, égalité, actualité » [20]?

« Liberté, égalité, fausseté »!

 

Mustapha Bouchachi


Quant au second invité de France 24, il s’agit de Mustapha Bouchachi, cet homme providence tout droit sorti des grimoires du cyberespace, dès les premiers jours du hirak. Ses relations avec les organismes américains d’« exportation » de la démocratie, ceux-là même qui ont été impliqués dans le « printemps » arabe, ont été clairement établies [21] et sa vision du hirak est en tout point conforme à celle de France 24 et des autres médias mainstream. Ceci expliquant cela.

En résumé, les faiseurs d’opinion de France 24 sont choisis pour vendre l’option anticonstitutionnelle de sortie de crise comme étant une demande « du peuple ». Quid de tous les manifestants qui s’égosillent pour l’option constitutionnelle et contre la confrontation avec l’institution militaire? Ni vus, ni connus! Vraiment, ils existent?

Métaoui et consorts veulent-ils réitérer la Une du 21 octobre 2011 avec deux petits mots : « Algérie libre »?

« Liberté, égalité, actualité »?

« Liberté, égalité, duplicité »!


Et France 24 n’est pas seule dans cette entreprise de désinformation : la « circulation circulaire » de l’information bat son plein.

Ainsi pouvait-on lire sur Ouest-France (article cosigné avec l’AFP) le 31 mai 2019 au soir : « Lors de ce 15e vendredi consécutif de rassemblements contre le régime algérien, ils [les manifestants] ont également rejeté l’offre de dialogue formulée dans la semaine par le chef d’État-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah » [22].

Par contre, il faut admettre que ce journal a été plus professionnel en ce qui concerne le nombre de manifestants : « Impossible à évaluer en l’absence de décompte officiel, la foule a semblé particulièrement nombreuse dans la capitale algérienne […] » [23].

Dans son édition du 2 juin 2019, le quotidien Le Monde souligne à son tour que la contestation populaire estime « que la Constitution souvent « bafouée » n’est plus opérante et qu’il faut aller à la « solution politique » et la transition démocratique » [24].

Rappelons que ce « célèbre » journal a accompagné la « printanisation » de tous les pays arabes touchés par ce fléau, participant allègrement dans le processus de diffusion des « principes élémentaires de propagande de guerre » régulièrement dénoncés par mon ami Michel Collon [25].

De nombreux exemples peuvent être mentionnés pour illustrer mon propos, mais citons, à titre d’exemple, celui du blog nommé « Un œil sur la Syrie », qui fut hébergé par Le Monde. Son animateur, un certain Wladimir Glasman (alias Ignace Leverrier) était présenté comme un « expert » de la Syrie, aidé en ce sens par la « respectabilité » du gîte offert par un média de renom. Il s’est avéré que ce propagandiste n’était autre le porte-parole de l’opposition syrienne et Le Monde son organe de presse [26].

Tout récemment, Le Monde a décidé de faire plus pour la « cause » algérienne en organisant une matinée de débats, intitulée « Demain, quelle Algérie ? » dont voici le texte de présentation [27] :

« Et demain, quelle Algérie se dessine ? Quelle société nouvelle prend corps dans l’énergie d’une mobilisation qui, depuis quatre mois, ne faiblit pas ? Observateur de la première heure des vendredis d’Alger, d’Oran et d’ailleurs, Le Monde Afrique réunit mardi 11 juin des représentants de ce pays en marche. Celles et ceux qui, manifestation après manifestation, ont évité le cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, desserré l’étau d’un pouvoir autoritaire avant de devenir les architectes de la société de demain ».

On apprend donc que Le Monde Afrique est un observateur des « vendredis d’Oran ». S’ils étaient présents, ils devaient être très bien camouflés! Et comment se fait-il qu’ils n’aient ni vu ni entendu ce que j’ai décrit au début de ce texte? Ou bien, les propos anti-français ne sont pas publiables dans un journal « respectable »?

En feuilletant la liste des invités, on y trouve, en première place, le nom d’Abdelouahab Fersaoui, président du Rassemblement actions jeunesse (RAJ).

Tiens donc, le spécialiste algérien de l’« exportation » étatsunienne de la démocratie aux premières loges du Monde! Celui-là même dont l’organisme a été financé par la NED (National Endowment for Democracy) [28]! Un petit air de ressemblance avec Weddady ou feu Glasman?

 

Abdelouahab Fersaoui (RAJ) et Fayçal Métaoui

 

Il est aussi important de rappeler que le RAJ a été membre de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), un regroupement d’organismes contestataires qui avait pour objet de « printaniser » l’Algérie en 2011 [29].

Petit détail de taille: Le Monde Afrique est, entre autres, financé par la Fondation Open Society du milliardaire américain d’origine hongroise George Soros [30].

 

 

Dans son intervention durant cet événement, Fersaoui a bien sûr défendu son option anticonstitutionnelle. Il a estimé qu’« on ne peut pas aller à des élections crédibles sans libérer le champ politique : les partis, les syndicats, les associations, les médias ». Il faut « laisser le temps à une transition en garantissant les libertés publiques et individuelles ». « Car on ne peut pas réduire la démocratie à la convocation de l’électeur aux urnes [31]».

Il faut dire que les médias de l’Hexagone s’intéressent beaucoup à l’Algérie. Mediapart n’a pas été en reste en organisant, le 17 juin 2019, une soirée « en solidarité avec le peuple algérien en lutte » [32]. Ici aussi, la liste des invités est très instructive. Parmi les intervenants, on note en effet deux personnes d’El Watan (El wOTAN?) : Chawki Amari et Hacen Ouali. Le profil du premier et ses accointances avec l’ambassade américaine d’Alger a été discuté dans un précédent article [33] alors que le second est un « printaniste » de la première heure. Un vrai, pur et dur.

En août 2011, il se lamentait en constatant dans un de ses articles : « Le “printemps arabe” ne passe décidément pas par Alger » [34]. Un mois plus tard, il écrivait sur la Syrie :

« À pleine gorge et loin de leur pays meurtri, les Syriens d'Algérie, appuyés par la Coordination algérienne de soutien à la révolution syrienne, ont dénoncé fermement les massacres du régime de Bachar Al Assad contre les populations civiles qui réclament, depuis six mois, un changement démocratique » [35].

Un authentique wOtaniste! Un de ceux dont se délectent les médias occidentaux.

En continuant la lecture de la liste des invités de Médiapart, on trouve aussi deux membres de Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) : Abdelmoumène Khelil et Saïd Salhi. Est-il encore nécessaire de rappeler que cet organisme a été financé par la NED et qu’il a été membre du CNCD [36]?

Avec toutes les rencontres de ce type organisées en France pour se « solidariser » avec la dissidence algérienne, on se demande comment se fait-il que la réciproque ne soit pas vraie. Par exemple, pourquoi El Watan et ses « vedettes » journalistiques n’ont-ils pas organisé un colloque en « solidarité » avec les Gilets jaunes ? Ils auraient pu inviter Christophe Dettinger [37], vous savez, le boxeur qui s’est « entrainé » avec les policiers français. Il aurait disserté des méthodes efficaces de négociations avec les forces de l’ordre.

Ou bien Jérôme Rodrigues, ce Gilet jaune qui a perdu un œil, atteint par un projectile policier [38]. Une conférence plénière sur les différentes armes utilisées par la maréchaussée française aurait certainement été très instructive.

Problème de moyens financiers? L’ambassade de France aurait pu donner un coup de pouce. Comme d’hab!

Tout compte fait, il est quand même curieux de constater que les journalistes et les activistes printanistes qui sont en en relation avec les médias français ou qui reçoivent du financement étranger sont tous bizarrement pour l’option anticonstitutionnelle. La diversité des opinions ne semble pas être leur truc. Le problème est que cette option a comme corollaire l’inévitable confrontation avec l’institution militaire algérienne, institution qui a, jusque-là, garanti le droit de manifester et préservé le pacifisme des manifestations. Car « silmiya, silmiya [39] » est une partition qui se joue à deux : manifestants d’un côté, forces de l’ordre de l’autre.

Et une question se pose : cette confrontation ne ferait-elle pas l’affaire du Quai d’Orsay dont l’hostilité envers le chef d'État-major de l'Armée n’est un secret pour personne? En effet, le 30 avril dernier on pouvait lire sur Maghreb Intelligence:

« De l’aveu même d’un haut responsable du quai d’Orsay, la France est vraiment perdue par rapport à ce qui se passe en ce moment en Algérie[]. L’homme fort de l’armée algérienne est très mal vu à Paris. Et la méfiance est vraiment réciproque car Ahmed Gaïd Salah n’apprécie nullement les réseaux de la France en Algérie » [40].

Et, deux semaines plus tard, sur le même média :

« Entre le nouvel homme fort de l’Algérie et la France rien ne va plus. Le généralissime Gaïd Salah, au pouvoir à Alger depuis la démission forcée d’Abdelaziz Bouteflika, ne porte pas vraiment Paris dans son cœur. Et cette dernière le lui rend apparemment bien. Selon des sources bien informées à Alger, le chef de l’état-major de l’ANP est convaincu que la France fait tout pour le « détrôner » de son poste et mettre ses hommes aux principaux leviers du pouvoir algérien » [41].


Les médias étasuniens

De l’autre côté de l’Atlantique, les médias étasuniens se sont aussi intéressés au hirak algérien avec une vision très « française ». Ainsi, dans l’édition du 2 juin 2019 du New York Times, Adam Nossiter écrivait :

« Les dirigeants politiques algériens sont discrédités. Sa hiérarchie militaire a également été rejetée par les manifestants qui réclamaient une rupture complète avec l'ancien système de gouvernement dominé par l'armée » [42].

Et, au sujet de l’annulation des élections du 4 juillet 2019, qui d’après vous a été interviewé? Abdelouahab Fersaoui!

Présenté comme président d’un groupe de premier plan de la société civile, il déclara :

« C’est une victoire importante, mais elle n’est pas définitive. Parce que les détenteurs du pouvoir vont continuer à imposer leur feuille de route, avec un nouveau report des élections, avec le même mécanisme de ce système rejeté par le peuple »[43].

La vision « française » mentionnée auparavant a été confirmée par le très sérieux magazine politique américain Foreign Affairs, publié par le Council on Foreign Relations (CFR). Effectivement, dans sa livraison du 10 juin 2019, Killian Clarke précise qu’« En Algérie, Washington a cédé le leadership diplomatique à la France, qui adopte une approche relativement passive en ce qui concerne la transition, craignant que toute intervention ne soit présentée comme une ingérence néocoloniale » [44].

Par « passive », il insinue certainement une approche plus « soft », dans laquelle les médias français sont un dispositif idoine.

Le magazine ne rate pas l’occasion pour prodiguer des conseils aux activistes et, en même temps, positionner les puissances occidentales dans les évènements algérien et soudanais :

« Les activistes soudanais et algériens peuvent poursuivre deux voies vis-à-vis des puissances étrangères. La première consiste à résister aux incursions d’États régionaux tels que l’Égypte, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui ont clairement intérêt à empêcher l’instauration de véritables démocraties au Moyen-Orient []. Deuxièmement, les activistes peuvent et doivent cultiver des relations avec des puissances étrangères potentiellement sympathiques. Cela pourrait inclure l'Union africaine, qui soutient la démocratisation partout sur le continent depuis les années 1990; l’Union européenne, qui a soutenu la transition réussie de la Tunisie après 2011; et même les États-Unis » [45].

La France et les États-Unis sont des pays sympathiques à la cause des pays arabes, foi d’analyste du CFR! Il n’y a qu’à demander à Métaoui, Makki, Fersaoui et tous les autres. Ils vous le confirmeront.

Vous rappelez-vous ces pays occidentaux « Amis de la Syrie »? Ceux-là même qui avaient beaucoup de sympathie envers ce pays? Leur amitié était tellement grande qu’ils ont fini par détruire la Syrie!


Anciennes collusions

Cette connivence entre les activistes arabes et les médias occidentaux n’est pas nouvelle. Déjà, en 2005, lors de la « Révolution du Cèdre », elle était très bien rodée. Voici ce qu’en dit Michel Elefteriades, un activiste libanais qui a reconnu avoir travaillé avec les spécialistes serbes de CANVAS :

« Gebran Tueni m’a appelé et il m’a dit que je devrais donner un coup de main à un groupe de Serbes qui venaient nous aider. Ils avaient l’air hyper-professionnels par rapport à ce qu’ils voulaient faire. Je voyais leur influence dans tout ce qui se passait. C’étaient des spécialistes des révolutions de couleur ». Et d’ajouter : « Puis ils ont commencé à nous dire ce qu’il fallait faire ou non. Je les accompagnais à des réunions avec les médias – rien que des médias internationaux – et ils coordonnaient les choses avec eux. Ils se connaissaient tous très bien […]. Ils nous ont donné une liste de slogans qui devaient être diffusés par les télévisions occidentales. Ils nous ont dit, à nous et aux journalistes occidentaux, où mettre les banderoles, quand les brandir en l’air, et même la taille qu’elles devaient avoir. Par exemple, ils demandaient aux journalistes de les prévenir des créneaux horaires où ils allaient passer, puis ils nous disaient de régler nos montres et de brandir nos pancartes juste à 15h05, en fonction du moment où les chaînes télévisées retransmettaient en direct depuis Beyrouth. C’était une mise en scène totale » [46].

 

Michel Elefteriades

La collusion avec les médias mainstream a aussi été constatée lors du « printemps » syrien. Cela a été reconnu par Ausama Monajed, un dissident syrien ancien membre du Conseil national syrien (CNS) dans le film documentaire réalisé par le journaliste britannique Ruaridh Arrow [47] :

« C'est juste une caméra HD de base lié à un modem satellite, et nous téléchargeons sur des sites de streaming où nous pouvons obtenir le flux en direct, et nous avons réussi à obtenir Al Jazeera aujourd'hui. Ils diffusent les images en direct que nous avons pu leur fournir, car ils ne peuvent pas envoyer leurs journalistes […]. Nous avons des gens qui s’occupent du téléchargement. Ces vidéos sont maintenant sur CNN, sur Al Jazeera, en arabe ou en anglais, ABC, France 24, BBC, Sky. Ainsi, nous avons quelqu'un qui télécharge ces vidéos sur leur site web, et nous sommes déjà en contact avec les différents médias […]. Sans la technologie moderne, vous ne seriez pas en mesure de le faire, absolument ».

 

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Les « solides » relations entre Monajed et l’administration américaine ont été exhaustivement discutées par Charlie Skelton [48].

Quoi dire, quoi répondre à cette manipulation professionnelle de l’information?

Peut-être un petit slogan entendu dans les rues d’Oran, lors de ce 15e vendredi du hirak :

« La Washington, La Paris, Ahna Naaynou Erraïs ! » (Ni Washington, ni Paris, c’est nous qui allons désigner le président!).

 

 



Références

[1] Sympathisants des valeurs du 1er novembre 1954, date du déclenchement de la révolution algérienne contre la colonisation française.

[2] Partisans du MAK (Mouvement pour l'Autonomie de la Kabylie).

[3] Partisans du MAM (Mouvement pour l'Autonomie du M'Zab).

[4] Ahmed Gaïd Salah (AGS), chef d'État-major de l'Armée algérienne.

[5] Zabana et si El Haoues sont deux héros, martyrs de la révolution algérienne. Le premier a été guillotiné en 1956 (à 30 ans) et le second est tombé au champ d’honneur en 1959 (à 36 ans).

[6] Durant la révolution algérienne, les collabos algériens de l’armée française.

[7] Djawad Rostom Touati, « Le drapeau palestinien  et le hirak », Blog de Mohamed Bouhamidi, 3 juin 2019, http://bouhamidimohamed.over-blog.com/2019/06/le-drapeau-palestinien-et-le-hirak.un-texte-de-djawad-rostom-touati.html

[8] Pour plus de détails, lire : Ahmed Bensaada, « Liban 2005-2015 : d’une « révolution » colorée à l'autre », Afrique Asie, 14 septembre 2015, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=323:liban-2005-2015-dune-l-revolution-r-coloree-a-une-autre&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[9] Fayçal Métaoui, « Il faut qu’on sorte de la mythologie d’octobre 1988 », El Watan Week-end, 30 septembre 2011, p.7, https://fr.calameo.com/read/0009444644b347bc31613

[10] Ahmed Bensaada, « Le printemps arabe et les médias: maljournalisme, mensonges et mauvaise foi », Le Quotidien d'Oran, le 22 septembre 2011, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=138:le-l-printemps-arabe-r-et-les-medias-maljournalisme-mensonges-et-mauvaise-foi-&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[11] Algérie Focus, « Mort de Kadhafi : Daho Djerbal scandalisé par la couverture d’El Watan Week-end », 23 octobre 2011, https://www.algerie-focus.com/2011/10/mort-de-kadhafi-daho-djerbal-scandalise-par-la-couverture-del-watan-week-end/

[12] Tarik Aït Menguellet, « Je suis tombé sur la Une d’El Watan Week-end ce matin, et elle est à vomir! », 21 octobre 2011, http://amtarik.blogspot.com/2011/10/je-suis-tombe-sur-la-une-del-watan-week.html

[13] France 24, « Qui sommes-nous? », https://www.france24.com/fr/a-propos

[14] Emilie Gavoille, « Face aux fausses infos, France 24 sort les vrais outils », Télérama, 4 juin 2018, https://www.telerama.fr/television/face-aux-fausses-infos,-france-24-sort-les-vrais-outils,n5667633.php

[15] Lire par exemple : Laurent Ribadeau Dumas, « Quel crédit accorder à l’Observatoire syrien des droits de l’Homme? », France Info, 29 janvier 2016, https://www.francetvinfo.fr/monde/syrie/quel-credit-accorder-a-lobservatoire-syrien-des-droits-de-lhomme_3064505.html

[16] Pour plus de détails, lire : Ahmed Bensaada, « Huit ans après : la « printanisation » de l’Algérie », ahmedbensaada.com, 4 avril 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=475:2019-04-04-22-50-13&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[17] Karen Leigh, « Behind the Arab Revolts, an Activist Quietly Pulling Strings From Boston », The Atlantic, 25 janvier 2012, https://www.theatlantic.com/international/archive/2012/01/behind-the-arab-revolts-an-activist-quietly-pulling-strings-from-boston/251786/

[18] Max Blumenthal, «  Weddady’s Free Arabs, American Islamic Congress and the pro-Israel funders who helped them rise », The Electronic Intifada New York City, 7 mai 2013, https://electronicintifada.net/content/weddadys-free-arabs-american-islamic-congress-and-pro-israel-funders-who-helped-them-rise

[19] Philippe Gélie, « Sheldon Adelson, des milliards pour Jérusalem », Le Figaro, 5 janvier 2018, http://www.lefigaro.fr/international/2018/01/05/01003-20180105ARTFIG00010-sheldon-adelson-des-milliards-pour-jerusalem.php

[20] Slogan pompeux de France 24

[21] Voir référence 15. De nouveaux documents seront aussi bientôt publiés.

[22] Ouest-France, « Les Algériens défilent en masse, malgré les arrestations et la fatigue », 31 mai 2019, https://www.ouest-france.fr/monde/algerie/les-algeriens-defilent-en-masse-malgre-les-arrestations-et-la-fatigue-6377414

[23] Ibid.

[24] Amir Akef, « Algérie : le Conseil constitutionnel reporte l’élection présidentielle », Le Monde, 2 juin 2019, https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/02/algerie-la-cour-constitutionnelle-reporte-l-election-presidentielle_5470457_3212.html

[25] Anne Morelli, « Principes élémentaires de propagande de guerre », Investig’Action, 20 mars 2011, https://www.investigaction.net/fr/Principes-elementaires-de/

[26] Ahmed Bensaada, « Le Monde/Syrie: Grandeur et décadence d’un journal au-dessus de tout soupçon », Reporters, 6 octobre 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=241:grandeur-et-decadence-dun-journal-au-dessus-de-tout-soupcon&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[27] Le Monde Afrique, « Demain, quelle Algérie ? », 23 mai 2019, https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/05/23/demain-quelle-algerie_5465895_3212.html?fbclid=IwAR3-tKg2SSmKFT3WkmF6Qzv9NJ-GP7u26gmPJwHI85UxmB9kZHcjpLACd-w

[28] Ahmed Bensaada, « Belalloufi, le RAJ et l'importation de la démocratie », ahmedbensaada.com, 02 Mai 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=490:2019-05-02-15-00-34&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

En plus des documents accompagnant l’article ci-dessus, de nouveaux documents concernant le financement du RAJ seront bientôt publiés.

[29] Algeria Watch, « Pour une Coordination nationale pour le changement et la démocratie : Communiqué », 23 janvier 2011, https://algeria-watch.org/?p=34161

[30] Le Monde Afrique, « Partenaire », https://www.lemonde.fr/partenaire-osiwa/

[31] Sandrine Berthaud-Clair, « Ce qu’il faut retenir de notre matinée ²Demain, quelle Algérie ? », Le Monde Afrique, 12 juin 2019, https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/12/ce-qu-il-faut-retenir-de-notre-matinee-demain-quelle-algerie_5475200_3212.html

[32] Mediapart, « Solidarité avec le peuple algérien », 17 juin 2019, https://www.mediapart.fr/journal/france/170619/mediapartlive-solidarite-avec-le-peuple-algerien?onglet=full

[33] Ahmed Bensaada, « Algérie : les caricaturistes et le hirak », Ahmedbensaada.com, 29 mai 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=496:2019-05-29-21-33-29&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[34] Hacen Ouali, « Algérie. Comme un air de contre-révolution », Courrier International, 24 août 2011, https://www.courrierinternational.com/article/2011/08/25/comme-un-air-de-contre-revolution

[35] Hacen Ouali, « Les Syriens d’Algérie croient en la victoire », El Watan, 10 septembre 2011, https://www.djazairess.com/fr/elwatan/339156

[36] Voir ref.15

[37] Stéphane Durand-Souffland, «Gilets jaunes: l'ex-boxeur Christophe Dettinger condamné à un an de prison ferme », Le Figaro, 13 février 2019, http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2019/02/13/01016-20190213ARTFIG00282-gilets-jaunes-au-tribunal-l-ex-boxeur-tente-de-se-justifier.php

[38] Le Point, « Gilets jaunes : Jérôme Rodrigues annonce avoir perdu son œil », 13 février 2019, https://www.lepoint.fr/societe/gilets-jaunes-jerome-rodrigues-annonce-avoir-perdu-son-oeil-13-02-2019-2293109_23.php

[39] « Pacifique, pacifique », un des slogans du hirak

[40] Skander Salhi, « Exclusif. Rôle de Gaïd Salah en Algérie : la France demande conseil à Pierre de Villiers », Maghreb Intelligence, 30 avril 2019, https://www.maghreb-intelligence.com/exclusif-role-de-gaid-salah-en-algerie-la-france-demande-conseil-a-pierre-de-villiers/

[41] Skander Salhi, « Algérie. Le général Ahmed Gaïd Salah livre ses « petites guerres » contre la France », Maghreb Intelligence, 15 mai 2019, https://www.maghreb-intelligence.com/algerie-le-general-ahmed-gaid-salah-livre-ses-petites-guerres-contre-la-france/

[42] Adam Nossiter, « Algeria Cancels Presidential Election, Setting Up New Impasse », The New York Times, 2 juin 2019, https://www.nytimes.com/2019/06/02/world/africa/algeria-elections-canceled.html

[43] Ibid.

[44] Killian Clarke, « What Algeria and Sudan Can Learn From Egypt-Lessons From a Failed Revolution », Foreign Affairs, 10 juin 2019, https://www.foreignaffairs.com/articles/sudan/2019-06-10/what-algeria-and-sudan-can-learn-egypt

[45] Ibid.

[46] Sharmine Narwani, « Ten years on, Lebanon's 'Cedar Revolution'», RT, 13 mars 2015, https://www.rt.com/op-ed/240365-lebanon-revolution-anniversary-cedar-2005/

[47] « How to Start a Revolution », Film de Ruaridh Arrow, Date de sortie: 18 septembre 2011, https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=Vk1XbyFv51k

[48] Charlie Skelton, « The Syrian opposition: who's doing the talking? », The Guardian, 12 juillet 2012, https://www.theguardian.com/commentisfree/2012/jul/12/syrian-opposition-doing-the-talking

 

Crédits: Les photos et vidéos de la manifestation du 31 mai 2019 ont été prises par A. Bensaada

 


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Le tragique décès de Kamel Eddine Fekhar a suscité beaucoup d'émoi et a fait couler beaucoup d'encre.

De nombreux articles ont été consacrés à ce triste événement et de multiples pancartes à son effigie ont été brandies lors des dernières manifestations.

Mais ce qui attire l'attention, c'est cette déclaration conjointe publiée sur le site de la Fédération Internationale des Droits de l'Homme (FIDH):


Déclaration conjointe

Bruxelles, 31 mai 2019

EuroMed Droits, Front Line Defenders, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) dans le cadre de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH), SOS DisparusCFDA (Collectif des familles de disparus en Algérie), le Syndicat National Autonome des Personnels de l’Administration Publique (SNAPAP) et le Rassemblement Action Jeunesse (RAJ) condamnent de la manière la plus ferme les mauvais traitements infligés à Kamel Eddine Fekhar lors de sa détention arbitraire, qui ont entraîné son décès le 28 mai 2019 à l’hôpital Frantz Fanon de Blida. C’est un fait d’une gravité extrême qui témoigne des conséquences de la répression de la liberté d’expression, de l’instrumentalisation de la justice, et du mépris de la vie humaine. Nos organisations présentent leurs plus sincères condoléances à sa famille. […]

Source

 

En effet, tous les organismes algériens (sans exception) qui sont mentionnés dans cette déclaration, sont ou ont été en relation avec la principale organisation étasunienne en charge de  l'exportation de la démocratie: la NED (National Endowment for Democracy)[1] .


Cliquez sur les hyperliens pour consulter les documents

Organismes Relation avec la NED
LADDH

Financement:


Année

Montant ($)

2002

20 000

2004

N/A

2005

20 000

2006

40 000

2010

37 000


CFDA

Financement:


Année

Montant ($)

2003 40 000

2005

40 000

2006

43 500

2007

46 200

2009 38 200

2010

40 000

2011 40 000
2012 à 2017 ?
2018


30 000 [2]


SOS Disparus

Organisme financé à travers:

RAJ


Financement:


Année

Montant ($)

2011

25 000



Autre relation:

Lire cet article

SNAPAP

Relation avec le Solidarity Center

(un des 4 satellites de la NED)[5]

Lettres de Kathy Feingold,

directrice du Département International

 

Autre précision: en 2011, tous ces organismes ont été membres de la CNCD (Coordination nationale pour le changement et la démocratie) qui avait pour objectif de "printaniser" l'Algérie.

Simple coïncidence?

 



Références

[1], [3] et [5] Pour plus de détails, consultez cette référence.

[2] et [4] À travers le financement de la FEMED (Fédération Euro-Méditerranéenne Contre les Disparitions Forcées).

 


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Ahmed Bensaada 2 maggio 2019

Traduzzione: Nicola Quatrano - OSSIN -

Le rivolte di strada della sedicente «primavera» araba hanno fatto dell’ “andatevene” il principio ultimo della rivolta stessa. In Algeria si è raggiunto lo stadio estremo del dogma assoluto con il «yetnahaw gaa» (andatevene tutti), scandito a voce spiegata o scritto a caratteri cubitali sui cartelli

 

« Yetnahaw gaa » (ils dégagent tous)


 

Questo invito a sgombrare era soprattutto indirizzato agli odiati simboli del potere, vale a dire ai politici disonesti e ai loro ricchi compari, la cui ricchezza si misura solo in termini di corruzione e di depravazione.
Per ragioni di sicurezza pubblica, tuttavia, anche un’altra categoria dovrebbe sgombrare il campo, quasi alla stessa velocità delle due precedenti: quella degli pseudo-analisti politici.
Diverse specie tassonomiche compongono la fauna di questi falsari dell’informazione. Ci sono quelli che hanno allegramente collaborato col governo e che rivendicano, tardivamente, una verginità da tempo perduta. Ci sono quelli che, impregnati di un neocolonialismo «genetico», vorrebbero vedere gli Statunitensi sbarcare a Arzew o i Francesi a Sidi-Fredj. Ci sono quelli che hanno provato un fremito di piacere agli esordi di una «primavera» mortifera e hanno applaudito gli attacchi della NATO contro la Libia e che, adesso, versano lacrime di coccodrillo sulle sanguinose ferite dei paesi arabi colpiti. Ci sono quelli che usano e abusano della menzogna per omissione e che gettano fango pregiudizialmente su qualsiasi ragionamento che metta in dubbio le loro affermazioni sbagliate e interessate.
Questa lista è certamente non esaustiva, tanto è vario il bestiario degli pseudo-analisti, ma consente comunque di dare un’idea onesta di una categoria disonesta.
Come esempio concreto e pedagogico, citiamo il caso di Hocine Belalloufi. In un’intervista al giornale L’Expression [1], ha liquidato la mia analisi sulla primaverizzazione dell’Algeria. In realtà, piuttosto che criticare in termini seri il mio recente articolo [2] come impone l’etica giornalistica, l’ha unilateralmente bandita dal dibattito nazionale in corso, dichiarando in modo roboante: «Questi testi finiranno per dimostrarsi di una patetica povertà».
Questa sentenza pomposa si accompagnava a qualche argomentazione?
Per niente! Poggia solo sulla sua fama di «guru» della sinistra algerina, che egli considera più che sufficiente!
«Andate, circolate, non c’è più niente da dire: Belalloufi ha parlato!»
Ma come si può pretendere di non conoscere i nuovi metodi di destabilizzazione dei paesi, quando ci sono stati così tanti esempi recenti?
Serve forse solo a gettare fango su tutto quanto non gli conviene o mette in discussione i suoi «amici» e «protetti»?
Se così fosse, potremmo suggergli di discuterne coi suoi amici, partner e collaboratori del RAJ (Rassemblement Actions Jeunesse). Come ho scritto nel mio articolo, questi ultimi hanno ricevuto sussidi dalla NED (National Endowment for Democracy), la vetrina pubblica della CIA [3].

 

 

 

Logo della radio RAJ (Nota il pugno vigoroso che tiene le onde: non lo abbiamo visto altrove?)

Potrebbe forse anche rivolgere qualche domanda al presidente del RAJ, Fersaoui Abdelouahab, che incontra spesso quando partecipano alle stesse conferenze?


 

Hocine Belalloufi e Abdelouahab Fersaoui a Radio RAJ


Una domanda a caso: «Che cosa faceva a Dakar, nel maggio 2018? ».
Per i lettori, ecco la risposta.
Dal 6 al 9 maggio 2018, si è tenuta all’hotel King Fahd Palace di Dakar (Senegal) la Nona Assemblea mondiale del Movimento Mondiale per la democrazia (World Movement for Democracy, WMD). Il tema di questo evento era «Costruire partenariati strategici per il rinnovamento democratico».
Nel comunicato stampa pubblicato sul sito del WMD, si legge: «Il Movimento mondiale è stato fondato nel 1999 per "rafforzare la democrazia dove è debole, riformarla e rinvigorirla anche se esiste da tempo, e rafforzare i gruppi pro-democrazia nei paesi che non hanno ancora avviato un processo di transizione democratica ". […] Il Movimento Mondiale è guidato da un illustre comitato direttivo internazionale; il National Endowment for Democracy (NED), con sede a Washington, svolge funzioni di segretariato». [4]
Il comitato conta tra i suoi membri (molto) illustri niente di meno che Carl Gershman eBasma Kodmani. Per chi non lo sapesse ancora, il primo è presidente della NED mentre la seconda è la co-fondatrice del Consiglio nazionale siriano (CNS), organizzazione che ha dato il via alla distruzione della Siria.
Oltre a Carl Gershman, tra i partecipanti alla questa grande messa senegalese della democrazia statunitense figurano i nomi di illustri personaggi: Stephen McInerney, direttore esecutivo del Project on Middle East Democracy  (POMED), Kenneth Wollack [5], presidente del National Democratic Institute (NDI), Scott Mastic, vice-presidente per i programmi dell’International Republican Institute (IRI), Andrew Wilson, direttore esecutivo del Center for International Private Enterprise (CIPE) eShawna Bader-Blau, direttrice esecutiva del Solidarity Center.
Ricordiamo che il NDI, l’IRI, il CIPE e il Solidarity Center sono le quattro organizzazioni satelliti della NED [6].
Come dice il suo sito Internet, POMED è «un’organizzazione non di parte e senza scopo di lucro la cui mission è l’analisi di come possano svilupparsi vere democrazie in Medio oriente e i modi in cui gli Stati Uniti possano meglio sostenere questo processo» [7]. In realtà è facile verificare che il POMED lavora di concerto con Freedom House [8] ed è sostenuto finanziariamente dall’Open Society Institute (OSI) di George Soros[9] e la NED [10]. Per tentare di «chiarire» il ruolo avuto da POMED nella «primavera» araba, il suo direttore esecutivo, Stephen McInerney, ha dichiarato al New York Times: «Noi non li finanziamo perché comincino le proteste, ma li abbiamo aiutati a sviluppare le loro competenze e a ristrutturarsi». Aggiungendo: «Questa formazione ha giocato un ruolo in quel che alla fine è successo, ma era la loro rivoluzione. Non l’abbiamo fatta noi» [11]. Il signor McInerney è una delle rare persone che si occupano di «esportazione» della democrazia che ne parla in termini così chiari.

 

 

Carl Gershman allla "Serata in Dakar" a margine del 9 ° Incontro Mondiale delle ADM (Dakar, maggio 2018)


Da notare che questi alti responsabili statunitensi non sono venuti da soli a Dakar, ma erano accompagnati da imponenti delegazioni.
Oltre a tale prestigioso panel di «big boss» che valgono milioni di dollari per il finanziamento della «esportazione della democrazia» in tutto il mondo e, soprattutto, nella regione MENA (Middle East and North Africa), colpisce l’attenzione la presenza di celebri attivisti.
Quindi tra i partecipanti figurano i nomi di Radwan Ziadeh, membro influente del Consiglio Nazionale Siriano (CNS), dell’attivista giordano Oraib Al-Rantawi, direttore generale dell’ONG Al Quds Center for Political Studies (Centro Al Quds per gli studi politici) e di Amine Ghali, direttore del Kawakibi Democracy Transition Center (Centro Kawakibi per la transizione democratica - KADEM).
Radwan Ziadeh è un attivista siriano assai prolifico, il cui CV rivela i suoi tanti rapporti con l’amministrazione statunitense [12]. E’ apparso sulla scena mediatica quale membro influente del Consiglio Nazionale Siriano (CNS). Nel 2005, aveva fondato a Damasco il «Damascus Center for Human Rights Studies» (DCHRS), un centro che, secondo Jeffrey Blankfort, ha stretti legami con la NED che lo usava come «copertura per le sue attività» in Siria [13]. Tra le sue innumerevoli attività, Ziadeh è stato membro emerito dell’ « US Institute of Peace », un think tank finanziato dal governo USA [14].

 

 

Hillary Clinton e Radwan Ziadeh

Oraib Al-Rantawi, il cui centro è finanziato dal NDI [15], dichiarò – durante la «primavera» araba -, di essersi recato due volte in Yemen per dare una mano ai dissidenti yemeniti. Secondo lui «tutto questo impegno, da parte di organizzazioni locali e internazionali, ha aperto la strada a quel che accade oggi. Questi giovani non vengono dal nulla per fare una rivoluzione».


 

Anna Kompanek (Direttore dei programmi al CIPE) e Oraib Al-Rantawi

 

Amine Ghali è un attivista tunisino della prima ora che lavora per KADEM dal 2008. Notiamo, en passant, che KADEM è un centro finanziato dal programma POMED. Come detto prima, POMED riceve sovvenzioni dall’OSI di G. Soros, oltre che dalla NED, e lavora di concerto con Freedom House. E’ d’altronde per Freedom House che Amine Ghali aveva lavorato in precedenza [16].

 

 

Amine Ghali invitata a una conferenza organizzata da POMED e New America Foundation (Washington, 29 giugno 2012)

E in mezzo a tutto questo bel mondo, tra pasticcini e discorsi solenni, troviamo l’unico rappresentante algerino: Abdelouahab Fersaoui.
E’ certo che la sua presenza non è solo dovuta al fatto che la Radio del RAJ aderisca al Movimento mondiale per la democrazia [17], proprio come l’ONG dell’attivista yemenita Tawakkol Karman « Women Journalists Without Chains » [18], anch’essa finanziata dalla NED [19].

 

 

 

Tawakkol Karman e Hillary Clinton

Ma su questi dettagli, e altri probabilmente più gustosi, attendiamo la risposta del signor Belalloufi. Magari in una trasmissione sulle onde di Radio RAJ?


Riferimenti

[1] Kamel Lakhdar-Chaouche, « L'Occident préfère un régime soumis à ses intérêts», L’Expression, 17 aprile 2019,

[2] Ahmed Bensaada, «Otto anni dopo: la «primaverizzazione» dell’Algeria», www.ossin.org, 19 aprile 2019,

[3] Vedi riferimento 2

[4] World Movement for Democracy, « Press Release: Ninth Global Assembly », 23 marzo 2018,

[5] Kenneth Wollack è andato in pensione dal NDI nel giugno 2018

[6] Per maggiori dettagli, vedi riferimento 2

[7] POMED, http://pomed.org/

[8] Atlantic Council, « Negotiating Libya’s Constitution », 22 gennaio 2014,

[9] Carnegie Endowment for International Peace, « Egypt’s Upcoming Elections : Boycotts, Campaigns, and Monitors », 19 ottobre 2010,

[10] NED, « 2009 Annual report : Egypt »,

[11] Ron Nixon, « U.S. Groups Helped Nurture Arab Uprisings », New York Times, 14 aprile 2011,

[12] Arbeitsgemeinschaft Israel an der Johannes Gutenberg-Universität Main, « Dr. Radwan Ziadeh »,

[13] Jeffrey Blankfort, Registrazione audio (a partire dal minuto 3), « Takes on the World », Radio4all, 12 febbraio 2012

[14] Charlie Skelton, « The Syrian opposition: who's doing the talking? », The Guardian, 12 luglio 2012,

[15] Charles J. Hanley, « US training quietly nurtured young Arab democrats », Washington Post, 13 marzo 2011,

[16] MENA Regional Facilitators Forum, « Amine Ghali »,http://www.menaff.org/team/amine-ghali/

[17] World Movement for Democracy, « Radio RAJ »,https://www.movedemocracy.org/participant/radio-raj-algeria/radio-raj

[18] World Movement for Democracy, « Women Journalists Without Chains »,https://www.movedemocracy.org/networking/directory

[19] Ahmed Bensaada, « « Mais qui est donc Tawakkol Karman, la première femme arabe nobélisée? », Le Quotidien d’Oran, 13 ottobre 2011,

 


Version arabe de l'article

Version originale française



Dans un article dithyrambique publié le 2 mai dernier dans les colonnes de l’Humanité, la journaliste Rosa Moussaoui a encensé certains caricaturistes algériens, les plus en vue dans l’effervescence « révolutionnaire » du moment.  « Crayon au poing, ils brisent tous les tabous, franchissent toutes les lignes rouges », nous dit-elle[1].

Et elle ne pouvait si bien dire. Ils en ont franchi des lignes rouges, mais pas uniquement celles auxquelles elle fait référence dans son panégyrique.

 


Situons tout d’abord le personnage de l’auteure de l’article. Rosa Moussaoui est reporter (souvent affublée de l’épithète « grand ») à l’Humanité. Très active depuis le début du mouvement de contestation, elle suit de sa prose les évènements politiques qui animent la scène politique algérienne. Prose qui trahit parfois un alignement idéologique tendancieux comme on peut s’en rendre compte à la lecture de ce titre : « En Kabylie, un peuple debout pour ressusciter le pays »[2]. D’ailleurs, n’avait-elle pas affiché son soutien au MAK (Mouvement pour l'Autonomie de la Kabylie) lors de la polémique entourant la participation de ce mouvement à la fête de l’Humanité en 2017[3]?

La « grand » reporter nous présente donc trois caricaturistes algériens qui, précise-t-elle, « tiennent la chronique d’une joyeuse révolution ». Il s’agit de Ali Dilem, Hicham Baba Ahmed, alias Le Hic, et Ghilas Aïnouche.

 

Ali Dilem Le Hic Ghilas Aïnouche


Moussaoui et ces trois dessinateurs ont un trait commun : celui de parler au nom du « peuple », tout en galvaudant ce noble concept.

Voici trois caricatures qui illustrent ce propos :

 

Ali Dilem
Le Hic
Ghilas Aïnouche

 

Premièrement, ils utilisent la notion de « peuple » comme s’il s’agissait d’un bloc monolithique, sphérique, uniforme et lisse.

Ensuite, ils se donnent la liberté de parler au nom de ce « peuple », comme s’ils en étaient les porte-paroles officiels, mandatés par je ne sais quelle institution fictive.

Finalement, ils utilisent la voix de ce « peuple » pour faire passer leurs idées personnelles ou l’idéologie de leur groupe d’appartenance.

Cette légèreté, voire frivolité, avec laquelle ces caricaturistes s’approprient la voix d’une nation soulèvent de nombreuses questions importantes concernant le hirak.

Qui compte le nombre de manifestants? Qui recense les messages scandés ou écrits sur les banderoles ou pancartes? À partir de quel nombre de slogans le message devient celui du peuple? Est-ce qu’un slogan prononcé le vendredi équivaut à celui scandé un autre jour de la semaine? Est-ce qu’un slogan véhiculé par les médias sociaux équivaut à celui porté à bout de bras dans la rue? Est-ce que le message d’une pancarte bien visible sur les escaliers de la Grande Poste à Alger est équivalent à un autre exhibé dans une petite ville de province?  Lorsque certaines chaînes de télévision affirment que le « peuple » veut ceci ou cela, sur quel travail scientifique se sont-elles basées?

Il est clair qu’au début du soulèvement populaire, il n’y avait aucune d’ambiguïté sur la demande du peuple : « Pas de 5e mandat ». L’adhésion de la population était unanime car la demande était simple, compréhensible et juste.

Mais à mesure que l’inflation des demandes a progressé, les réponses se sont multipliées et l’unicité des voies de sortie de crise a disparu.

Prenons pour exemple la position actuelle des citoyens vis-à-vis de l’institution militaire : la scission du hirak sur ce point est bien consommée. On n’est plus sur la longueur d’onde de l’unanimisme initial : « Djeich Chaab Khawa Khawa » (Armée Peuple Frères, Frères).

Que veut alors dire la notion de « peuple » à ce moment? Un groupe qui a un accès facile aux médias? Un groupe qui arrive à mobiliser plus de personnes sur le terrain? Un groupe qui produit plus de décibels dans les manifestations? Un groupe plus organisé et mieux formé pour véhiculer son idéologie? Un groupe qui a plus de moyens financiers?

Et ces questions se posent aussi pour les caricaturistes qui doivent, par honnêteté intellectuelle et éthique journalistique refléter le débat tel qu’il est vécu par les citoyens.

Pour bien comprendre l’orientation idéologique de ces caricaturistes qui parlent au nom d’un « certain peuple », il est essentiel et judicieux de nous intéresser à chacun d’eux.


Ali Dilem

Le plus influent d’entre eux est très certainement Ali Dilem. J’en veux pour preuve le nombre de câbles Wikileaks américains qui citent son nom : pas moins de dix!

Dans le câble 08ALGIERS504_a (daté du 5 mai 2008), on peut voir à quel point il est apprécié par les diplomates américains en poste à Alger : « Dans le cas de Liberté, la plupart des lecteurs aujourd'hui ne regarde pas la une du journal en premier, mais la dernière page pour savourer la caricature quotidienne de Dilem qui est souvent une critique caustique du gouvernement ».

Mais cette remarque ne relève pas uniquement de l’admiration candide. Des contacts ont bien eu lieu entre le caricaturiste et les fonctionnaires de l’ambassade américaine comme clairement mentionné dans le câble 09ALGIERS370_a (daté du 13 avril 2009) : « Le caricaturiste politique Ali Dilem nous a dit que les bureaux de vote qu’il a visité avec un journaliste français étaient presque vides. Dans un cas, il a rencontré un chômeur qui a déclaré qu'il votait parce qu'on lui avait demandé de présenter sa carte d'électeur afin d'obtenir un passeport ».

Un caricaturiste algérien qui « dit » des choses aux diplomates américains en poste à Alger durant des élections présidentielles algériennes? Comment peut-on appeler cela? Je vous laisse le soin d’y répondre.

Dilem fait partie de « Cartooning For Peace » (CFP - Caricature pour la paix), organisme qui se définit comme « un réseau international de dessinateurs de presse engagés qui combattent, avec humour, pour le respect des cultures et des libertés ». C’est sans doute pour cette raison qu’on l’a vu officier sur TV5 aux côtés de deux autres caricaturistes pour la paix : le Français Plantu (fondateur de CFP) et l’Israélien Kichka.

 

Plantu, Dilem, Nadia Khiari (alias Willis From Tunis) et Kichka: quatre membres de “Cartooning For Peace” au 66e Festival de Cannes.


C’est aussi dans ce cadre que Dilem s’est rendu en Israël avec ses deux compagnons de TV5. Dans la vidéo immortalisant la visite[4] on le voit rire à éclats devant un dessin de l’israélien Shay Charka (membre de CFP) véhiculant des stéréotypes négatifs et tendancieux sur les Palestiniens (voir ci-après). Précisons que Charka est un caricaturiste sioniste faisant partie d’une « armée » de dessinateurs israéliens qui luttent contre la campagne internationale BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions)[5].

 

-Papa, peux-tu fabriquer une fusée qui peut aller sur la lune?

-Y a-t-il des Israéliens sur la lune ?! Alors pourquoi? Pense de manière productive!


Ensuite, arrivé devant le mur des lamentations, il fait une déclaration stupéfiante qu’il est important de reporter au complet tellement elle représente la quintessence de la propagande sioniste :

« Pour quelqu’un qui a grandi dans la haine de l’autre, la haine du juif, en fait la haine de ce qu’il ne connait pas, de ce qu’il a ignoré et dans l’acceptation de tout ce qu’on lui foutait dans le crâne… Ça donne pas envie ici d’être terroriste, ça donne pas envie de haïr l’autre, ça donne pas envie de, de…Ça donne envie d’aimer, de connaitre… ».

No comment!

 


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Vidéo de la visite


La vidéo se termine avec des notes mélodieuses de piano et une danse de notre illustre caricaturiste, bras dessus, bras dessous, avec un personnage portant une kippa qui doit connaitre et, surtout, aimer beaucoup de Palestiniens!

Une relation singulière relie nos caricaturistes à Charlie Hebdo comme nous allons le constater par la suite. À peine un mois après l’attentat contre ce journal satirique, Dilem a rejoint son équipe de dessinateurs. À la question : « Qu’aviez-vous pensé à l’époque de la publication par Charlie Hebdo des caricatures de Mahomet ? », il répondit : « Je savais qu’ils s’exposaient à des réactions. Je savais qu’on ne pouvait pas s’amuser avec l’image du Prophète aux yeux de certains. Mais en tant que professionnel de la caricature, je me disais aussi que c’était un sujet comme un autre, et qu’il ne fallait pas s’arrêter à ce qui est considéré comme sacré […][6].

Dilem a reçu de nombreuses distinctions soulignant la qualité de son travail, mais c’est la France qui l’a le plus gâté. En 2010, il a reçu les insignes de Chevalier des Arts et Lettres à l’ambassade de France à Alger, des mains de Noëlle Lenoir, ancienne ministre des Affaires européennes et en présence de l'ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt[7].

 

Noëlle Lenoir et Ali Dilem


Rappelons que l’Ordre des Arts et des Lettres (qui comprend trois grades) est une décoration honorifique française qui, gérée par le ministère de la Culture, récompense « les personnes qui se sont distinguées par leur création dans le domaine artistique ou littéraire ou par la contribution qu'elles ont apportée au rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde ».

En 2017, notre caricaturiste a été promu au rang d’Officier des Arts et des Lettres par la présidence de la République française.

 

Ambassade de France à Alger : Bernard Émié, ambassadeur, et Ali Dilem


Dans un livre qu’il a consacré à Ali Dilem, son ami Mustapha Benfodil cite Mohamed Benchico, présenté comme le maître à penser du caricaturiste: « Dilem a une âme de justicier. Il ne dessine pas pour passer le temps mais pour faire mal, pour écorcher les crapules et les puissants »[8] .

Avec ce qu’on vient de voir sur le trajet de Dilem, une question se pose : qui sont les crapules et qui sont les puissants?

 

Le Hic

La caricature du Hic qui figure au début de cet article pose de nombreux problèmes. En effet, en plus de discourir au nom du peuple comme mentionné précédemment, l’auteur fait preuve d’une totale ignorance en matière de géostratégie, de techniques de déstabilisation des pays ou de révolutions non-violentes. Pourtant, ce ne sont pas les exemples qui manquent depuis quelques décennies. Mais, vous allez me dire, on ne peut pas demander à un caricaturiste de faire rire et d’être versé dans les sciences demandant un peu de sérieux. À moins, bien sûr, d’exceller dans l’art de la dissimulation et dans la dextérité du mensonge par omission.

Le plus grave, cependant, dans ce dessin, c’est son indécence. Le « digitus impudicus » ou doigt d’honneur est un geste obscène. Avec cette caricature, Le Hic a non seulement usurpé l’identité du peuple, mais lui fait faire des gestes grossiers et orduriers qui ne concernent que sa personne!

Ce n’est certainement pour des dessins de ce genre que Le Hic fut « élevé », en 2016, au rang de Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres des mains de Bernard Émié, à la villa des Oliviers, résidence de l’ambassadeur de France à Alger[9].

 


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Vidéo de l'événement

 

 

Ambassade de France à Alger : Bernard Émié, ambassadeur, et Hicham Baba Ahmed (Alias Le Hic)

 

Notons, que tout comme Dilem, Le Hic est membre de « Cartooning For Peace ». Cependant, il n’a pas collaboré avec Charlie Hebdo, mais reconnait avoir rencontré et travaillé avec Charb et Wolinski[10], deux dessinateurs vedettes du magazine humoristique français, qui ont perdu la vie lors des attentats de janvier 2015.

Petite précision: Bernard Émié, l’ambassadeur qui a décoré Dilem et Le Hic, a été nommé en 2017 par le président Emmanuel Macron à la tête de la direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE), en remplacement d’un autre ancien ambassadeur de France en Algérie (2006-2008), M. Bernard Bajolet[11].

 

Ghilas Aïnouche

La palme de l’indécence, de l’impudeur et du mauvais goût revient sans aucun doute à Ghilas Aïnouche. Scatologie, obscénité, racisme, tout y passe! Comparé à ceux de Aïnouche, le dessin du Hic discuté auparavant passerait pour celui d’un enfant de chœur.

Il faut savoir qu’en humour, lorsque le talent fait défaut, on se focalise sur ce qui se trouve en dessous de la ceinture ou bien sur ce qui se passe dans les toilettes.

Lorsque la députée Naima Salhi, fidèle représentation de la décadence politique qu’a connue l’Algérie ces dernières années, a tenu des propos choquants sur les Kabyles et leur langue, une monumentale levée de boucliers s’en est suivie. Aïnouche, quant à lui, a choisi de réaliser plusieurs caricatures de la députée où les matières fécales sont à toutes les sauces! À donner la nausée!

 

Pour voir les caricatures scatologiques de Aïnouche

(à vos risques et périls!)


Sur ce sujet, Dilem s’est aussi laisser aller au dessin facile, mais comme produit biologique, il a préféré les crachats aux excréments.

 


Allons, « chevalier » ou plutôt « officier » des Arts (avec un A majuscule), un peu de retenue digne de votre rang! On peut exprimer notre mécontentement de manière plus civilisée! N’est-ce pas vous qui avez déclaré à votre ami Mustapha Belfodil : « Le danger pour nous, et je ne parle pas que pour la caricature, c’est que, à force de vouloir trop en faire, on en fait trop. Il faut que ce qui est irrespectueux, que ce qui est irrévérencieux, ne devienne pas vulgaire »[12]?

Et bien, nous y voilà : Dilem, Le Hic et Aïnouche se vautrent dans la vulgarité et ont l’air d’y prendre plaisir!

Non satisfait de ses trouvailles scatologiques, Aïnouche poursuit son périple dans les bas-fonds de la caricature en s’essayant à l’obscénité avec un dessin représentant un migrant africain dans le plus simple appareil, ne laissant aucun doute sur son anatomie masculine stéréotypée.

 

Pour voir les caricatures obscènes de Aïnouche

(à vos risques et périls!)


Cette obscénité n’est pas nouvelle dans le monde de la caricature algérienne. C’était une pratique usitée par le chroniqueur d’El Watan, Chawki Amari, qui fut, dans une autre vie, caricaturiste. Il avait raconté à Mustapha Belfodil, non sans une pointe de fierté, qu’il s’amusait à cacher des parties intimes masculines dans ses dessins. Pourquoi? Juste comme ça, pour le fun. Et d’ajouter : « Personne ne relevait ces petits détails, et le lendemain, je me marrais. J’étais vraiment un sale gosse »[13].

Dans le cas de Chawki Amari, il est intéressant de noter qu’il a été emprisonné, en 1996, pour une caricature jugée offensante pour l'emblème national [14]. Objet du délit? Le dessin représentait « deux passants qui regardent les drapeaux algériens déployés à l'occasion de l'anniversaire de l'indépendance. « C’est pour le 5 juillet? », demande l'un. « Non, ils étendent le linge sale », répond son compagnon »[15].

 

Pour voir la caricature délictueuse de Chawki Amari


Mais même en ce temps-là, l’ambassade américaine d’Alger n’était pas très loin des journaux et de leurs caricaturistes.

Des documents d’époque montrent que l’organisme américain Cartoonists Rights Network International (CRNI) avait dénoncé son emprisonnement, ce qui est en soi louable. En effet, selon son site, la mission du CRNI est de « défendre la liberté créative et les droits de l’Homme des caricaturistes éditoriaux menacés dans le monde entier »[16].

Mais le CNRI précise aussi que « pendant son séjour en prison, l’organisme a également envoyé de l'argent à Chawki pour l'aider à payer ses frais légaux »[17].

En regardant de plus près les sponsors de CRNI, on y trouve aussi bien la NED (National Endowment for Democracy) et l’Open Society Foundations du milliardaire américain, George Soros[18], des commanditaires étasuniens très impliqués dans l’« exportation de la démocratie »[19].

Dans une interview accordée au Washington Post, la question suivante a été posée au directeur exécutif du CRNI, Robert Russell : « Avez-vous déjà travaillé en collaboration avec le Département d'État, des ambassadeurs ou d'autres agences / départements américains pour atteindre vos objectifs dans le monde entier? [] ». Ce à quoi il répondit : « Nous sommes toujours prêts à travailler avec un ambassadeur ou même un bureau au Département d'État [] »[20].

D’ailleurs, après cette affaire, certains câbles Wikileaks ont révélé une proximité entre l’ambassade américaine à Alger et Chawki Amari, El Watan (où il travaille actuellement avec Le Hic) ainsi que son ancien directeur Omar Belhouchet[21].

Mais ça, c’est une histoire qui mériterait qu’on y consacre plus de temps.

Revenons à Ghilas Aïnouche. Certaines de ses caricatures dénotent une affinité non dissimulée avec le Mouvement pour l'Autodétermination de la Kabylie (MAK), affinité partagée avec Rosa Moussaoui qui a encensé le jeune caricaturiste dans son article.

 

Ferhat Mehenni : président du MAK

Abassi Madani : cofondateur du Front islamique du salut (FIS)


Cette sympathie pour la cause sécessioniste du MAK a été confirmée lors d’un voyage effectué par Aïnouche en 2017 aux États-Unis, invité par le Département d’État. Il y a défendu la liberté d’expression pour les militants du MAK « constamment harcelés et leurs passeports bloqués »[22].

Et le MAK le lui rend bien. Lorsque Aïnouche a été victime de violence policière lors d’une manifestation interdite, le président du MAK, Ferhat Mehenni, lui a personnellement téléphoné pour s’enquérir de sa santé et l’assurer de son soutien[23].

Il est indéniable qu’une des conséquences fâcheuses du hirak est la tension actuellement perceptible entre certains citoyens kabyles et le reste des Algériens. Le MAK, naguère imperceptible dans la vie politique du pays, a repris du poil de la bête avec ses idées toxiques. Ferhat Mehenni s’est même fait inviter à l’université de Tizi-Ouzou pour disserter, par vidéoconférence, rien de moins que du « combat kabyle face à l’Algérie »[24]. Jamais cette tension n’a été aussi exacerbée, très certainement instrumentalisée aux dépens de la cohésion de la nation algérienne. Le plan Yinon[25] pour l’Algérie serait-il activé via le MAK en cette période d’instabilité politique? Rappelons que, tout comme Dilem, Mehenni s’est rendu en Israël, s’y est entretenu avec des politiciens de haut rang de l’État hébreu et, dans une entrevue au Jérusalem Post, il n’a pas été avare de formules aplaventristes et provocatrices. Florilège : « Les Kabyles ont toujours eu de la sympathie pour Israël »; « Pendant la guerre de 1967, la Kabylie a applaudi à la défaite des Arabes »; « Les femmes kabyles ne portent pas de voile et les Kabyles vivant en France n'ont pas participé à la campagne de légalisation du voile dans les écoles »; « Liberté pour la Kabylie, éternité pour Israël »[26].

 



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Sur les médias sociaux, cette tension a généré une confrontation orageuse. Pourtant, le hirak n’était-il pas censé nous solidariser contre les politiciens véreux, les voleurs de la richesse de notre pays, les bradeurs de sa souveraineté et les liquidateurs de son unité?

La différenciation entre les Kabyles et le reste de la société algérienne a été poussée par Aïnouche à un niveau jamais atteint. Plus que du racisme, certaines caricatures sont la représentation d’un suprémacisme kabyle. Jugez-en.

 

 


Une question se pose là encore: avec quelle procuration, Aïnouche et Mehenni, se permettent-ils de parler au nom de tous les Kabyles?

Dilem s’est lui aussi essayé à la caricature raciste, ce qui lui a valu une volée de bois vert[27].

 


À l’instar de Dilem et Le Hic, Aïnouche a eu des contacts avec Charlie Hebdo et ses dessinateurs. Il a même été pigiste pour cet hebdomadaire. Dans une entrevue publiée après les attentats de Charlie Hebdo, il a déclaré : « Je ne vois pas comment l’on peut dire que Charlie Hebdo est islamophobe »[28].

Avec toutes ces frasques figurant sur son CV, parions que Aïnouche finira, comme ses ainés, par être invité à la villa des Oliviers pour une solennelle cérémonie où ses faits d’armes chevaleresques seront reconnus, récompensés et applaudis.

En guise de conclusion, mentionnons que toute caricature véhicule, à travers son écorce humoristique, des messages qui sont en phase avec l’orientation du caricaturiste ou du journal qui l’emploie. Il est impératif de retourner chaque caricature et d’en regarder le sceau sur le verso pour en connaitre le commanditaire, le destinataire, la base idéologique ou la vision politique. Ou pourra alors comprendre que la notion galvaudée de « peuple » figurant dans certaines caricatures n’est pas fortuite, bien au contraire.

En ces moments de soubresauts politiques et de tentative d’édification d’une nouvelle république algérienne, les caricaturistes devraient jouer l’apaisement au lieu de pousser à la confrontation.

Cette période nécessite un humour qui nous unit et non un humour qui nous divise, un humour qui construit des ponts et non un humour qui bâtit des murailles.

 


Références

  1. Rosa Moussaoui, « Rire des puissants pour les déboulonner » L’Humanité, 2 Mai 2019, https://www.humanite.fr/algerie-rire-des-puissants-pour-les-deboulonner-671661
  2. Rosa Moussaoui, « En Kabylie, un peuple debout pour ressusciter le pays » L’Humanité, 15 avril 2019, https://www.humanite.fr/algerie-en-kabylie-un-peuple-debout-pour-ressusciter-le-pays-670818
  3. Mohand Beloucif, « Notre mouvement est "pacifique et n’émarge pas aux extrêmes" », Le Matin d’Algérie, 1er novembre 2017, https://www.lematindalgerie.com/notre-mouvement-est-pacifique-et-nemarge-pas-aux-extremes
  4. Dailymotion, « Dilem, Kichka et Plantu à Jérusalem », https://www.dailymotion.com/video/xe9lzn
  5. The Times Of Israel, « Une armée de caricaturistes lutte contre le mouvement BDS », 13 juillet 2015, https://fr.timesofisrael.com/une-armee-de-caricaturistes-lutte-contre-le-mouvement-bds/
  6. Hassina Mechaï, Interview : « "Charlie Hebdo" - L'Afrique réagit - Dilem : "Ce n’est pas qu’un titre, c’est un esprit" », Le Point, 8 janvier 2015, https://www.lepoint.fr/culture/charlie-hebdo-l-afrique-reagit-dilem-ce-n-est-pas-qu-un-titre-c-est-un-esprit-08-01-2015-1894965_3.php
  7. Liberté, « Dilem : “Je suis fier d'être Algérien” - Il a été fait hier chevalier des arts et des lettres », 12 octobre 2010, https://www.djazairess.com/fr/liberte/144123
  8. Mustapha Benfodil, « Dilem Président », Editions INAS (Alger), 2008, p. 3
  9. Ambassade de France à Alger, « Décoration d’Ahmed Bedjaoui et Hicham Baba Ahmed », 16 mai 2016, https://dz.ambafrance.org/Decoration-d-Ahmed-Bedjaoui-et-Hicham-Baba-Ahmed
  10. Nejma Rondeleux. « Le Hic: "J'ai été triplement choqué: en tant qu'être humain, dessinateur et Algérien" », Huffington Post Maghreb, 8 janvier 2015, https://www.huffpostmaghreb.com/2015/01/08/le-hic-charlie-hebdo_n_6436212.html
  11. Amine Kadi, « Bernard Emié, de l’ambassade d’Alger à la DGSE », La Croix, 27 juin 2017, https://www.la-croix.com/Monde/Afrique/Bernard-Emie-lambassade-dAlger-DGSE-2017-06-27-1200858548
  12. Voir réf. 8, p. 7
  13. Ibid., p. 99
  14. José Garçon, « Crime de lèse-drapeau en Algérie - Pour un dessin « offensant », Alger maintient en prison le journaliste Chawki Amari », Libération, 13 juillet 1996, https://www.liberation.fr/planete/1996/07/13/crime-de-lese-drapeau-en-algeriepour-un-dessin-offensant-alger-maintient-en-prison-le-journaliste-ch_177216
  15. Ibid.
  16. Cartoonists Rights Network International, « Who we are – Our mission », https://cartoonistsrights.org/mission/
  17. Cartoonists Rights Network International, « Middle East/North Africa », http://archive.cartoonistsrights.org/cartoonists_rights_free_speech.php--id=33.html
  18. Cartoonists Rights Network International, « Foundation and corporate support », https://cartoonistsrights.org/category/cnri-gratefully-acknowledges-major-support-from/
  19. Pour plus de détails, lire : Ahmed Bensaada, « Huit ans après : la « printanisation » de l’Algérie », ahmedbensaada.com, 4 avril 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=475:2019-04-04-22-50-13&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119
  20. Michael Cavna, « Crowdfund of the week: Free-speech cartoonists vs. legal and mortal threats », Washington Post, 2 avril 2015, https://www.washingtonpost.com/news/comic-riffs/wp/2015/04/02/crowd-fund-of-the-week-free-speech-cartoonists-vs-legal-and-mortal-threats/?utm_term=.0eae6ab200c1
  21. Lire, par exemple, le câble 08ALGIERS388_a: https://wikileaks.org/plusd/cables/08ALGIERS388_a.html ou le câble 08ALGIERS521_a : https://wikileaks.org/plusd/cables/08ALGIERS521_a.html
  22. KDirect.info, « Invité par le Département d’Etat américain à Washington, le dessinateur Ghilas Aïnouche a parlé aussi du MAK », 7 novembre 2017, http://archive.wikiwix.com/cache/?url=https%3A%2F%2Fk-direct.info%2F2017%2F11%2F07%2Finvite-par-le-departement-detat-americain-a-washington-le-dessinateur-ghilas-ainouche-a-parle-aussi-du-mak-k-direct%2F
  23. Siwel, « Ghilas Aïnouche agressé : le Président de l’Anavad s’enquiert de son état de santé », 23 juillet 2017, https://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:QzrVanxcK3AJ:https://www.siwel.info/ghilas-ainouche-agresse-president-de-lanavad-sencquiert-de-etat-de-sante_49075.html+&cd=1&hl=fr&ct=clnk&gl=dz
  24. Hakim Megatli, « Université de Tizi Ouzou : Ferhat Mehenni a discouru sur le « combat kabyle face à l’Algérie », Algérie 1, 28 avril 2019, https://www.algerie1.com/actualite/universite-de-tizi-ouzou-ferhat-mehenni-a-discouru-sur-le-laquo-combat-kabyle-face-a-l-algerie-raquo
  25. Pour plus de détails sur le plan Yinon, lire : Ahmed Bensaada, « La géopolitique selon « Arab Idol », Reporters, 13 décembre 2014, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=300:la-geopolitique-selon-l-arab-idol-r&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119
  26. Sharon Udasin et Jan Koscinski, « Algeria’s Kabylie craves friendship with Israel », The Jerusalem Post, 27 mai 2012, https://www.jpost.com/Middle-East/Algerias-Kabylie-craves-friendship-with-Israel
  27. Dehbia Ak, « Ali Dilem accusé de « racisme anti-arabe » par des chroniqueurs d’une chaîne privée (VIDÉO) », ObservAlgérie, 19 janvier 2019, https://www.observalgerie.com/actualite-algerie/dilem-ali-une-nouvelle-caricature-secoue-les-medias-algeriens/
  28. Algérie Focus, « Ghilas Aïnouche, caricaturiste algérien : "Je ne vois pas comment l’on peut dire que Charlie Hebdo est islamophobe"», 8 janvier 2015, https://www.algerie-focus.com/2015/01/ghilas-ainouche-caricaturiste-algerien-je-ne-vois-pas-comment-lon-peut-dire-que-charlie-hebdo-est-islamophobe/#sthash.WSQngftu.uxfs

 

 


 

Cet article a aussi été publié par:

Investig'Action

Mondialisation

Palestine Solidarité

 


 

 

[1] Rosa Moussaoui, « Rire des puissants pour les déboulonner » L’Humanité, 2 Mai 2019, https://www.humanite.fr/algerie-rire-des-puissants-pour-les-deboulonner-671661

[1] Rosa Moussaoui, « En Kabylie, un peuple debout pour ressusciter le pays » L’Humanité, 15 avril 2019, https://www.humanite.fr/algerie-en-kabylie-un-peuple-debout-pour-ressusciter-le-pays-670818

[1] Mohand Beloucif, « Notre mouvement est "pacifique et n’émarge pas aux extrêmes" », Le Matin d’Algérie, 1er novembre 2017, https://www.lematindalgerie.com/notre-mouvement-est-pacifique-et-nemarge-pas-aux-extremes

[1] Dailymotion, « Dilem, Kichka et Plantu à Jérusalem », https://www.dailymotion.com/video/xe9lzn

[1] The Times Of Israel, « Une armée de caricaturistes lutte contre le mouvement BDS », 13 juillet 2015, https://fr.timesofisrael.com/une-armee-de-caricaturistes-lutte-contre-le-mouvement-bds/

[1] Hassina Mechaï, Interview : « "Charlie Hebdo" - L'Afrique réagit - Dilem : "Ce n’est pas qu’un titre, c’est un esprit" », Le Point, 8 janvier 2015, https://www.lepoint.fr/culture/charlie-hebdo-l-afrique-reagit-dilem-ce-n-est-pas-qu-un-titre-c-est-un-esprit-08-01-2015-1894965_3.php

[1] Liberté, « Dilem : “Je suis fier d'être Algérien” - Il a été fait hier chevalier des arts et des lettres », 12 octobre 2010, https://www.djazairess.com/fr/liberte/144123

[1] Mustapha Benfodil, « Dilem Président », Editions INAS (Alger), 2008, p. 3

[1] Ambassade de France à Alger, « Décoration d’Ahmed Bedjaoui et Hicham Baba Ahmed », 16 mai 2016, https://dz.ambafrance.org/Decoration-d-Ahmed-Bedjaoui-et-Hicham-Baba-Ahmed

[1] Nejma Rondeleux. « Le Hic: "J'ai été triplement choqué: en tant qu'être humain, dessinateur et Algérien" », Huffington Post Maghreb, 8 janvier 2015, https://www.huffpostmaghreb.com/2015/01/08/le-hic-charlie-hebdo_n_6436212.html

[1] Amine Kadi, « Bernard Emié, de l’ambassade d’Alger à la DGSE », La Croix, 27 juin 2017, https://www.la-croix.com/Monde/Afrique/Bernard-Emie-lambassade-dAlger-DGSE-2017-06-27-1200858548

[1] Voir réf. 8, p. 7

[1] Ibid., p. 99

[1] José Garçon, « Crime de lèse-drapeau en Algérie - Pour un dessin « offensant », Alger maintient en prison le journaliste Chawki Amari », Libération, 13 juillet 1996, https://www.liberation.fr/planete/1996/07/13/crime-de-lese-drapeau-en-algeriepour-un-dessin-offensant-alger-maintient-en-prison-le-journaliste-ch_177216

[1] Ibid.

[1] Cartoonists Rights Network International, « Who we are – Our mission », https://cartoonistsrights.org/mission/

[1] Cartoonists Rights Network International, « Middle East/North Africa », http://archive.cartoonistsrights.org/cartoonists_rights_free_speech.php--id=33.html

[1] Cartoonists Rights Network International, « Foundation and corporate support », https://cartoonistsrights.org/category/cnri-gratefully-acknowledges-major-support-from/

[1] Pour plus de détails, lire : Ahmed Bensaada, « Huit ans après : la « printanisation » de l’Algérie », ahmedbensaada.com, 4 avril 2019, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=475:2019-04-04-22-50-13&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[1] Michael Cavna, « Crowdfund of the week: Free-speech cartoonists vs. legal and mortal threats », Washington Post, 2 avril 2015, https://www.washingtonpost.com/news/comic-riffs/wp/2015/04/02/crowd-fund-of-the-week-free-speech-cartoonists-vs-legal-and-mortal-threats/?utm_term=.0eae6ab200c1

[1] Lire, par exemple, le câble 08ALGIERS388_a: https://wikileaks.org/plusd/cables/08ALGIERS388_a.html

Ou le câble 08ALGIERS521_a : https://wikileaks.org/plusd/cables/08ALGIERS521_a.html

[1] KDirect.info, « Invité par le Département d’Etat américain à Washington, le dessinateur Ghilas Aïnouche a parlé aussi du MAK », 7 novembre 2017, http://archive.wikiwix.com/cache/?url=https%3A%2F%2Fk-direct.info%2F2017%2F11%2F07%2Finvite-par-le-departement-detat-americain-a-washington-le-dessinateur-ghilas-ainouche-a-parle-aussi-du-mak-k-direct%2F

[1] Siwel, « Ghilas Aïnouche agressé : le Président de l’Anavad s’enquiert de son état de santé », 23 juillet 2017, https://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:QzrVanxcK3AJ:https://www.siwel.info/ghilas-ainouche-agresse-president-de-lanavad-sencquiert-de-etat-de-sante_49075.html+&cd=1&hl=fr&ct=clnk&gl=dz

[1] Hakim Megatli, « Université de Tizi Ouzou : Ferhat Mehenni a discouru sur le « combat kabyle face à l’Algérie », Algérie 1, 28 avril 2019, https://www.algerie1.com/actualite/universite-de-tizi-ouzou-ferhat-mehenni-a-discouru-sur-le-laquo-combat-kabyle-face-a-l-algerie-raquo

[1] Pour plus de détails sur le plan Yinon, lire : Ahmed Bensaada, « La géopolitique selon « Arab Idol », Reporters, 13 décembre 2014, http://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=300:la-geopolitique-selon-l-arab-idol-r&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119

[1] Sharon Udasin et Jan Koscinski, « Algeria’s Kabylie craves friendship with Israel », The Jerusalem Post, 27 mai 2012, https://www.jpost.com/Middle-East/Algerias-Kabylie-craves-friendship-with-Israel

[1] Dehbia Ak, « Ali Dilem accusé de « racisme anti-arabe » par des chroniqueurs d’une chaîne privée (VIDÉO) », ObservAlgérie, 19 janvier 2019, https://www.observalgerie.com/actualite-algerie/dilem-ali-une-nouvelle-caricature-secoue-les-medias-algeriens/

[1] Algérie Focus, « Ghilas Aïnouche, caricaturiste algérien : ²Je ne vois pas comment l’on peut dire que Charlie Hebdo est islamophobe²», 8 janvier 2015, https://www.algerie-focus.com/2015/01/ghilas-ainouche-caricaturiste-algerien-je-ne-vois-pas-comment-lon-peut-dire-que-charlie-hebdo-est-islamophobe/#sthash.WSQngftu.uxfs

Tout en haut de la pyramide du hirak estudiantin algérien, les organisateurs ne chôment pas. Chaque semaine, les mots d'ordre fusent à la vitesse des médias sociaux et suivent fidèlement les soubresauts de l'actualité politique algérienne.

La consigne de cette semaine? La voici:


Photo de Ahmed Taleb Ibrahimi



Il s'agit du slogan suggéré pour la manifestation du vendredi 24 mai 2019:


"Nous le voulons président pour une courte étape transitoire"


Des directives qui suivent bizarrement un agenda bien précis.

Un homme de 87 ans ayant occupé différents postes politiques dans des gouvernements précédents qui incarnerait la jeunesse algérienne?

On va presque égaler la Tunisie avec son plus plus vieux président du monde. En effet, l'âge vénérable de Béji Caïd Essebsi, plusieurs fois ministre sous Bourguiba et président de la chambre des députés sous Ben Ali, avoisine les 93 ans!

Et en Tunisie, c'est aussi un mouvement de jeunesse qui a déboulonné Ben Ali.

Mimétisme maghrébin?

On se croise les doigts tout en souhaitant que le président de la 2e République algérienne soit un peu plus jeune.

Et cela n'a pas l'air d'être gagné d'avance.




 



12 mai 2019


 

 

Une foule dense, une ambiance festive, des jeunes dans la fleur de l’âge, des slogans incisifs, de l’humour subtil et corrosif, le « retiré » d’une charmante ballerine posant pour la postérité, des jeunes qui balaient les rues après les marches, d’autres embrassant des policiers ou leur offrant des fleurs, des bouteilles d’eau distribuées aux manifestants, un couple qui esquisse un pas de danse dans une rue d’Alger … ». « Ces images idylliques de la contestation » à la Grande Poste (Alger-centre) rapportées par des observateurs qui voulaient donner au hirak une allure artificielle qui pouvait lui aller au début mais qu’il n’a, naturellement, pas gardée dans ses versions d’avril puis mai, a été reprise par Ahmed Bensaada pour justifier la série de « questions (qui) viennent à l’esprit au sujet de ces manifestations populaires ». Les observateurs qui ont suivi les marches et rassemblements du vendredi à la Grande Poste, ont noté que la dimension commerciale a envahi le hirak et les bouteilles d’eau qui étaient distribuées aux manifestants ont été intégrées dans l’économie de marché et sont vendues plus chères que dans le commerce ordinaire. Idem pour les denrées alimentaires (bourek, kalb ellouz, sandwich, gaufrettes, biscuits, eau gazeuse, jus,…) ainsi que les drapeaux et autres accessoires aux couleurs nationales. Dans le hirak actuel, tout se vend, y compris les grandes feuilles de papier pour y écrire des slogans « personnalisés ». Des jeunes balaient toujours les rues après les marches, mais moins systématiquement et on devine les trajets des manifestants aux ordures qui les parsèment et qui ne seront enlevées qu’après le passage des travailleurs communaux chargés de la propreté de la voie publique. Les scènes de fraternisation hirak-police existent encore mais elles sont réelles et traduisent une vraie « proximité » de générations entre des policiers et des manifestants du même âge, ce qui n’empêche pas les policiers de remplir leur mission et les jeunes manifestants le constatent quand ils cherchent à dépasser les lignes rouges. Mais, dans les manifestations, la jeunesse algérienne est restée « débordante de vitalité, montrant aux yeux du monde sa maturité politique, sa discipline et son pacifisme ». Les manifestations traduisent encore « ce réveil populaire susceptible de mettre fin à des décennies d’immobilisme politique qui a engendré la déliquescence de nombreux secteurs socioéconomiques, provoqué la fuite des cerveaux et jeté à la mer des cohortes de « harragas »». Seulement, les manifestations à la Grande Poste ont perdu les attributs artificiels que certains ont voulu leur coller. Toutefois, il est évident que certaines manifestations n’ont aucun caractère spontané. C’est comme si, des « structures » étaient chargées spécialement de préparer et suivre le déroulement des marches à la Grande Poste et dans certaines autres grandes villes. Il semble bien qu’il y a une conception des slogans et il y a des « mécanismes » pour les acheminer vers les manifestants, notamment quand il s’agit des étudiants étroitement encadrés politiquement par les enseignants. L’irruption des jeunes issus des couches populaires, plus enclins à la spontanéité mais surtout caractérisés par leur anti occidentalisme, fausse les calculs des déstabilisateurs. Ahmed Bensaada appelle à la vigilance contre le risque de tomber dans le piège des manipulateurs pro-occidentaux qui sont chargés de mettre en application un agenda contraire aux intérêts de l’Algérie.

 


Source

 

Une foule dense, une ambiance festive, des jeunes dans la fleur de l’âge, des slogans incisifs, de l’humour subtil et corrosif, le « retiré » d’une charmante ballerine posant pour la postérité, des jeunes qui balaient les rues après les marches, d’autres embrassant des policiers ou leur offrant des fleurs, des bouteilles d’eau distribuées aux manifestants, un couple qui esquisse un pas de danse dans une rue d’Alger … ». « Ces images idylliques de la contestation » à la Grande Poste (Alger-centre) rapportées par des observateurs qui voulaient donner au hirak une allure artificielle qui pouvait lui aller au début mais qu’il n’a, naturellement, pas gardée dans ses versions d’avril puis mai, a été reprise par Ahmed Bensaada pour justifier la série de « questions (qui) viennent à l’esprit au sujet de ces manifestations populaires ». Les observateurs qui ont suivi les marches et rassemblements du vendredi à la Grande Poste, ont noté que la dimension commerciale a envahi le hirak et les bouteilles d’eau qui étaient distribuées aux manifestants ont été intégrées dans l’économie de marché et sont vendues plus chères que dans le commerce ordinaire. Idem pour les denrées alimentaires (bourek, kalb ellouz, sandwich, gaufrettes, biscuits, eau gazeuse, jus,…) ainsi que les drapeaux et autres accessoires aux couleurs nationales. Dans le hirak actuel, tout se vend, y compris les grandes feuilles de papier pour y écrire des slogans « personnalisés ». Des jeunes balaient toujours les rues après les marches, mais moins systématiquement et on devine les trajets des manifestants aux ordures qui les parsèment et qui ne seront enlevées qu’après le passage des travailleurs communaux chargés de la propreté de la voie publique. Les scènes de fraternisation hirak-police existent encore mais elles sont réelles et traduisent une vraie « proximité » de générations entre des policiers et des manifestants du même âge, ce qui n’empêche pas les policiers de remplir leur mission et les jeunes manifestants le constatent quand ils cherchent à dépasser les lignes rouges. Mais, dans les manifestations, la jeunesse algérienne est restée « débordante de vitalité, montrant aux yeux du monde sa maturité politique, sa discipline et son pacifisme ». Les manifestations traduisent encore « ce réveil populaire susceptible de mettre fin à des décennies d’immobilisme politique qui a engendré la déliquescence de nombreux secteurs socioéconomiques, provoqué la fuite des cerveaux et jeté à la mer des cohortes de « harragas »». Seulement, les manifestations à la Grande Poste ont perdu les attributs artificiels que certains ont voulu leur coller. Toutefois, il est évident que certaines manifestations n’ont aucun caractère spontané. C’est comme si, des « structures » étaient chargées spécialement de préparer et suivre le déroulement des marches à la Grande Poste et dans certaines autres grandes villes. Il semble bien qu’il y a une conception des slogans et il y a des « mécanismes » pour les acheminer vers les manifestants, notamment quand il s’agit des étudiants étroitement encadrés politiquement par les enseignants. L’irruption des jeunes issus des couches populaires, plus enclins à la spontanéité mais surtout caractérisés par leur anti occidentalisme, fausse les calculs des déstabilisateurs. Ahmed Bensaada appelle à la vigilance contre le risque de tomber dans le piège des manipulateurs pro-occidentaux qui sont chargés de mettre en application un agenda contraire aux intérêts de l’Algérie.

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