Ahmed Bensaada

Il y a pire que de ne pas être informé: c’est penser l’être

Pédagogie

 

La polémique hautement médiatisée entourant la récente position de la Fédération des femmes du Québec (FFQ) sur le port de signes religieux dans la fonction et les services publics québécois a fait ressurgir le spectre d’Hérouxville, non pas avec le visage de son illustre conseiller municipal, mais sous les traits d’une pseudo-égérie encore en prise avec les vieux démons de son pays, confondant le nord de l’Amérique avec celui de l’Afrique.

Mais en y pensant bien, cette bourrasque médiatique a quelque chose de surprenant. Autant je suis convaincu de la maturité de la société québécoise, autant je lui trouve, de temps à autre, un zeste de puérilité. Posséder autant de lettrés, de chercheurs et d’éminents penseurs et avoir besoin d’une tierce personne pour réfléchir à ses propres problèmes sociaux ne peut relever que d’une certaine forme d’infantilisme sociétal. Surtout si cette personne n'a rien d’autre à nous rapporter qu’une autobiographie romancée, affublée d’un titre auquel l’épithète racoleur ne serait qu’un euphémisme.

Prônant la théorie du complot international ourdi par des créatures maléfiques arborant mantille et fichu, une donzelle s’est vue investie de la donquichottesque mission qui consiste à piétiner les décisions de cette honorable institution qu'est la FFQ, sous prétexte qu’elle est infiltrée par ces êtres malveillants. Dans ce cas, quels sont les arguments qui plaident en faveur du rejet des conclusions de la Commission Bouchard-Taylor? A-t-elle été, elle aussi, noyautée par des disciples de Ben Laden? Vouloir remplacer la compétence, l’intelligence et l’honnêteté de ces deux éminentes personnalités, en l’occurrence MM. Bouchard et Taylor, par les élucubrations d’une personne dont les connaissances dans le domaine ne dépassent pas le cadre du certificat de naissance a quelque chose de consternant pour toute la société québécoise. En effet, transposée au domaine médical, cette situation reviendrait à remplacer, lors d’une opération à cœur ouvert, un éminent cardiologue par un vulgaire arracheur de dents officiant sur les trottoirs d’une mégalopole du tiers-monde.

Et que penser des policières britanniques ou suédoises qui patrouillent  avec un voile? Ont-elles été recrutées par des partisans du mollah Omar? Et les gendarmes sikhs qui portent le turban dans l’exercice de leur fonction, font-il allégeance au granthi du Temple d’Or d’Amritsar?

La vertu, c’est comme les dents : plus c’est blanc, plus c’est faux. Ces donneurs de leçons venant d’autres horizons crient au loup pour d’autres raisons : se faire un capital politique et, surtout, se purifier la laine. Cela suinte de leurs discours ponctués de « nous » et de « eux-autres », n’hésitant pas, évidemment, à se vautrer dans la première catégorie et à jeter le discrédit sur la seconde. Au lieu de disséminer leurs psychoses à travers les ondes, ces personnes devraient montrer ce qu’elles apportent d’effectif à la société d’accueil.

Et dire, qu’au Québec, de nombreuses associations valeureuses travaillent d'arrache- pied, souvent bénévolement, pour l’insertion socioéconomique des minorités et en particulier maghrébine sans jamais faire la une des journaux! Tout ce brouhaha n’est pas pour aider cette communauté qui, selon les récents sondages, est fortement touchée par le chômage. Bien au contraire.

Qu’on se le dise : la verve littéraire d’un Neil Bissoondath ou d’un Dany Laferrière est beaucoup plus enrichissante pour le Québec que l’insipide harangue d’une « auteure » à contre courant.

 

Tout avait pourtant bien commencé. La majorité des musulmans de Montréal a débuté de concert le Ramadhan, le jeudi 13 septembre 2007. Mais à peine la baraka de Leïlat El-Qadr fut-elle dissipée, que les trompettes de la discorde ont résonné. Allait-on, cette année, fêter l'Aïd El-Fitr en même temps, comme une oumma solidaire ? Serait-il possible de donner une image d'une communauté unifiée dans une société d'accueil qui analyse le moindre de nos soubresauts ? Surtout que depuis le débat sur les accommodements raisonnables, toutes nos tergiversations socio-culturo-religieuses sont traînées dans une boue médiatique de laquelle on n'est pas prêt de sortir de sitôt.

Eh bien ! non. Certains ont décidé de fêter l'Aïd le vendredi 12 octobre et d'autres le samedi 13. La communauté musulmane, fidèle à elle-même, n'a donc pas failli à sa tradition conflictuelle et à son amour inconditionnel de la division, malgré les éternels larmoiements que même les minbars en bois ne sont plus capables d'entendre.

Mais de quoi sont constituées les prémisses de cette discorde ? On peut, à mon avis, en compter cinq. Tout d'abord, il y a les purs et durs, ceux qui prônent la vision de la nouvelle lune à l'aide de l'instrument par excellence, c'est-à-dire l'oeil : «le début et la fin du mois de Ramadhan ne peuvent être définis que par la vision oculaire du nouveau croissant de lune, que ce soit à l'oeil nu ou...» Ensuite, il y a les scientifiques qui, avec leurs calculs savants peuvent tout prédire : «vu la faible durée écoulée depuis la conjonction, mais surtout que le soleil se trouvera très proche de l'horizon et se couchera très rapidement, on peut en déduire que...» Il y a aussi ceux qui ne veulent rien savoir : «je suis Algérien, je fête l'Aïd avec l'Algérie. Que veux-tu que je dise à ma mère lorsque je l'appellerai ? Que j'ai bouffé les pieds du Ramadhan ou que j'ai jeûné le jour de l'Aïd ?» Une nouvelle catégorie vient de voir le jour. Elle est probablement un dommage collatéral de la politique américaine en Irak. C'est la division (scission serait plus juste) de plus en plus flagrante et médiatisée de la oumma entre chiites et sunnites. Finalement, la dernière catégorie regroupe la majorité silencieuse, celle qui est constituée de bons musulmans qui s'échinent au travail dans un pays d'accueil qui frise l'intolérance pour leur religion. De bons musulmans qui usent de multiples subterfuges pour créer l'ambiance d'un mois sacré à leurs familles en se lamentant d'être loin du bled. De bons musulmans qui se trouvent déchirés devant un choix qui n'en est pas un et qu'ils finissent par faire. De bons musulmans qui n'arriveront jamais à expliquer à leur progéniture pourquoi les enfants d'Untel fêtent l'Aïd alors qu'eux, non.

Il est navrant de constater que ce cirque se pérennise ad vitam aeternam. Le premier jour de l'Aïd a commencé le jeudi 11 octobre 2007 au Nigeria et finira, avec la grâce de Dieu, le samedi 13 octobre 2007. Encore mieux, dans certains pays musulmans, deux dates se côtoient, selon les communautés.

De nombreuses questions peuvent venir à l'esprit. Par exemple, pourquoi y a-t-il un problème avec le début et la fin du mois de Ramadhan et pourquoi cette difficulté disparaît pour les autres mois lunaires ? Pourquoi la date de l'Aïd El-Adha ne pose aucunement problème ? Comme, traditionnellement, il y a un jour de différence entre l'Algérie et le Maroc en ce qui concerne les dates du début ou de fin (ou des deux) du mois sacré, on peut facilement compter, depuis l'indépendance de notre pays, quelques dizaines de jours de différence entre les calendriers algérien et marocain. Alors, comment cela se fait-il qu'un des deux pays n'est pas dans le mois du Ramadhan alors que l'autre est en Chaâbane ? Pire encore, si cette différence existait depuis l'institution du Ramadhan, c'est-à-dire depuis 1426 ans, il y aurait plusieurs années de différence entre les deux pays ! Une chance qu'on a le pèlerinage et la Waqfa au mont Arafat qui réconcilie toute la communauté et qui, surtout, règle les problèmes du calendrier hégirien.

Au fait, y a-t-il quelqu'un qui s'occupe de mettre à jour le calendrier lunaire ? Faudrait-il faire un ajustement régulier comme celui du passage du calendrier julien au calendrier grégorien ? C'est le calendrier de quel pays qui est suivi lorsqu'on est loin du mois de Ramadhan ? Qu'on se le dise : quelles que soient nos différences, notre union est beaucoup plus avantageuse que notre pitoyable désaccord, non seulement pour la communauté, mais aussi pour chacun d'entre nous. Alors, à quand une vraie date, pour une vraie fête, pour une vraie communauté ?

Aïd El-Fitr moubarak à tous et à l'année prochaine. Mais, de grâce, cachez vos trompettes.

 

 

Je vous informe que je serai au Salon International du Livre d’Alger (SILA) le vendredi 3 novembre 2017 à partir de 14h 30 au stand de l'ANEP (pavillon central Safex) pour une séance de vente-dédicace de mon nouvel ouvrage.

Il s’agit d’un conte pédagogique intitulé « Tiski, la plus belle fille du Tassili n’Ajjer ». L’ouvrage a été superbement illustré par Sid-Ali Oudjiane.

Pour rappel, mon conte avait obtenu le premier prix du concours national « Contes et légendes du Sahara », à l’unanimité du jury.

Au plaisir de vous y rencontrer.

 









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"أحمد بن سعادة يتكلم عن كتابه الجديد: "تسكي، أجمل فتيات الطاسيلي ناجر


 

J'ai le plaisir de vous annoncer ma participation au Salon international du livre d'Alger (SILA) qui se tiendra du 26 octobre au 05 novembre 2016 au palais des expositions des Pins Maritimes (Alger).

  • J'animerai une conférence intitulée : « Printemps arabe : Quel a été le rôle des États-Unis? », organisée par l'ANEP
    • Lieu: École de journalisme d'Alger
    • Date: samedi 29 octobre 2016
    • Heure: 15h

 

Programme des conférences


  • Je serai aussi au stand de l'ANEP pour une séance de dédicaces le dimanche 30 octobre 2016, de 14h30 à 17h30.

 

Programme des ventes dédicaces


 

  • En ce qui concerne mon livre "Kamel Daoud: Cologne, contre-enquête", je serai au stand des éditions Frantz-Fanon, le jeudi 3 novembre de 13h à 17h.

 

Au plaisir de vous y rencontrer.

Ahmed Bensaada


 

garcia marquez

 

Il y a deux ans, le 17 avril 2014, nous quittait l'immense Gabriel Garcia Marquez, Gabo. En octobre 1961, il était à Paris. Les policiers de Papon le prennent pour un algérien. Et font ce qu'ils avaient l'habitude de faire...

 

A l'instar de tous les engagés dont le verbe a rythmé la période des décolonisations, Gabriel Garcia Marquez s'est conjugué, lui aussi, au mode algérien. Au plus fort de la guerre d'indépendance. Au temps de la classe politique algérienne digne de ce nom. Au temps où ''Arfa3 Rassek ya ba'' ne se conjuguait pas au mode de l'agitation folklorique.

On savait le colombien admiratif pour le combat des algériens pour leur indépendance, on savait son opposition à tous les arbitraires. Mais on ne savait pas qu'il y avait une ''histoire algérienne" dans le parcours du Prix Nobel de littérature.

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