La polémique hautement médiatisée entourant la récente position de la Fédération des femmes du Québec (FFQ) sur le port de signes religieux dans la fonction et les services publics québécois a fait ressurgir le spectre d’Hérouxville, non pas avec le visage de son illustre conseiller municipal, mais sous les traits d’une pseudo-égérie encore en prise avec les vieux démons de son pays, confondant le nord de l’Amérique avec celui de l’Afrique.
Mais en y pensant bien, cette bourrasque médiatique a quelque chose de surprenant. Autant je suis convaincu de la maturité de la société québécoise, autant je lui trouve, de temps à autre, un zeste de puérilité. Posséder autant de lettrés, de chercheurs et d’éminents penseurs et avoir besoin d’une tierce personne pour réfléchir à ses propres problèmes sociaux ne peut relever que d’une certaine forme d’infantilisme sociétal. Surtout si cette personne n'a rien d’autre à nous rapporter qu’une autobiographie romancée, affublée d’un titre auquel l’épithète racoleur ne serait qu’un euphémisme.
Prônant la théorie du complot international ourdi par des créatures maléfiques arborant mantille et fichu, une donzelle s’est vue investie de la donquichottesque mission qui consiste à piétiner les décisions de cette honorable institution qu'est la FFQ, sous prétexte qu’elle est infiltrée par ces êtres malveillants. Dans ce cas, quels sont les arguments qui plaident en faveur du rejet des conclusions de la Commission Bouchard-Taylor? A-t-elle été, elle aussi, noyautée par des disciples de Ben Laden? Vouloir remplacer la compétence, l’intelligence et l’honnêteté de ces deux éminentes personnalités, en l’occurrence MM. Bouchard et Taylor, par les élucubrations d’une personne dont les connaissances dans le domaine ne dépassent pas le cadre du certificat de naissance a quelque chose de consternant pour toute la société québécoise. En effet, transposée au domaine médical, cette situation reviendrait à remplacer, lors d’une opération à cœur ouvert, un éminent cardiologue par un vulgaire arracheur de dents officiant sur les trottoirs d’une mégalopole du tiers-monde.
Et que penser des policières britanniques ou suédoises qui patrouillent avec un voile? Ont-elles été recrutées par des partisans du mollah Omar? Et les gendarmes sikhs qui portent le turban dans l’exercice de leur fonction, font-il allégeance au granthi du Temple d’Or d’Amritsar?
La vertu, c’est comme les dents : plus c’est blanc, plus c’est faux. Ces donneurs de leçons venant d’autres horizons crient au loup pour d’autres raisons : se faire un capital politique et, surtout, se purifier la laine. Cela suinte de leurs discours ponctués de « nous » et de « eux-autres », n’hésitant pas, évidemment, à se vautrer dans la première catégorie et à jeter le discrédit sur la seconde. Au lieu de disséminer leurs psychoses à travers les ondes, ces personnes devraient montrer ce qu’elles apportent d’effectif à la société d’accueil.
Et dire, qu’au Québec, de nombreuses associations valeureuses travaillent d'arrache- pied, souvent bénévolement, pour l’insertion socioéconomique des minorités et en particulier maghrébine sans jamais faire la une des journaux! Tout ce brouhaha n’est pas pour aider cette communauté qui, selon les récents sondages, est fortement touchée par le chômage. Bien au contraire.
Qu’on se le dise : la verve littéraire d’un Neil Bissoondath ou d’un Dany Laferrière est beaucoup plus enrichissante pour le Québec que l’insipide harangue d’une « auteure » à contre courant.