Monsieur Tabbou,
Excusez-moi de rompre les usages en m’adressant directement à vous par le biais de cette lettre.
Je le fais pour une raison simple : vos propos sur l’ingérence de M. Macron dans les affaires de l’Algérie ne me laissent guère indifférent. En effet, j’ai beaucoup apprécié votre courage, votre témérité et votre verve pour défendre les intérêts de notre chère patrie. Il ne faut laisser aucune place à une quelconque intervention dans la politique de notre pays. Nos problèmes, nous devons les régler entre nous.
« Algéro-algérien! », c’est ce que je crie et j’écris depuis des mois.
Ainsi, lorsque j’ai appris que le Parlement européen avait adopté une résolution contre l’Algérie, je me suis dit que vous étiez la personne toute désignée pour défendre avec véhémence notre Algérie contre cette ingérence caractérisée.
Comme vous, je pense que « derrière cette position se cache de façon pernicieuse l’idée que les pays du Sud en général et l’Algérie en particulier sont à portée de main, politiquement vulnérables et inaptes à la démocratie ».
Comme vous, je suis convaincu que « les Algériens ne veulent plus aucun arrimage ni à l’Orient ni à l’Occident et ni à tout autre lieu où se côtoient les réseaux de tout genre. Ils veulent bâtir une Algérie algérienne ouverte, tournée vers la modernité et intégrée dans un ensemble maghrébin démocratique et solidaire ».
Comme vous, je suis persuadé que « le respect de la démocratie c’est aussi et surtout de laisser les volontés et les destins des peuples se forger par leurs propres dynamiques ».
Toutes ces belles paroles et bien d’autres peuvent être assénées dans une lettre de votre cru à ce prétentieux Parlement, vous qui maniez la langue de Molière avec tant de dextérité.
Vous pourrez, par exemple, conclure avec cette magnifique phrase que je préfère entre toutes:
« De grâce et par respect à la mémoire d’un million et demi de CHOUHADAS qui ont sacrifié leurs vies pour que vive l’Algérie indépendante et par respect également à toutes celles et tous ceux qui ont dédié des vies pour que l’Algérien puisse jouir de la plénitude de sa citoyenneté, gardez-vous de toute interférence et immiscions dans nos affaires ».
N’ayant aucun doute sur votre engagement pour une Algérie nouvelle, démocratique, souveraine et prospère, je suis certain que votre lettre au Parlement européen sera cinglante, autant que celle adressée à M. Macron.
J’ai hâte de vous lire.
Toutes mes salutations.
Ahmed Bensaada