Hillary Clinton en Libye pour «fêter» la chute de Kadhafi, en octobre 2011. D. R.
« Le chaos actuel proviendrait de l’influence américaine sur le printemps arabe », a déclaré l’essayiste algérien établi au Canada, Ahmed Bensaada, dans un entretien au Journal de Montréal paru hier samedi. Commentant les récents attentats de Paris, l’auteur d’Arabesque américaine, son dernier ouvrage paru en deux tomes, estime que cette tragédie est «une conséquence du printemps arabe qui a mal tourné, en particulier en Syrie». Ce qu’il dit reprocher au «printemps arabe», c’est qu’«au lieu de ramener l’espoir et la paix, il n’a amené que le mal dans le monde».
Déjà dans son dernier ouvrage, paru en 2011, Bensaada avait mis en avant «l’erreur monumentale» commise par les États-Unis notamment, à savoir celle d’avoir aidé certains groupes islamistes à prendre le pouvoir, cela «coûtera cher à l’Occident», puisque certains islamistes sont devenus des terroristes, plongeant le monde dans le chaos comme on l’a vu à Paris. L’auteur maintient dans cet entretien que le but recherché par les «révolutions arabes» de 2011 était «d’avoir des gouvernements pro-américains, pro-occidentaux, avec lesquels les Américains pourraient faire¬¬ ce qu’ils veulent en fait, en matière de commerce, de relations politiques, de position géopolitique». C’est pourquoi il rend les Américains indirectement responsables de cette tragédie qui a coûté la vie à 130 personnes à Paris. Explication simple : c’est le soutien multiforme apporté par Washington aux groupes armés en Syrie (à travers le fameux Canvas et d’autres moyens) qui aura permis l’émergence de Daech, alors que ce dernier a été créé sur le territoire irakien, à la suite de l’invasion américaine «sous le fallacieux prétexte de la présence d’armes de destruction massive, invasion qui a provoqué la destruction de l’Irak», rappelle Bensaada. Mais le drame pour les Arabes est, selon l’auteur, qu’on ne peut pas avoir le pouvoir dans les pays arabes «si on n’a pas l’aval des Occidentaux». Prenant l’exemple des attentats de Paris, il explique que les auteurs sont des jeunes qui ont subi «un lavage de cerveau» et qui n’étaient rien de plus que de «la chair à canon». «On les a formatés pour tuer», résumera Bensaada qui met en garde, au passage, contre les amalgames qui peuvent en découler et qui risquent d’aggraver la situation. Ahmed Bensaada a été l’un des premiers à dévoiler le rôle déterminant des cyberactivistes du «printemps arabe» financés par les Américains. Dans une interview accordée à Algérie Patriotique en octobre 2013, Bensaada a montré l’existence d’un lien entre un grand nombre d’activistes arabes et le lobby pro-israélien américain AIPAC (American Israel Public Affairs Committee) via un organisme nommé Forum Fikra, qui, d’après lui, cache visiblement ses relations avec ce lobby dont font partie de véritables faucons néoconservateurs et de farouches défenseurs de l’Etat d’Israël.
R. Mahmoudi