Les rumeurs sur l’apparition cathodique de Khaled Drareni, le « journaliste autoproclamé du Hirak »[1], battent actuellement leur plein, créant tangage et roulis dans l’infosphère. Partisans contre détracteurs, groupies contre vomisseurs ainsi que badauds saprophytes squattant le cyberespace à la recherche d’une éventuelle cyber-bagarre, donnant un coup par ci, un coup par là. Tout le monde s’en donne à cœur joie.
Non pas que le spectacle de ce rififi soit inintéressant, mais ce n’est pas cela qui a attiré mon attention ce 17 juillet 2024. C’est plutôt le tweet pompeux de ce journaliste, employé de RSF (Reporters sans Frontières) pour défendre les artisans de cette funeste saison, faussement baptisée « printemps » arabe par les Occidentaux.
Sur la même page, on pouvait aussi lire :
Par mesure de concision, nous n’allons pas discuter le cas de RSF puisque les accointances de cette organisation avec les organismes d’ « exportation » de la démocratie et les entités nocives pour le principe fondamental de « liberté d’expression » ont été largement discutés dans la littérature[2].
Cette précision faite, nous remarquons que Khaled Drareni se qualifie lui-même de « journaliste libre » (en arabe dans la description qui suit son nom) et précise qu’il œuvre toujours avec RSF pour « la liberté de la presse dans le monde » (Sic!).
Sur son tweet de quatre mots, il affiche un « soutien indéfectible à Nawaat » (En arabe, Nawaat = noyau) et reprend mot à mot le message de RSF qui « appelle les autorités [tunisiennes] à garantir la liberté de la presse et la sécurité des journalistes de [Nawaat] dans l'exercice de leur métier ».
Mais qui est donc Nawaat pour susciter autant d’intérêt?
Nawaat, c’est quoi?
Sur le site de Nawaat, on peut lire [3]:
« Créé en 2004 en tant que blog collectif, Nawaat est le pionnier du journalisme alternatif en Tunisie et dans la région et fournit des informations et des analyses centrées sur la Tunisie ».
En termes de « principes éthiques », cet organisme s’auréole de ceux de l’Indépendance, l’Exactitude, la Liberté et les droits ainsi que la Responsabilité.
Ces nobles principes guidant un journalisme alternatif, quoi de plus beau et de plus séduisant? Même les plus grands médias de la planète ne peuvent se targuer de baigner dans autant de vertu!
Prenons, par exemple, le premier principe, celui de l’indépendance, et essayons de voir à quel point Nawaat peut s’en prévaloir.
En fouillant sur son site, on peut trouver une liste d’organisations qui financent Nawaat et ce, durant la période allant du 12 mars 2018 au 31 décembre 2024[4].
On y trouve, sous le vocable de « partenaires », toute la faune d’officines spécialisées dans la « démocratisation » des pays récalcitrants dont, entre autres : la National Endowment for Democracy (NED), l’Open Society (OS) de George Soros, l’European Endowment for Democracy (EED – équivalent européen de la NED) ainsi que trois « stiftungs » allemands (Rosa Luxemburg-Stiftung, Heinrich-Böll-Stiftung et Friedrich-Ebert-Stiftung). Les sommes octroyées à Nawaat pendant la période indiquée précédemment par ces organismes sont listées dans le tableau suivant :
Organisations |
Montants |
NED |
~ 364 000 $ |
EED |
~ 150 000 € |
OS |
75 000$ |
Stiftungs allemands |
~ 90 000 € |
Le rapport de l’année 2021 pour la Tunisie peut être consulté en cliquant sur le lien suivant :
- La NED
Pour les lecteurs non familiers avec la NED, nous devons préciser qu’il s’agit d’une organisation américaine dont le budget est voté par le Congrès américain[5]. Spécialisée dans l’ « exportation » de la démocratie « Made in USA », elle a été créée en 1983 par le président R. W. Reagan sur le modèle des « stiftungs » allemands pour prendre en charge certaines tâches qui relevaient originellement de la CIA, en l’occurrence la gestion des programmes de financement de la société civile étrangère[6]. Il est aussi à noter que son rôle dans les révolutions « colorées »[7] et dans le « printemps » arabe[8], aussi bien que dans les manifestations à Hong Kong[9] ou les dramatiques événements de l’Euromaïdan[10] ne sont plus à démontrer.
- L’Open Society
Travaillant main dans la main avec la NED et le Département d’État américain, l’Open Society a toujours été partie prenante des « regime change » sous couvert de « démocratisation ».
Dans un article intitulé « L'"empire" des médias Soros : le pouvoir de la philanthropie pour créer le consentement »[11] publié en 2008, Michael Barker souligne que la majeure partie de la philanthropie de Soros est liée à un programme de manipulation de la démocratie similaire à celui promu par la NED. Dans ce même article, il donne une liste de projets médiatiques financés par Soros « pour illustrer la gamme d'organisations que Soros utilise pour manipuler la démocratie dans le monde »[12].
Il a été déjà montré que les réseaux Soros utilisent les médias dans le but d’implanter une « société ouverte » en façonnant l’opinion publique[13] et, quand la nécessité se fait sentir, en déstabilisant certains pays ciblés[14].
L’Open Society a toujours été un fidèle « sponsor » de Nawaat. Dans un article de Jeune Afrique daté de 2012[15], il est mentionné que la part du financement de Soros était de 80% (!) de son budget. Apparemment, cette « quote-part » aurait diminué à 30%, si l’on en croit un article[16] de Libération de 2018. Pour information, la somme concernant l’OS mentionnée dans le tableau précédent est relative à un projet qui s’étale entre 2019 et 2020.
- Les stiftungs allemands
Les stiftungs, fondations politiques allemandes financées par le budget fédéral, sont directement affiliées aux différents partis politiques allemands. Voici la liste des six stiftungs allemands[17] :
Comme indiqué précédemment, Nawaat est financée par trois des six stiftungs : Friedrich-Ebert-Stiftung, Heinrich-Böll-Stiftung et Rosa Luxemburg-Stiftung[18]. D’après l’article de Libération, les deux derniers contribuaient ensemble, en 2018, à 30% du budget de Nawaat[19].
Nous avons mentionné auparavant la relation entre la NED et les stiftungs allemands. En effet, en vue de la création de la NED, les autorités américaines ont consulté un vaste éventail d'organisations nationales et étrangères à travers le monde. Elles furent intéressées par les fondations de l’Allemagne de l’Ouest reliées aux principaux partis du pays. C’est cette inspiration qui fait qu’aujourd’hui on retrouve une structure analogue dans le paysage politique américain avec deux fondations majeures: l’International Republican Institute (IRI) qui est relié au Parti républicain et le National Democratic Institute (NDI) qui est associé au Parti démocrate. Ces deux organismes sont, comme leurs homologues allemands, financés par des fonds publics. Comme la CIA collaborait avec ces stiftungs allemands pour financer des mouvements à travers le monde bien avant la création de la NED, les relations sont restées solides jusqu’à nos jours[20].
Selon Dorota Dakowska, professeure de Science politique, les stiftungs s’impliquent dans la politique étrangère et « accompagnent les changements de régimes »[21]. Elle explique que ces fondations « se sont impliquées dans les transformations politiques en Europe du Sud dans les années 1970, puis en Amérique latine dans les années 1980, mais aussi en Asie ». Qualifiées de « professionnels internationaux de la démocratisation », ces fondations « ont montré leur capacité à mobiliser des ressources de manière flexible, pour répondre à la nouvelle demande et renforcer leur offre dans le contexte des ″printemps arabes″ ».
Et, de préciser :
« Dans le contexte des « printemps arabes », ce dernier [Le ministère de la Coopération économique et du Développement (BMZ)] a attribué aux six fondations politiques une enveloppe exceptionnelle de 5,4 millions d’euros d’un fonds régional, en plus de leurs financeme nts habituels, pour soutenir leur engagement dans les pays de la région (Égypte, Algérie, Jordanie, Turquie, Bahreïn/Yémen, Liban, Autorité palestinienne et Tunisie) » [22].
L’activité douteuse des organisations allemandes et américaines ainsi que leur collusion ont été illustrées en Égypte et aux Émirats Arabes Unis (EAU). En effet, en février 2012, la justice égyptienne a accusé le NDI, l’IRI et le Konrad-Adenauer-Stiftung d'ingérence politique illégale[23].
En avril de la même année, les EAU ont décidé de fermer brusquement les bureaux du Konrad-Adenauer-Stiftung (qui opérait à Abu Dhabi depuis 2009) parce qu'il n'a jamais obtenu de licence et du NDI pour avoir violé les termes de sa licence[24].
Pour les analystes basés dans ce pays, les objectifs de ces organisations sont suspects car elles sont financées par des gouvernements occidentaux et des partis politiques majeurs aux États-Unis et en Europe[25].
Autre exemple : le mouvement pro-européen Euromaïdan qui a secoué l’Ukraine fin 2013 début 2014 a aussi bien été aidé et soutenu par l’IRI et le NDI que par la fondation Konrad-Adenauer[26].
- Canal France International (CFI)
Tiens donc! Une vieille connaissance! Vous vous rappelez de « La barbouzerie de Radio M »[27], n’est-ce pas? Sinon, un petit résumé ne fera de mal à personne.
1- Radio M a été financée en 2014 par CFI via le programme EBTICAR-MEDIA;
2- En plus de radio M, onze projets ont été retenus cette année-là, dont deux tunisiens : « Inkyfada » et « Tunisie Bondy Blog »;
3- CFI est financé par le Ministère français des Affaires étrangères et, conséquemment, applique la politique étrangère de ce pays;
4- CFI collabore directement et indirectement avec les plus importantes organisations d’ « exportation » de la démocratie comme l’USAID, la NED et l’Open Society de Soros;
5- L’ingérence de la France dans les pays de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) par l’intermédiaire de CFI et des médias étatiques français ne fait aucun doute;
6- Radio M a été une tribune pour les « ténors autoproclamés » du Hirak et, surtout, le porte-voix exclusif de la « phase de transition » au détriment des défenseurs de l’option constitutionnelle qui a sauvé le pays d’un inéluctable chaos;
7- À travers ses médias et la sélection de ses reportages et invités, la France a montré qu’elle était pour la « phase de transition » comme dans le cas de la Syrie et de la Libye;
8- Les médias mainstream occidentaux, ceux-là mêmes qui soutenaient et soutiennent encore Radio M, étaient tous, et sans exception, pour la « phase de transition » et ceux qui la prônait.
9- Cette « période transitoire », défendue par Radio M, aurait amalgamé des groupes aussi antagonistes que les ONGistes occidentophiles, les islamawistes offshore et les makistes séparatistes, mélange contre-nature qui aurait inévitablement conduit le pays vers la ruine;
Ajoutons à cela que Khaled Drareni a (très) étroitement travaillé avec Radio M, ce qui indique son alignement sans équivoque avec l’orientation politique de ce média.
Mais, me dira-t-on, quelle et la relation entre Nawaat et le CFI?
C’est que CFI a « soutenu » activement Nawaat depuis 2011[28] et qu’elle a renouvelé son partenariat en 2013[29]. Et il n’y a pas que Nawaat : le Tunisie Bondy Blog a été aussi accompagné par CFI, une année avant de le financer dans le cadre du programme EBTICAR-MEDIA en compagnie de Radio M et de Inkyfada. À noter également que ce dernier a été fondé par d’anciens membres de Nawaat[30].
Nawaat, Radio M et les autres sont tous des médias financés et soutenus par CFI en vue de maintenir une pression médiatique en faveur de l’agenda politique français dans la région, tout particulièrement en Algérie et en Tunisie.
Finalement, on peut aisément affirmer que les relations de Nawaat avec cette myriade d’organisations spécialisées dans l’ « exportation » de la démocratie et des « regime change » provenant de plusieurs pays occidentaux (États-Unis, Allemagne, France, etc.) qui la financent, la soutiennent et l’appuient est en complète contradiction avec le premier principe éthique qu’elle brandit comme un étendard : l’indépendance.
Comme le dit si bien le dicton : « Celui qui paye l’orchestre choisit la musique ». Il ne peut évidemment y avoir d’indépendance politique sans indépendance financière.
Nawaat, c’est qui?
Nawaat a été cofondée par Sami Ben Gharbia, un illustre cyberactiviste tunisien appartenant à ce que le journaliste Pierre Boisselet a nommé la « ligue arabe du Net »[31]. Cette ligue est en fait un regroupement de cyberdissidents de plusieurs pays arabes qui ont été formés et réseautés par les mêmes organisations d’ « exportation » de la démocratie citées précédemment et ce, des années avant le début du « printemps » arabe. Chacun dans son pays, ces cyberactivistes ont été le fer de lance de la contestation aussi bien dans la rue que dans le cyberespace arabe[32].
Considéré comme un des plus virulents opposants au président tunisien Zine El-Abidine Ben Ali, Sami Ben Gharbia a vécu en exil au Pays-Bas de 1998 à 2011 et n’est rentré dans son pays qu’après le départ du président déchu.
Durant toutes ces années, il a joué un rôle de premier plan comme activiste dans la « ligue arabe du Net » tout en étant employé de « Global Voices », un réseau international de blogueurs cofondé en 2004 par Ethan Zuckerman[33]. C’est d’ailleurs en cette même année que Ben Gharbia cofonde Nawaat. Il faut savoir, et c’est loin d’être un détail, que « Global Voices » est financé, entre autres, par l’Open Society de Soros ainsi que par la NED[34]
Informations sur Sami Ben Gharbia publiées en 2011
En 2005, Ben Gharbia a été partie prenante de la campagne de protestation antigouvernementale Yezzi! [35] (Assez!, en dialecte tunisien). Notons la similitude de ce mot avec le nom du mouvement Kifaya [36] (Égypte - 2004) ou celui de Kmara [37] (Géorgie - 2003). En effet, Yezzi, Kifaya et Kmara sont des synonymes qui veulent tous dire : Assez. Ce qui en dit long sur la proximité des activistes arabes entre eux et avec ceux impliqués dans les révolutions colorées.
En 2008, Ben Gharbia a créé, avec le cyberactiviste égyptien Alaa Abd El Fattah, « The Arab Bloggers Meeting » [38]. Ces rencontres ont permis à des dizaines de cyberactivistes arabes de se rencontrer, de se réunir, de consolider leurs liens et d’échanger sur leurs pratiques quotidiennes d’activisme, de mobilisation et de résistance[39].
Les deux premiers « Arab Bloggers Meeting » ont eu lieu à Beyrouth. Le premier (du 22 au 24 août 2008) a réuni 29 blogueurs provenant de 9 pays arabes (Liban, Égypte, Tunisie, Maroc, Arabie Saoudite, Bahreïn, Palestine, Irak et Syrie) et a été financé par Heinrich-Böll-Stiftung[40].
Le nombre de cyberactivistes arabes a dépassé les 60 lors du second meeting, qui s’y est déroulé du 8 au 12 décembre 2009 et qui a été conjointement organisé par Heinrich-Böll-Stiftung, Open Society et Global Voices[41].
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Sami Ben Gharbia (Tunisie) |
Alaa Abdel Fattah (Égypte) |
2e « Arab Bloggers Meeting » Beyrouth, 8 - 12 décembre 2009 |
Parmi les formateurs, figurait le nom du célèbre hacktiviste Jacob Appelbaum[42] qui représente la face publique de l’entreprise américaine qui développe TOR, un logiciel qui permet la navigation anonyme sur Internet et, ainsi, facilite le contournement de la surveillance et de la censure étatiques. Bien avant le printemps arabe, Appelbaum a rencontré des cyberdissidents à travers le monde pour leur montrer comment utiliser gratuitement cet outil[43].
Jacob Appelbaum au 2e « Arab Bloggers Meeting »
Beyrouth, 8 - 12 décembre 2009
2e « Arab Bloggers Meeting » (Beyrouth, 8 - 12 décembre 2009)
1- Sami Ben Gharbia, 2- Alaa Abdel Fattah, 3- Jacob Appelbaum
Il est important de signaler qu’en pleine « révolution du Jasmin », Jacob Appelbaum est venu en aide aux cyberactivistes tunisiens qui l’ont directement contacté se plaignant de la lenteur des connexions via le logiciel Tor. Il a remédié au problème en lançant une passerelle spécialement conçue pour eux[44].
Le 3e « Arab Bloggers Meeting » a eu lieu à Tunis, du 3 au 6 octobre 2011, soit environ neuf mois après le départ du président Ben Ali. Il a été organisé par Heinrich-Böll-Stiftung, Global Voices et Nawaat.
Sami Ben Gharbia, Alaa Abdel Fattah et Jacob Appelbaum y étaient présents comme on peut le voir dans la photo de groupe suivante.
3e « Arab Bloggers Meeting » (Tunis, 3 - 6 octobre 2011)
1- Sami Ben Gharbia, 2- Alaa Abdel Fattah, 3- Jacob Appelbaum
Nawaat a été très impliquée dans les révoltes de la rue tunisienne. C’est sur leur site qu’ont été publiés les câbles Wikileaks relatifs à la Tunisie sous la dénomination « Tunileaks ». En Occident, Wikileaks a noué des partenariats avec les grands médias mainstream. Mais en Tunisie, Wikileaks a confié les câbles tunisiens directement à Nawaat. Et c’est Sami Ben Gharbia et son équipe qui se sont chargés de les lire et de les traduire en français pour les mettre à la disposition des lecteurs tunisiens. Tel que convenu, la mise en ligne de Tunileaks a été réalisée moins d’une heure après la publication par Wikileaks des câbles diplomatiques américains[45]. Quelques jours plus tard, les émeutes éclataient en Tunisie[46]. La suite est bien connue.
Il fallait s’y attendre. RSF a remis son prix Net-citoyen 2011 à Nawaat pour avoir joué « un rôle crucial dans la couverture des troubles sociaux et politiques en Tunisie depuis le 17 décembre 2010 ». Et d’ajouter : « Astrubal et Sami Ben Gharbia, deux blogueurs tunisiens bien connus publient régulièrement sur le site »[47]. Évidemment, il s’agit des fondateurs de Nawaat!
Quand on connait à quoi servent les prix de RSF, on se dit que Nawaat a suivi à merveille les agendas des pays occidentaux et de leurs organisations spécialisées dans l’ « exportation » de la démocratie pour contribuer à un « regime change » en Tunisie.
Nawaat : Lauréat du prix Net-citoyen 2011 de RSF
Des années plus tard, alors qu’ils ont débuté en Tunisie, on se rend compte que « Les ‘‘Printemps’’ n’ont généré que le chaos, la mort, la haine, l’exil et la désolation dans plusieurs pays arabes »[48].
Qu’on se le dise : pour réussir, tout changement politique doit être foncièrement intrinsèque. Et l’histoire nous a prouvé que toute ingérence étrangère ne sert que les intérêts d’autrui.
Conclusion
Dans son tweet, Khaled Drareni n’a utilisé que quatre mots : « soutien indéfectible à Nawaat ». Mais ces quelques mots donnent une idée claire sur le « noyau » dur de sa pensée, de ses convictions et de ses engagements passés et futurs.
En soutenant publiquement Nawaat, en suivant ses mentors de RSF, il montre qu’il est toujours au service d’une idéologie occidentale qui n’a qu’un seul but : la « démocratisation » de notre contrée, c’est-à-dire y semer le chaos et la désolation.
Nous avons montré que Nawaat est financé et soutenu par les pires organisations d’ « exportation » de la démocratie : NED, Open Society, Stiftungs allemands, etc. Tout comme Radio M, Nawaat a abondamment collaboré avec CFI, une émanation du Ministère français des Affaires étrangères. Comment, diantre, Nawaat peut se targuer d’être indépendant?
D’autre part, son cofondateur, Sami Ben Gharbia, a été à l’origine de la création de la « ligue arabe du Net » dont les membres ont été formés et réseautés dans le but de mettre en pratique, dans tous les pays arabes, les enseignements de la lutte non violente théorisée par le philosophe américain Gene Sharp et mis en pratique par les activistes serbes de Canvas[49]. Et quand cela ne fonctionne pas, c’est la destruction pure et simple du pays qui est planifiée. On ne l’a que trop vu dans la souffrance et le malheur des peuples en Libye, en Syrie, au Yémen et ailleurs dans le monde arabe. Et c’est exactement le même sort qui était planifié pour l’Algérie en 2011 et, surtout, en 2019.
Et une question primordiale se pose : Khaled Drareni a-t-il la même orientation idéologique et politique que Nawaat et son cofondateur? Rêve-t-il toujours d’un néfaste « regime change » en Algérie avec la bénédiction de l’Occident? Est-il toujours en relation avec les officines qui concoctent dans des gros chaudrons des potions mortifères pour notre pays selon des grimoires bien étudiés?
Si on en croit les quatre mots du tweet, la réponse est: oui.
P.S. : Un conseil au gouvernement tunisien : Fermez illico presto cette cinquième colonne nommée Nawaat car ceux-là même qui la financent et la soutiennent n’auraient jamais accepté une telle ingérence subversive sur leur propre sol.
Références
[1] Ahmed Bensaada, « Khaled Drareni, journaliste ″auto-autoproclamé″ du Hirak », AhmedBensaada.com, 2 avril 2023, https://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=626:2023-04-02-12-35-12&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119
[2] Le lecteur pourra trouver de très nombreux documents sur le Net. À titre d’exemple, voir l’excellente entrevue de Michel Collon avec Maxime Vivas, auteur de « La face cachée de Reporters Sans Frontières » : https://www.youtube.com/watch?v=9I_K2VHgyTY
[3] Nawaat, « About », https://nawaat.org/about/
[4] Nawaat, « Finance », https://nawaat.org/finance/
[5] Ahmed Bensaada, « L’exportation de la démocratie selon Trump, Obama et Bush », AhmedBensaada.com, 21 Mai 2023, https://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=628:2023-05-21-18-46-00&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119
[6] Ahmed Bensaada, « Arabesque$ - Enquête sur le rôle des États-Unis dans les révoltes arabes », Ed. Investig’Action, Bruxelles (Belgique), 2015 – Ed. ANEP, Alger (Algérie), 2016
[7] G. Sussman et S. Krader, « Template Revolutions : Marketing U.S. Regime Change in Eastern Europe », Westminster Papers in Communication and Culture, University of Westminster, London, vol. 5, n° 3, 2008, p. 91-112, https://www.westminsterpapers.org/article/115/galley/3512/download/ [8] Ahmed Bensaada, « Arabesque$ - Enquête sur le rôle des États-Unis dans les révoltes arabes », Op. Cit.
[9] Ahmed Bensaada, « Hong Kong : un virus dans le parapluie », Afrique Asie, 3 novembre 2014, https://www.afrique-asie.fr/hong-kong-un-virus-dans-le-parapluie/
[10] Ahmed Bensaada, « Ukraine: autopsie d’un coup d’état », Investig’Action, 8 mars 2014, https://investigaction.net/ukraine-autopsie-d-un-coup-d-etat/
[11] Michael Barker, « The Soros media ‘empire’: The power of philanthropy to engineer consent », ANZCA08 Conference, Power and Place. Wellington, July 2008, https://web.archive.org/web/20220708081142/http://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.550.3112&rep=rep1&type=pdf
[12] Ibid.
[13] Ahmed Bensaada, « Qui est derrière ″TRIAL International″, l’ONG suisse qui menace l’armée algérienne? », AhmedBensaada.com, 25 Septembre 2023, https://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=632:2023-09-25-10-39-17&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119
[14] Ahmed Bensaada, « Soros et Le Quotidien d’Oran », AhmedBensaada.com, 9 Avril 2022, https://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=609:soros-et-le-quotidien-doran&catid=48:orientoccident&Itemid=120
[15] Frida Dahmani, « Nawaat, noyau dur du web alternatif tunisien », Jeune Afrique, 28 novembre 2012, https://www.jeuneafrique.com/139189/politique/nawaat-noyau-dur-du-web-alternatif-tunisien/
[16] Libération, « Pourquoi CheckNews s'associe à Nawaat pour les élections municipales tunisiennes? Pourquoi dire que c'est un média indépendant? », 2 mai 2018, https://www.liberation.fr/checknews/2018/05/02/pourquoi-checknews-s-associe-a-nawaat-pour-les-elections-municipales-tunisiennes-pourquoi-dire-que-c_1653617/
[17] Dorota Dakowska, « Les fondations politiques allemandes : des courtiers de la politique étrangère », CERISCOPE Puissance, 2013, http://ceriscope.sciences-po.fr/puissance/content/part2/les-fondations-politiques-allemandes-des-courtiers-de-la-politique-etrangere
[18] Nawaat, « Finance », Op. Cit.
[19] Libération, « Pourquoi CheckNews s'associe à Nawaat pour les élections municipales tunisiennes? Pourquoi dire que c'est un média indépendant? », Op. Cit.
[20] Ahmed Bensaada, « Arabesque$ - Enquête sur le rôle des États-Unis dans les révoltes arabes », Op. Cit.
[21] Dorota Dakowska, « Les fondations politiques allemandes : des courtiers de la politique étrangère », Op. Cit.
[22] Ibid.
[23] AFP, « Égypte: la justice accuse des ONG d'activités "politiques" illégales », Le Point.fr, 8 février 2012, http://www.lepoint.fr/monde/egypte-la-justice-accuse-des-ong-d-activites-politiques-illegales-08-02-2012-1428827_24.php
[24] Samir Salama, « German, US institutes in UAE closed », GulfNews, 5 avril 2012, http://gulfnews.com/news/gulf/uae/government/german-us-institutes-in-uae-closed-1.1004603
[25] Ibid.
[26] Ahmed Bensaada, « Ukraine: autopsie d’un coup d’état », Op. Cit.
[27] Ahmed Bensaada, « Hirak : la barbouzerie de Radio M », AhmedBensaada.com, 5 Avril 2021, https://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=555:hirak-la-barbouzerie-de-radio-m&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119
[28] CFI, « Tunisie : lancement de Jaridaty, premier réseau social dédié au journalisme-citoyen », 12 septembre 2013, https://cfi.fr/fr/actualites/tunisie-lancement-de-jaridaty-premier-reseau-social-dedie-au-journalisme-citoyen
[29] Africultures, « CFI renouvelle son engagement auprès des médias tunisiens », Février 2013, https://africultures.com/murmures/?no=11706
[30] Simon Mangon. Au chevet du journalisme tunisien ? Fabrique de l’aide étrangère, effets sur la profession et stratégies de réappropriation. Les Espaces des (im)possibles. Les médias en Afrique du Nord depuis les années 1990., Centre Jacques-Berque, pp.209-238, 2021, https://shs.hal.science/halshs-03807311/document
[31] Pierre Boisselet, « La “ligue arabe” du Net », Jeune Afrique, 15 mars 2011, http://www.jeuneafrique.com/192403/politique/la-ligue-arabe-du-net/
[32] Ahmed Bensaada, « Liban 2005-2015 : d’une ″révolution″ colorée à l'autre », AhmedBensaada.com, 14 Septembre 2015, https://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=323:liban-2005-2015-dune-l-revolution-r-coloree-a-une-autre&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119
[33] Global Voices, « Board », https://globalvoices.org/our-people/board-of-directors/
[34]Global Voices, « Sponsors », https://globalvoices.org/special-thanks/
[35] Donatella Della Ratta et Augusto Valeriani, « Remixing the Spring!: Connective leadership and read-write practices in the 2011 Arab uprisings », CyberOrient, Vol. 6, Iss. 1, 2012, pp. 52-76, 10 mai 2012, https://cyberorient.net/2012/05/10/remixing-the-spring-connective-leadership-and-read-write-practices-in-the-2011-arab-uprisings/
[36] The Carnegie Endowment for International Peace, « Kifaya », 22 septembre 2010, https://carnegieendowment.org/posts/2010/09/kifaya?lang=en
[37] Ahmed Bensaada, « Huit ans après : la « printanisation » de l’Algérie », AhmedBensaada.com, 4 avril 2019, https://www.ahmedbensaada.com/index.php?option=com_content&view=article&id=475:2019-04-04-22-50-13&catid=46:qprintemps-arabeq&Itemid=119
[38] Enrico De Angelis et Donatella Della Ratta, « 'Mind the Gap: Bridging Knowledge and Practices of Activism' at the Fourth Arab Bloggers Meeting », Jadaliyya, 7 juin 2014, https://www.jadaliyya.com/Details/30786
[39] Ibid.
[40] Heinrich-Böll-Stiftung, « First Arab Bloggers Meeting 2008 », 22-24 août 2008, https://ps.boell.org/en/2013/11/05/first-arab-bloggers-meeting-2008-democracy
[41] Heinrich-Böll-Stiftung, « Second Arab Bloggers Meeting 2009 », 8-12 décembre 2009, https://ps.boell.org/en/2013/11/05/first-arab-bloggers-meeting-2008-democracy
42] Jillian York, « Jacob Appelbaum Presents Tor at Arab Bloggers Workshop 2009 », Global Voices, 9 Décembre 2009, https://advox.globalvoices.org/2009/12/09/jacob-appelbaum-presents-tor-at-arab-bloggers-workshop-2009/
[43] Pour une discussion plus approfondie sur le logiciel TOR, voir référence 6
[44] Damien Leloup, « Les Tunisiens osent enfin parler, et cela, aucune censure ne l’arrêtera », Le Monde, 10 janvier 2011, http://www.lemonde.fr/technologies/article/2011/01/10/les-tunisiens-osent-enfin-parler-entre-eux-et-celaaucune-censure-ne-l-arretera_1463210_651865.html
[45] Yasmine Ryan, « Breaking through information monopoly », Al Jazeera, 6 octobre 2011, https://www.aljazeera.com/features/2011/10/6/breaking-through-information-monopoly
[46] Kedar Pavgi, « The FP Top 100 Global Thinkers », Foreign Policy, 28 novembre 2011, https://foreignpolicy.com/2011/11/28/the-fp-top-100-global-thinkers-4/
[47] RSF, « Prix Reporters sans frontières du Net-citoyen », lundi 14 mars 2011, https://web.archive.org/web/20110316192951/http://fr.rsf.org/prix-reporters-sans-frontieres-du-14-03-2011,39784.html
[48] Ahmed Bensaada, « Les ‘‘Printemps’’ n’ont généré que le chaos, la mort, la haine, l’exil et la désolation dans plusieurs pays arabes », Afrique Asie, 28 janvier 2016, https://www.afrique-asie.fr/ahmed-bensaada-les-printemps-n-ont-genere-que-le-chaos-la-mort-la-haine-l-exil-et-la-desolation-dans-plusieurs-pays-arabes/
[49] Ahmed Bensaada, « Huit ans après : la « printanisation » de l’Algérie », Op. Cit.